Séance du 27 mars 1999






LECTURE DES HUIT DERNIERS ARTICLES
DE LA CHARTE

M. le président. J'appelle maintenant à la tribune Mlle Maud Lamour, qui va lire le texte définitif des articles 9 à 16 de la Charte. (Applaudissements.)
Mlle Maud Lamour. Comme vous m'y invitez, monsieur le président, je vais donner lecture de la Charte du jeune citoyen de l'an 2000 qui a été adoptée par les jeunes sénateurs.
« Article 9. - Toute personne, quels que soient son sexe, sa race, sa religion, ses opinions, ses orientations sexuelles, a droit à la liberté sous toutes ses formes. Vivre librement, c'est vivre dans une société qui respecte les droits de chacun, la liberté ayant pour seule limite le respect des droits d'autrui. Afin d'assurer le respect de ces principes, l'Etat doit davantage protéger les personnes vulnérables, notamment les jeunes, contre toutes les manipulations préjudiciables à leurs libertés dont ils peuvent faire l'objet, et plus généralement contre toutes menaces intérieures et extérieures. Tout acte visant à réduire ou supprimer une partie ou l'intégralité des libertés doit être sévèrement puni par la loi.
« Article 10. - Culture et loisirs contribuent à la formation de la personne et du citoyen. Les musées et les expositions doivent ouvrir leurs portes gratuitement un jour par semaine. Pour les personnes handicapées, des aménagements doivent être étudiés pour en améliorer l'accès. Les personnes âgées et les personnes handicapées doivent pouvoir bénéficier d'un coupe-file gratuit pour les grandes expositions. Il faut développer les activités para-scolaires en améliorant les structures et en baissant les tarifs d'entrée. Les activités sportives doivent être également développées. Il faut banaliser l'utilisation d'Internet. Tous les établissements scolaires doivent pouvoir être raccordés au système et communiquer entre eux. Cependant, la lecture ne peut être remplacée par les médias audiovisuels, son apprentissage doit être renforcé. Des voyages à l'étranger ainsi que des échanges devraient permettre une ouverture sur des cultures différentes favorisant le développement d'un esprit de tolérance et d'une solidarité, ciment de notre société.
« Article 11. - La recherche doit consister, d'abord, à améliorer la vie des gens. Il faut privilégier la recherche médicale, trouver des médicaments plus efficaces contre le sida, contre les maladies génétiques. Ces recherches doivent respecter une éthique et être menées dans le seul souci de l'intérêt général de l'humanité. Il serait souhaitable que les chercheurs de tous les pays unissent leurs travaux et leurs connaissances. Tous les pays doivent profiter de la recherche, y compris les pays les plus pauvres, pour lesquels les conditions de vie et de santé doivent être améliorées. La recherche doit aussi s'efforcer de préserver l'environnement, en particulier de lutter contre la pollution : voitures et industries non polluantes, recyclage des déchets nucléaires. Ainsi, nos conditions de vie et celles des générations futures seront-elles préservées.
« Article 12. - Des cours de secourisme civil doivent être inclus dans les programmes des classes de quatrième et de troisième afin que chacun connaisse les gestes qui sauvent. Les dispensaires doivent être développés dans les zones rurales et dans les zones défavorisées. Une assistance médicale, sociale et psychologique doit être apportée dans les établissements scolaires, par la présence d'infirmières diplômées. Des conférences-débats doivent être organisées, avec la participation des victimes de ces fléaux, sur la drogue, le tabagisme, l'alcoolisme, le sida ou l'hépatite. Une solution adaptée doit être proposée aux jeunes dépressifs. L'usage des médicaments anti-dépresseurs doit être contrôlé pour connaître leur impact de dépendance et de guérison. Des aides doivent être apportées aux handicapés. Les abus de dépenses de santé doivent être combattus, car la solidarité dépend de la responsabilité de chacun.
« Article 13. - Les enfants doivent être considérés comme des personnes à part entière avec des droits et des devoirs, ce qui est la condition nécessaire à toute vie en société. Encore aujourd'hui, beaucoup d'enfants souffrent. Tous les enfants doivent pouvoir manger à leur faim, avoir un logement décent, bénéficier de soins médicaux, ainsi que de soins spéciaux lorsqu'ils sont handicapés. Tous ont droit à l'éducation, quelles que soient leurs origines, leur nationalité ou leur religion. Ils ont tous droit à des moments libres pour le repos et les jeux. Tout enfant doit avoir un nom, une identité, une nationalité. La loi doit défendre les enfants contre les mauvais traitements, contre les injustices et tous les abus. La société doit dénoncer l'abandon, l'analphabétisme, l'exploitation sexuelle, le travail, l'enrôlement comme soldats de milliers d'enfants à travers le monde.
« Article 14. - La violence est un phénomène de société inquiétant, car de plus en plus présent dans les villes mais aussi dans les campagnes. C'est le reflet d'un malaise social que l'on doit réduire avec l'éducation donnée dans la famille et à l'école. Pour prévenir la violence, les médias doivent être conscients de leurs responsabilités et doivent limiter tout ce qui peut être une incitation à la violence. La société doit être vigilante sur les problèmes de maltraitance familiale, car la violence subie est souvent reproduite de génération en génération. La répression, qui est nécessaire, en atténue les effets sans jamais en supprimer les causes : c'est en respectant l'opinion des autres que les jeunes citoyens briseront le cercle de la violence.
« Article 15. - Tous les êtres humains sont égaux en droits ; pourtant, dans certains pays, les femmes souffrent de discriminations sexistes. Les femmes ne doivent pas être maintenues dans une condition inférieure, et tout signe voulant montrer la dépendance ou l'infériorité des femmes doit être combattu. Il faut soutenir celles qui luttent pour la reconnaissance des droits des femmes dans leur pays. En France même, les lois devraient sanctionner davantage les attitudes sexistes dans le domaine professionnel, notamment en ce qui concerne les différences de salaire. L'accès des femmes à des fonctions politiques doit aussi être encouragé. D'une manière générale, c'est toute l'éducation des enfants qui doit mettre en avant l'égalité entre les hommes et les femmes et le respect mutuel. Il faut aussi accorder aux hommes les mêmes droits qu'aux femmes, en particulier, en cas de divorce, en ce qui concerne l'éducation et la garde des enfants. En définitive, il faut que les mentalités changent pour une égalité complète.
« Article 16. - La tolérance est la qualité indispensable que chacun doit développer pour vivre en société. L'intolérance existe sous plusieurs formes : discrimination raciale, physique, sociale, mentale... Il faut accepter les autres tels qu'ils sont. Ainsi, tout homme de couleur doit être traité comme tous les autres hommes, il ne doit pas être rejeté par la communauté et il doit avoir la faculté de s'exprimer. De même, toute personne handicapée doit être aidée par la collectivité des citoyens. La tolérance exige un respect mutuel entre les générations et entre les classes sociales. La tolérance est l'acceptation des différentes religions, sauf si elles adoptent des comportements sectaires nuisibles à l'intérêt des jeunes en recourant à la manipulation. La tolérance doit être développée à l'école par l'incitation au respect des camarades et par l'habitude de la cohabitation. Les pouvoirs politiques doivent être à l'écoute des jeunes pour connaître leurs aspirations, mais les jeunes doivent respecter la loi. » (Applaudissements prolongés.)
M. le président. Le texte des huit derniers articles de la Charte, qui vient de nous être lu par Mlle Maud Lamour, a été mis en distribution. Mlles et MM. les sénateurs-juniors en recevront un exemplaire à l'issue de la séance.

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