SEANCE DU 7 JUIN 2001


M. le président. Par amendement n° 89, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - Il est institué un service public bancaire de base qui a pour objectif la mise en oeuvre du droit au compte.
« Il garantit à toute personne physique résidant habituellement sur le territoire national ou communautaire, sans discrimination, et quelle que soit sa situation personnelle ou pécuniaire, une prestation minimale identique reposant sur le principe de l'égal accès de tous à l'argent leur appartenant, qu'il soit fruit du travail, de l'épargne populaire ou émanant des ressources dites de transfert issues de la solidarité nationale. Il s'applique également aux interdits bancaires.
« Cet argent est déposé sur un compte courant ou de dépôt, ouvert dans les livres d'une agence de La Poste ou dans un établissement bancaire ou financier, tels que visés aux articles 14 et 18 de ladite loi.
« Tout bénéficiaire peut, à tout instant, librement renoncer à ce service en notifiant sa décision par courrier simple à l'établissement bancaire ou financier teneur du compte courant ou de dépôt. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement de notre groupe inaugure, si l'on peut dire, une série de sept amendements qui déclinent, dans les faits, la forme que nous souhaitons voir prendre à ce que nous avons appelé le « service public bancaire de base ».
Ce débat sur les services bancaires revêt, on le sait, une certaine importance, notamment depuis l'échec de la commission de conciliation Jolivet.
Le titre II du présent projet de loi ne prend pas en compte, de notre point de vue, les attentes réelles de la clientèle.
Malgré quelques progrès par rapport à la situation existante, il apparaît en fait comme une réponse par trop étroitement favorable aux seuls établissements de crédit qui entendent, depuis le début de la concertation, obtenir, entre autres, la facturation des chèques bancaires émis par leur clientèle ou la possibilité de facturer tous les services « à la carte », et sans trop de normes contraignantes.
Cet amendement présente une autre caractéristique : reprendre le débat au point où il en était resté lors de la discussion du projet de loi relatif aux nouvelles régulations économiques.
Nous estimons nécessaire, compte tenu du nombre élevé des personnes inscrites au fichier de centralisation des chèques irréguliers, de donner un autre contenu à ce droit au compte. Tel est le sens de cet amendement.
De notre point de vue, c'est une question d'ordre public et d'intérêt public que le recul de l'exclusion bancaire, ne serait-ce que du fait que nos compatriotes, pour nombre de paiements, sont dans l'obligation de disposer d'un compte et de moyens de paiement.
Nous en reparlerons évidemment à l'occasion de la défense de nos autres amendements.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Ces derniers temps, trois versions du service bancaire de base ont été proposées.
La première est celle que le Gouvernement a mise en oeuvre dans le décret de janvier 2001. C'est la plus restreinte, puisqu'elle ne s'adresse qu'à ceux qui se sont vu refuser l'ouverture d'un compte, soit environ 50 000 personnes.
La deuxième est celle que le Sénat avait adoptée en première, puis en nouvelle lecture du projet de loi relatif aux nouvelles régulations économiques sur l'initiative de notre collègue Gérard Larcher. Elle s'adressait à l'ensemble des titulaires de minima sociaux, soit 3 millions de personnes.
Enfin, la troisième est celle que nous propose aujourd'hui M. Foucaud, soit un service bancaire de base ouvert à tous, c'est-à-dire universel. Il s'agit d'une ouverture tous azimuts, complète et sans limites.
La commission estime que le dispositif proposé par le groupe communiste républicain et citoyen est beaucoup trop large. En effet, s'il était adopté, il pourrait s'appliquer à des personnes qui n'en ont pas réellement besoin.
A notre sens, il convient d'attendre les résultats du système mis en place par le Gouvernement avec le décret de janvier 2001 avant d'envisager l'extension d'une telle expérience, sachant que, dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, monsieur le ministre, in medio stat virtus. (Sourires.) La version votée par le Sénat voilà quelques mois nous semble encore, de ce point de vue, tout à fait raisonnable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. J'allais ajouter non bis in idem, pour ne pas dire sur in vino veritas ! (Sourires.)
