SEANCE DU 11 OCTOBRE 2000


M. le président. « Art. 6 A. - I. - Au début de la dernière phrase du premier alinéa de l'article 45-1 de la loi n° 92-665 du 16 juillet 1992 portant adaptation au marché unique européen de la législation applicable en matière d'assurance et de crédit, les mots : "Assiste également aux séances du collège" sont remplacés par les mots : "Il est présidé par". »
« II. - A la fin de la première phrase du dernier alinéa du même article, les mots : "sous présidence tournante chaque année" sont supprimés. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 168 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° 360 est déposé par MM. Cornu, Courtois, Cazalet, Francis Giraud et Murat.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 168.
M. Philippe Marini, rapporteur. Il s'agit de supprimer l'article 6 A, suivant lequel le ministre chargé de l'économie préside le collège des autorités de contrôle des entreprises du secteur financier.
Cette innovation ne nous semble en effet ni souhaitable ni nécessaire, car le ministre assiste déjà aux réunions du collège. Le ministre n'étant pas lui-même une autorité de contrôle, il ne participe à ce collège que pour être informé de ce qui va s'y échanger. Il n'a donc manifestement pas vocation à en être le président.
Faire présider par le ministre chargé de l'économie un collège constitué de présidents d'autorités indépendantes, c'est naturellement nier cette indépendance ou la faire descendre d'un degré. On ne peut prétendre créer des régulateurs indépendants avec des présidents jouissant de la même indépendance et rassembler le tout dans un ensemble que l'on appelle « collège des autorités de contrôle », qui n'a d'ailleurs aucune compétence propre, et qui serait présidé par le ministre.
Là, madame le secrétaire d'Etat, vous « réadministrativisez » en quelque sorte (Exclamations sur toutes les travées). Pardonnez-moi, le mot n'est pas très beau et je le retire, disons que vous réduisez l'indépendance des régulateurs en les plaçant sous la présidence du ministre chargé de l'économie.
Le dispositif que vous nous proposez n'est pas conforme à l'évolution de l'organisation des régulateurs dans les pays développés et il est absolument en contradiction avec les principes adoptés lors du comité de Bâle de 1997.
Madame le secrétaire d'Etat, j'ai de la peine à comprendre l'origine de cette disposition ou, plus exactement, je crains qu'elle ne résulte de concessions que le ministre à dû faire lors de la discussion à l'Assemblée nationale.
M. le président. La parole est à M. Cornu, pour défendre l'amendement n° 360.
M. Gérard Cornu. L'amendement n° 360 a le même objet que l'amendement de la commission et je souscris totalement aux explications de M. le rapporteur.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 168 et 360 ?
Mme Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement confirme les propos qu'il a tenus au cours des débats antérieurs devant l'Assemblée nationale : il approuve la disposition prévue par l'amendement, car elle va dans le sens d'un renforcement de la cohérence et de l'autorité du collège des autorités de contrôle.
Je vous rappelle, monsieur le rapporteur, qu'il y a un commissaire du Gouvernement dans chacune des autorités de contrôle et que, si le ministre préside, il n'a pas de pouvoir spécifique.
Il s'agit en fait d'instituer un dispositif cohérent dans lequel le ministre pourra jouer un vrai rôle, mais sans autre souci que d'être celui qui coordonne le travail.
Je ne vois pas pourquoi cela vous chagrine à ce point. J'ai vu tout à l'heure que vous aviez de la peine. J'ai compris que c'était de la peine à nous comprendre. Par conséquent, le Gouvernement ayant été favorable à cette disposition à l'Assemblée nationale, il est défavorable à l'amendement de la commission des finances du Sénat.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 168 et 360.
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Pour les mêmes raisons que celles qu'a évoquées M. le rapporteur mais avec un argumentaire inversé, nous nous prononcerons contre ces deux amendements identiques.
En effet, nous considérons quant à nous, précisément parce qu'il s'agit de rééquilibrer les pouvoirs du politique par rapport aux forces du marché, qu'il est important que ce soit le ministre qui préside le collège regroupant ces autorités de contrôle.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 168 et 360, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 A est supprimé.

Article 6