SEANCE DU 1ER DECEMBRE 2001


Sur ces crédits, la parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la qualité et la diversité de la culture et de la création françaises sont appréciées et reconnues dans le monde entier. Le particularisme bien français - implication très forte de la puissance publique et protection de l'emploi culturel - rend possible ce dynamisme en donnant les moyens aux artistes d'exprimer leur talent et leur créativité.
Le régime des intermittents du spectacle est aujourd'hui directement menacé par le MEDEF, qui refuse d'ouvrir toute négociation permettant l'annexion à la convention générale de l'UNEDIC des annexes VIII et X régissant l'assurance chômage des salariés du spectacle, du cinéma et de l'audiovisuel.
La volonté de remettre en cause ce régime n'est pas nouvelle et la refonte du régime général de l'UNEDIC sert aujourd'hui de prétexte à une nouvelle tentative visant à mettre un terme à un dispositif spécifique jugé exorbitant.
Les artistes, les salariés du spectacle, du cinéma et de l'audiovisuel ne sont pourtant pas des privilégiés. Leur régime d'assurance chômage existe en raison de la spécificité même du travail de ces professions, marqué par l'alternance de contrats à durée déterminée et de périodes de chômage qui sont aussi souvent des périodes de préparation, de répétitions.
Si le patronat veut réellement abolir les privilèges, je le soutiendrai dans toute initiative pour une nouvelle nuit du 4 août.
Mme Danièle Pourtaud. Bravo !
M. Ivan Renar. Je suis même tout disposé à lui donner quelques conseils et quelques pistes avisés.
Mais, dans ce cas précis, il s'agit d'une attaque en règle et tout à fait inadmissible contre les artistes, qui, pour beaucoup d'entre eux, connaissent les dures réalités de la précarité.
Intégrer les artistes dans le régime des intérimaires - c'est la proposition qui est faite - exclurait de toute indemnité la moitié des bénéficiaires du régime des intermittents. De fait, ce serait porter un coup très grave à la création française et à toute la vie culturelle française.
En attendant, et depuis le 1er janvier 2001, les intermittents se trouvent devant un vide juridique. Légalement, leur statut n'existe plus. Ce n'est pas sans conséquences concrètes. Si les indemnités leur sont toujours versées, ils sont en revanche exclus de la non-dégressivité des allocations chômage dont bénéficient les salariés du régime général et des dispositions relatives à la réduction du temps de travail.
Pour ma part, je suis un défenseur du paritarisme et des négociations entre partenaires sociaux. Mais, quand blocage il y a, force doit revenir à la loi. Des propositions ont été faites en ce sens, à l'Assemblée nationale, par mes amis et par le groupe socialiste et elles seront examinées en séance publique le 12 décembre prochain. Un acccord professionnel majoritaire existe en la matière depuis le mois de juin 2000, actualisé depuis pour tenir compte de la convention générale.
Aussi, je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat, de nous préciser concrètement ce que le Gouvernement compte faire pour pérenniser le régime des intermittents du spectacle. Je souhaite - c'est la proposition que je ferai au président Jacques Valade et à mes collègues de la commission des affaires culturelles de la Haute Assemblée - qu'une mission d'information fasse le point sur le régime de l'intermittence du spectacle, au-delà même de la loi qui devrait être adoptée par les deux assemblées.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Comme vous l'avez souligné, monsieur le sénateur, le régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle concerne des métiers qui représentent environ 2 % de la population active et 4 % des demandeurs d'emploi. La protection assurée par ce régime est un élément essentiel de la vitalité de la création dans notre pays.
Comme vous l'avez également indiqué, la nouvelle convention de l'UNEDIC, entrée en vigueur le 1er juillet 2001, a modifié substantiellement le régime interprofessionnel de l'assurance chômage dans un sens qui n'est pas adapté en tous points aux réalités du secteur.
Les dispositions protectrices spécifiques aux intermittents du spectacle, prévues par les annexes VIII et X de l'ancien accord de l'UNEDIC, ont néanmoins été provisoirement maintenues en vigueur.
Face au refus du MEDEF de rouvrir le dialogue, je vous confirme qu'une proposition de loi vient d'être déposée à l'Assemblée nationale, afin de donner une base légale au maintien du dispositif existant tant qu'un nouvel accord n'aura pas été agréé ; sa discussion aura bien lieu le 12 décembre prochain.
Le Gouvernement regrette que le législateur soit obligé d'intervenir pour garantir une protection sociale dont la justification est avérée et qui aurait dû se trouver confortée par la négociation entre les partenaires sociaux. Mais nous prenons nos responsabilités et, par cette proposition de loi, nous créons la possiblité de maintien de ces annexes jusqu'à ce qu'un accord puisse être trouvé. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen et sur les travées socialistes.)
M. le président. Je mets aux voix les crédits figurant au titre IV.

(Ces crédits ne sont pas adoptés.)

ÉTAT C

M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 291 909 000 euros ;