SEANCE DU 9 NOVEMBRE 2000


M. le président. Par amendement n° 34, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 443-5 du code du travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, le rabais accordé sur le prix de cession peut être supérieur à 20 % à la condition que les titres ainsi acquis ne soient délivrés aux adhérents au plan d'épargne d'entreprise qu'à l'expiration d'un délai supérieur à celui prévu à l'article L. 443-6 et qu'un accord collectif d'entreprise le prévoie. Cet accord collectif détermine le montant du rabais applicable et le délai minimum de conservation des titres, dans la limite d'un rabais de 50 % et d'un délai de dix ans, le montant du rabais étant fonction de ce délai minimum. »
« II. - Le second alinéa de l'article L. 443-7 du même code est complété par deux phrases ainsi rédigées : "Cette majoration peut toutefois excéder 50 % à la condition que les titres ainsi acquis ne soient délivrés aux adhérents du plan d'épargne d'entreprise qu'après l'expiration d'un délai supérieur à celui prévu à l'article L. 443-6 et qu'un accord collectif d'entreprise le prévoie. Cet accord collectif détermine le montant de la majoration et le délai minimum de conservation des titres, dans la limite d'une majoration de 100 % et d'un délai de dix ans, l'importance de la majoration étant fonction de ce délai minimum."
« III. - Les pertes de recettes pour l'Etat et pour les organismes de sécurité sociale résultant des paragraphes I et II sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Cet amendement reprend un texte qui avait été adopté par le Sénat en décembre dernier. Il a pour objet de compléter par de nouvelles dispositions le texte que nous avons déjà voté en adoptant l'amendement n° 33.
Il vise d'abord à permettre de moduler la décote sur le prix de souscription de l'action, dont je parlais tout à l'heure, en fonction de la durée de blocage des actions : la décote pourra ainsi varier de 20 %, ce qui est aujourd'hui le maximum autorisé par le code du travail, pour un blocage de cinq ans, à 50 % pour un blocage de dix ans.
Cela répond à l'observation que vient de faire Mme Beaudeau.
Il faut en effet reconnaître que le fait pour le salarié de souscrire des actions de sa société comporte un risque. C'est précisément pour réduire ce risque et pour inciter le salarié à acquérir des actions de sa société plutôt que des produits diversifiés à l'intérieur du plan d'épargne d'entreprise que cette importante décote est prévue. Elle représente, en quelque sorte, une provision pour risque.
D'ailleurs, cette décote ne se fait pas au détriment des salaires puisqu'il ne s'agit pas d'un versement effectué par l'entreprise. C'est, au contraire, l'acceptation par les actionnaires de la société de renoncer à une partie de leurs droits au profit des salariés de la société.
Cet amendement permet également de moduler l'abondement de l'entreprise en fonction de la durée de blocage. C'est le même esprit ! L'abondement annuel passerait d'un maximum de 22 500 francs pour un blocage de cinq ans à un maximum de 30 000 francs pour un blocage de dix ans.
J'ai déjà eu l'occasion de dire à plusieurs reprises que le souhait de la commission des affaires sociales était d'essayer de fidéliser l'actionnariat salarié, car c'est seulement dans la mesure où il est fidélisé et également organisé qu'il peut permettre aux salariés de jouer un rôle dans le fonctionnement de leur entreprise.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. M. Chérioux se veut, là, très incitateur.
Personne ne peut être hostile à l'incitation de l'actionnariat mais, comme je l'ai exprimé hier soir, il faut considérer le rapport entre l'incitation et le coût.
Le Gouvernement estime que les incitations proposées sont un peu excessives eu égard à l'équilibre du texte et aux nécessités des finances publiques, que je suis bien décidé à défendre ici. Il demande donc le rejet de cet amendement.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Monsieur le secrétaire d'Etat, je comprends que vous ne souhaitiez pas que l'incitation soit trop forte lorsqu'il est fait appel aux finances publiques. Il s'agit d'arbitrages du Gouvernement et j'admets cette position, sans la partager, bien sûr.
