SEANCE DU 10 JANVIER 2002


M. le président. « Art. 8. - I. - Après l'article L. 2121-12 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2121-12-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 2121-12-1 . - Dans les communes de 3 500 habitants et plus, une séance du conseil municipal est consacrée chaque année à l'examen des propositions de délibération déposées par les conseillers n'appartenant pas à la majorité municipale. Le délai de convocation du conseil municipal est d'au moins trente jours. Les propositions de délibération sont adressées au maire quinze jours avant la date de la séance. Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de ces propositions. »
« II. - Après l'article L. 3121-10 du même code, il est inséré un article L. 3121-10-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 3121-10-1 . - Une séance du conseil départemental est consacrée chaque année à l'examen des propositions de délibération déposées par les conseillers départementaux appartenant à des groupes n'ayant pas de membres au sein du bureau du conseil départemental. Le délai de convocation du conseil départemental est d'au moins trente jours. Les propositions de délibération sont adressées au président du conseil départemental quinze jours avant la date de la séance. Le règlement intérieur fixe les règles de présentation et d'examen de ces propositions. »
« III. - Après l'article L. 4132-9 du même code, il est inséré un article L. 4132-9-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 4132-9-1 . - Une séance du conseil régional est consacrée chaque année à l'examen des propositions de délibération déposées par les conseillers régionaux appartenant à des groupes n'ayant pas de membre au sein du bureau du conseil régional. Le délai de convocation du conseil régional est d'au moins trente jours. Les propositions de délibération sont adressées au président du conseil régional quinze jours avant la date de la séance. Le règlement intérieur fixe les règles de présentations et d'examen de ces propositions. »
Sur l'article, la parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux. L'intitulé du chapitre II - « Droits des élus au sein des assemblées locales » - me semble quelque peu abusif, puisque les articles qui composent ledit chapitre ne visent que les élus minoritaires, les élus majoritaires, quant à eux, étant allègrement oubliés !
Même si les conseils généraux deviennent des conseils départementaux, ce qui me paraît une idée intéressante, je regrette toutefois que cette disposition ait été prise au détour de la rédaction d'un alinéa dans un article de ce texte. Une telle transformation aurait dû être affirmée de façon plus solennelle !
Pour en revenir aux droits des élus minoritaires dans les assemblées locales, il faut éviter, à mon avis, de donner le sentiment que la légitimité de la majorité, qui assume pleinement les responsabilités de la gestion, pourrait être remise en cause. C'est elle, en effet, qui peut être éventuellement sanctionnée par le contrôle de légalité ou par les électeurs !
Par ailleurs, ces dispositions risquent d'alourdir le fonctionnement des assemblées et de créer des conflits en incitant aux surenchères démagogiques et à une contestation systématique qui risquent de porter atteinte au débat serein qui est de mise dans ces enceintes. Dans de nombreux cas, les règlements intérieurs permettent à l'opposition de s'exprimer !
M. Jean-Jacques Hyest. Absolument !
M. André Lardeux. En tout état de cause, que ces dispositions soient prises sous cette forme ou sous une autre, leur application, il faut le savoir, dépend de l'état d'esprit ou de la bonne volonté des maires ou des présidents d'assemblée.
Je fais actuellement partie de la majorité d'un conseil municipal, mais il m'est arrivé d'être dans l'opposition. Je sais donc de quoi je parle : au sein de cette assemblée, dans laquelle j'étais minoritaire, l'opposition municipale avait théoriquement des droits, mais ceux-ci étaient totalement bafoués par le maire, qui coupait la parole aux élus en séance publique, qui, bien sûr, refusait à l'opposition le droit de s'exprimer dans le journal municipal et qui ne lui accordait aucun moyen de fonctionnement.
Les dispositions qui nous sont proposées ne permettront toutefois pas, me semble-t-il, de remédier à de tels comportements, car les maires et les présidents d'assemblée trouveront toujours un moyen de contourner la loi. Et, à cet égard, je suis prêt à faire amende honorable : encore une fois, je sais de quoi je parle.
C'est la raison pour laquelle je me rallie à la série d'amendements de suppression que la commission des lois nous propose.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, à quel échelon de notre système institutionnel les Français font-ils le plus confiance ? Il n'est un secret pour personne que c'est manifestement aux collectivités territoriales et, en tout premier lieu, aux communes. Il faut donc croire qu'ils voient dans ces collectivités, en raison de leur proximité, le meilleur relais de l'expression démocratique et citoyenne.
