B. VISITE DU LYCÉE GUEBRE-MARIAM (13 OCTOBRE 2015)

La délégation s'est rendue au lycée Guebre-Mariam pour constater les améliorations réalisées depuis la visite du groupe d'amitié en Éthiopie en 2013.

La délégation sénatoriale française au lycée Guebre-Mariam


Le Lycée Guebre-Mariam à Addis-Abeba

Le Lycée Guebre-Mariam a été fondé par la Mission laïque française en 1947. Il est situé au coeur d'Addis-Abeba. Ses 9 000 m 2 de constructions s'étendent sur un terrain arboré de 4 hectares et demi, attribué par les autorités éthiopiennes dont le bail doit être renouvelé prochainement.

Établissement franco-éthiopien à vocation internationale, le lycée accueille près de 1 800 élèves d'une quarantaine de nationalités différentes.

L'établissement a connu en 2011-2012 une grave crise, du fait du refus des autorités éthiopiennes d'accepter une hausse des droits de scolarité. Cette crise a été résolue par un nouvel accord encadrant le fonctionnement du lycée (juin 2012) et un plan de redressement financier, matériel et pédagogique a été depuis mis en oeuvre, avec des résultats notables.

La principale question qui se pose pour le lycée est d'obtenir une garantie sur l'occupation à long terme du terrain et donc le renouvellement anticipé du bail emphytéotique qui doit arriver à échéance en février 2017. La difficulté principale, soulevée par l'administration éthiopienne, est une interrogation sur l'institution publique actuelle susceptible d'assumer la propriété de l'implantation, le bail initial ayant été signé sous le régime impérial. Le ministère éthiopien de l'éducation, qui a été désigné comme propriétaire et futur signataire du bail, a officiellement saisi la mairie pour se voir attribuer formellement cette propriété par une lettre de concession-cession et le document cadastral d'accompagnement.

Le 17 mars 2016, il a été procédé à la signature du nouveau bail par le ministre de l'Éducation nationale et le proviseur de l'établissement.

C. ENTRETIEN AVEC LE PREMIER MINISTRE, M. HAÏLE MARIAM DESSALEGN (13 OCTOBRE 2015)

1. Relations bilatérales

Les relations entre la France et l'Éthiopie sont excellentes. Il convient de les renforcer encore davantage.

L'Éthiopie s'est fait le champion en Afrique de la lutte contre les dérèglements climatiques. L'Éthiopie a contribué au succès de la conférence Paris Climat et est reconnaissante à la France des efforts qu'elle a réalisés pour la COP21.

L'Éthiopie est d'ailleurs directement touchée par le phénomène El Niño et fait face à une sécheresse aigüe. Malgré les mesures prises depuis dix ans pour conserver les eaux de pluies, l'Éthiopie est vulnérable à ces dérèglements et aura besoin de l'aide internationale. Il est important de pouvoir poursuivre la coopération avec la France dans ce domaine et que le ministère de l'Agriculture s'inspire des bonnes pratiques françaises, étudiées par les députés éthiopiens lors de leur visite dans le Var en 2014 à l'invitation du groupe d'amitié. Le Premier ministre a annoncé qu'il se rendrait dans la région de Dire Daoua le 14 octobre 2015 (ville où s'est rendue la délégation du Sénat) pour se rendre compte des besoins et mobiliser son gouvernement.

L'expertise et le savoir-faire français sont bien positionnés en Éthiopie dans le secteur des énergies renouvelables. Le Premier ministre, M. Haïle Mariam Dessalegn, a appelé à accroître l'engagement du secteur privé français dans ce domaine, très rentable (l'Éthiopie prévoit d'exporter de l'énergie vers les pays voisins). Le Premier ministre a annoncé qu'il recevrait à nouveau M. Jean-Louis Borloo pour évoquer son projet d'énergies pour l'Afrique.

Le Premier ministre souhaiterait recevoir des informations sur la manière dont les autorités françaises traitent la question de l'intégration des migrants et réfugiés.

L'Éthiopie soutient pleinement la France dans la lutte contre le terrorisme au Moyen-Orient. Le terrorisme doit également être combattu en Afrique et l'Éthiopie apprécie les efforts faits par la France au Mali, au Nigéria et au Tchad. L'Éthiopie se félicite des perspectives de normalisation en cours en République centrafricaine (RCA). Elle remercie la France pour son soutien au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en appui au processus de paix au Soudan du Sud.

Lors de l'entretien, le Premier ministre a réaffirmé qu'il faciliterait la reconduction par anticipation du bail du Lycée Guebre-Mariam.

M. Louis Duvernois et M. Haïle Mariam Dessalegn,
Premier ministre

2. Économie : l'intensification des efforts de développement

La priorité du premier plan de développement quinquennal (GTP 1, 2010-2015) était la modernisation de l'agriculture, la sécurité alimentaire, le développement des exportations et le début d'industrialisation. Le nouveau plan quinquennal (GTP 2, 2015-2020) vise à transformer de manière plus structurelle l'économie éthiopienne en l'industrialisant. Il s'agit de créer et d'accroître la plus-value manufacturière dans de nombreux secteurs : agriculture et industrie agro-alimentaire, cuirs et peaux, métallurgie légère, énergies renouvelables. La modernisation du secteur agricole devra être poursuivie, de même que l'amélioration des infrastructures (routes, rail, transport urbain). Un effort doit être porté sur la formation professionnelle, la recherche et l'innovation, les nouvelles technologies et la bonne gouvernance.

Le nouveau GTP prévoit la création de huit parcs industriels dans le pays qui pourront accueillir les investisseurs en facilitant les démarches administratives.

3. Situation régionale dans la Corne de l'Afrique

Interrogé sur la stabilité de Djibouti, le Premier ministre a rappelé qu'elle était cruciale pour la sécurité de l'Éthiopie. Il a mis l'accent sur les menaces émanant du Yémen où Al Qaïda et Daech renforcent leur influence. Le conflit au Yémen pourrait avoir un effet direct dans la déstabilisation de Djibouti et de la Somalie. L'Éthiopie s'efforce de soutenir le processus de paix au Yémen et maintient le contact avec l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis sur ce dossier, car il n'y a pas de solution militaire.

Le degré d'intégration économique entre l'Éthiopie et Djibouti est très élevé et les infrastructures reliant les deux pays se développent : aqueduc, oléoduc, chemin de fer, exportation d'électricité à Djibouti, etc.

L'Éthiopie aide les forces somaliennes à combattre Al-Shabaab. Des progrès ont été réalisés (70 % du territoire somalien a été libéré). Les élections de 2016 en Somalie seront l'occasion de former un gouvernement plus légitime. Il faut s'appuyer sur les administrations régionales somaliennes.

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