M. Paul Blanc. C'est-à-dire le muscat !
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. S'agissant de l'amendement n° 89 présenté par M. Thierry Foucaud, le Gouvernement a déjà eu l'occasion d'expliquer comment il avait mis en oeuvre, depuis 1997, une politique de lutte contre l'exclusion bancaire avec une série de mesures qui répondent aux difficultés réelles de nos concitoyens.
Il ne paraît pas efficace de modifier notre approche. Au travers de ce texte, le Gouvernement préfère rééquilibrer la relation, toujours délicate, entre les banques et leurs clients, sans créer des effets contre-productifs que nous craignons avec ce type d'amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 89, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 90, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - L'ouverture, la tenue et la fermeture du compte ainsi que le changement d'adresse sont sans frais. Les relevés d'identité bancaire fournis à la demande du titulaire du compte sont sans frais et sans limitation de nombre. Concernant l'information du compte, un relevé mensuel est délivré sans frais aux guichets ou notifié au domicile du titulaire du compte par la voie postale avec frais postaux réels à sa charge.
« Un accès sans abonnement aux serveurs vocaux peut être fourni, à la condition que les frais téléphoniques exposés par le titulaire du compte soient inférieurs ou égaux à la tarification la plus faible constatée sur le marché.
« Toute stipulation contraire aux présentes dispositions est réputée non écrite. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Ce deuxième amendement de notre groupe décline, dans les faits, le contenu de la relation entre le titulaire du compte et l'établissement de crédit gestionnaire.
Il pose un principe de gratuité des services d'information des titulaires de compte, principe qui a parfois quelque peine à être mis en oeuvre aujourd'hui.
Les associations de consommateurs que nous avons contactées sur le sujet nous ont indiqué qu'à peine 10 % des établissements de crédit ne pratiquaient pas aujourd'hui de facturation des opérations de clôture de compte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Même commentaire que sur l'amendement précédent et même avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Même avis défavorable que sur l'amendement précédent.
M. le président. Personne ne demande la parole ?
Je mets aux voix l'amendement n° 90, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 91, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. .... - L'accès aux liquidités est sanctionné par la délivrance mensuelle d'un chéquier de dix formules sans frais à toute personne physique qui n'est pas inscrite au fichier central des chèques irréguliers. Si le titulaire du compte est inscrit au fichier central des chèques irréguliers, il lui sera délivré un chéquier à la condition nécessaire et suffisante d'une régularisation des incidents de paiement, effectuée dans les conditions prescrites par la loi n° 91-1382 du 30 décembre 1991.
« Toutefois, la régularisation de l'incident de paiement ne peut conduire la banque, La Poste ou l'établissement financier à prélever ou à réclamer au débiteur une somme de frais de toute nature dont le cumul est supérieur à la valeur nominale du chèque rejeté.
« En cas d'impayé, les frais de toute nature prélevés par la banque, La Poste ou l'établissement bancaire teneur du compte du débiteur sont calculés au droit proportionnel selon un barème fixé par décret, et plafonnés par référence à la valeur unitaire nominale de l'échéance impayée ou du titre rejeté au motif d'absence ou d'insuffisance de provision sans excéder, par tranche, la valeur du dixième du SMIC.
« Une carte de retrait interbancaire euro-compatible aux normes internationales en vigueur est également délivrée, sécurisée au premier franc, à un tarif dont le quantum est fixé par décret dont le renouvellement est non payant, tout comme en cas de défaillance ou d'usure de cet instrument de paiement, ou en cas de progrès techniques le rendant obsolète.
« Le dépôt d'espèces au guichet teneur de compte, dite agence de rattachement, ou dans les autres agences d'un même réseau s'effectue sans frais.
« Le retrait d'espèces au guichet teneur de compte, dite agence de rattachement, ou dans les autres agences du même réseau s'effectue sans frais et sur présentation du chéquier du titulaire et d'un document d'identité.
« Il est attribué à chaque titulaire un quota de dix virements mensuels sans frais, et au-delà de cette quotité, avec frais au droit proportionnel dont le quantum est fixé par décret.
« Toutefois, les virements permanents effectués à la demande expresse des grands opérateurs dans les services d'approvisionnement et de gestion de l'eau, du gaz, de l'électricité, du téléphone ou du Trésor public, restent hors quota et sans frais pour le titulaire du compte.