Dés lors, pourquoi s'échiner à traiter en urgence d'un renforcement prétendument nécessaire de la démocratie locale, alors que, si nos concitoyens nous demandent de façon insistante et réitérée d'instiller plus de démocratie, c'est aux échelons supérieurs et, en premier lieu, à l'échelon national ?
Nous parlons ici de démocratie, mais nous ne la mettons pas en oeuvre parce que nous n'écoutons pas nos compatriotes. Toutefois, l'article 8 n'est-il pas une diversion un peu grossière, même si, évidemment, l'intention de conforter la démocratie locale peut sembler louable ? N'est-ce pas un « gadget » législatif, dont les dispositions peuvent s'avérer, en fait, contraires à l'intérêt même de la bonne cause que l'on prétend défendre ?
A quoi sert-il, en effet, de prévoir une séance annuelle réservée aux oppositions dans les conseils municipaux, dans les conseils généraux et dans les conseils régionaux, si ces séances ne sont suivies d'aucun effet concret ?
Il n'existe pas, dans ces assemblées, vous le savez bien, de dispositifs semblables à celui de l'article 40 de notre Constitution pour encadrer budgétairement et financièrement les mesures qui seraient proposées par les oppositions.
Prenons l'exemple des conseils municipaux, les mieux connus de nos concitoyens : il suffit d'assister à des séances de conseil pour s'apercevoir que l'opposition ne se prive pas de son droit légitime de contester, de critiquer et de faire des contre-propositions. Et c'est une très bonne chose, car c'est l'exercice concret de la pratique démocratique.
M. Jean Chérioux. Très bien !
M. Dominique Braye. La disposition que vous nous proposez va faire perdre leur temps à tous les élus des assemblées locales, occasionner un surcroît de travail inutile aux fonctionnaires territoriaux, compliquer la lisibilité de la légitimité démocratique des élus locaux aux yeux de nos concitoyens et, surtout, entretenir les attitudes politiciennes des différents groupes des conseils municipaux alors que nous savons tous que ces rivalités ont tendance à s'atténuer avec le temps, pour le plus grand bien du fonctionnement de nos communes.
Cette disposition conduirait uniquement à la politisation des débats municipaux dans les communes de taille moyenne, où telle n'est pas la tradition actuellement.
Au demeurant, serait-il profitable à la vie démocratique d'une assemblée locale et d'une collectivité territoriale que d'ouvrir la porte à toutes les surenchères démagogiques, aux propositions grandioses et irréalisables, qui n'auraient d'autre motivation que la promesse gratuite d'une tribune offerte aux beaux parleurs, sans aucun souci de rigueur budgétaire et de bonne gestion ?
De là découle un autre risque majeur, mes chers collègues : celui de la médiatisation à outrance de ces séances annuelles réservées à l'opposition, qui vont cristalliser, nous le savons bien, les tensions parmi les habitants, qui vont agiter la presse, toujours friande des chocs frontaux spectaculaires et qui préfère naturellement le train qui arrive en retard aux trains qui arrivent à l'heure, bref, qui vont faire bouillir tout le Landerneau local en pure perte d'énergie et sans résultat concret, tout cela au détriment de la démocratie et de l'intérêt des collectivités et de leurs habitants.
Nous sommes donc bien dans le cadre d'une réformette démagogique, d'un gadget de diversion qui aura toutes les chances d'être vite tourné en ridicule par l'épreuve des faits.
M. Roland Muzeau. La démocratie, c'est un gadget ?
M. Jean Chérioux. Oui, ces propositions sont des gadgets ; ce n'est pas démocratique !
M. Dominique Braye. Encore une fois, monsieur le ministre, laissez les acteurs de la vie publique locale mener leur collectivité avec sagesse et sérénité. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Nos institutions locales sont solides, elles sont appréciées de nos concitoyens, pour lesquels elles sont la meilleure expression de la vie démocratique. Alors, laissez-les vivre, laissez vivre cette démocratie et traitez plutôt les sujets de fond d'envergure nationale qui préoccupent à juste titre les Français et qui, eux, nécessiteraient de profondes transformations, que vous n'avez pas eu le courage d'engager jusqu'à ce jour.
