B) La Rhodésie, colonie britannique : 1923-1965

a) un statut colonial inégalitaire : 1923-1953

La Rhodésie devient alors juridiquement une colonie britannique, organisée par un statut adopté le 1er octobre 1923 : les affaires locales sont réglées par une assemblée de trente membres, et un Gouvernement de six ministres.

La Grande-Bretagne désigne, quant à elle, un gouverneur.

Les conditions d'accès à la capacité électorale sont très restrictives à l'égard des noirs , par l'établissement d'une franchise d'un montant annuel de 100 livres sterling. Á titre d'exemple, on comptera, en 1951, 380 électeurs noirs pour 45 000 blancs alors que les noirs représentent environ 90 % de la population.

Cette exclusion des noirs de la gestion politique se double d'une forte pression foncière, due à l'arrivée continue de nouveaux colons (passés de 5 000 en 1900 à 50 000 en 1931).

Lorsque le Parlement rhodésien adopte, en 1930, une loi de partage des terres (Land Apportionment Act) la quasi-spoliation des populations d'origine reçoit alors un cadre juridique.

Les terres attribuées aux noirs sont, en effet, les seules à être spécifiquement délimitées, et représentent environ un tiers des terres cultivables ; en revanche, les colons, dont le nombre croîtra jusqu'à atteindre, dans les années cinquante, 10 % de la population totale, reçoivent les deux-tiers des terres.

Ainsi sont jetées les bases d'une mise à l'écart, tant politique qu'économique, de la population noire, tandis que la prospérité croissante assurée par les ressources minières et agricoles attire sans cesse de nouveaux colons (leur population est passée de 50 000 en 1930 à 125 000 en 1950). Les très vives tensions qui opposeront plus tard les deux communautés trouvent leurs sources à cette époque.

b) la Fédération d'Afrique centrale : 1953-1963

La puissance coloniale britannique s'inquiète, après-guerre, de l'émergence de la République sud-africaine, dont la très rigide législation de séparation des races est élaborée à partir de 1948.

La Grande-Bretagne favorise donc le rapprochement entre la Rhodésie du Sud, la Rhodésie du Nord (la Zambie actuelle) et le Nyassaland (devenu Malawi).

De leur côté, les minorités coloniales de ces trois pays espèrent affirmer leur emprise par cette union. La Rhodésie du Sud, seule réelle colonie de peuplement, et dont la population européenne est beaucoup plus nombreuse que celle des deux autres territoires, qui sont des protectorats britanniques, espère dominer la Fédération.

Celle-ci est proclamée, par une loi britannique, le 1er avril 1953, puis approuvée par référendums locaux.

Cette Fédération aboutit à l'effet inverse de celui recherché par ses promoteurs : elle radicalise l'opposition des nationalistes africains, dont l'organisation politique en est hâtée.

En 1960 , alors que de nombreux pays africains accèdent à l'indépendance, Joshua Nkomo , un dirigeant syndicaliste de Rhodésie du Sud, fonde le National Démocratie Party, qui milite en faveur de l'accès des noirs à la capacité électorale.

Après son interdiction l'année suivante, Nkomo fonde, en compagnie d'autres nationalistes noirs comme Robert Mugabe et Ndabaningi Sithole, la Zimbabwe Africain People's Union (ZAPU).

Parallèlement, les instances internationales font pression sur Londres pour une évolution des territoires composant la Fédération vers la règle de la majorité (majority rule).

Une Conférence constitutionnelle est alors réunie pour examiner la situation de la Rhodésie du Sud.

Ses délibérations mettent vite à jour le caractère inconciliable des aspirations respectives des colons et des noirs : les premiers, pénétrés de la légitimité qu'ils doivent à leurs efforts tenaces de mise en valeur du territoire, refusent la loi de la majorité.

Les seconds, confortés par l'évolution générale du continent vers l'indépendance, rejettent les compromis visant à leur accorder une représentation de façade.

Cette confrontation durcit les oppositions politiques : la minorité blanche crée, en 1962, le Rhodesian Front (RF), puis bannit la ZAPU, qui s'installe alors en Tanzanie.

Ce raidissement inquiète les deux autres composantes de la Fédération, ce qui aboutit à sa dissolution, le 31 décembre 1963.

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