SEANCE DU 11 DECEMBRE 2001


M. le président. L'amendement n° II-125, présenté par MM. Oudin, Adnot, Bizet, Doligé, Doublet, Goulet, Hérisson, Natali, Richert et Vial, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 A, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« La dernière phrase du quatrième alinéa du I de l'article 58 de la loi de finances pour 2000 (n° 99-1172 du 30 décembre 1999) est remplacée par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Il est assisté par un comité consultatif composé :
« 1° de représentants des collectivités territoriales, des ententes interdépartementales visées aux articles L. 5411-1 et L. 5411-2 du code général des collectivités territoriales et des établissements publics territoriaux de bassin constitués en application des articles L. 5421-1 à L. 5421-6 ou des articles L. 5721-1 à L. 5721-7 du même code, siégant dans les comités de bassin ;
« 2° de représentants des usagers et de personnes compétentes siégeant dans les comités de bassin ;
« 3° de représentants désignés par l'Etat, notamment parmi les milieux socioprofessionnels.
« Les représentants des deux premières catégories détiennent le même nombre de sièges et, au total, les trois quarts du nombre total des sièges.
« Un décret précise les règles de fonctionnement du comité consultatif. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Comme vous le savez, le produit du PMU finance pour moitié le Fonds national de développement des adductions d'eau. Je n'ai jamais très bien compris pourquoi, et je pense qu'il serait souhaitable de revoir totalement ces formes de financement.
L'amendement n° II-125 concerne, quant à lui, le Fonds national de solidarité pour l'eau, qui a été institué par l'article 58 de la loi de finances pour 2000. Selon cet article, l'ordonnateur principal de ce fonds est le ministre chargé de l'environnement, assisté d'un comité consultatif.
Comme le fonds est alimenté par ponctions et prélèvements sur le budget des agences, il me paraît souhaitable que ce comité consultatif puisse refléter davantage la composition des comités de bassins.
Actuellement, cette composition, qui est fixée par un décret du 29 septembre 2000, donne 28 % de voix aux représentants des collectivités locales, 28 % aux représentants des usagers et 44 % aux représentants de l'Etat. Dans les comités de bassin, au contraire, les représentants de l'Etat n'ont que 24 % des voix, les personnes compétentes et les usagers 38 % des voix, et les collectivités locales 38 % également.
Puisque les ressources de ce fonds sont prélevées sur les comités de bassin, je souhaite, avec mes collègues, harmoniser la composition des comités de bassin et du comité consultatif.
J'estime par ailleurs que le budget du fonds serait mieux géré si la représentation des collectivités territoriales était différente.
Actuellement, la gestion du FNSE soulève de nombreuses critiques, notamment quant au faible taux de consommation des crédits et à leur destination. Si personne ne conteste l'intérêt de certaines actions transversales, il n'en demeure pas moins que les dépenses de fonctionnement représentent aujourd'hui 90 % des dépenses mandatées et que la Cour des comptes a souligné « le manque de clarté entre les dépenses qui relèvent du budget général et celles qui sont du ressort du FNSE ».
Je propose donc de modifier la composition du comité consultatif du fonds afin de le rendre davantage représentatif des usagers et des collectivités territoriales.
Cette réforme doit nécessairement s'accompagner d'une révision de ses règles de fonctionnement et de son rôle, mais celle-ci est d'ordre réglementaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Tout à fait favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Défavorable. Je m'étonne d'ailleurs qu'une proposition de ce type figure dans un projet de loi de finances.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-125.
M. Jacques Oudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin. Madame la secrétaire d'Etat, si vous aviez lu l'objet de l'amendement, vous auriez constaté que j'y rappelle que le Fonds national de solidarité pour l'eau et le comité consultatif ont été instaurés par l'article 58 de la loi de finances pour 2000. Il est donc normal d'inscrire ces modifications dans une loi de finances !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-125, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 57 A.