En revanche, en ce qui concerne la décote, le sacrifice est consenti non pas par les finances publiques, mais par les actionnaires de la société. Or, on ne le leur impose pas puisqu'il s'agit - je n'ai pas suffisamment insisté sur ce point - d'une modulation dérogatoire au régime de droit commun fixée par un accord d'entreprise. Cette mesure ne sera donc pas imposée à la société, pas plus qu'elle ne le sera à ses salariés.
C'est toujours dans l'esprit d'une organisation conventionnelle de l'actionnariat salarié que cet amendement est présenté.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Il s'agit d'un avantage qui bénéficie, lui aussi, d'une exonération. Il a donc un coût.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je ne peux pas vous laisser dire cela, monsieur le secrétaire d'Etat ! Vous êtes trop avisé pour savoir que ce n'est pas exact. Il s'agit non pas d'un versement effectué par l'entreprise, qui se ferait au détriment des salaires et qui échapperait à une cotisation, mais d'un renoncement à des droits par les actionnaires. Je ne vois donc pas comment vous pourriez considérer que ces sommes sont redevables de charges sociales.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. M. le rapporteur pour avis est un fin analyste.
C'est un avantage qui, théoriquement, serait imposable et qui ne l'est pas. Il a donc un coût.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 35, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le dernier alinéa de l'article L. 443-5 du code du travail est complété par une phrase ainsi rédigée : "Le prix de souscription ne peut être ni supérieur au prix de cession déterminé à chaque exercice, ni inférieur de plus de 20 % à celui-ci."
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat et pour les organismes de sécurité sociale résultant du paragraphe I sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Nous restons dans la logique du texte qui a déjà été voté par le Sénat.
Actuellement, le régime applicable aux augmentations de capital réservées aux salariés dans le cadre d'un plan d'épargne d'entreprise diffère selon que l'entreprise est cotée ou non. Une décote de 20 % sur le prix de souscription de l'action est possible pour une société cotée, mais pas pour une société non cotée.
Cet amendement vise à mettre fin à cette différence de traitement en autorisant une décote de 20 % pour les entreprises non cotées. Le présent projet de loi renforce d'ailleurs les garanties sur les modes de valorisation des titres non cotés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable au fait de prévoir une décote sur le prix des titres d'une entreprise non cotée en raison des incertitudes liées à la valorisation des titres. Il semble préférable, dans un premier temps, de s'attacher à obtenir une meilleure valorisation de ces titres. Tel est l'objet de la disposition qui est prévue au 1° bis du II de l'article 14.
Sans revenir sur les arguments que j'ai développés hier, je réitère la position défavorable du Gouvernement sur ce point.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je me suis justement appuyé sur cet argument, monsieur le secrétaire d'Etat : dans la mesure où le projet de loi apporte, à juste titre, des garanties sur les modes de valorisation, une décote pouvait être prévue. Sinon, cette mesure aurait revêtu un caractère un peu artificiel.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 35, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 36, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 885 O bis du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Sont également considérées comme des biens professionnels les parts, détenues par un salarié, de fonds commun de placement d'entreprise dont l'actif est constitué au moins à 66 % par des actions de la société dans laquelle le salarié exerce son activité professionnelle principale à la condition que ces parts lui aient été délivrées dans les conditions prévues à l'article L. 443-6 du code du travail. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat et pour les organismes de sécurité sociale résultant du paragraphe I sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Cet amendement concerne l'exonération de l'impôt sur la fortune des actions de son entreprise détenues par un salarié. Il répond à un souci d'équité.
Les détenteurs de grosses fortunes qui possèdent 25 % du capital de leur société ont la possibilité de bénéficier de la qualité de biens professionnels pour les parts qu'ils détiennent dans la société - je ne citerai pas de nom, ils sont présents à l'esprit de chacun. En revanche, des salariés qui détiennent une partie des actions de leur société se voient refuser le bénéfice du même avantage.
