B. LES SECTEURS-PHARES DE LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE FRANCO-ARMÉNIENNE

Si la francophonie est souvent au coeur des différents partenariats, l'enseignement, la santé et le tourisme apparaissent comme des axes majeurs de l'action extérieure des collectivités françaises.

1. L'aménagement local

Le cadre de vie local offre un vaste champ d'action, notamment l'assistance sous ses différentes facettes : équipement, expertise, formation...

Quelques exemples illustrent l'ampleur des interventions des collectivités françaises en Arménie, leur évolution et le déploiement qui accompagnent le développement du pays et bénéficient directement à la population.

a) L'appui aux services à la population

Les actions conduites en la matière participent de l'amélioration du cadre de vie de la population et de la fourniture des services publics locaux de base aujourd'hui indispensables au quotidien : assainissement, collecte et traitement des déchets, transports scolaires...

Ainsi, la ville de Clamart intervient dans le domaine de la gestion des déchets par la fourniture de matériels et une assistance technique à Artachat.

De même, Bourg-lès-Valence a financé, durant plusieurs années, pour sa ville-partenaire de Talin, des camions-bennes, des conteneurs pour la collecte des ordures ménagères et des casiers pour leur enfouissement.

Marseille agit notamment à Erevan pour les services de l'eau et de l'assainissement, mais aussi pour la gestion des équipements de proximité.

b) L'assistance au développement urbain

Pour sa part, Lyon, par l'intermédiaire de son agence d'urbanisme, accompagne Erevan en matière d'aménagement et de planification urbaine.

De son côté, Issy-les-Moulineaux a signé, en 2019, une convention de coopération relative à la smart city (« ville intelligente ») avec Etchmiadzine pour lui apporter son expérience et son expertise dans le domaine des technologies de l'information et de la communication.

2. La santé publique

Depuis longtemps, la santé est un domaine privilégié des actions de coopération.

Il s'agit d'abord de renforcer les capacités des collectivités arméniennes dans le domaine médical.

Ce faisant, les actions de coopération peuvent consister en la fourniture d'équipements, la formation des personnels ou l'expertise dans certaines disciplines médicales.

Ainsi les établissements hospitaliers de Lyon collaborent avec ceux d'Erevan pour y développer les infrastructures et les bonnes pratiques.

Des médecins sont formés dans le cadre de la coopération établie depuis 2012 entre l'Assistance publique - Hôpitaux de Marseille et le centre hospitalier d'Erevan Sourb Astvatsamayr.

Le département de l'Isère s'attache également à améliorer l'offre de soins dans les zones rurales isolées du Guégharkunik en rénovant et en équipant des postes médicaux, mais aussi en formant leurs personnels.

Le département des Bouches-du-Rhône participe au fonctionnement du dispensaire dentaire d'Etchmiadzine et du centre de cardiologie de Goris.

Des actions ciblées peuvent faire l'objet de dons en matériels et permettre ainsi d'apporter de meilleurs services à la population. En ce sens, la commune de Clamart a notamment aménagé une salle dans la polyclinique d'Artachat et fourni du matériel pour procéder au dépistage du cancer du sein.

3. L'éducation

La coopération en matière d'enseignement englobe les établissements de tous les niveaux, de la petite enfance à l'enseignement supérieur, sans oublier l'enseignement professionnel et l'accès à l'emploi.

Les contributions des collectivités territoriales offrent de nombreux exemples.

Si la ville de Clamart, dont le partenariat vise l'amélioration des infrastructures dans le primaire et le secondaire, a financé l'aménagement d'un jardin d'enfant à Artachat, Issy-les-Moulineaux s'attache pour sa part, depuis plusieurs années, à la rénovation d'écoles maternelles à Etchmiadzine. De son côté, Bourg-lès-Valence envoie à Talin des fournitures pour les élèves de maternelle. Nice parraine un collège d'Erevan, Auvergne-Rhône-Alpes contribue à la relocalisation et à la rénovation du lycée français de la capitale arménienne et Lyon, comme d'autres collectivités de la région, soutient le lycée professionnel d'Erevan, à la création duquel elles ont contribué.

La capitale semble concentrer les actions sans que cela apparaisse disproportionné au regard de la densité de population sur le territoire arménien : Erevan compte sur son périmètre plus d'un tiers de la population totale, et par conséquent un grand nombre d'équipements. Par ailleurs, l'existence de partenariats avec d'autres communes et provinces permet au reste du territoire arménien de bénéficier directement des initiatives françaises.

4. Le tourisme, la préservation du patrimoine et la promotion des territoires

Le tourisme est devenu un axe majeur de la coopération française. Notre pays peut faire valoir de nombreux atouts en ce domaine : son expertise, la diversité de son territoire, le foisonnement de ses équipements, l'ancienneté de son expérience dans ce secteur, ainsi que le savoir-faire de ses professionnels.

À la clef du développement du tourisme figurent de nombreux enjeux - connaissance et promotion du pays, de ses habitants et de son patrimoine, revenus financiers, développement économique et social du territoire, préservation des métiers, frein à l'exode rural... - que devrait favoriser le projet de développement du sentier de randonnée « la grande traversée de l'Arménie ».

Toutes ces thématiques irriguent les projets mis en oeuvre par les collectivités françaises avec leurs partenaires.

Le tourisme de montagne fait l'objet d'un appui à la région de Shirak, dispensé notamment par son homologue d'Auvergne-Rhône-Alpes, qui fournit de l'expertise et accueille des professionnels arméniens.