L'amendement n° II-126, présenté par M. Laffitte, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 A, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 631-73 du code de la construction et de l'habitation est ainsi rédigé :
« Art. L. 631-7-3 . - Par dérogation aux dispositions de l'article L. 631, l'exercice d'une activité professionnelle y compris commerciale est autorisé dans une partie d'un local à usage d'habitation, sans limitation de durée, dès lors que l'activité considérée n'est exercée que par le ou les occupants ayant leur résidence principale dans ce local et ne conduit à y recevoir ni clientèle ni marchandises. »
La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Cet amendement vise à préciser la portée de l'article 11 de la loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, ou DDOEF, promulguée le 2 juillet 1998.
Par cet article, il s'agissait de faciliter aux entrepreneurs l'exercice de leur activité professionnelle à domicile, notamment la téléactivité, secteur où la France est quelque peu à la traîne par rapport à bien des pays européens.
Les juges du tribunal de commerce de Paris ont vidé cet article de sa substance. Par cet amendement, je cherche donc à rendre explicite ce qui était implicite dans ce texte en précisant que cette activité professionnelle peut être exercée « sans limitation de durée » dans une partie de local à usage d'habitation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission observe qu'il s'agit de modifier un texte qui n'est pas une loi de finances.
M. Pierre Laffitte. Un DDOEF !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Elle ne se prononce pas sur le fond.
Nous aurions préféré que le Gouvernement nous soumette le DDOEF prévu : il contenait des dispositions très intéressantes, auxquelles nous aurions ajouté d'autres dispositions. Malheureusement, nous n'avons pas de support.
Contrairement à l'amendement précédent, celui de M. Oudin, qui modifiait un article de loi de finances - d'ailleurs introduit sur l'initiative du Gouvernement, madame la secrétaire d'Etat ! - en l'occurrence, nous ne pouvons pas nous appuyer sur cette symétrie, ce parallélisme des formes, et nous souhaiterions donc que M. Laffitte retire cet amendement, en raison de son caractère « équestre », si je puis dire. (Sourires.)
M. le président. Monsieur Laffitte, l'amendement est-il maintenu ?
M. Pierre Laffitte. Apparemment, il nous faudra attendre un nouveau DDOEF.
Je retire donc mon amendement.
M. le président. L'amendement n° II-126 est retiré.
L'amendement n° II-127, présenté par M. Vasselle, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 A, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 97 ter de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, après les mots : "collectivités ou établissements" sont insérés les mots : "affiliés ou". »
L'amendement n° II-160, présenté par M. Lassourd, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 A, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« La participation des employeurs à l'effort de construction peut être utilisée, au titre de l'emploi prévu au a de l'article L. 313-1 du code de la construction et de l'habitation, pour accorder des subventions, dans le cadre des dispositions prévues par le code de la construction et de l'habitation et selon des modalités prévues par une convention entre l'Etat et l'union d'économie sociale du logement en vertu du 2° de l'article L. 313-19 et à partir du fonds d'intervention de cette union, à une association agréée par arrêté du ministre chargé du logement et du ministre chargé de l'économie et des finances. Ses statuts sont approuvés par décret. Deux commissaires du Gouvernement représentent l'Etat auprès de cette association avec des pouvoirs définis par les statuts. L'objet de cette association soumise au contrôle de la Cour des comptes, de l'inspection générale des finances et aux dispositions du titre II de la loi n° 91-3 du 3 janvier 1991 modifiée, est de réaliser des programmes de logements sociaux contribuant à la mixité des villes et des quartiers. Cette association est autorisée à contribuer par transfert d'actifs au financement des régimes de retraites complémentaires obligatoires de salariés du secteur privé par répartition, institués par voix d'accords collectifs interprofessionnels. Les profits et les pertes, ainsi que les plus-values et les moins-values constatés à l'occasion de ces transferts sont exclus de la base de calcul de l'impôt sur les sociétés. »
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Cet amendement fait suite à un accord extrêmement important qui vient d'être signé entre les partenaires sociaux et le Gouvernement concernant la gestion du 1 % employeur.
Je rappelle que ce 1 % fait l'objet actuellement d'une collecte auprès des entreprises et des chambres de commerce et d'industrie et qu'il est destiné à octroyer des prêts aux particuliers et aux organismes d'HLM à des fins de construction.
Je rappelle par ailleurs que, depuis quelques années, l'Etat a pris l'habitude d'exercer des ponctions extrêmement importantes sur ce 1 %. Depuis 1997, il a prélevé 32 milliards de francs sur ce 1 % logement, et l'on peut considérer que son objet a été détourné.