« Les paiements effectués par avis de prélèvement ou par titre interbancaire de paiement sont également sans frais.
« Toute stipulation contraire aux présentes dispositions est réputée non écrite. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement tend à définir la nature du service public bancaire de base.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteurt général. Même punition, même motif.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Je n'utiliserai pas ce type de vocabulaire ! Je dirai même attitude défavorable de la part du Gouvernement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91, repoussé par la commission et le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 92, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - Les chèques-receveurs adossés à un livret d'épargne restent sans frais.
« Les chèques certifiés de banque résultant de la mise en oeuvre des dispositions visées aux articles 131-5, 131-15, 131-19, 131-39, 131-48 du nouveau code pénal sont stipulés sans frais. Toute stipulation contraire aux présentes dispositions est réputée non écrite. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Poursuivant la déclinaison du contenu du service public bancaire de base, cet amendement de notre groupe vise tout simplement à maintenir la gratuité de l'émission et/ou de la délivrance des chèques adossés aux livrets d'épargne ou des chèques de banque.
L'adoption de cet amendement, qui complète le dispositif que nous exposons désormais depuis plusieurs amendements, s'avérerait logique dans le droit-fil de nos propositions précédentes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 93, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - I. - Les coûts imputables aux obligations résultant du fonctionnement et mise en oeuvre du service public bancaire de base sont évalués et centralisés auprès de la Banque de France, sur la base d'une comptabilité appropriée tenue par les établissements bancaires ou postaux concernés. Cet échange d'informations s'opère selon des modalités fixées par décret.
« La Banque de France centralise les informations relatives au fonctionnement, aux ouvertures et aux fermetures des comptes résultant de la mise en oeuvre du service. Elle est chagée d'en répartir le coût du fonctionnement selon une péréquation de participation entre La Poste et les établissements financiers participant à sa mise en oeuvre.
« La Poste et les établissements financiers appelés au financement commun peuvent bénéficier de la déductibilité de tout ou partie du coût au moyen d'une provision pour charges, dont le plafond fait l'objet d'une autorisation annuelle fixée par décret.
« II. - Les pertes de recettes engendrées par application des dispositions du présent article sont compensées par une majoration à due concurrence des droits prévus aux articles 219 et 885 U du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Comme vous le savez, la question de la facturation des services bancaires est au centre du débat depuis plusieurs années.
Les établissements de crédit, toujours soucieux de faire valoir leurs intérêts et d'accroître les conditions de la rémunération de leurs actionnaires au travers de l'expansion de leur résultat net bancaire, tentent en effet, y compris en s'appuyant sur les évolutions des normes internationales, d'obtenir une tarification toujours plus importante de leurs services. Le débat sur les chèques payants est l'un des éléments de ce contexte.
Nous ne pouvons ignorer le cas des pénalités imposées aux titulaires de compte ayant émis des chèques irréguliers, pénalités qui participent d'un accroissement des produits nets bancaires non négligeables. Ainsi, une personne, titulaire d'un compte, ayant émis pour 1 500 francs de chèques insuffisamment provisionnés a dû s'acquitter de plus de 1 100 francs de frais auprès de son établissement de crédit et de 600 francs de pénalité fiscale, sans compter les frais complémentaires que l'établissement a continué de percevoir pendant plusieurs années après les incidents. La facturation parfois excessive des services bancaires, facturation évidemment génératrice de produit net, est donc une réalité patente.
Le coût du service public bancaire de base que nous proposons dans cette série d'amendements peut évidemment entamer quelque peu la rentabilité des établissements de crédit. Mais il leur reste tout de même une marge non négligeable.
En effet, au moment où nous débattons de ces questions, nous apprenons que le groupe BNP-Paribas annonce pour l'an 2000 un bénéfice net de 27 milliards de francs, soit une rentabilité de plus de 10 % rapportée au chiffre d'affaires. Pour ce seul établissement important de la place de Paris, c'est déjà plus qu'il n'en faut pour supporter les conséquences de la mise en place du service public bancaire de base !
Selon certaines associations de consommateurs ou de lutte contre la précarité ou l'exclusion, le coût de la mise en place de ce service bancaire de base serait environ de 4 milliards de francs.
