Sous le haut patronage de

M. Gérard LARCHER, Président du Sénat

Groupe interparlementaire d'amitié

France - Afrique de l'Ouest 1 ( * )

En partenariat avec Business France

Colloque économique international

sur la Côte d'Ivoire

Actes du colloque du 12 juillet 2021

Palais du Luxembourg

Salle Clemenceau

ALLOCUTIONS D'OUVERTURE

M. Arnaud FLEURY - Nous clôturons en beauté cette saison des grands rendez-vous Business France ; en beauté car nous nous réunissons en présentiel dans ce beau cadre du Sénat pour un partenariat toujours réussi entre Business France et le Sénat. Nous avons beaucoup parlé d'Afrique avec Business France avec des évènements notamment sur le Sénégal, sur l'Afrique de l'Est, sur la Tunisie, la semaine dernière sur le Nigéria et l'Afrique du Sud. Il nous semblait naturel de conclure sur la Côte d'Ivoire, poumon de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest avec près de 40 % du Produit intérieur brut (PIB) et un pays qui a plutôt bien surmonté la crise sanitaire et représente de très nombreuses opportunités pour notre pays.

M. André REICHARDT, président du groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest du Sénat - « Messieurs les ministres de la Côte d'Ivoire, Monsieur l'ambassadeur, Monsieur le directeur général de Business France, chers collègues, Mesdames et Messieurs, chers amis si vous le permettez, je me félicite que le Sénat puisse accueillir aujourd'hui un grand colloque sur la Côte d'Ivoire dans le cadre de notre partenariat avec Business France. »

Ainsi s'exprime dans le message d'amitié que je vais vous lire le président Gérard LARCHER.

« Cet évènement s'inscrit dans la dynamique des forums Ambition Africa initiés en 2018 et dédiés au resserrement des liens économiques entre la France et l'Afrique, témoins d'une nouvelle dynamique des relations économiques et commerciales entre la France et ce continent africain. C'est ainsi que le Sénat avait accueilli un colloque sur le Gabon en mars 2019. Je tiens à remercier chaleureusement de leur participation à ce colloque les ministres du gouvernement de la Côte d'Ivoire. Leur participation est un signal positif pour nos entreprises qui ont répondu nombreuses à notre invitation - plus de soixante entreprises sont présentes, représentées par près de cent vingt personnes aujourd'hui. Permettez-moi de remercier tout particulièrement notre collègue André REICHARDT, président du groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest et Agnès CANAYER, présidente déléguée pour la Côte d'Ivoire. Mes remerciements s'adressent aussi aux différents organisateurs du colloque, en particulier Business France, et à nos représentations diplomatiques à Paris comme à Abidjan.

La Côte d'Ivoire est un véritable champion régional en matière économique. Le secteur privé y est aujourd'hui très actif et les opportunités d'investissement pour nos entreprises sont légion. Le pays a connu une croissance de 8 % entre 2012 et 2019 - cela a de quoi nous faire rêver. Et si la Côte d'Ivoire est le premier producteur de cacao au monde, elle est évidemment performante dans beaucoup d'autres secteurs. C'est le cas pour de nombreuses productions agricoles d'exportation, ce qui permet à la Côte d'Ivoire d'être le seul pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à présenter une balance commerciale excédentaire. La Côte d'Ivoire possède également de grands atouts dans le secteur industriel, qu'il s'agisse de l'agroalimentaire, de l'énergie ou du bâtiment et des travaux publics (BTP).

Si la crise sanitaire a quelque peu ralenti la croissance ivoirienne, les fondamentaux structurels restent bons et permettent d'envisager une nouvelle décennie fructueuse pour son économie. Le pays possède notamment un réseau d'infrastructures denses et de qualité, héritées de la période du miracle ivoirien que le plan national de développement 2021-2025 va assurément continuer de développer. Chacun le sait, la Côte d'Ivoire présente également des atouts dans le secteur tertiaire, qui constitue un important gisement de croissance à moyen terme. C'est le cas dans le domaine bancaire, dans la distribution, mais aussi dans celui des technologies numériques. Il existe entre nos deux pays une étroite coopération en matière de recherche. J'ai pu le constater lors de ma visite en février 2020 d'un département de l'Institut national polytechnique HOUPHOUËT-BOIGNY à Yamoussoukro.

