Séance du 3 mars 1999






ACCORD AVEC L'ALLEMAGNE RELATIF
À LA CRÉATION DE L'UNIVERSITÉ
FRANCO-ALLEMANDE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 148, 1998-1999) autorisant l'approbation d'un accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la création de l'université franco-allemande. [Rapport n° 188 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, proposée par la France en 1996, la création de l'université franco-allemande a fait l'objet d'un accord intergouvernemental signé par les ministres des affaires étrangères lors du sommet de Weimar, le 19 septembre 1997. Il s'agit d'un établissement « sans murs », organisé en réseau.
En ce qui concerne le siège de la future université, l'accord de Weimar renvoyait à un avenant. La France a accepté, lors du sommet de Potsdam du 1er décembre 1998, la proposition allemande de fixer ce siège à Sarrebruck.
M. Emmanuel Hamel. Warum nicht in Frankreich ?
M. Charles Josselin, ministre délégué. L'objectif est de renforcer la coopération existant entre établissements d'enseignement supérieur français et allemands en promouvant des relations de partenariat nouvelles et plus approfondies.
L'université franco-allemande, réseau d'établissements d'enseignement supérieur des deux pays, aura pour mission de développer qualitativement et quantitativement les échanges d'étudiants, d'enseignants et de chercheurs entre les deux pays.
A cette fin, elle favorisera la mise en oeuvre de cursus communs, sanctionnés par des diplômes dans l'ensemble des cycles universitaires et des disciplines, ainsi que des programmes de recherche et de formation professionnelle.
Elle reprendra en cela, en les élargissant, les missions d'un autre réseau déjà existant, le collège franco-allemand pour l'enseignement supérieur, qui a, depuis sa création en 1988, suscité et accompagné soixante-douze cursus intégrés dans le domaine des formations de deuxième cycle - maîtrises et ingénieurs - impliquant cent quarante établissements. Près de mille étudiants, en nombre sensiblement égal de part et d'autre, suivent actuellement l'un de ces cursus.
Elle disposera donc, dès le départ, d'un acquis considérable, mais devra innover en imaginant de nouvelles filières franco-allemandes au niveau du premier et du troisième cycle et de la recherche.
Les deux pays ont mis en place un groupe de travail pour préparer la création de cette université. Du côté français, y participent les ministères des affaires étrangères et de l'enseignement supérieur et de la recherche, dont un représentant de la conférence des présidents d'université et un représentant de la conférence des directeurs d'écoles et des formations d'ingénieurs ; du côté allemand sont présents le ministère des affaires étrangères, le ministère chargé de la formation supérieure et un représentant des Länder . Les principaux textes fondateurs sont prêts, les contributions en régime de croisière, à partir de l'année 2001, sont estimées à 30 millions de francs par pays.
Nous disposons donc, avec cette nouvelle université, d'un instrument indispensable au rapprochement durable des sociétés civiles de nos pays, impliquant les étudiants, les universitaires, les chercheurs et, plus généralement, les innovateurs.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la création de l'université franco-allemande, signé à Weimar le 19 septembre 1997, aujourd'hui proposé à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Pierre Biarnès, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'accord signé à Weimar le 19 septembre 1997 et portant création d'une université franco-allemande doit permettre de relancer et d'amplifier la coopération franco-allemande dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche.
En cette matière, nous partons d'un acquis important, qui repose sur de nombreux accords interuniversitaires, sur des échanges scientifiques et sur le collège franco-allemand pour l'enseignement supérieur, créé en 1988. Ce dernier a développé près de soixante-dix formations universitaires communes débouchant sur des doubles diplômes reconnus dans nos deux pays et constitue l'embryon de la future université franco-allemande.
La commission des affaires étrangères a relevé tout l'intérêt qui s'attachait à la création de cette université puisqu'il s'agira d'élargir les formations communes à des domaines nouveaux : le premier cycle universitaire, les formations doctorales et la recherche, la formation professionnelle continue.
L'accord de Weimar donne à l'université une pleine autonomie juridique et financière qui devrait favoriser son essor, tout en lui permettant de délivrer ses propres diplômes, reconnus en France et en Allemagne.
Je signale également que ce développement des formations communes correspond à un besoin réel, exprimé par les milieux économiques franco-allemands, qui souhaitent des formations plus diversifiées et plus longues. Tout laisse donc à penser que les étudiants trouveront au sein de l'université franco-allemande la possibilité d'une meilleure insertion professionnelle future.
La commission a également noté que le choix de Sarrebruck comme siège de l'université s'intégrait dans une politique d'ensemble relative aux structures franco-allemandes. Nous souhaitons donc que le projet de regroupement dans un lieu unique, en l'occurrence Strasbourg d'après les dernières indications fournies par le Gouvernement, des services de l'office franco-allemand pour la jeunesse se concrétise rapidement. Nous souhaitons également que cette restructuration favorise une relance de l'office, qui a été quelque peu handicapé ces dernières années par une diminution de ses moyens financiers, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je conclurai en soulignant le grand intérêt de la création de cette université franco-allemande. Elle procède d'une inspiration analogue à celle des trois lycées franco-allemands de Buc, Fribourg et Sarrebruck, dont les résultats sont tout à fait remarquables.
On ne peut que regretter qu'après la création de ces trois institutions, voilà bientôt une trentaine d'années, d'autres n'aient pas suivi. On peut formuler la même remarque à propos de la coopération franco-italienne ou franco-espagnole, par exemple.
La commission des affaires étrangères, qui s'est inquiétée de constater le déclin de l'étude du français en Allemagne, ne peut, en tout état de cause, qu'être favorable à une initiative renforçant notre coopération bilatérale dans le domaine universitaire, tout en étant vraiment consciente des freins financiers qui poseront inévitablement certaines limites à la mise en place de ces filières communes bilingues.
En conséquence, malgré les quelques réserves que j'ai esquissées, la commission des affaires étrangères vous demande, mes chers collègues, d'approuver le présent projet de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République fédérale d'Allemagne relatif à la création de l'université franco-allemande, signé à Weimar le 19 septembre 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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