En la matière, évidemment, tout est relatif puisque, comme chacun le sait, pour l'essentiel, la mise en place d'un service de base élargirait la clientèle de nos établissements de crédit et, par voie de conséquence, le volume des sommes déposées à vue et donc d'un coût de collecte faible.
C'est par ailleurs tout à fait naturellement qu'il nous est apparu que le suivi et l'estimation du coût de ce service devaient être effectués par la Banque de France, établissement le plus directement habilité à assurer la sécurité des opérations interbancaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation. Défavorable également.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 93 repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 94, M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - La Banque de France et la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes sont investies de la mission de surveillance de la mise en place du service public bancaire de base au plan national, selon des modalités fixées par décret. »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je défendrai en même temps les amendements n°s 94 et 95 rectifié, si vous me le permettez, monsieur le président.
M. le président. J'appelle donc en discussion l'amendement n° 95 rectifié, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, et tendant à insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-1 du code monétaire et financier, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - A compter de la promulgation de la loi n° du portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier, un bilan de la mise en application du service bancaire de base est établi par la Banque de France, tous les trois ans. »
La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter les amendements n°s 94 et 95 rectifié.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Ces deux derniers amendements sur le service bancaire de base complètent les dispositions des précédents en confiant clairement aux services de l'Etat, qui est compétent en matière de consommation, et à la Banque de France les missions de suivi, de contrôle et d'évaluation de la mise en place du service.
Je ne reviendrai évidemment pas sur la garantie d'objectivité de l'analyse de la mise en place de ce service que cela constitue.
Nous nous permettons simplement d'insister sur le fait que la mise en oeuvre du service public bancaire de base sera évaluée à partir des objectifs et des finalités que nous avons souhaité lui donner.
La principale finalité, je le rappelle, c'est la lutte contre l'exclusion bancaire, qui continue de frapper une part importante de nos compatriotes, quand bien même des mesures viennent d'être prises pour la faire reculer.
Le nombre de comptes ouverts au titre du service de base, l'importance et la densité des mouvements qui seront observés sur ces comptes constitueront les autres critères d'évaluation, au même titre que le nombre de comptes rapporté à la clientèle de chaque établissement de crédit.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 94 et 95 rectifié ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Toutes les dispositions contenues dans les amendements de cette série me semblent au minimum très prématurées. Avant d'envisager autre chose, nous avons besoin de voir fonctionner le système découlant du décret de janvier 2001. Donc, pour l'instant, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Sur le premier amendement, qui vise à faire contrôler la mise en oeuvre du service public bancaire de base par la Banque de France, je m'en remets à la sagesse du Sénat, l'objectif recherché par les auteurs de cet amendement étant déjà atteint par le biais de l'article 6.
Quant à l'amendement n° 95 rectifié, qui tend à prévoir un bilan du service bancaire de base tous les trois ans, le Gouvernement y est favorable : il permettra, au bout de trois ans, d'être éclairé sur le fonctionnement du mécanisme.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 94.
M. Jacques Bellanger. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Bellanger.
M. Jacques Bellanger. Nous n'allons pas voter cet amendement pour plusieurs raisons, la principale étant que nous croyons injuste de vouloir faire un service bancaire minimum pour ceux qui sont déjà handicapés par leur situation financière.
Notre système bancaire connaît une évolution considérable : nous avons de nouveaux moyens de paiement, de nouvelles possibilités de consulter les comptes, demain nous aurons le porte-monnaie électronique. Pour notre part, nous estimons que tous ces outils modernes doivent être accessibles à l'ensemble des Français. Or, aujourd'hui, les opérateurs bancaires visent à faire payer tous ces services de plus en plus cher, voire à dégrader les services courants.
Si vous vous rendez dans une agence bancaire, vous vous apercevrez qu'il vous faudra, la plupart du temps, patienter pendant trois quarts d'heure avant de pouvoir accéder au guichet. Encore faut-il que vous ayez une agence à proximité !
Nous n'avons pas pu faire de La Poste un acteur bancaire à part entière. Un problème beaucoup plus général se pose donc : il s'agit de faire en sorte que tous les services modernes du système bancaire puissent être utilisés par l'ensemble des Français.
Si je suis défavorable à cet amendement, en revanche, je suis favorable à l'amendement n° 95 rectifié.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 94, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 95 rectifié, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

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