SEANCE DU 23 JANVIER 2002


M. le président. L'amendement n° 662 rectifié bis, présenté par M. Picheral et Mme Yolande Boyer, est ainsi libellé :
« Après l'article 52, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Des groupements d'intérêt public dotés de la personnalité morale et de l'autonomie financière peuvent être constitués entre des personnes de droit public ou de droit privé comportant au moins l'Etat et une personne morale de droit public pour conduire au niveau national et régional, pendant une durée déterminée, des actions dans le domaine de l'aménagement du territoire et du développement économique et contribuant à l'étude des politiques conduites en ce domaine ainsi qu'à l'animation d'actions spécifiques relevant de l'aménagement du territoire, prospection des investissements étrangers et développement des massifs de montagne en particulier.
« Les dispositions prévues à l'article 21 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France sont applicables à ces groupements d'intérêt public.
« Un décret précisera, en tant que de besoin, les modalités d'application du présent article. »
La parole est à M. Picheral.
M. Jean-François Picheral. Dans le cadre de la politique d'aménagement du territoire, nombreuses sont les actions de l'Etat qui reposent sur un partenariat utile avec des personnes morales, telles les collectivités territoriales.
Aujourd'hui, cette collaboration revêt des formes juridiques et institutionnelles multiples, dont les procédures et les mécanismes ont pu montrer leurs limites.
A cet égard, la Cour des comptes a souligné de nombreuses fois l'inadaptation du cadre associatif tant en ce qui concerne les pouvoirs publics que l'Etat ou les collectivités territoriales.
Le présent amendement permettrait donc de disposer, à terme, d'un instrument conférant à ces missions d'intérêt général non seulement une assise institutionnelle, mais également un cadre souple à la collaboration de l'Etat avec ses différents partenaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement présente incontestablement un intérêt. Mais il tend à créer une catégorie de groupements d'intérêt public propre à l'aménagement du territoire. N'est-il pas risqué de multiplier ainsi les catégories de groupements d'intérêt public ? Je souhaite connaître l'avis du Gouvernement à cet égard pour que la commission puisse se prononcer en connaissance de cause.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Yves Cochet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Nous sommes favorables à cet amendement. Il répond en effet au besoin de « défragiliser » les statuts de certains comités comme les comités de massif, en les confortant sur le plan juridique.
Le Conseil national de la montagne a permis de réaliser des progrès. Mais les comités de massif sont de simples associations dont le statut juridique doit être mieux défini. Il en est de même pour les commissariats à l'industrialisation. Comme l'a dit M. le rapporteur, cet amendement tend à créer une nouvelle catégorie de GIP, mais cela ne constitue pas un bouleversement dans le ciel administratif. C'est une mesure spécifique utile.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Certes, c'est une innovation qui ne représente pas un bouleversement, mais je ne suis pas convaincu que la multiplication des instruments aille dans le sens d'une plus grande efficacité.
Les groupements d'intérêt public actuels ne sont-ils pas de nature à permettre de faire face aux problèmes qui se posent, y compris dans le domaine de l'aménagement du territoire ?
J'émets, donc un avis de sagesse défavorable, tout en reconnaissant qu'il s'agit d'un projet innovant. Mais nous sommes pour la simplification et pour l'efficacité. Faut-il dès lors ajouter certaines formes de groupement à celles qui existent déjà par ailleurs ? Je demande à M. Picheral de comprendre la position de la commission. Nous verrons bien ce qu'il adviendra de son projet innovant dans les semaines à venir.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 662 rectifié bis.
M. Jean-François Picheral. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Picheral.
M. Jean-François Picheral. Monsieur le rapporteur, je souhaite attirer votre attention sur le fait que de nombreux élus de collectivités territoriales ont eu quelques démêlés avec les chambres régionales des comptes et avec la Cour des comptes sur des problèmes de gestion de fait. Aujourd'hui, ils tirent la sonnette d'alarme. Permettre la création de nouveaux groupements ne compliquera pas notre administration, déjà lourde par ailleurs.
Nous représentons les élus des collectivités territoriales. Je crois qu'il faut leur accorder ce petit confort.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 662 rectifié bis, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Alain Vasselle. La commission a émis un avis de sagesse défavorable !

(L'amendement n'est pas adopté.)

Chapitre III

Procédure d'enquête publique

Article 53 (priorité)