MESURES URGENTES
À CARACTÈRE FISCAL ET FINANCIER

Adoption d'un projet de loi en nouvelle lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 26, 1997-1998), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier. [Rapport n° 31 (1997-1998)].
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, ce texte, qui a été légèrement modifié par l'Assemblée nationale, vient donc aujourd'hui en nouvelle lecture devant le Sénat.
La Haute Assemblée sera bien entendu libre de s'arrêter sur chacun des points qui l'intéressent, mais je crois que son attention portera plus particulièrement sur la modification apportée au texte par l'Assemblée nationale suite à l'adoption d'un amendement du Gouvernement insérant un article additionnel relatif au report des élections prévues dans les caisses d'épargne.
Je donnerai en temps utile, si vous le souhaitez, mesdames, messieurs les sénateurs - mais je pense que ce sera le cas - les raisons qui ont motivé le dépôt de cet amendement.
Pour le reste, le texte aujourd'hui soumis au Sénat est très proche, dans la forme, de celui qui avait été débattu lors de la première lecture.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jean Cluzel, en remplacement de M. Alain Lambert, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, mes premiers mots seront pour solliciter votre indulgence et vous demander de ne pas me tenir rigueur de n'avoir ni la compétence ni le talent de notre rapporteur général, M. Alain Lambert, qui vient de subir une légère intervention chirurgicale. Mais je prends la parole en présence et sous l'autorité du président de la commission des finances, M. Christian Poncelet.
M. le ministre vient de nous exposer ce qu'il en est du texte après son examen par l'Assemblée nationale. Je dirai donc simplement que la suppression des deux articles additionnels votés par le Sénat, qui prévoyaient, pour l'un, le dépôt d'un rapport sur les effets des prêts accordés aux collectivités locales sur ressources CODEVI - les comptes pour le développement industriel - et, pour l'autre, la modification de la limite de déductibilité des intérêts des comptes courants d'associés, a créé une situation de désaccord ente les deux chambres du Parlement.
Mais le débat parlementaire a pour finalité, autant que faire se peut, de dégager des éléments de rapprochement en affinant les analyses.
L'Assemblée nationale a adopté un amendement que vous venez d'évoquer, monsieur le ministre, et je n'y reviendrai pas.
Par ailleurs, le rapporteur général de la commisssion des finances de l'Assemblée nationale a repris, pour motiver le rétablissement des articles 1er à 3 du projet de loi, les arguments du Gouvernement. Il a ainsi rappelé que l'objectif était de retrouver un niveau de déficit budgétaire permettant à notre pays de se qualifier, au printemps prochain, pour participer à l'instauration de l'euro.
De plus, il a considéré que les prélèvements fiscaux supplémentaires prévus par les articles 1er à 3 étaient légitimes, car ceux-ci ne concernent qu'une catégorie d'entreprises, dont il a estimé évidente la bonne santé financière ; vous avez vous-même développé ces arguments, monsieur le ministre, lorsque vous avez été entendu par la commission des finances, le 24 septembre dernier.
Toutefois, notre rapporteur général, M. Lambert, est d'un avis différent, et il a fait partager son analyse au Sénat.
En fait, et j'insiste sur ce point, il ne s'agit nullement d'un débat idéologique. En effet, la grande majorité des parlementaires, au-delà des clivages politiques qui sont normaux dans une démocratie, s'accordent pour admettre quelques nécessités, qui sont des évidences d'intérêt public : nécessité de rétablir l'équilibre de nos finances publiques, nécessité de diminuer le montant des prélèvements obligatoires, nécessité de réduire le chômage, nécessité, enfin, d'augmenter le pouvoir d'achat de l'ensemble des travailleurs.
Cependant, entre majorité et opposition, les analyses divergent, ce qui explique une différence d'appréciation sur les moyens à mettre en oeuvre.