Les points forts de l'économie ivoirienne sont autant d'opportunités à saisir pour nos entreprises dans un contexte d'intensification de nos relations bilatérales à deux niveaux. Au niveau économique d'abord, la Côte d'Ivoire est notre premier partenaire commercial en Afrique de l'Ouest. Plus de sept cent de nos entreprises sont implantées dans le pays, ce qui constitue la plus forte présence française en Afrique subsaharienne. Premier investisseur étranger, la France est aussi le premier bailleur bilatéral de la Côte d'Ivoire et finance à ce titre, via l'Agence française de développement (AFD), des programmes structurants de développement. D'un point de vue politique également, la relation franco-ivoirienne est dense et dynamique, au plus haut niveau mais aussi entre nos parlements. Nous avons une coopération particulièrement riche avec le nouveau Sénat ivoirien car la Côte d'Ivoire fait désormais partie intégrante de la grande famille du bicamérisme. J'ai eu des échanges et j'ai des échanges réguliers avec mon homologue Jeannot AHOUSSOU-KOUADIO, que je salue. Les administrations de nos deux Sénats ont signé un accord de coopération pour faciliter la mise en place du bicamérisme en Côte d'Ivoire. J'ai eu l'occasion, en ouvrant à Yamoussoukro le premier quorum du Sénat ivoirien avec les collectivités territoriales le 17 février 2020, de souligner devant les maires et présidents de région les nombreux apports d'une chambre vouée à représenter les territoires. À cet égard, nos deux pays partagent des problématiques communes en termes de déséquilibres territoriaux - pour la Côte d'Ivoire, une région capitale et un espace littoral très attractifs avec un arrière-pays qui ambitionne de le devenir. Cette perspective, l'échange d'expériences dans les domaines de l'organisation territoriale et de la décentralisation entre nos deux pays, devrait contribuer pleinement à un développement équilibré et harmonieux des régions ivoiriennes, favorisant dans le même temps leur prospérité économique.

Voilà, mes chers amis, brossés à grands traits les principaux enjeux de cette journée, visant à pousser un peu plus encore les relations historiques et étroites entre la France et la Côte d'Ivoire. À tous, je vous souhaite de fructueux travaux, pour le plus grand bénéfice de nos deux pays. Je vous remercie. »

À titre personnel, en qualité de président du groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest qui recouvre seize pays, dont l'importante Côte d'Ivoire, je souhaite également m'adresser à vous. Messieurs les ministres, Monsieur l'ambassadeur, Monsieur le directeur général de Business France, chers collègues, Mesdames et Messieurs, notre objectif prioritaire est de mobiliser le capital humain et le potentiel démographique de l'Afrique et ainsi fournir au secteur privé les atouts dont il a besoin. Voilà ce qu'on peut lire dans la déclaration adoptée le 18 mai dernier à l'occasion du sommet sur le financement des économies africaines à Paris. Je suis donc particulièrement heureux de voir le Sénat, avec le soutien précieux de Business France, prendre sa part à cet objectif à la fois ambitieux et nécessaire. Ce colloque permet assurément de mettre en relation les experts publics et privés du marché ivoirien autour de thématiques très variées qui donneront lieu à autant de panels actifs. Le groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest que je préside s'intéresse naturellement de près à la situation de la Côte d'Ivoire. Il s'est d'ailleurs entretenu récemment, je viens de le dire, avec l'ambassadeur qui nous a rappelé que son pays avait retrouvé une stabilité politique depuis une dizaine d'années, ce dont il faut se féliciter. Cela ne peut qu'être bénéfique au climat des affaires. Je voudrais à mon tour insister sur la qualité de nos relations bilatérales. Le président de la République a d'ailleurs effectué son premier voyage officiel en Afrique en Côte d'Ivoire en novembre 2017, à l'occasion du sommet Union européenne-Union africaine. Les relations commerciales entre nos deux pays sont très resserrées et sept cent entreprises françaises sont implantées en Côte d'Ivoire.

