B. ENTRETIEN AVEC M. OMAR MANSOUR, REPRESENTANT DE LA RASD EN FRANCE - MERCREDI 20 OCTOBRE 2010 À 18 HEURES.

M. Omar Mansour, représentant de la RASD en France, a commencé par rappeler l'histoire du conflit et des revendications marocaines sur le Sahara occidental. Il a souligné que lorsque le Sahara occidental était partagé entre le Maroc et la Mauritanie, le Maroc n'avait jamais revendiqué une souveraineté marocaine sur la partie mauritanienne. Ce n'est que lorsque la Mauritanie s'est retirée du Sahara occidental que le Maroc a déclaré sa souveraineté sur cette partie du territoire. Pour lui, cela prouve l'existence d'un parti expansionniste au Maroc, dangereux pour la paix dans la région. S'il comprend que la France soit proche du Maroc, il ne comprend pas que la France soit complaisante avec un Maroc expansionniste. Il a, à ce propos, fait remarquer que beaucoup de pays d'Afrique et d'ailleurs reconnaissaient la RASD tout en étant des amis de la France.

M. le représentant a précisé que la présence militaire marocaine au Sahara occidental (80 000 hommes) coûtait cher au Maroc et en tous les cas plus que ce qu'il retirait de l'exploitation des ressources locales. Pour lui, si le Maroc a accepté un cessez-le-feu à la fin des années 80, c'est parce que la défaite militaire était proche et aurait donc entrainé la chute de la monarchie marocaine. Aujourd'hui, la résistance de la population sahraouie prend d'autres formes, dont la dernière est la création de ce camp de tentes à quelques kilomètres de Laâyoune.

M. le représentant a estimé aujourd'hui la population sahraouie au Maroc occidental à 450 - 500 000 personnes.

M. le représentant a souligné la qualité de la relation entre le Polisario et l'Algérie en rappelant que l'Algérie ne s'était jamais ingérée dans les affaires du Polisario.

M. Christian CAMBON, président, a indiqué que la France était une amie de tous les pays de la région et un membre permanent du Conseil de Sécurité. Elle a donc une responsabilité particulière dans l'équilibre de cette région. Le Maroc a apporté une forme de développement économique et propose la solution d'une large autonomie. Selon lui, un État sahraoui présente le risque de la création d'un État fragile, incapable de maitriser son territoire et sa population, et donc facteur d'instabilité.

M. le représentant a tenu à rappeler que la dernière résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU a, à la fois, pris note des progrès sérieux et crédibles du Maroc pour aller de l'avant dans le règlement du différent, et pris note de la position du Polisario - position dans laquelle l'autonomie n'est qu'un des choix possibles avec l'auto-détermination. Il a également souligné que l'ONU a appelé à la reprise des négociations sans préalable. Le Maroc posant comme préalable son plan d'autonomie, il est dubitatif sur la possibilité d'organiser de vraies négociations.

Pour répondre à l'interrogation de M le président sur la viabilité de l'État sahraoui, M. le représentant a ajouté que beaucoup de petits pays sont, en Afrique, bien gérés. Il a également averti des risques que faisait peser l'islamisme sur la société civile et la vie politique marocaines. Pour lui, c'est le Polisario qui protège le Maroc de l'islamisme et non l'inverse.

Il a conclu en évoquant un avenir dans lequel la France pourrait aider le Polisario et l'État sahraoui à se construire. Futur compatible avec une amitié forte entre la France et le Maroc, mais dans le cadre de frontières reconnues internationalement.

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