SEANCE DU 25 JANVIER 2001


M. le président. La parole est à M. Blanc. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Paul Blanc. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Aujourd'hui, même si les statistiques officielles révèlent, hélas ! une augmentation de l'insécurité, les chiffres sont largement minorés, non seulement parce que beaucoup d'actes de petite délinquance appelés « incivilités » ne sont pas enregistrés mais aussi parce que ne sont retracés que les faits signalés, et chacun connaît la proportion de victimes qui ne portent pas plainte par peur des représailles ou encore parce qu'elles n'espèrent plus rien des pouvoirs publics.
M. Hilaire Flandre. Cela ne sert à rien !
M. Paul Blanc. Quelques chiffres révèlent avec exactitude ce climat d'insécurité : 3,5 millions de crimes et délits ont été constatés durant l'année 2000, avec une hausse considérable des délits à caractère économique, notamment à Paris, où elle atteint 22 % ; augmentation de 13 %, par rapport à l'année précédente, des vols à main armée ; hausse de 10 % de vols avec violence ; 15 000 voitures brûlées, en particulier à Strasbourg.
N'oublions pas, dans ce triste bilan, les agressions commises à l'encontre des convoyeurs de fonds, du corps enseignant et des forces de sécurité. Dans ma région, le Languedoc-Roussillon, les forces de police et de gendarmerie ont déjà payé un lourd tribut en ce début d'année 2001.
Le Premier ministre a déclaré mardi dernier : « Le Gouvernement n'a pas de leçon à recevoir en matière de lutte contre l'insécurité », soulignant que celui-ci avait donné depuis 1997 la priorité à la sécurité quotidienne des Français. (M. Gournac s'exclame.)
Force est de constater que cette priorité ne s'est pas traduite dans les faits. On peut mettre, en parallèle, les sommes allouées au financement des 35 heures imposées - 85 milliards de francs - et celles qui sont consacrées à la justice, à la police et à la gendarmerie - 83 milliards de francs.
En conséquence, je demande quelles mesures concrètes le Gouvernement envisage de prendre pour garantir le droit de chacun à vivre en paix, car, encore une fois, si mesures il y a eu, elles ne se sont pas traduites dans les faits.
Et, tout naturellement, je demande donc à M. le ministre de l'intérieur quelle leçon il peut nous donner en matière de lutte contre l'insécurité. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur, soyez assuré de la détermination du Gouvernement à combattre et à punir toutes les violences.
Assurer la sécurité de nos concitoyens, agir contre les comportements délinquants par une réponse systématique est un devoir d'Etat. Le Premier ministre l'avait dit en 1997 et nous sommes toujours dans la même orientation. Mais il faut dire aussi que c'est de la responsabilité de chacun, et au premier chef, bien sûr, des parents, qui doivent élever leurs enfants dans le respect des règles qui régissent la vie en société. Par-delà les actions qui sont menées par l'Etat ou les conseils généraux, il convenait de le rappeler.
J'ai évoqué, tout à l'heure, les recrutements de policiers, le développement de la police de proximité, qui sera généralisé au cours de cette année, le renforcement des effectifs dans les vingt-six départements les plus sensibles, les contrats locaux de sécurité.
Dans la période qui vient, nous ferons porter plus particulièrement nos efforts - le conseil de sécurité intérieure qui doit se réunir prochainement le confirmera - sur une plus grande efficacité des enquêtes conduites sur le terrain par les services de police et de gendarmerie, sous l'autorité des procureurs, afin de mieux élucider les affaires, de lutter ainsi contre l'impunité face à tous ces phénomènes de violence, de bandes et d'économie souterraine.
Parmi les priorités figure aussi le traitement des comportements violents grâce à des dispositifs appropriés associant, par exemple, l'éducation nationale, quand elle est concernée, quand il s'agit de l'école et, si nécessaire, les structures de santé.
En matière de sécurité, il faut que tout le monde se mobilise. Il ne sert à rien de se lancer des chiffres à la figure. Les chiffres, vous les aurez le 2 février prochain : vous verrez les évolutions, les variations. L'essentiel, c'est une mobilisation des forces de police, bien sûr, des forces de sécurité, bien sûr, mais aussi de l'ensemble du corps social pour faire reculer la violence.
La lutte contre l'insécurité dans nos villes et nos campagnes doit être menée au niveau de la prévention, de la répression, de la réparation, mais elle passe aussi par la mobilisation de l'ensemble du corps social et relève de la responsabilité de chacun : parents, éducateurs, familles, milieu associatif.
Sachez, en tout cas, monsieur le sénateur, que de son côté, le Gouvernement ne faiblira pas. (Applaudissements sur les travées des socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.- Exclamations sur les travées du RPR.)

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