Il s'ensuit un nouvel accord dont l'amendement qui vous est proposé est la conséquence. Ce texte tend en effet à ce que la participation des employeurs à l'effort de construction puisse être utilisée selon des modalités qui seront prévues par une convention entre l'Etat et l'union d'économie sociale du logement.
A partir du fonds d'intervention de cette union, une association serait créée, qui aurait vocation de société foncière et qui pourrait intervenir dans le renouvellement urbain et, bien évidemment, à des fins de mixité sociale. Nous nous inscrivons ainsi dans la philosophie de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains.
Cette association serait constituée de façon strictement paritaire entre les organisations syndicales et le patronat. Elle aurait comme vocation de réaliser elle-même des logements sociaux. Ces logements seraient réservés aux salariés des entreprises cotisantes.
Enfin, par transferts d'actifs, cette association serait autorisée à transférer les bénéfices réalisés aux caisses de retraite complémentaire et obligatoire des salariés, je veux parler de l'AGIRC et de l'ARRCO, afin que les cotisations des salariés leur reviennent in fine.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission remercie notre collègue M. Lassourd d'avoir pris l'initiative de présenter cet important amendement.
Comme on l'a vu, il s'agit de permettre aux partenaires sociaux de s'organiser afin de mieux mettre en oeuvre l'effort interprofessionnel consacré au logement. Il s'agit de se doter des outils nécessaires pour conforter le financement de certains programmes de logement, pour porter, à l'aide d'une société foncière, des actifs immobiliers et, enfin, le cas échéant, pour contribuer à mieux asseoir les régimes de retraite par répartition, puisque ces actifs immobiliers pourront être placés dans les réserves de certaines institutions de financement de retraite.
L'ensemble de ces raisons justifie, de même que l'opinion semble-t-il favorable des partenaires sociaux, que le Sénat adhère à la démarche préconisée. Celle-ci arrive juste à point pour permettre la formalisation des conventions nécessaires.
La commission émet donc un avis favorable sur cet amendement et souhaite que le Gouvernement nous suive.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement important complète en effet la politique initiée par les partenaires sociaux représentant des employeurs et des salariés pour réorienter l'emploi des fonds du 1 % logement.
Il s'agit concrètement de créer une association foncière dont les statuts ont fait l'objet de discussions approfondies entre l'Etat et les partenaires sociaux et dont les principales dispositions à caractère législatif sont précisées par cet amendement.
Cette association investira dans des programmes immobiliers locatifs dans deux directions qui sont de nature à favoriser l'objectif de mixité sociale que nous partageons. Il s'agit, d'une part, de favoriser le développement du logement social, en particulier dans les communes qui connaissent un faible taux de logements sociaux et, d'autre part, de développer dans les quartiers concernés au premier chef par les opérations contractuelles de politique de la ville et de renouvellement urbain une offre locative intermédiaire sans conditions de loyer ni de ressources.
A terme, ce texte prévoit le transfert des actifs aux régimes complémentaires obligatoires de retraite par répartition des salariés du secteur privé. Ce transfert contribuera à l'équilibre de ces régimes dans les années futures, conformément aux souhaits des partenaires sociaux.
Sur le plan fiscal, il est prévu que les profits et les pertes, les plus-values et les moins-values constatés à l'occasion de ces transferts seront exclus du champ de l'impôt sur les sociétés. Le Gouvernement s'efforce actuellement, en liaison avec les partenaires sociaux, de définir le régime fiscal de cette association foncière s'agissant de ses activités lucratives, en particulier pour permettre que les apports dont elle bénéficiera, sous forme d'emprise foncière ou d'une partie de la participation des employeurs à l'effort de construction, puissent bénéficier d'un traitement fiscal adapté. A cet égard, le Gouvernement proposera un amendement de précision lors d'une prochaine lecture.
Mais, sans attendre, il émet un avis favorable sur cet amendement qui concrétise une ambitieuse réorientation du 1 %, souhaitée par les partenaires sociaux.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-160, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 57 A.
Nous avons achevé l'examen des articles non rattachés de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 2002.

Demande de seconde délibération