Pour résumer l'analyse de notre rapporteur, je dirai, en en risquant une traduction dont j'assume la responsabilité que, « après avoir été un tremplin pour l'économie française, l'Europe est maintenant un marché ».
Or, dans un marché, pour appliquer une maxime récente de M. Tony Blair, « si on ne peut être les plus puissants, il faut être les meilleurs ». Dans le domaine économique, être les meilleurs signifie être les meilleurs en matière de qualité et de prix. C'est, me semble-t-il, la façon la plus efficace de défendre l'emploi.
Les conséquences économiques et fiscales tirées par notre rapporteur général, M. Alain Lambert, sont claires : il convient de diminuer la dépense publique et de ne pas surcharger les entreprises, non pas dans l'intérêt de leurs propriétaires ou de leurs actionnaires, mais dans celui de notre économie.
A la question de savoir comment une partie des bénéfices des entreprises pourrait être le mieux utilisée, M. Alain Lambert répond de façon nette : il faut laisser cette part à la disposition des entreprises, pour leur permettre d'investir. En effet, les investissements d'aujourd'hui sont les emplois de demain. Chacun le sait, chacun le dit, mais il faut que la décision prise soit en accord avec la conviction.
Ajoutons enfin que, si les marchés obéissent à des mécanismes, la psychologie obéit, elle aussi, à des mécanismes qu'il est, dans l'intérêt général, nécessaire de ne pas méconnaître.
La commission des finances, pour ces raisons, maintient donc les observations qu'elle avait émises en première lecture.
En premier lieu, il convient de relativiser le constat assez pessimiste par lequel on voudrait justifier les hausses d'impôt prévues par le projet de loi. Ce constat est, rappelons-le, celui de MM. Nasse et Bonnet, qui, dans leur audit des finances publiques réalisé en juillet dernier, mettaient en évidence un creusement du déficit budgétaire.
Or il semblerait que les données économiques et budgétaires plus récentes, notamment les prévisions de croissance pour 1997, infirment l'existence d'une dégradation du déficit budgétaire. Les statistiques mensuelles de votre administration, monsieur le ministre, continuent également à mettre en évidence une amélioration du solde d'exécution de la loi de finances pour 1997 par rapport à la précédente. En effet, le déficit, à la fin d'août 1997, est inférieur de 15,9 milliards de francs à celui de la fin d'août 1996. Le profil d'exécution de la loi de finances pour 1997 pour les huit premiers mois de l'année, avant que n'entrent en vigueur les mesures que vous avez prises en juillet dernier, à savoir un décret d'avance et des annulations de crédits, semble ainsi s'inscrire dans la trajectoire prévue par vos prédécesseurs, ce qui, aux yeux de notre rapporteur général, confirmerait l'inopportunité du volet fiscal du présent projet de loi.
En deuxième lieu, la réduction du déficit budgétaire doit - la commission des finances le répète - reposer sur la réduction des dépenses publiques, et non sur l'augmentation des prélèvements obligatoires.
En troisième lieu, la majoration de l'impôt sur les sociétés porterait le taux de cet impôt à 41,66 % en 1997 et en 1998, cela placerait la France dans le peloton de tête des pays européens les plus sévères à l'égard de leurs entreprises. Or, à l'heure actuelle, la plupart de nos voisins réduisent la fiscalité pesant sur leurs entreprises. Certes, d'autres pays ont, comme vous l'avez rappelé, monsieur le ministre, les 21 juillet et 24 septembre derniers en commission des finances, un impôt sur les sociétés plus lourd qu'en France. Cependant, il ne faut pas limiter les comparaisons à un seul paramètre. Si l'on veut parvenir à une comparaison indiscutable, il convient de prendre en compte tous les paramètres, en particulier la taxe professionnelle et les charges sociales.
La taxation au taux de droit commun des plus-values à long terme exposerait également les entreprises françaises à la concurrence fiscale internationale. En effet, la France ne bénéficie pas d'un régime d'exonération sous condition de réemploi et les actifs des entreprises sont valorisés au coût historique.