Vous me direz que c'est une vue de l'esprit. Non, précisément ! Sinon, je n'aurais pas proposé cette disposition. C'est d'autant moins une vue de l'esprit que, comme nous l'avons démontré dans le rapport d'information que nous avons établi, nous avons constaté que, dans certains cas, certes limite, le système mis en place dans l'entreprise pouvait aller très loin et conduire les salariés, à quelque niveau qu'ils se situent, s'ils l'utilisaient complètement, à accumuler des sommes importantes. Il s'agissait d'une société de distribution dont je ne citerai pas le nom - je ne fais pas de publicité. C'est ainsi qu'une caissière parvenait à accumuler, au cours de sa carrière, plus de 3 millions de francs, ce qui n'est pas négligeable. Pour peu qu'elle possède d'autres biens par ailleurs, ne serait-ce que son logement, à l'évidence, elle devient éligible à l'impôt sur la fortune, alors que tel autre qui possède des milliards de francs n'est pas redevable de l'ISF.
L'exemple suivant est peut-être plus probant.
Aujourd'hui, le capital des start-up est détenu très souvent par les salariés de l'entreprise, qui jouent un rôle important dans le fonctionnement de celle-ci. C'est le moyen pour eux de gagner de l'argent en fonction de la valeur de leur activité. Je citerai également le cas des salariés qui procèdent au rachat des actions de leur société. Cela représente souvent des sommes importantes.
Je peux vous donner un autre exemple ! Une société, dont je ne citerai pas le nom, qui est une ancienne filiale de Bull, a été rachetée par ses salariés. Savez-vous combien elle cote aujourd'hui au second marché, monsieur le secrétaire d'Etat ? Quatre cents millions de francs ! Il n'est pas logique de refuser aux collaborateurs de ces sociétés, qui, grâce à leur intelligence et à leur travail, ont acquis un capital non négligeable, le même statut que celui de grands leaders financiers de notre pays.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Cet amendement avait déjà été adopté par le Sénat. La commission émet donc un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. J'admire la véhémence avec laquelle M. Chérioux défend une idée.
J'ai compris la logique de son amendement, mais elle n'est pas conforme à celle du texte, qui vise à accroître l'épargne salariale et, intéressement pour 97 % des personnes qui n'y accèdent pas aujourd'hui. Les cas qu'évoque M. Chérioux sont rarissimes.
Il s'agit non pas de l'outil de travail, mais de fonds acquis, capitalistiques ou autres. Ils ne relèvent donc pas de la même logique que ceux qui appartiennent au propriétaire de l'entreprise.
La position que nous avons adoptée au sujet de l'ISF, qui est contraire à ce que vous avez souhaité lors de l'examen des deux dernières lois de finances, m'oblige, en tant que représentant du Gouvernement, à être défavorable à cet amendement : d'une part peu de personnes sont concernées par la mesure proposée ; d'autre part, il ne s'agit pas de l'outil de travail.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Monsieur le secrétaire d'Etat, cette disposition intéresse plus de personnes que vous le pensez et, grâce au développement de tous les secteurs de l'économie nouvelle, elles seront de plus en plus nombreuses. Elles jouent un rôle important dans le développement de notre économie, auquel vous êtes attaché aussi bien que moi.
Il est pour le moins étonnant que ces salariés, qui sont la substance même de leur entreprise, soient moins bien considérés que les dirigeants, alors que, quelquefois, en raison d'une approche purement financière, l'entreprise peut faire l'objet d'un jeu de Monopoly.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 36, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 37, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le IX de l'article 90 de la loi de finances pour 1992 (n° 91-1322 du 30 décembre 1991) est ainsi rédigé :
« IX. - Le présent article s'applique aux sociétés nouvelles créées à compter du 1er janvier 1992. »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat et pour les organismes de sécurité sociale résultant du I sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Cet amendement s'inscrit dans la même logique.
J'ai évoqué tout à l'heure la possibilité pour les salariés de racheter leur entreprise. Dans certains secteurs, ce dispositif a donné des résultats remarquables ; j'en ai cité un exemple. Ce système doit donc continuer de se développer. Or, la loi de finances de 1992 en avait organisé la disparition progressive.
L'objet de cet amendement est donc de rétablir le régime antérieur.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. J'admire la dialectique de M. le rapporteur pour avis. Cela étant, sa démonstration, pour brillante qu'elle soit, ne me convainc pas, car ce qu'il souhaite ne correspond pas à l'esprit des mesures que nous voulons prendre aujourd'hui. Il n'est pas normal que les salariés ayant un haut niveau d'épargne échappent à la règle commune en matière de partage des fruits de la croissance.
