Séance du 5 avril 2000







Article 32 A

M. le président. « Art. 32 A. - I. - Après la première phrase du sixième alinéa de l'article 35 bis de l'ordonnance n° 45-2658 du 2 novembre 1945 relative aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France, il est inséré une phrase ainsi rédigée :
« Il visite ces locaux une fois par an. »
« II. - Le V de l'article 35 quater de la même ordonnance est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Le procureur de la République visite les zones d'attente au moins une fois par an.
Par amendement, n° 167 rectifié, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent :
I. - A la fin du second alinéa du I de cet article, de remplacer les mots : « une fois par an », par les mots : « une fois par semestre » ;
II. - En conséquence, de procéder au même remplacement à la fin du second alinéa du II de cet article. »
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret Monsieur le président, madame le garde des sceaux, mes chers collègues, cet amendement vise à rapprocher le régime des contrôles opérés dans les centres de rétention et les zones d'attente de celui des contrôles effectués, notamment, dans les locaux de garde à vue.
Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen considèrent, en effet, que tous les lieux d'enfermement doivent faire l'objet de mêmes types de contrôles selon les mêmes fréquences.
Cette approche, en faveur de laquelle nous avions déjà argumenté lors de la discussion en première lecture du projet de loi portant création d'une commission nationale de déontologie de la sécurité, est celle qui a été retenue par le comité de prévention de la torture et des traitements inhumains ou dégradants, qui entend par « lieu relevant de sa juridiction où des personnes sont privées de liberté par une autorité publique », au sens de l'article 2 de la convention du 26 novembre 1987, tant les prisons que les locaux de garde à vue ou les centres de rétention des étrangers.
Dans le même sens, la Cour européenne des droits de l'homme considèrent que les demandeurs d'asile maintenus en zone internationale subissent une privation de liberté.
Initialement, nous avions opté pour un alignement pur et simple sur les contrôles en garde à vue, tels qu'ils étaient prévus par le présent texte. Ainsi, le procureur de la République aurait été amené à visiter une fois par trimestre les centres de rétention et au moins une fois par trimestre les zones d'attente.
Cependant, par souci de consensus, nous avons accepté de modifier notre amendement pour faire passer cette fréquence à une fois tous les six mois, les débats en commission des lois ayant démontré que l'accord pouvait être réalisé sur cette base.
Nous faisons ainsi nôtre la sagesse populaire dont se réclamait un orateur pendant la discussion générale et selon laquelle « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras », même si nous ne désespérons pas de vous convaincre, un autre jour, de l'opportunité de contrôles identiques menés par le procureur de la République sur l'ensemble des lieux d'enfermement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Charles Jolibois, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Dans sa version initiale, l'amendement tendait à imposer au procureur de la République la visite des locaux de rétention et des zones d'attente une fois par trimestre. Au yeux de la commission, cette contrainte était excessive.
Désormais, l'amendement prévoit une visite par semestre, ce qui justifie l'avis favorable que j'ai l'honneur d'exprimer au nom de la commission.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice. Je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 167 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 32 A, ainsi modifié.

(L'article 32 A est adopté.)

Article additionnel après l'article 32 A