Je voudrais également saluer la coopération parlementaire forte entre le Sénat ivoirien et notre assemblée, symbolisée par la signature - dont a parlé le président LARCHER - d'un accord avec son homologue ivoirien. Sur le plan économique, la Côte d'Ivoire est une puissance régionale qui dispose d'énormes atouts. Sa croissance économique était très importante avant la pandémie. Malheureusement, cette pandémie de Covid-19 a provoqué une crise économique mondiale sans précédent, aux conséquences sociales majeures. Après vingt-cinq ans de croissance continue, l'Afrique est cependant moins affectée que d'autres continents. Sur le plan sanitaire, l'Afrique n'en est pas moins également touchée - elle a connu la récession en 2020 et selon le Fonds monétaire international (FMI), 240 milliards d'euros seraient nécessaires sur la période 2021-2025 pour renforcer la réponse apportée par les pays africains à la pandémie.

Certaines économies africaines ne possèdent malheureusement pas toujours les capacités pour mettre en place de massifs plans de relance, raison pour laquelle le sommet de Paris a acté une série d'actions qui reposent sur deux axes importants, à savoir 1/ répondre aux besoins de financement pour promouvoir cette relance rapide, verte, durable et inclusive et 2/ soutenir une croissance de long terme stimulée par un secteur privé et un entreprenariat dynamique. La relance et la prospérité à long terme sont indissociables de réformes favorables au développement du secteur.

Je voudrais d'ailleurs, en ma qualité de sénateur, dire à quel point nous restons ici au Sénat attentifs au développement et à tout le moins au maintien de la coopération décentralisée. C'est naturellement important en sortie de crise de pandémie mais également face à la menace terroriste du djihadisme islamique qui commence à essaimer au Nord de votre pays. Nous souhaitons ainsi l'endiguer rapidement pour ne pas freiner la croissance de l'Afrique, et tout particulièrement de votre magnifique pays.

En conclusion, je vous souhaite à toutes et à tous des échanges fructueux. Investir dans le développement durable des économies africaines et dans leur population active en pleine expansion conduira à n'en pas douter à faire de l'Afrique la future championne de la croissance mondiale - c'est du moins l'objectif poursuivi par nos gouvernements respectifs et auquel ce colloque entend contribuer.

M. Franck RIESTER, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité - Monsieur le président, Messieurs les ministres, Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs, je ne peux malheureusement pas être avec vous aujourd'hui du fait d'un déplacement à l'étranger de dernière minute. Je le regrette d'autant plus que vous m'aviez réservé, chers amis ivoiriens, un très chaleureux accueil à Abidjan, dès juin, fidèles à votre merveilleuse hospitalité dont on m'avait tant parlé.

Messieurs les ministres, je tiens néanmoins à vous dire à mon tour ici à Paris « Akwaba ». Je suis très heureux de vous savoir réunis ici au Sénat pour continuer l'important travail de renforcement des liens économiques entre la France et la Côte d'Ivoire dans la continuité des échanges que nous avons eus ensemble à Abidjan il y a seulement quelques semaines, et ce tout au long de ma visite. Que ce soit à l'occasion de l'évènement « Inspire & Connect » de BPI France qui a réuni près de quatre cent chefs d'entreprises français et ivoiriens, que ce soit à Treichville, à Koumassi ou encore lors de ma rencontre avec le patronat ivoirien, j'ai pu mesurer l'extraordinaire dynamisme et la grande énergie de votre magnifique pays. La Côte d'Ivoire est un phare en Afrique de l'Ouest et elle joue un rôle majeur dans le développement économique régional. Elle est un partenaire clé de la France sur le continent et je crois fermement en son potentiel, particulièrement dans cette période forte où elle vit une vraie transformation sous l'impulsion des réformes conduites par le président OUATTARA et le premier ministre ACHI.