M. le rapporteur pour avis demande le rétablissement d'un avantage fiscal supprimé voilà quatre ans. Or il n'entre pas dans la logique du Gouvernement de revenir aujourd'hui sur cette décision.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Monsieur le secrétaire d'Etat, ma demande entre, en revanche, dans la logique du Sénat. Permettez-moi de vous rappeler que, pendant un an et demi, nous avons beaucoup travaillé, beaucoup consulté. Nous avons cherché les moyens de lever tous les obstacles au développement de l'actionnariat salarié. Or, de ce point de vue, au-delà des grandes règles, il y a un certain nombre de petits verrous qu'il convient de faire sauter.
Ce que vous avez dit tout à l'heure, monsieur le secrétaire d'Etat, à propos de l'impôt sur la fortune, était choquant. Il y a effectivement des personnes qui ont gagné beaucoup d'argent, mais c'était grâce à leur travail. Refuser de leur faire le même sort qu'à ceux qui ont hérité de leur père, c'est bien triste !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 37, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 38, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au début de l'article 639 du code général des impôts, après les mots : "A défaut d'actes", sont insérés les mots : ", et à l'exception des cessions réalisées au profit des salariés ou d'un fonds commun de placement d'entreprise et des cessions réalisées par des salariés ou par un fonds commun de placement d'entreprise, pour l'application d'un accord de participation des salariés aux résultats de l'entreprise ou d'un règlement de plan d'épargne d'entreprise,". »
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat et pour les organismes de sécurité sociale résultant du paragraphe I sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Il s'agit là d'un texte qui avait été voté par le Sénat, sur la proposition de Mme Bocandé.
Il prévoit une dérogation à l'assujettissement à l'enregistrement pour les cessions d'actions de sociétés non cotées dans le cadre de l'actionnariat salarié.
C'est encore un avantage que nous voulons donner à ce mode de détention d'actions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement émet un avis défavorable.
Monsieur le rapporteur pour avis, hier, vous m'avez expliqué que le texte du Sénat était excellent, mais que le Gouvernement n'en tenait pas compte. Ce n'était pas exact : j'ai moi-même dit qu'il y avait dans ce texte des points très positifs que le Gouvernement avait repris à son compte dans le projet de loi. J'ai cependant ajouté que le texte du Sénat allait parfois au-delà de ce que le Gouvernement souhaitait en termes de redistribution ou de solidarité nationale.
Le Gouvernement est attaché à la solidarité nationale mais il n'a pas cru devoir retenir les mesures qui outrepassent ce qui apparaît aujourd'hui comme acceptable au regard des finances publiques. Or cet amendement, comme le précédent, ne s'inscrit pas dans la logique de redistribution que nous avons définie.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous donne acte du fait que vous avez accepté un certain nombre des dispositions qui avaient été adoptées par le Sénat, mais je constate avec tristesse que celles que vous avez refusées sont précisément celles qui représentent le plus grand progrès social. Comment n'en serais-je pas étonné ?
Si vous les refusiez uniquement pour des raisons tenant aux finances publiques, je pourrais, à la limite, le comprendre. Encore que, avec les cassettes dont vous disposez, s'agissant de mesures de progrès social, vous pourriez tout de même les accepter.
De toute façon, ce sont, pour l'essentiel, des mesures dont le coût, lorsqu'elles en ont un, est supporté par les actionnaires des entreprises ; s'il l'était par les entreprises elles-mêmes, vous pourriez, à bon droit, m'objecter que ces mesures risquent de nuire à leur fonctionnement, mais ce sont leurs actionnaires qui sont principalement visés ! Ce n'est quand même pas vous qui allez défendre les actionnaires contre les salariés ! C'est une logique qui m'échappe complètement !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Le mot « cassette » est un mot que je m'emploierai pas, surtout aujourd'hui... Ne renversons par les rôles !
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. La cagnotte, alors !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Il n'y a pas plus de cagnotte que de cassette, en tout cas dans les finances publiques.