La démocratie nationale n'est certes pas en péril, mais nos concitoyens ne la comprennent plus. En revanche, ils s'estiment fort satisfaits de la démocratie locale, plus proche de leurs soucis quotidiens, plus pragmatique et moins politicienne.
Vous faites fausse route, monsieur le ministre, en essayant d'appliquer encore une fois, comme sur tant d'autres questions, une réponse législative unique et systématique pour uniformiser, contrôler et enrégimenter tout et toujours.
C'est un travers bien socialiste que de vouloir tout réguler et de ne jamais faire confiance aux capacités d'initiative et d'organisation propres de nos concitoyens, de nos entreprises et, en l'occurrence, de nos collectivités territoriales.
Vous l'aurez compris, monsieur le ministre, je voterai évidemment la suppression de cet article 8, prototype d'un mal socialiste français - et communiste aussi (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.) -, qui consiste à légiférer à tout va,...
Mme Nicole Borvo. Que faisons-nous là, alors ? Arrêtons de légiférer !
M. Dominique Braye. ... quand ce n'est pas nécessaire, afin d'éviter que ne saute trop aux yeux de nos concitoyens l'aggravation des vrais problèmes de notre société.
M. Robert Bret. Fermez le ban ! (Sourires.)
M. le président. Je suis saisi de neuf amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 17 est présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois.
L'amendement n° 405 est présenté par M. Arthuis et les membres du groupe de l'Union centriste.
Ces amendements sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 8. »
L'amendement n° 436, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du texte proposé par le I de l'article 8 pour l'article L. 2121-12-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "n'appartenant pas à la majorité municipale". »
L'amendement n° 674 rectifié, présenté par MM. Charasse, Peyronnet et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Au début de la deuxième phrase du texte proposé par le I de l'article 8 pour l'article L. 2121-12-1 du code général des collectivités territoriale, insérer les mots : "Pour cette séance,". »
L'amendement n° 437, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du texte proposé par le II de l'article 8 pour l'article L. 3121-10 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "appartant à des groupes n'ayant pas de membres au sein du bureau du conseil départemental". »
L'amendement n° 675, présenté par M. Charasse et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Au début de la deuxième phrase du texte proposé par le II de l'article 8 pour l'article L. 3121-10-1 du code général des collectivités territoriales, insérer les mots : "Pour cette séance,". »
L'amendement n° 438, présenté par Mmes Mathon et Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du texte proposé par le III de l'article 8 pour l'article L. 4132-9-1 du code général des collectivités territoriales, supprimer les mots : "appartenant à des groupes n'ayant pas de membres au sein du bureau du conseil régional". »
L'amendement n° 676, présenté par M. Charasse et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Au début de la deuxième phrase du texte proposé par le III de l'article 8 pour l'article L. 4132-9-1 du code général des collectivités territoriales, insérer les mots : "Pour cette séance". »
L'amendement n° 294 rectifié, présenté par MM. Delevoye, Eckenspieller et Lassourd, Mme Rozier et M. Vasselle, est ainsi libellé :
« Compléter in fine l'article 8 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Après l'article L. 5211-11 du même code, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - En cas d'inexistence de groupes d'opposition au sein des conseils communautaires des établissements publics de coopération intercommunale, la séance annuelle prévue à l'article L. 2121-12-1 est consacrée à l'examen des propositions de délibérations déposées par l'ensemble des membres de l'organe délibérant, dans le respect des conditions et formes définies par cet article. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 17.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Tout en disposant d'un éventail d'arguments moins large et moins percutant que notre collègue M. Braye, je voudrais expliquer, au moyen de quatre arguments, pourquoi nous proposons un amendement de suppression de l'article 8.
En premier lieu, cet article entrave tout simplement le principe de libre administration des collectivités locales. Jusqu'à présent, on ne pouvait pas reprocher aux collectivités locales de ne pas laisser aux conseillers appartenant à l'opposition la liberté de s'exprimer !
En deuxième lieu, il s'agit de ne pas accréditer, surtout s'agissant des communes comprenant plus de 3 500 habitants, l'idée d'une définition figée des minorités dans un conseil municipal. Dans de nombreuses communes, la frontière entre la majorité et l'opposition n'est pas figée ! Les lignes de démarcation y sont parfois, comme d'ailleurs, plutôt fluctuantes.