Deuxième client et deuxième fournisseur de la France en Afrique subsaharienne, la Côte d'Ivoire est un pays central de notre stratégie économique internationale. Nos entreprises ne s'y sont d'ailleurs pas trompées. Plus de six cent d'entre, elles dont près de deux cent cinquante filiales, ont fait le choix de s'y implanter, d'y investir, d'y créer de la valeur et de l'emploi localement. Partout sur le terrain, j'ai senti une forte aspiration des acteurs économiques à renforcer encore les liens qui unissent nos deux pays. Madame la sénatrice CANAYER, ainsi que les quarante entreprises de la task force du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) international et de l'accélérateur Afrique de BPI France et Business France sont porteurs de la même volonté. Ces entreprises françaises, pleinement implantées dans le paysage ivoirien, parfois depuis plusieurs décennies, sont mobilisées pour accompagner les ambitieux projets de la Côte d'Ivoire. Je me réjouis que vous puissiez échanger autour de tables rondes sur les thématiques prioritaires de la Côte d'Ivoire : la ville durable ; la mobilité en pleine mutation à Abidjan avec le formidable projet de métro ; l'économie numérique, véritable accélérateur de la croissance ivoirienne, avec un écosystème très dynamique ; l'agriculture, secteur-clé en Côte d'Ivoire autour duquel nous voulons, avec le premier ministre ACHI et le ministre ADJOUMANI, nouer un partenariat pour développer les chaînes de valeur localement ; le sport enfin, qui a un rôle majeur à jouer dans l'éducation de la jeunesse et pour lequel la France et la Côte d'Ivoire ont construit ensemble la première agora, véritable poumon de culture, de sport et d'entreprenariat dans les quartiers ivoiriens. Dans chacun de ces domaines, l'offre française brille par son excellence, son expertise et son expérience. Dans chacun de ces secteurs, il existe des opportunités énormes pour co-localiser certaines de nos productions afin d'assurer la résilience des chaînes de valeur dont dépend la prospérité de nos deux pays.

Vous connaissez l'ambition de la France. Le président de la République l'a affirmée très clairement à Ouagadougou en 2017 : nous voulons inventer avec les pays du continent africain un partenariat renouvelé. Nous voulons que ce partenariat soit mutuellement bénéfique, de long terme, et qu'il réponde aux besoins concrets de développement du continent. Il est essentiel d'entretenir cette ambition partagée et d'encourager des synergies nouvelles, plus étroites et plus fortes encore entre nos pays et entre nos secteurs privés. Il faut créer de nouveaux partenariats entre nos gouvernements, mais aussi et peut-être surtout des partenariats entre les acteurs économiques, de chef d'entreprise à chef d'entreprise. Je sais que je peux compter sur la mobilisation de tous les acteurs de l'équipe France pour cela : notre ambassade, le service économique régional, l'opérateur Business France et BPI France, l'AFD, Expertise France, les conseillers du commerce extérieur de la France, mais aussi la French Tech Abidjan, le club Abidjan ville durable ou encore le club agro que nous avons lancé avec le ministre d'État ADJOUMANI lors de mon déplacement. Cet écosystème d'affaires franco-ivoirien engagé témoigne de la vitalité des relations entre nos deux pays et de la volonté de tous les acteurs de dessiner ensemble un destin commun, main dans la main, pierre après pierre.

Chers amis, je ne peux être présent parmi vous mais il est pour moi très important de vous adresser ce message : osons et construisons. Aux entrepreneurs français, je vous dis : osez la Côte d'Ivoire, et à mes homologues ivoiriens, je dis : continuez d'oser l'expertise française ; vous pouvez compter sur nos entreprises et sur notre totale mobilisation pour construire avec vous la Côte d'Ivoire de demain. À toutes et à tous, je vous souhaite de fructueux échanges.

