a. Le projet de base de l'action de l'État en mer porté par la France à Diego-Suarez

Le projet de création d'une base de l'action de l'État en mer à Antsiranana (Diégo-Suarez) est de nature à ancrer la présence et l'influence française, potentiellement concurrencée par des projets d'envergure d'autres nations qui pourraient y développer une présence stratégique.

La base navale d'Antsiranana est l'héritage de la présence de la marine française à Madagascar. Mais depuis 1970, aucun investissement n'y a été effectué. Les bâtiments de la Marine nationale française effectuent chaque année une dizaine de relâches opérationnelles. Les équipages français sont ceux qui s'ouvrent le plus à la population locale quand certains équipages étrangers à Madagascar ne quittent même pas leur bord. Ceci participe au maintien d'un sentiment francophile à Antsiranana, mais néanmoins fragile.

Or le Gouvernement malgache est à la recherche d'un partenaire pour développer un projet de ville nouvelle au nord d'Antsiranana sur la presqu'île d'Andrakaka. Sur de vastes terrains, aujourd'hui à l'usage des armées, il s'agirait de construire un port en eaux profondes, des complexes hôteliers, une zone industrielle, une route d'accès de 55 kilomètres... À ce jour, le besoin de financement pour ce projet majeur est évalué à deux milliards de dollars et la Chine se positionne pour un probable bailleur. Les Russes également semblent montrer un intérêt pour cette zone avec l'escale en 2019 d'un bâtiment militaire russe.

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b. L'identification de nouveaux partenaires

Il existe en Afrique Australe un certain nombre de pays qui sont en demande de coopérer davantage avec la France. Certes, ces pays ne sont pas dans notre zone historique d'influence ; mais c'est justement là notre intérêt de nous ouvrir à eux sans porter le poids de notre passé colonial. Avec le Brexit, il faut faire preuve de pragmatisme envers des pays comme le Zimbabwe avec lesquels il y a une carte à jouer si nous ne voulons pas laisser le champ libre à la Russie ou à la Chine. Car si nous n'y allons pas, d'autres iront évidemment à notre place.

Il importe ainsi d'identifier les États avec lesquels nous pourrions développer des coopérations en matière de sécurité et de renseignement. (Recommandation°19)

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3. Renforcer notre dispositif de renseignement

À la lumière de l'intensification des ingérences étrangères qui menacent directement nos intérêts, la Délégation estime nécessaire de réévaluer les moyens du renseignement français en Afrique australe et dans l'océan indien.

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Nonobstant la réorientation de nos capteurs de renseignement vers la Chine, l'indopacifique mais aussi l'Europe du fait de la guerre en Ukraine,

***** Plusieurs raisons vont dans ce sens :

- L'Afrique du Sud fait partie des BRICS, ce qui confère à la zone un intérêt stratégique car le pays entretient des relations institutionnalisées avec la Russie et la Chine. *****

- L'Afrique australe est une zone qui fait office de plaque tournante s'agissant de nombreux trafics vers l'Europe, notamment de stupéfiants.

Il s'agit d'une alternative nécessaire à notre zone d'influence historique de l'Afrique francophone.

***** (Recommandation°20)

Le renforcement de nos moyens concerne également notre présence dans l'océan indien. ***** (Recommandation°21)

Enfin, même s'il ne s'agit pas de renseignement à proprement parler, il serait judicieux de repenser notre dispositif de coopération. Le nombre de coopérants français n'a cessé de diminuer au cours des dernières années, marqueur de la volonté politique de tourner la page de la françafrique. Pour autant, dans le contexte d'intensification des ingérences étrangères, les coopérants sont des relais privilégiés qui contribuent utilement à une stratégie d'influence. Dans l'hypothèse de relations nouvelles avec certains pays d'Afrique, comme le Malawi, le dispositif de la coopération pourrait se révéler approprié. (Recommandation°22)

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