C. QUELLES SONT LES PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION ?

1. Les différents scénarios

L'IFP a, à la mi-août 2004, élaboré trois scénarios à l'horizon 2005 relatifs à l'évolution des prix du pétrole, en fonction des facteurs dominants du marché.

Le premier scénario de référence (poursuite de la tendance actuelle) suppose qu'aucune perturbation des approvisionnements physiques ne vienne troubler le fonctionnement du marché et que les conditions climatiques de l'hiver 2004-2005 soient normales aux Etats-Unis et en Europe. Par ailleurs, la demande pétrolière mondiale conserverait un rythme de croissance soutenu de l'ordre de 1,5 Mb/j, inférieur à celui de l'année 2004 et le pic de consommation hivernale s'établirait entre 82 et 83 Mb/j. Dans ce contexte, la prime de risque associée aux facteurs géopolitiques tendrait à diminuer. Sur la base de ces hypothèses, l'IFP estime que le prix du baril de brut (WTI) évoluerait dans une fourchette de 35 à 40 dollars et que les indices de prix à la consommation des pays les plus développés augmenteraient de 2,5 % environ, ce qui amènerait les banques centrales à retarder la baisse des taux d'intérêt (dans l'Union européenne), voire à les relever graduellement (Etats-Unis).

Dans le deuxième scénario (un nouveau choc pétrolier), l'IFP suppose que l'un des grands pays exportateurs fait l'objet d'une déstabilisation majeure affectant durablement les volumes exportés. Dans ce cadre, l'offre ne serait plus en mesure de satisfaire la demande à l'occasion du pic de consommation hivernale, ce qui aurait pour conséquence directe de faire plonger les stocks pétroliers dans les grands pays consommateurs à des niveaux historiquement bas. En dépit de l'utilisation concertée d'une fraction des stocks stratégiques, le prix du baril atteindrait les valeurs synonymes de choc pétrolier en 1979-1982 (80 dollars en monnaie courante). Plusieurs secteurs économiques subiraient ainsi une hausse violente des coûts de production (transports aériens et terrestres, agriculture, chimie, etc...) et la hausse du prix du baril se propagerait aux autres marchés énergétiques (gaz, charbon, électricité). Dans un tel schéma, l'inflation serait multipliée au minimum par deux et les marchés financiers plongeraient . La croissance économique mondiale serait immédiatement affectée et déstabilisée.

Enfin, le dernier scénario (atterrissage en douceur), implique qu'aucun événement ne perturbe la production et les exportations des grands pays producteurs et que la Chine, principal pilier de la croissance mondiale et asiatique, voie sa demande énergétique ralentir fortement sous l'effet de plusieurs facteurs internes (libéralisation des prix à la consommation, apparition de goulets d'étranglement, arrêt de la politique de stockage, mesures d'économies d'énergie drastiques). Il suppose également une stagnation de la demande pétrolière aux Etats-Unis, dans les autres pays occidentaux et asiatiques. La croissance de la demande pétrolière mondiale s'établirait ainsi à 1 Mb/j. Le retour de capacités de production excédentaires au sein de l'OPEP, de l'ordre de 2 % des capacités mondiales, et une certaine reconstitution des stocks dans les pays de l'OCDE ramèneraient le prix du baril à un niveau de 30 dollars .

2. Les réponses fiscales du Gouvernement

Face à cette augmentation, le Gouvernement a pris une mesure de détaxe de quatre centimes d'euro de TIPP par litre de fioul domestique acheté par les agriculteurs entre juillet et décembre, représentant un coût pour les finances publiques de 40 millions d'euros. En outre, des mesures ont été édictées au bénéfice des marins pêcheurs (allégement des frais financiers, report du paiement des charges fiscales et sociales, mise en place d'un système d'assurance-carburant).

Votre rapporteur pour avis ne peut que constater qu'au delà des mesures nécessaires répondant à des besoins catégoriels les ménages sont les grands absents de ces mesures. A titre personnel, il estime que la hausse des prix des carburants et du fioul domestique résultant de l'envolée des cours du pétrole, dont les conséquences pour les ménages sont loin d'être négligeables, doit être compensée d'une manière ou d'une autre afin de limiter les effets négatifs de cette évolution sur la consommation des ménages, qui reste aujourd'hui le principal moteur de la croissance .

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