M. Benoît TRIVULCE,
directeur général délégué de Business France

Monsieur le sénateur REICHARDT,

Monsieur le ministre chargé de la promotion de l'investissement, du développement et du secteur privé,

Monsieur le ministre de l'économie numérique, des télécommunications et de l'innovation,

Monsieur l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France,

Mesdames et Messieurs les sénateurs et chefs d'entreprise,

C'est un immense plaisir d'être parmi vous après dix-neuf mois de « diète ». Un moment comme celui-là incarne trois de nos convictions : la proximité, le partenariat et les projets. S'agissant de la proximité, l'aventure internationale est une aventure humaine et il faut davantage d'humanité, de cordialité et des moments comme celui-ci permettent de les atteindre. Pour le partenariat, différents acteurs interviennent ; sans partenaires, nous irons moins vite et moins loin ; je voudrais exprimer ma gratitude au président du Sénat et par extension à toute l'institution d'avoir pris l'initiative de ce colloque pour faire la promotion de la Côte d'Ivoire. Enfin, il n'existe pas d'action sans projet et je pense que l'investissement en Côte d'Ivoire est un projet qui doit rentrer dans la stratégie des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI).

Nous pourrions exprimer à travers trois grandes idées les raisons qui nous amènent à vouloir nous intéresser à la Côte d'Ivoire. Premièrement, il faut noter la robustesse de l'économie ivoirienne, qui croit de l'ordre de 7-8 % depuis sept à huit ans, mais surtout qui a su résister en 2020, contrairement à de nombreux autres pays. Deuxièmement, la Côte d'Ivoire est un pays business friendly et tech friendly. Le gouvernement ivoirien investit considérablement dans ces projets, avec deux priorités claires : des projets inclusifs et des projets portés par le secteur privé. Enfin, la Côte d'Ivoire est un hub régional sur tous les niveaux (logistique, agricole, économique, industriel, technologique). Les équipes de Business France le constatent tous les jours sur le terrain. Les entreprises françaises s'implantent et utilisent le volontariat international en entreprise (VIE) : les talents sont les armes de demain et il faut que ces talents soient français et ivoiriens.

Nous croyons énormément en l'Afrique, et particulièrement en la Côte d'Ivoire. Il a été décidé que la troisième édition de l'évènement Ambition Africa, qui avait regroupé plus de mille cinq cent entreprises, dont la moitié d'entreprises françaises, lors des premières éditions, se tiendra les 5 et 6 octobre 2021.

M. Emmanuel Esmel ESSIS,
ministre auprès du Premier ministre chargé de la promotion
de l'investissement privé de Côte d'Ivoire

Monsieur le président du groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest représentant le président du Sénat,

Son Excellence Monsieur l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France,

Mesdames et Messieurs les sénateurs,

Monsieur le directeur général de Business France,

Mesdames et Messieurs les dirigeants d'entreprise,

Chers amis de la presse,

Mesdames et Messieurs,

L'honneur m'échoit ce jour de m'exprimer au nom de Son Excellence le Premier ministre de la République de Côte d'Ivoire, Monsieur Patrick ACHI, qui aurait bien voulu vous livrer en personne ce message, mais des contraintes de calendrier l'en ont empêché. Cette représentation traduit toute la volonté de Son Excellence le Premier ministre de consolider les liens historiques entre la Côte d'Ivoire et la France. C'est donc mon devoir de lire son discours.

« Monsieur le président du groupe d'amitié France-Afrique de l'Ouest, représentant du président du Sénat, Monsieur Benoît TRIVULCE, directeur général délégué de Business France, Mesdames et Messieurs, je suis très heureux de m'adresser ce matin en cette auguste assemblée en séance inaugurale de ce colloque réservé à la Côte d'Ivoire et au cours duquel le gouvernement ivoirien prévoit des échanges avec des acteurs du secteur privé. Je voudrais vous remercier, Monsieur le président du Sénat et le directeur général délégué de Business France pour l'honneur qui est fait à la Côte d'Ivoire et de l'opportunité qui nous est réservée de parler de notre beau pays.