Enfin, le dispositif fiscal pourrait être critiqué en raison de sa rétroactivité et de la discrimination qu'il institue entre les entreprises.
A cet égard, je souhaiterais insister sur la cohérence de la position de la commission des finances du Sénat, cohérence à laquelle les membres de la commission tiennent beaucoup. En effet, le rapporteur général de l'Assemblée nationale semble - j'insiste sur l'emploi de ce verbe - mettre en doute cette cohérence. Il rappelle que le Sénat avait adopté, en décembre 1996, une disposition de la loi de finances pour 1997 visant à instituer une discrimination entre les grandes entreprises, d'un côté, et les petites et moyennes entreprises, de l'autre. Cette disposition prévoyait un taux réduit d'imposition de 19 % au profit des petites entreprises si elles incorporaient à leur capital la fraction de leurs bénéfices ainsi taxés.
La commission des finances du Sénat tient à faire deux observations.
D'abord, elle avait jugé cette disposition contraire au principe de neutralité du droit fiscal - dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 1997, M. Lambert avait beaucoup insisté sur ce point. La position actuelle de la commission des finances est donc cohérente avec la position de principe adoptée lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1997.
Ensuite, la discrimination positive prévue par cette disposition n'est pas équivalente à ce que nous appellerons la « discrimination négative » envisagée dans le cadre du présent dispositif. En effet, il s'agit ici d'exonérer les petites entreprises d'une surtaxation, et non de les faire bénéficier d'un allégement de fiscalité. La différence de traitement fiscal ainsi instituée est d'autant moins justifiée qu'en raison du seuil choisi - un chiffre d'affaires de 50 millions de francs - ce sont les entreprises moyennes et à rayonnement national qui risqueraient d'être pénalisées.
Au total - j'arrive à ma conclusion - bien que la commission souscrive sans réserve à la nécessité de respecter - c'est un point d'accord important avec le Gouvernement, monsieur le ministre - toutes les conditions du passage à la monnaie unique, elle maintient sa proposition de suppression du volet fiscal du présent projet de loi. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, selon un principe qui semble appelé à être mis en pratique plusieurs fois dans les mois à venir, l'Assemblée nationale, constatant l'impossibilité pour les membres de la commission mixte paritaire de se mettre d'accord sur un texte commun, a, lors d'une nouvelle lecture de ce projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier, réintroduit les dispositions fiscales que la majorité de notre Haute Assemblée avait jugé utile de supprimer.
Cette situation est, je l'ai dit, appelé à se reproduire ; il faut voir là un raidissement idéologique propre à la majorité sénatoriale, encore toute surprise d'avoir vu les Français renvoyer le gouvernement de M. Juppé, qu'elle soutenait, et la politique qu'il incarnait.
Les trois mesures qui n'ont pas trouvé grâce aux yeux de la majorité sénatoriale sont connues. Il s'agit d'abord, d'une majoration de l'impôt sur les sociétés, affectant les plus importantes de nos entreprises, et seulement celles-ci. Il s'agit, ensuite, d'une remise en cause - pour nous incomplète, nous avons eu l'occasion de le dire en première lecture - du régime séparé d'imposition des plus-values de cession d'actifs. Il s'agit, enfin, de la mise en concordance de ces deux premières mesures avec la fixation des conditions de perception des recettes fiscales complémentaires avant la clôture de l'exercice budgétaire en cours.
Je ne reviendrai pas inutilement sur les réalités de la situation budgétaire actuelle.
Chacun sait ici que cette situation est caractérisée, aux termes de l'audit des finances publiques, par un dérapage des dépenses - manifestement dû à une sous-estimation de la part de ces dépenses en de nombreux domaines - et par une relative atonie des recettes, singulièrement en matière de fiscalité indirecte, du fait de la croissance ; qui se révèle inférieure aux prévisions affichées dans la loi de finances initiale.
