SEANCE DU 2 DECEMBRE 2000


« Crédits de paiement : 1 006 083 000 francs. »
La parole est à M. Ralite.
M. Jack Ralite. Sur ce titre VI, je prends plutôt la parole pour faire des propositions. Après l'ère tout à fait légitime de grands travaux culturels que nous avons connue en France, je trouve que nous aurions besoin de certaines grandes décisions.
Premièrement, il faudrait que le budget de la culture et celui de l'audiovisuel atteignent ensemble 1 % du PIB.
Deuxièmement, le Gouvernement devrait s'engager à maintenir l'exception culturelle pour tout ce qui relève de l'alinéa 5 de l'article 133 résultant du traité d'Amsterdam. Ce serait une grande décision ! Troisièmement, il serait nécessaire de relancer une grande ambition pour le livre car, à une époque où les nouvelles technologies se développent, la place de l'écrit demeure fondamentale. Heureusement, au Salon du livre de jeunesse à Montreuil, Catherine Tasca nous a dit qu'elle était contre le prêt payant dans les bibliothèques, mais cela ne résout pas le problème des auteurs. Or on ne réglera pas la question des bibliothèques en choisissant l'un contre l'autre. C'est l'un et l'autre !
La première partie est réglée, mais la seconde ne l'est pas. Il faut un nouveau statut pour les écrivains. Il faut s'occuper de leur retraite, maintenant qu'ils ont gagné la sécurité sociale, et il faut codifier la rémunération de leurs interventions. Je propose que la Journée du livre au mois d'octobre soit jumelée avec une multitude d'assemblées de réflexions et d'échanges entre les écrivains et leurs lecteurs.
Quatrièmement, sur Vivendi - j'y reviens - il faut préparer un texte antitrust. Hier, à EuropaCinema, une grande dame de la culture italienne, Luciana Castellina, et la cinéaste française Catherine Breillat ont dit qu'il fallait trouver des critères - qu'elles ont même l'une et l'autre qualifiés d'« antitotalitaires » - pour ne pas s'abandonner à un seul groupe dans un monde qui réclame de la diversité.
Cinquièmement, sur le spectacle vivant, il ne faut pas choisir la création contre le patrimoine ni le patrimoine contre la création. De ce point de vue, j'ai trouvé l'argumentaire du secrétaire d'Etat, Michel Duffour, très fin et très fort.
Sixièmement, le temps est venu d'établir une responsabilité publique pour le secteur privé comme pour le secteur public, en matière de culture, car le secteur public seul ne suffit pas.
Septièmement, pour les nouvelles technologies, les grandes questions sont la création et la formation par rapport à ces nouvelles technologies.
Huitièmement, pour la formation à l'école, on a parlé des crédits de votre ministère, mais il faut y ajouter les crédits du ministère de Jack Lang. Il faut prendre en compte la responsabilité de former des enfants à l'art et à la culture.
Neuvièmement, pour la décentralisation, j'aime beaucoup l'utilisation du mot « partenariat ». J'ai pris précédemment l'exemple du théâtre Bussang ; Michel Duffour en a pris d'autres. C'est une bonne voie.
Dixièmement, comme je l'ai proposé plusieurs fois, la France devrait reprendre l'idée d'une réunion mondiale ou internationale sur la culture. Choisissez le qualificatif qui vous plaît le mieux. Personnellement, je préfère « internationale », mais celui de « mondiale » est plus approprié aujourd'hui. Une telle réunion permettrait à toutes les cultures du monde de se rencontrer, de se connaître et donc de se respecter et de se déveloper. Comme il y a eu un Rio de l'environnement, il devrait y avoir un Rio de la culture, et la France s'honorerait de concrétiser cette idée.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les crédits figurant au titre VI.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant la culture.

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