Je ne peux pas croire que la rigueur avec laquelle, monsieur Chérioux, vous voulez traiter ce dossier, laisse une quelconque place à l'emportement, jusqu'à donner à penser à nos concitoyens qu'il y aurait des trésors cachés ici ou là. De tels trésors n'existent pas ! Le Gouvernement fait simplement preuve de rigueur pour essayer de mener à bien une politique et pour soutenir la croissance.
Par ailleurs, vous me faites part de votre grande tristesse lorsque je refuse un amendement, mais ne m'avez pas fait connaître votre grande joie quand j'en ai accepté certains.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je l'ai dit !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je peux comprendre votre désappointement, mais j'aimerais aussi, parfois, partager votre joie lorsque, comme hier, le Gouvernement a été à l'écoute de ce que vous souhaitiez.
Ne laissons pas croire aujourd'hui que le Gouvernement serait prêt à faire preuve de mansuétude à l'égard de « tenants du grand capital » et que, par ailleurs, il serait hostile au développement du revenu juste des salariés d'entreprises. Non ! il y a, d'un côté, ce qui relève de l'outil de travail et, de l'autre, ce qui relève, sinon de la fortune, du moins d'une certaine aisance.
N'oublions pas que, pour les chefs d'entreprise, l'entreprise dont ils sont propriétaires constitue leur outil de travail. Quand certains salariés - vous avez évoqué une grande chaîne de distribution -, bénéficiant de la conjoncture économique et du marché boursier, reçoivent à ce titre des sommes importantes - tant mieux pour eux ! -, cela ne les exonère pas de la solidarité nationale.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 14.
Par amendement n° 39, M. Chérioux, au nom de la commission des affaires sociales, propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la première phrase de l'avant-dernier alinéa de l'article L. 444-2 du code du travail, après les mots : "plans d'épargne d'entreprise", sont insérés les mots : ", l'actionnariat salarié". »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis. Je pense, monsieur le secrétaire d'Etat, que cet amendement aura votre bénédiction, comme certains autres. En effet, il ne fait pas appel aux finances publiques, il n'a rien de révolutionnaire et il va dans le sens que vous souhaitez.
Le présent article additionnel vise à préciser explicitement dans la loi que le champ du rapport du Conseil supérieur de la participation s'étend également à l'actionnariat salarié.
Il permettrait de donner une base légale à un renforcement de l'action du conseil, notamment en matière d'amélioration de l'information disponible, qui reste très lacunaire.
Je représente le Sénat au Conseil supérieur de la participation depuis sa création. Au fil des ans, j'ai pu constater que, dans la mesure où l'actionnariat salarié ne figurait pas dans le champ de ses missions, le Gouvernement, n'était pas conduit à y faire siéger des personnalités qui pourraient être particulièrement utiles à l'étude ces questions. Je pense, en particulier, à des représentants de la Commission des opérations de bourse. A l'heure actuelle, c'est le ministère du travail qui fournit l'essentiel des représentants de l'administration au Conseil supérieur de la participation.
Prévoir d'ajouter l'actionnariat salarié au champ du rapport du Conseil supérieur de la participation favoriserait, selon moi, un bon travail de prospective et d'amélioration du système.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. M. Chérioux va pouvoir manifester sa joie puisque le Gouvernement n'est pas opposé à l'extension du champ du rapport annuel du Conseil supérieur de la participation à l'actionnariat salarié.
Vous pouvez constater, monsieur le rapporteur pour avis, que, sur cette mesure de bon sens, le Gouvernement est à votre écoute : il s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 14.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je souhaite que soit levée la réserve que j'avais demandée sur les articles 9 et 10, de manière qu'ils soient discutés maintenant.
M. le président. Monsieur le rapporteur, quel est l'avis de la commission sur cette demande du Gouvernement ?
M. Joseph Ostermann, rapporteur. Favorable.
M. le président. Nous en revenons donc à l'article 9, qui avait été précédemment réservé.

TITRE IV

ENCOURAGEMENT À L'ÉCONOMIE SOLIDAIRE
ET DIVERSIFICATION DES PLACEMENTS

Article 9
(précédemment réservé)