Si l'on examine la situation au regard des critères de convergence fixés par le traité de Maastricht, on constate que le déficit des finances publiques est toujours supérieur à ce qui est exigé par ce traité et qu'il s'est encore creusé en raison de la situation des comptes sociaux, laquelle est bien moins favorable que ne le laissait entendre la loi de financement de la sécurité sociale examinée à l'automne dernier.
Si l'on va jusqu'au bout de la démarche, on est obligé de conclure que les choix budgétaires du gouvernement précédent, comme le sens qu'il a donné à la politique de la France en matière de protection sociale, ont échoué au regard des objectifs strictement opératoires qui étaient affichés.
Cependant, ne croyez pas, à l'aune de ces observations, que je sois désormais convaincue du bien-fondé de la mise en oeuvre de la monnaie unique telle qu'elle est conçue dans l'esprit des commissaires européens et de quelques-uns des grands argentiers des pays de l'Union européenne.
Mais il est évident que la persistance du déficit public, et en particulier du déficit primaire, constitue un obstacle majeur à la mise en oeuvre d'une alternative politique réelle, telle que l'attendent nos concitoyens.
Nous risquons, en effet, de payer encore longtemps les coûts de l'emprunt Balladur, des cadeaux fiscaux faits aux entreprises, des allégements de droits sur les donationspartages, de la budgétisation des cotisations sociales normalement dues par les entreprises, de l'asservissement de notre protection sociale aux règles des marchés financiers et de l'alourdissement de la fiscalité indirecte, en particulier de la taxe sur la valeur ajoutée.
Entre 1993 et 1997, pas une année ne s'est écoulée sans que l'Etat batte un nouveau record d'émissions de titres de la dette publique.
Nous n'avons sans doute pas fini de payer au prix fort les privatisations que les gouvernements Balladur et Juppé ont mis en oeuvre, sur le plan tant de l'emploi que de la place de notre pays sur la scène économique internationale.
Enfin, au moment où la Banque de France annonce un relèvement de son taux d'appel d'offres, permettez-moi de souligner encore à quel point je trouve discutable la réforme de l'été 1993 qui a conduit à l'indépendance de notre banque centrale vis-à-vis de l'Etat, indépendance au moins aussi grande que sa dépendance accrue à l'égard des marchés financiers.
En rejetant les mesures fiscales prévues dans le présent projet de loi, la majorité sénatoriale est donc fidèle à ces choix désastreux, mais qui ont pour particularité d'être orientés par des intérêts de classe.
Elle témoigne à nouveau de sa volonté de réduire les déficits par une restriction des dépenses publiques, suivant ainsi ni plus ni moins les recommandations du Conseil national du patronat français et de ses instituts de réflexion.
Au moment où cette organisation se raidit sur la question fondamentale et éminemment moderne de la réduction du temps de travail, chacun conviendra que le bon choix ne consiste pas nécessairement à écouter ceux qui ne veulent rien entendre.
Pour autant, nous ne nous satisfaisons pas des dispositions de ce projet de loi.
Nous avons exprimé notre désaccord - et nous le confirmons à l'occasion de cette nouvelle lecture - sur l'article 4, même si celui-ci n'est plus en discussion. Il existe un danger réel de démantèlement, voire de privatisation, d'Electricité de France, d'autant que, de façon complémentaire, l'ouverture du marché du gaz aux productions privées met en danger le service public du gaz.
Ces deux mesures conjointes constituent une grave menace et s'inscrivent dans la logique des directives européennes visant à démanteler le service public. A ce propos, nous exprimons notre inquiétude sur la position prise, à l'Assemblée nationale, par la commission de la production et des échanges.
Nous avons également souligné en première lecture la nécessité de ne pas concevoir la politique budgétaire uniquement en fonction d'un objectif politique donné, à savoir l'atteinte des critères de convergence. Nous estimons au contraire nécessaire d'engager le plus tôt possible - l'examen du projet de loi de finances pour 1998 en fournira sans doute l'occasion - une réflexion plus profonde et plus structurante sur l'évolution de notre système de prélèvements obligatoires.