En troisième lieu, n'entravons pas le principe majoritaire issu du suffrage universel. Le suffrage universel désigne une majorité,...
M. Bernard Murat. Eh oui !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur ... mais cette majorité n'est pas là pour l'éternité, fort heureusement ! Tous les six ans, elle peut être remise en cause.
M. Joseph Ostermann. Et voilà !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est la raison pour laquelle majorité et minorité sont amenées à gérer leurs relations en fonction du présent, certes, mais aussi des perspectives d'avenir.
En quatrième lieu, enfin, comme nous pouvons le constater dans les assemblées régionales, départementales ou communales, on peut gérer avec souplesse, en fonction des circonstances du moment, conformément aux traditions en vigueur. Il existe, dans ces instances, une gestion des relations entre majorité et minorité qu'il serait dommage d'enserrer dans un carcan rigide qui, probablement, enlèverait à la spontanéité de ces relations une bonne partie de leur substance.
Voilà pourquoi la commission a déposé un amendement visant à supprimer l'article 8, afin de préserver la souplesse, chaque fois que c'est possible, dans la vie des collectivités locales. La libre administration et l'épanouissement de ces collectivités en découlent !
M. le président. La parole est à M. Hyest, pour défendre l'amendement n° 405.
M. Jean-Jacques Hyest. Je partage, bien entendu, l'argumentation de M. le rapporteur. J'ajoute que, plus on organise la vie d'une collectivité, moins on fait confiance au respect par la majorité des droits de la minorité.
Le respect des droits de la minorité est en effet un des fondements de la démocratie. Certes, si l'on n'y croit pas, on peut toujours encadrer l'exercice de ces droits, mais je considère que, si cette disposition était votée, cela permettrait à ceux qui ne veulent pas laisser à l'opposition la possibilité de s'exprimer de reporter tous les ans les vrais débats.
La loi de 1992 a prévu de formaliser un certain nombre de dispositions dans les règlements intérieurs, et je crois que c'était suffisant : l'opposition peut ainsi déposer des amendements, poser des questions orales, interroger la majorité.
Prévoir une séance spécifique pour que l'opposition puisse faire des propositions, c'est une erreur, parce que l'on fait ainsi d'une assemblée de gestion une assemblée de délibération, comme le sont nos assemblées parlementaires. Dans une assemblée locale, nous délibérons de projets, de sujets tout à fait concrets !
J'ajoute, monsieur le président, que, subrepticement, on change le nom d'une assemblée locale, le conseil général, pour l'appeler conseil départemental. Une association d'élus le souhaite, mais ce serait vraiment uniquement pour le plaisir de changer. Depuis plus d'un siècle, nos concitoyens sont en effet habitués aux conseils généraux.
M. Michel Charasse. Depuis la loi Tréveneuc de 1872 !
M. Jean-Jacques Hyest. Les conseils généraux existaient avant, même s'ils n'ont été élus qu'à partir de 1871.
Certains veulent changer tous les sigles, les dénominations de tous les services !...
M. Michel Charasse. Le papier à en-tête !
M. Jean-Jacques Hyest. A chaque remaniement, on change même le nom des ministères. On devrait pouvoir opposer l'article 40 de la Constitution à de telles décisions.
M. le président. La parole est à Mme Mathon, pour défendre les amendements n°s 436, 437 et 438.
Mme Josiane Mathon. Ces trois amendements ont le même objet, chacun s'appliquant à l'un des trois niveaux des collectivités territoriales : la commune, le département et la région.
Nous apprécions le fait que le projet de loi vise à améliorer les droits de l'opposition dans les assemblées territoriales, mais il nous paraît également essentiel d'améliorer les droits des élus qui font partie de la majorité mais qui sont minoritaires.
Grâce à ces amendements, le groupe communiste républicain et citoyen va peut-être développer la démocratie encore un peu plus.
M. Bernard Murat. C'est nouveau !
M. Dominique Braye. C'est un changement !
Mme Nicole Borvo. Vous êtes bien mal placés pour faire ces remarques !