Comme je l'ai déjà indiqué, à plusieurs occasions, l'ambition du développement économique de la Côte d'Ivoire est résumée dans le projet de société « la Côte d'Ivoire solidaire » de Son Excellence Monsieur le président de la République Alassane OUATTARA, qui s'articule autour de cinq piliers. Le premier pilier repose sur la consolidation de la sécurité, de la paix et de la cohésion sociale. Le deuxième pilier porte sur la création de richesses, source d'emplois, et vise la transformation structurelle de l'économie ivoirienne par l'industrialisation. Le troisième pilier prévoit la création d'un cadre attractif de l'investissement dans chacune de nos régions, renforçant ainsi la compétitivité régionale et la création d'infrastructures économiques de qualité. Le quatrième pilier favorise le développement d'une administration plus efficace et plus engagée. Le cinquième pilier consiste à mettre le peuple devant un capital humain qui devrait être au coeur de grandes compétences pour porter ce projet de société.

Notre ambition est de propulser la Côte d'Ivoire dans le groupe des pays à revenus intermédiaires, avec une majorité d'Ivoiriens de classe moyenne, et d'assurer une croissance économique stable au cours des dix prochaines années.

Pour atteindre cet objectif, notre gouvernement compte faire du secteur privé le pilier de la croissance économique tout en créant un climat d'affaires plus concurrentiel en Afrique, pour rendre les entreprises plus compétitives et renforcer leur impact dans l'économie. C'est pourquoi je veux remercier très sincèrement les représentants du secteur privé ici présents. Le rôle du secteur privé dans le développement économique et social de la Côte d'Ivoire est absolument déterminant car le secteur privé constitue le principal levier de la création d'entreprises et de la création de richesses, d'innovations et d'emplois. C'est le secteur privé qui permet à l'État de rêver grand et de bâtir en grand. En effet, les deux-tiers des investissements et plus de 80 % des emplois dans notre pays sont créés par le secteur privé.

Depuis 2011, parce qu'il sait le rôle stratégique du secteur privé dans le développement économique et social, Son Excellence le président de la République et ses gouvernements successifs ont engagé d'importantes réformes structurelles et sectorielles pour améliorer l'environnement global des affaires avec plus de quatre-vingt-cinq réformes au total, maintes fois saluées par la communauté financière internationale. En dépit de la pandémie de la Covid-19 et de ses conséquences mondiales, la Côte d'Ivoire est l'un des rares pays qui affiche un taux de croissance de 2 % pour 2020, et de 6,5 % pour 2021 déjà. En effet, comme le relève la deuxième édition de l'Africa CEO Forum dans sa publication réservée aux économies africaines publiée en septembre 2020, la Côte d'Ivoire demeure le pays africain le plus attractif pour l'investissement pour les acteurs du secteur privé. Ce rapport est émis à la suite d'une enquête auprès de dirigeants d'entreprises. La Côte d'Ivoire a accompli d'importants progrès, mais notre ambition est de lui permettre d'intégrer la classe des pays à revenu intermédiaire d'ici 2030. L'essence même de notre mission, nous la connaissons. Le cap est clair, la route est droite : il s'agit d'accélérer radicalement l'industrialisation de la Côte d'Ivoire afin de générer des emplois pour tous et de continuer à réduire la pauvreté en la divisant par deux sur dix ans et en développant une classe moyenne très importante. L'État voit donc son rôle comme un catalyseur de l'investissement, un encadreur de l'initiative privée.