Les chantiers de la fiscalité sont, pour ce qui nous concerne, ouverts dès maintenant et nous avons, dans le cadre de notre spécificité, des propositions à formuler, des orientations à proposer, des réflexions à apporter à ce qui doit constituer, dans les mois à venir, le travail commun.
Que deviendra notre fiscalité locale ?
Devons-nous infléchir la structure de notre fiscalité entre droits indirects et impôts directs ?
L'assiette de l'impôt sur le revenu ne doit-elle pas connaître des évolutions ?
Devons-nous nous satisfaire des mesures, aussi louables soient-elles, actuellement mises en oeuvre pour lutter contre la fraude fiscale ?
Quel devenir devons-nous imprimer à la fiscalité du patrimoine et à la fiscalité immobilière ?
Quelles évolutions doit marquer la fiscalité des entreprises, notamment dans le contexte d'internationalisation des activités de nos groupes les plus grands ?
Vous le voyez, les questions sont nombreuses, et les réponses qui doivent être apportées appellent le débat, la confrontation des idées, la réflexion individuelle et collective.
Elles ne paraissent pas contenues - c'est un euphémisme - dans les choix effectués par la majorité de la commission des finances et, à travers elle, par la mojorité sénatoriale. Mais, pour notre part, nous sommes prêts.
J'ajouterai un dernier mot sur la teneur d'un article ajouté au texte initial par le Gouvernement et tendant à reporter les élections aux conseils consultatifs et aux conseils d'orientation et de surveillance des caisses d'épargne. Nous ne pouvons qu'approuver les dispositions visant à proroger jusqu'au 1er mars 1999 les mandats de leurs membres.
Nous comprenons bien les motifs de cette décision, mais je ne peux manquer d'exprimer à nouveau quelques préoccupations.
Le caractère original des caisses d'épargne, dans le paysage financier de notre pays, doit être préservé. En effet, je ne suis pas convaincue que la banalisation de leur statut, attendue par certains, notamment par l'Association française des banques, soit la meilleure solution.
Il me semble, en particulier, que cette banalisation dénaturerait profondément les utilisations sociales de la collecte de cette épargne, et singulièrement son affectation en priorité au financement du logement social.
Pour autant, et dès lors que la relance du logement social est à l'ordre du jour, il me paraît indispensable de faciliter la collecte de nouvelles ressources, notamment à travers un relèvement du plafond du livret A.
De même, il convient de se pencher sur la question de la bonification des emprunts accordés aux organismes d'HLM, le taux d'intérêt demeurant encore trop élevé au regard de l'inflation et de la croissance réelle.
Ne peut-on imaginer, pour les 40 milliards ou 45 milliards de francs de prêts qui sont accordés chaque année, une enveloppe de bonification ramenant, par exemple, au taux de rémunération du livret A le taux d'intérêt servi aux organismes d'HLM, cette enveloppe devant représenter un effort de quelque 60 millions de francs ?
M. Philippe Marini. Toujours des dépenses ! Quelle imagination !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Dès lors qu'il s'agit de dépenses à caractère social, vous n'êtes pas d'accord, monsieur Marini.
C'est là une réflexion que nous apportons au débat ouvert par cet article du projet de loi.
En tout état de cause, si la majorité sénatoriale persiste dans ses choix, nous serons dans l'obligation, comme lors de la première lecture, de voter contre le texte tel qu'il aura été amendé par la Haute Assemblée.
Les mesures prévues par le projet de loi sont loin d'être irréprochables. Mais, à côté de celles que vous préconisez, chers collègues de la majorité sénatoriale, elles deviennent limpides dans leur essence même.
Nous ne vous permettrons pas de les remettre en cause, et voilà qui justifiera notre vote. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle qu'aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des projets de loi, la discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

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