M. le président. La parole est à M. Charasse, pour défendre les amendements n°s 674 rectifié, 675 et 676.
M. Michel Charasse. Ces amendements ont rigoureusement le même objet, sauf qu'ils s'appliquent chacun à une catégorie d'assemblée : le conseil municipal, le conseil général et le conseil régional.
Ils visent simplement à préciser que les dispositions de l'article 8 ne concernent que la séance en question et non d'autres séances.
Bien entendu, si l'amendement de suppression est adopté, ces trois amendements n'auront plus d'objet.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 294 rectifié.
M. Alain Vasselle. La pertinence de la notion d'opposition n'est pas toujours évidente au sein des conseils communautaires. Il n'est pas rare qu'il n'existe aucune opposition, au sens politique du terme, dans ces conseils, y compris dans les communautés d'agglomération.
Il serait donc utile, en l'absence de tout groupe d'opposition, d'étendre l'utilisation du droit à propositions de délibérations à tous les membres de l'organe délibérant.
Une telle pratique ne peut être qu'un gage supplémentaire en faveur de la démocratie locale. Si l'amendement n° 17, présenté par M. Hoeffel, est adopté, notre amendement n'aura plus d'objet.
Mme Nicole Borvo. Cela dépend de vous, monsieur Vasselle !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il est évident que si l'amendement n° 17 de suppression de l'article 8 était adopté, tous les autres seraient sans objet.
M. Michel Charasse. Voilà !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. J'ai d'ailleurs cru déceler dans les intonations de certains de leurs auteurs qu'ils ne considéreraient pas une telle éventualité comme une catastrophe ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. La mesure prévue par l'article 8 en faveur de l'exercice du droit d'expression et de proposition des conseillers d'opposition constitue un progrès important. Il convient donc de la maintenir.
Une telle disposition n'est pas susceptible de déstabiliser le fonctionnement des conseils municipaux. Au contraire, elle constitue le socle des droits fondamentaux de l'opposition.
M. Joseph Ostermann. Mais non !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Tout n'est pas partout aussi idyllique que certains voudraient le laisser croire ! (Exclamations sur les travées du RPR.)
M. Patrick Lassourd. Nous respectons l'opposition. Nous ne vous avons pas attendus !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 17.
L'amendement n° 405, déposé par M. Arthuis tend, lui aussi, à supprimer l'article 8 et le Gouvernement ne peut qu'y être défavorable. Si les élus majoritaires peuvent a priori faire entendre leurs points de vue sur les sujets qui les intéressent, il n'en va pas toujours de même pour les élus de l'opposition. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 436, présenté par Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, car les conseillers appartenant à la majorité n'ont pas, en principe, de difficulté pour faire part de leurs points de vue.
M. Jean-Pierre Schosteck. Forcément !
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. De plus, rien n'interdit, dans le cadre du règlement intérieur, d'organiser la présentation des propositions de conseillers. Le Gouvernement est attaché au maintien du texte de l'article 8 qui tend à préserver le droit de proposition des élus de l'opposition.
Les amendements n°s 437 et 438 étant des amendements de cohérence avec l'amendement n° 436, le Gouvernement y est également défavorable.
En revanche, j'émets bien évidemment un avis favorable sur les amendements n°s 674 rectifié, 675 et 676, qui apportent des précisions utiles.
Enfin, monsieur Vasselle, je note que les mesures prévues à l'article 8 ont pour objet de permettre aux élus de l'opposition des assemblées délibérantes des collectivités territoriales de soumettre à l'examen de leur conseil des propositions de délibérations et qu'elles s'appliquent aux EPCI par le renvoi opéré par l'article 14.
Il est vrai que le caractère politique des organes délibérants des établissements de coopération intercommunale est moins affirmé et que la détermination d'une majorité et d'une minorité n'y est pas toujours évidente.
Cela dit, une transposition des règles applicables aux conseils municipaux ne pourrait jouer que pour les EPCI à fiscalité propre, dont les organes délibérants sont composés d'élus.
Cet amendement n° 294 rectifié semble aller au-delà de l'intention initiale du Gouvernement. Je m'en remets cependant à la sagesse du Sénat sur cette disposition, qui instaure une charge nouvelle pour les intercommunalités.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s 17 et 405, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 8 est supprimé, et les amendements n°s 436, 674 rectifié, 437, 675, 438, 676 et 294 rectifié n'ont plus d'objet.

Article 9