Mesdames et Messieurs, le changement de paradigme que nous portons, celui d'un État partenaire du secteur privé, d'un État moteur du secteur privé, doit être intégré par toutes les composantes de notre société ainsi que par nos partenaires. Il s'agit d'un engagement fort de l'État. Tous les membres du gouvernement sont ainsi mis en mission à cet effet. Il en est de même de toute l'administration et de ses fonctionnaires, du plus gradé au moins gradé. Encore une fois non pas tant pour servir l'administration, mais pour se mettre au service du secteur privé. Ce changement de paradigme est très important pour la suite de notre combat. L'idée du partenariat avec le secteur privé tire sa source de la vision de Son Excellence Monsieur le Président de la République et de son projet de société « une Côte d'Ivoire solidaire ». Ce partenariat passera par un dialogue stratégique, novateur et durable, disposant d'un agenda précis et respecté de toutes les parties. C'est donc à la lumière même de ce changement de paradigme si ardemment souhaité par Son Excellence Monsieur le Président de la République, que nous voudrions une fois de plus vous remercier, chers amis, acteurs privés français, pour votre présence qualitative à ce colloque.

Je conclurai Mesdames et Messieurs, chers sénateurs, chers acteurs du secteur privé, sur l'expression de cette ambition nouvelle, exaltante et exigeante. Car la réussite de notre partenariat est la seule des options à considérer, en nous souhaitant à toutes et à tous une excellente et fructueuse journée de débats et de résultats. »


* 1 Membres du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique de l'Ouest : M. André Reichardt, Président, Mme Agnès Canayer, Présidente déléguée pour la Côte d'Ivoire, M. Bruno Belin, Président délégué pour le Burkina Faso, M. François Bonneau, Président délégué pour le Niger, M. Laurent Burgoa, Président délégué pour la Gambie, Mme Hélène Conway-Mouret, Présidente déléguée pour le Bénin, M. Thierry Cozic, Président délégué pour le Togo, Mme Nathalie Delattre, Présidente déléguée pour le Mali, Mme Joëlle Garriaud-Maylam, Présidente déléguée pour le Sénégal, M. Xavier Iacovelli, Président délégué pour la Mauritanie, M. Patrice Joly, Président délégué pour la Sierra Leone, M. Alain Joyandet, Président délégué pour le Cap-Vert, M. Joël Labbé, Président délégué pour la Guinée-Bissau, M. Jean-Yves Leconte, Président délégué pour la Guinée Conakry, M. Jean-François Longeot, Président délégué pour le Libéria, M. Didier Mandelli, Président délégué pour le Nigeria, M. Jean Sol, Président délégué pour le Ghana, M. Joël Bigot, Vice-président, M. Guillaume Chevrollier, M. Olivier Cigolotti, Vice-président, M. Christophe-André Frassa, Vice-président, Mme Nathalie Goulet, Vice-présidente, M. Joël Guerriau, Vice-président, M. Abdallah Hassani, Vice-président, M. Bernard Jomier, Vice-président, M. Pascal Salvodelli, Vice-président, M. Olivier Cadic, Secrétaire, Mme Annick Petrus, Secrétaire, M. Lucien Stanzione, M. Stéphane Artano, Mme Eliane Assassi, M. Julien Bargeton, M. Philippe Bas, M. Yves Bouloux, M. Hussein Bourgi, Mme Marie-Arlette Carlotti, M. Alain Cazabone, M. Edouard Courtial, M. Yan Chantrel, M. Ronan Dantec, M. Stéphane Demilly, M. vincent Éblé, M. Guillaume Gontard, Mme Corinne Imbert, M. Laurent Lafon, M. Martin Lévrier, M. Ronan Le Gleut, Mme Annie Le Houerou, M. Victorin Lurel, M. Philippe Mouiller, M. Georges Patient, Mme Marie-Laure Phinera-Horth, M. Damien Regnard, M. Hugues Saury, M. Rachid Temal, M. Mickaël Vallet, M. André Vallini, Mme Dominqiue Vérien

N° GA 161 - Avril 2022

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