a. Des États faillis

Les cas sont de plus en plus nombreux sur le continent Africain d'États dont l'affaiblissement est tel qu'ils deviennent le terreau d'ingérences étrangères plus ou moins assumées. La zone sahélienne est emblématique de ce phénomène comme au Mali où l'effondrement de l'État a laissé le champ libre aux mercenaires de Wagner dans le contexte du redéploiement de l'opération militaire française Barkhane.

Le groupe paramilitaire russe est d'ores et déjà bien implanté dans plusieurs pays sur le continent et a le regard tourné vers d'autres États comme le Burkina-Faso mais aussi le Cameroun *****. La situation en République Centrafricaine (RCA) est quant à elle symptomatique d'un processus d'ingérence qui prend sa source dans l'autorisation accordée à la Russie de vendre des armes aux forces armées centrafricaines, en dérogeant à l'embargo qui pesait sur la Centrafrique, en guerre civile depuis 2013. Le réarmement des forces armées centrafricaines (FACa), nécessitant la levée de l'embargo sur les armes, était une demande ancienne de Bangui. En décembre 2017, la Russie adressa au Conseil de sécurité des Nations unies une demande d'exemption à l'embargo afin de pouvoir équiper deux bataillons des Forces armées centrafricaines (FACa). Placée sous « procédure de silence », cette requête put aboutir, la France, mais aussi les États-Unis et le Royaume-Uni, n'ayant pas manifesté leur opposition. Cette livraison d'armes aux FACa servit de prétexte à Moscou pour envoyer à Bangui des « instructeurs militaire civils », c'est-à-dire des mercenaires du groupe paramilitaire Wagner. La France s'est retirée de RCA et au plus fort, Wagner a rassemblé plus de 2 500 mercenaires dans le pays, même si la guerre en Ukraine a conduit la milice à réduire la voilure.

Progressivement, la France s'est trouvée complètement évincée de Centrafrique : Wagner a pris possession de l'ancien camp français et s'occupe également de la sécurité personnelle du Président Touadéra en lieu et place de l'armée française. Wagner forme également la police et la gendarmerie, ce qui lui donne accès à du renseignement. En contrepartie, Wagner a obtenu des engagements sur des mines d'or et de diamants.

Le 2 mars 2023, le Président Emmanuel Macron a rencontré son homologue Faustin Archange Touadéra à Libreville, en marge d'un sommet sur la préservation des forêts tropicales, ce qui n'a pas été du goût de Wagner, qui l'a fait savoir au Président centrafricain. Trois jours plus tard, à Doha, le Président Touadéra, lors de la Conférence des Nations-Unies sur les pays les moins avancés, dénonçait les ingérences étrangères et « les pillages systématiques facilités par l'instabilité politique entretenue par certains pays occidentaux ».

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