B. LES ESPOIRS DE LA SEDENTARISA TION DES NOMADES TOUAREGS

En rendant visite au campement touareg de Tintelout, situé à quelques 35 kilomètres de Tombouctou, la délégation a pu constater la réalité du processus de sédentarisation, ses espoirs mais également ses limites.

La participation massive de toutes les communautés du Nord au processus de rencontres intercommunautaires pour la réconciliation et la consolidation de la paix, en novembre 1994 - janvier 1995, semble constituer un gage de la solidité et de la durabilité du retour de la paix.

L'évolution positive de la situation dans les régions septentrionales a déjà permis le retour de plus de 73 000 des 120 000 touaregs et maures réfugiés en Mauritanie, en Algérie et au Burkina. Le Haut Commissariat pour les Réfugiés envisage pour la fin de l'année 1997 le rapatriement de l'ensemble des réfugiés, la fermeture des camps et la suppression des programmes de soins et d'entretien. 5 000 réfugiés maliens devraient toutefois s'installer dans leur pays d'accueil. Par ailleurs, 2 931 combattants des mouvements rebelles ou du mouvement Ganda Koye ont été cantonnés, comme prévu par les accords de Tamanrasset de 1994. Ces combattants doivent être pour partie intégrés dans les forces militaires maliennes et pour partie rendus à la vie civile. Le processus est en cours de réalisation, 1 435 membres des anciens MFUA et de la milice Ganda Koye ayant été intégrés dans l'armée.

La pacification s'est appuyée sur un important effort financier. Un fonds d'aide pour la réconciliation et la consolidation de la paix dans le nord du Mali, alimenté par une subvention du Gouvernement norvégien, grâce à l'intercession de l'Aide de l'Église Norvégienne, auquel ont adhéré les coopérations allemande, suisse et canadienne, a permis d'organiser et de financer 22 rencontres.

Le cantonnement de 3 000 combattants a été financé avec l'appui du PNUD, qui a constitué un fonds spécial afin de financer le retour de la sécurité dans cette région, le Programme d'appui à la réinsertion des ex-combattants du Mali. La France participe au développement des régions du Nord-Mali avec un projet pour un montant de 65 millions de francs. Les besoins du plan d'action du HCR établis par ses soins pour la période juin 1996-décembre 1997 s'élèvent à 13 millions de dollars dont moins de la moitié a été couvert par les contributions des donateurs.

La pacification prépare le développement du tourisme, notamment à partir de Tombouctou et de Gao. Certaines initiatives, comme celle de Pont Afrique, qui entend réconcilier manne touristique et développement économique équilibré, les bénéfices touristiques étant intégralement réinvestis sur place et étant gérés par les communautés villageoises ou nomades, méritent d'être saluées. Il est en effet évident que cette région n'est pas capable de supporter un tourisme de masse, les contraintes du climat rendant l'accès du Nord en tout état de cause difficile. La visite de cette région se mérite.

La sédentarisation des populations nomades repose sur un pari. L'échec économique et la « déculturation » qui pourrait résulter de la modification radicale des modes de vie constituent deux hypothèques qui pèsent sur sa réussite.

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