Ces actions sont également mises en oeuvre par le département de l'Isère, qui promeut l'éco-tourisme dans l'aire de la préfecture du Guégharkunik. S'y ajoutent l'établissement d'une signalétique et d'un guide touristique en trois langues, la création d'itinéraires, etc.

Marseille est lié à Erevan par un accord de coopération conclu en 2017 entre son office du tourisme et la direction du tourisme de la capitale arménienne, dans laquelle a été ouvert un bureau du tourisme en 2018, accord visant à organiser l'information des touristes et promouvoir les territoires.

La plateforme IRAPA ( cf. supra ) élargit ses actions à la commercialisation des productions locales, oeuvre à la mise en place de signalétique du patrimoine culturel et naturel, à la réalisation des documents indispensables au voyageur (cartes de Goris et Sevan, guides numérisés et accessibles à l'aide d'un QR code, cartes postales), ou encore à la production de films promotionnels.

Jumelée à Erevan, Nice, de son côté, s'associe à la mise en oeuvre de projets inter-universitaires de formation aux métiers du tourisme sous l'égide de l'université Nice Sophia Antipolis.

Les appuis à la préservation du patrimoine naturel et architectural, en même temps qu'ils revêtent des enjeux environnementaux et culturels, participent naturellement aussi aux objectifs poursuivis par la coopération touristique à travers la mise en valeur de ce qui séduit habituellement les voyageurs : la beauté de la nature et des monuments.

En ce sens, Vienne a participé aux fouilles archéologiques et à la rénovation de l'église du vieux Goris ainsi qu'à la réhabilitation de l'habitat troglodyte voisin.

Une coopération s'est instaurée entre l'école nationale d'architecture de Lyon et l'université nationale d'architecture d'Arménie pour valoriser notamment les sites archéologiques, dont celui de la forteresse d'Erebouni.

5. L'agriculture

Dans le domaine agricole, l'Arménie bénéficie de coopérations, en particulier dans les secteurs de l'élevage et de la viticulture.

Le programme de développement agropastoral mis en oeuvre par le département des Hauts-de-Seine dans la région du Tavouch ( cf. supra ) est remarquable en ce qu'il aide de petits producteurs à développer et moderniser leur activité, ainsi qu'à améliorer leur production sur un territoire bénéficiant d'un environnement favorable aux cultures fruitières et légumières et fort de son élevage bovin. Aujourd'hui, les résultats du travail accompli depuis plus de dix ans, tant en ce qui concerne l'amélioration du cheptel et du volume des produits laitiers que la diversification des productions, sont d'ores et déjà visibles alors que le programme se poursuit.

La coopération de Romans-sur-Isère s'inscrit, dans le même esprit, dans la lutte contre la pauvreté par le développement du secteur agropastoral.

La viticulture est le secteur d'intervention de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui appuie la structuration de la filière vini-viticole et d'une offre oeno-touristique par la fourniture d'expertise. La ville de Bandol y apporte également son soutien.

6. La promotion de la langue française

L'enseignement du français est une thématique constante des actions de coopération. Il faut dire que l'Arménie s'est fortement engagée dans sa défense, même si le nombre de locuteurs est à ce jour encore trop faible. Aujourd'hui membre de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), elle a accueilli le XVIIe sommet de la Francophonie en octobre 2018.

Dans le cadre de la coopération décentralisée, l'appui à la langue française est soit l'objet principal, soit un sujet complémentaire des programmes répertoriés, ce qui amplifie l'appui à notre langue en favorisant sa diffusion dans divers domaines techniques et professionnels.

Il revêt diverses formes, allant du financement de structures dédiées à l'organisation de stages.

Quelques exemples illustrent la variété de ces actions et leur place au sein des coopérations :

- le centre de la francophonie de Talin, qui bénéficie des financements de Bourg-lès-Valence ;

- l'organisation de cours de français destinés à des publics variés (scolaires, universitaires, métiers du tourisme) par le département de l'Isère lors de sessions estivales intensives à Vardenis par la ville de Romans-sur-Isère ;

- la fourniture de matériel pédagogique, par la ville de Marseille, à des écoles privilégiant l'enseignement du français ;

- l'organisation, par la ville de Vienne, de stages pour des professeurs des écoles de Goris.

*

* *

Concentration des actions, interventions croisées, coordinations: l'évolution des pratiques observées dans l'action extérieure des collectivités territoriales démontre que celles-ci s'attachent à optimiser encore davantage leurs moyens pour de meilleurs résultats.

De son côté, l'État s'applique à adapter son organisation pour renforcer le partenariat qu'il privilégie avec les collectivités territoriales, au profit d'une plus grande efficacité de notre action extérieure.

Les coopérations décentralisées en Arménie peuvent aussi bénéficier de la présence des habitants d'origine arménienne dans des communes françaises comme relais de certaines actions.

On observe, en outre, que les thèmes retenus revêtent une finalité professionnelle bénéficiant davantage qu'hier aux populations locales. Les actions de formation sont ainsi au coeur de nombreux projets et devraient contribuer au développement du savoir-faire arménien dans différents secteurs.

Les prochaines assises de la coopération décentralisée franco-arménienne se dérouleront les 26 et 27 novembre 2020 à Lyon avec comme principales thématiques le tourisme, la ville durable et le développement rural. Ces rencontres constitueront une nouvelle occasion pour les partenaires français d'approfondir et de concrétiser leurs projets de coopération.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page