SEANCE DU 14 DECEMBRE 2001


M. le président. « Art. 31. - I. - Après le premier alinéa de l'article L. 321-4-1 du code du travail, sont insérés trois alinéas ainsi rédigés :
« Dans les entreprises où la durée collective du travail des salariés est fixée à un niveau supérieur à trente-cinq heures hebdomadaires ou supérieur à 1 600 heures sur l'année, l'employeur, préalablement à l'établissement du plan de sauvegarde de l'emploi et à sa communication en application de l'article L. 321-4 aux représentants du personnel, doit avoir conclu un accord de réduction du temps de travail portant la durée collective du travail des salariés de l'entreprise à un niveau égal ou inférieur à trente-cinq heures hebdomadaires ou à 1 600 heures sur l'année.
« A défaut, il doit avoir engagé des négociations tendant à la conclusion d'un tel accord. A cet effet, il doit avoir convoqué à la négociation les organisations syndicales représentatives dans l'entreprise et fixé le lieu et le calendrier des réunions, Il doit également leur avoir communiqué les informations nécessaires pour leur permettre de négocier en toute connaissance de cause et avoir répondu aux éventuelles propositions des organisations syndicales.
« Lorsque le projet de plan de sauvegarde de l'emploi est présenté au comité d'entreprise, ou à défaut aux délégués du personnel, sans qu'aient été respectées les conditions prévues au deuxième ou troisième alinéa du présent article, le comité d'entreprise, ou à défaut les délégués du personnel, peuvent, jusqu'à l'achèvement de la procédure de consultation prévue par l'article L. 321-2, saisir le juge statuant en la forme des référés en vue de faire prononcer la suspension de la procédure. Lorsque le juge suspend la procédure, il fixe le délai de la suspension au vu des éléments qui lui sont communiqués. Dès qu'il constate que les conditions fixées par le deuxième ou le troisième alinéa du présent article sont remplies, le juge autorise la poursuite de la procédure. Dans le cas contraire, il prononce, à l'issue de ce délai, la nullité de la procédure de licenciement. »
« II. - Dans l'article L. 321-9 du même code, les mots : "L. 321-4-1, à l'exception du deuxième alinéa," sont remplacés par les mots : "L. 321-4-1, à l'exception des deuxième, troisième et quatrième alinéas,". »
L'amendement n° 27, présenté par M. Gournac, au nom de la commission, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 31. »
La parole est à M. Gournac, rapporteur.
M. Alain Gournac, rapporteur. Retour à la position du Sénat de première et deuxième lecture ! C'est l'amendement Michelin relatif à l'obligation d'application des trente-cinq heures. Nous n'avons pas changé d'avis.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité. Lui non plus ! (Sourires.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 27.
M. Gilbert Chabroux. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Chabroux.
M. Gilbert Chabroux. Nous n'avons pas changé d'avis non plus. Je vous rassure, mes chers collègues : nous n'avons pas l'intention de répéter en nouvelle lecture ce que nous avons déjà eu l'occasion d'indiquer lors des deux lectures précédentes. Nous entendons aller à l'essentiel lors de cet ultime débat.
Si j'interviens sur cet amendement, c'est qu'il nous paraît essentiel. La réduction du temps de travail est l'un des éléments alternatifs qui doit impérativement être pris en compte pour éviter les licenciements. Même si cet amendement n'a qu'une validité transitoire, il faut rappeler que la loi doit s'appliquer et participer pleinement aux mesures de sauvegarde de l'emploi.
Il faut également rappeler - certains d'entre vous ont tendance à l'oublier - que les plans sociaux conduisent au versement d'aides publiques dont le coût est important pour la collectivité nationale.
Le soin que vous manifestez à l'égard de nos finances publiques lorsqu'il s'agit des crédits accordés à la gendarmerie ou aux hôpitaux pour créer des emplois, acquérir des matériels modernes et améliorer les conditions de travail, gagnerait peut-être à s'étendre aux économies réalisables en préservant l'emploi dans le secteur privé. Ce serait d'ailleurs une double économie. En sauvegardant l'emploi nous augmentons les cotisations aux régimes sociaux, nous diminuons les prestations et nous soutenons la confiance et la consommation, clés de la croissance.
C'est dans cette direction que nous préférons diriger les économies plutôt que de laisser filer des vagues de licenciements qui pouvaient souvent être évitées. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 31 est supprimé.

Article 31 bis