Les relations franco-malgaches : évolution et perspectives

Son Excellence Catherine BOIVINEAU
Ambassadeur de France à Madagascar

Monsieur le Président du Sénat, Messieurs les Sénateurs, Mesdames et Messieurs,

La relation France Madagascar est très forte et se nourrit de l'histoire et de la francophonie - à laquelle le Président malgache a réitéré son attachement.

Pendant les cinq mois que je viens de passer à Madagascar en qualité d'ambassadeur, j'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreux interlocuteurs : hommes politiques, entrepreneurs, artistes, représentants du monde associatif, etc. Tous s'accordent à reconnaître l'existence d'une coopération historique entre nos deux pays. Néanmoins, force est de constater que leur ressenti quant à cette relation n'est pas toujours en notre faveur. En effet, d'aucuns regrettent la présence par trop importante de notre pays à Madagascar ; les cicatrices du colonialisme sont, pour certains, encore vivaces.

Pourtant, la visite du Ministre de Villepin en juillet 2002 a marqué une nouvelle phase de notre coopération. Elle était d'ailleurs présentée comme l'événement consacrant la reconnaissance du Président Marc Ravalomanana au plan mondial. Les Présidents malgache et français se sont rencontrés à plusieurs reprises et c'est - je crois - avec un grand plaisir que Marc Ravalomanana a accepté l'invitation de Jacques Chirac au sommet France-Afrique.

La relation franco-malgache s'appuie sur une importante coopération. Le volume de l'aide française s'établit en effet à quelque 122 millions d'euros par an. Elle s'articule autour de trois principaux axes :

· le développement humain et social ;

· le développement économique ;

· la modernisation et l'adaptation du cadre institutionnel.

Sans revenir en détail sur chacune de ces interventions, je souhaite mettre l'accent sur celles qui bénéficient directement ou indirectement au secteur privé. De nombreux programmes élaborés en collaboration avec les entreprises ainsi que l'introduction des nouvelles technologies dans les écoles ont permis la création d'un véritable vivier d'une main d'oeuvre qualifiée (programme Pégase). Les secteurs de l'agroalimentaire et de la pêche font également l'objet de plusieurs programmes d'envergure. L'Agence Française pour le Développement (AFD) apporte ainsi son appui, au travers de Proparco, au secteur aquacole ou à l'industrie du textile. D'une manière générale, l'action menée pour la modernisation de l'Etat ou en vue du renforcement des administrations économiques et financières vise à accompagner nos homologues dans leur politique de sécurisation des administrations et de lutte contre la corruption. Je me dois d'ajouter que le réseau des 26 établissements français à Madagascar constitue un atout certain pour l'expatriation dans ce pays. Avec 65 % des capitaux étrangers investis à Madagascar, la France est également le premier partenaire de la Grande Ile en matière d'investissements bilatéraux. Cela se traduit notamment par la présence sur le territoire malgache de plus de 500 entreprises françaises. Les échanges franco-malgaches se sont développés avec la libération progressive de l'économie. En 2001, Madagascar était le 9ième client de la France en Afrique. Avec 279 millions d'euros, les exportations de la France vers ce pays sont des plus diversifiées. De même, la France importe nombre de produits malgaches. En d'autres termes et vous l'aurez compris, Madagascar est un partenaire commercial de premier plan. N'oublions pas non plus que Madagascar est le voisin de la France. D'ailleurs, la France encourage Madagascar à être un membre plus actif au sein de la COI et de la SADEC. Nos pays se retrouvent en outre dans le grand espace qu'est celui de la francophonie, à laquelle le Président malgache a réaffirmé son attachement. Il convient également d'évoquer la coopération militaire et policière entre nos deux pays ou la coopération décentralisée. Mais je ne doute pas que d'autres intervenants y reviendront. Force est en tout état de cause de constater que les liens entre nos deux pays sont particulièrement forts. Ils iront sans aucun doute croissants, dans le contexte nouveau d'ouverture de Madagascar à la scène internationale. Le Président Ravalomanana a clairement annoncé son intention de favoriser le développement du libre-échange et des règles de concurrence. Dans un tel contexte, les entreprises françaises ne sauraient faire preuve de frilosité, mais au contraire inscrire leur projet dans cette relation forte qui s'exprime de manière objective et significative.

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