SEANCE DU 27 MARS 2001


M. le président. La parole est à M. Fatous, auteur de la question n° 972, adressée à M. le ministre délégué à la santé.
M. Léon Fatous. Monsieur le secrétaire d'Etat, le vieillissement de la population nécessite, comme vous le savez, une prise en charge de plus en plus importante des maladies liées à l'âge. Je sais également que, parmi les priorités dans le domaine de la santé publique, auxquelles j'adhère totalement, figure celle qui consiste à traiter d'une manière égalitaire l'ensemble des Françaises et des Français. Il ne serait en effet pas acceptable que, pour des raisons de coût thérapeutique, les inégalités sociales soient renforcées.
Toutefois, je suis alerté par de nombreuses personnes qui présentent une dégénérescence maculaire liée à l'âge, souvent compliquée de néovaisseaux sous-rétiniens. La lésion occupe alors une bonne partie de la macula, entraînant une forte diminution de la vision, voire une atrophie définitive. Diverses possibilités thérapeutiques existent, telles la photocoagulation ou la thermothérapie transpupillaire, mais dont l'efficacité est douteuse.
Il semble que le traitement le plus adapté soit la photothérapie dynamique avec la Visudyne. Ce médicament, dont l'autorisation de mise sur le marché est récente, est très coûteux - environ 9 000 francs le flacon - et n'est pas pris en charge par la sécurité sociale. Or il faut savoir que le traitement d'un patient nécessite de trois à quatre injections, soit un coût de 36 000 francs.
En France, actuellement, 200 000 personnes seraient directement touchées par cette forme de dégénérescence de la rétine particulièrement invalidante. Les pronostics, même à vingt-cinq ans, sont pour le moins alarmants, puisque trois millions de personnes pourraient être concernées par cette première cause de malvoyance.
Récemment, en janvier, me semble-t-il, un article de presse faisait état de la déclaration d'un laboratoire appartenant au groupe suisse Novartis, selon laquelle le traitement par la Visudyne serait pris en charge à 100 % en France. Pouvez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, nous indiquer où en est la réflexion sur ce sujet, et si les espoirs que cette déclaration a fait naître chez de nombreuses personnes sont fondés ?
Je ne doute pas de l'intérêt que vous portez à ce problème, et je vous en remercie.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire. Monsieur le sénateur, permettez-moi de vous répondre au nom de M. Bernard Kouchner.
Effectivement, comme vous l'avez rappelé, la Visudyne est une spécialité destinée au traitement de la dégénérescence maculaire liée à l'âge.
La Visudyne a obtenu une autorisation de mise sur le marché centralisée le 27 juillet 2000.
En France, elle est soumise à une prescription restreinte aux médecins ophtalmologistes et à une surveillance particulière pendant le traitement.
La Visudyne est administrée en perfusion intraveineuse, puis activée pendant quinze minutes par de la lumière délivrée par un laser diode à l'aide d'une fibre optique, d'une lampe à fente et d'une lentille de contact appropriée.
Les patients ayant reçu de la Visudyne doivent être réévalués tous les trois mois. Le traitement peut être administré jusqu'à quatre fois par an. La population concernée par les indications est actuellement estimée à 20 000 personnes par an.
La Visudyne a bénéficié préalablement, avant son autorisation de mise sur le marché, de 600 autorisations temporaires d'utilisation nominatives.
Elle a été inscrite sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux par arrêté du 13 février 2001 - publié au Journal officiel du 22 février 2001 - au prix de 9 360,20 francs TTC et au taux de remboursement de 100 % - c'est l'information essentielle -, taux qui est justifié par le caractère coûteux et irremplaçable du médicament. Celui-ci est soumis à la procédure du médicament d'exception et doit, de ce fait, faire l'objet d'une prescription spécifique par laquelle le médecin prescripteur s'engage à respecter les indications de la fiche d'information thérapeutique élaborée par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, l'AFSSAPS, et annexée à l'arrêté d'inscription de cette spécialité.
Monsieur le sénateur, vous avez donc satisfaction puisque la décision est maintenant officielle. Du point de vue du traitement thérapeutique, les personnes concernées par la dégénérescence maculaire trouveront, demain, une réponse de qualité.
M. Léon Fatous. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Fatous.
M. Léon Fatous. Je vous remercie de ces renseignements concrets ; les bénéficiaires apprécieront, j'en suis convaincu, la décision qui a été prise.

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