B. L'INSCRIPTION SUR LE LONG TERME DE STRATÉGIES D'INFLUENCE

1. Premier objectif : se constituer des aires géographiques d'influence

La volonté d'influencer le monde académique participe à la constitution d'aires d'influences. Celles-ci concernent d'abord le voisinage des pays . Il est possible de prendre les exemples de la Russie, la Turquie et la Chine.

Ø Concernant la Russie , il existe en Asie et dans le Caucase plusieurs établissements d'enseignement supérieur dont la codirection est assurée par la Russie, comme l'université russo-arménienne à Erevan en Arménie et l'université slave kirghize-russe à Bichkek au Kirghizistan. D'une manière générale, de nombreux cursus universitaires dans cette zone géographique peuvent être suivis entièrement en russe, ce qui est entre autres un héritage de l'Union soviétique.

Ø En 2018, la Turquie , via la fondation Maarif, a procédé à l'acquisition de l'Université de New York Tirana en Albanie. Dans le cas de la Turquie, cette volonté de reconstituer une sphère d'influence sur ses périphéries a été associée à la stratégie dite de « néo-ottomanisme », insufflée par Ahmet Davutoglu, qui était un ancien Premier ministre et ministre des affaires étrangères de Recep Tayyip Erdogan.

Ø La Chine organise en Birmanie, en partenariat avec l'école de langues « Eastern Language & Business Centre » des cours de langue chinoise à destination des fonctionnaires birmans. Il faut également relever à nouveau que le premier institut Confucius a été ouvert en 2004 à Séoul en Corée du Sud, et le Japon, ainsi que la Corée du sud, sont parmi les pays ayant la plus forte concentration d'Instituts Confucius au monde.

Le voisinage immédiat n'est pas le seul enjeu géographique de la construction d'aire d'influence par la recherche et l'enseignement supérieur. De plus en plus de pays émergeants renforcent leur coopération en matière académique avec des pays en voie de développement, en particulier en Afrique et dans le Pacifique .

En 2021, il existait environ 62 Instituts Confucius dans 45 pays différents en Afrique 20 ( * ) . Dans certains cas, la taille de ces instituts est bien plus importante que dans les pays européens. L'Institut Confucius du Sénégal comprenait ainsi 50 étudiants au moment de sa création pour atteindre les 500 étudiants aujourd'hui, ce qui est un nombre équivalent à celui d'une petite université. Par ailleurs, l'implantation en France des instituts Confucius permet également à la Chine d'exercer son pouvoir d'attraction sur une partie des élites africaines formées dans l'Hexagone.

Comme l'a souligné Campus France devant la mission, les instituts Confucius en Afrique mettent en avant leur gratuité, la qualité de leurs locaux, mais aussi leur intérêt professionnel : ils offrent un sésame pour travailler dans les entreprises chinoises implantées en Afrique. On peut ainsi lire en page d'accueil du site de l'institut Confucius de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar : « Il est d'ailleurs envisagé de mettre un accent particulier sur l'enseignement professionnel pour mieux servir les besoins de formation ».

La Turquie avait fortement développé le réseau des écoles Gülen en Afrique . Ces écoles avaient construit leur réputation sur leurs programmes de préparation aux concours, qui permettaient à leurs étudiants d'intégrer les meilleures universités africaines. L'objectif était ainsi de faire en sorte que les futures élites africaines promeuvent la coopération avec la Turquie et le modèle turc. L'enjeu était également culturel et religieux, en favorisant une vision de l'Islam conforme à celle du gouvernement de l'AKP.

À la suite du coup d'État manqué de 2016, Fethullah Gülen et son réseau sont tombés en disgrâce aux yeux du Président Recep Tayyip Erdogan, mais la Turquie n'a pas changé de stratégie éducative. Le gouvernement turc a fait pression sur les pays disposant d'écoles Gülen pour que ceux-ci transfèrent leur gestion à la fondation Maarif, qui ont une implantation exactement similaire à celle de l'ancien réseau Gülen, et qui ont également le même positionnement académique. Aussi l'implication de la Turquie en Afrique reste-t-elle importante, et à cet égard, Campus France a déclaré que la Turquie « a indiqué qu'ils auraient autant de bourses que nécessaires » pour le continent.

Concernant le Pacifique , il s'agit d'une zone géographique où la Chine entend jouer un rôle majeur. Dans un entretien paru en mai 2018 dans le journal Le Point , Yang Jin, qui était alors responsable du développement des instituts Confucius en France, déclarait : « La région Pacifique compte plus d'instituts Confucius, proportionnellement, que toutes les autres régions, car ce sont nos voisins et que nous partageons beaucoup de points communs avec eux . » On peut citer l'institut Confucius d'Hawaï, ouvert en 2005, et celui du Pacifique Sud, ouvert aux îles Fidji en 2011. La France n'est pas exclue de cette volonté de la Chine de peser dans le monde académique du Pacifique : un institut Confucius a ouvert à Tahiti en 2013, et un projet d'institut existait en Nouvelle Calédonie.

2. Deuxième objectif : le contrôle de la diaspora

L'influence sur la diaspora est un enjeu majeur pour de nombreux pays en développement. La diaspora est en effet considérée sous un double-rapport. Elle peut être un relais d'influence à l'étranger, mais elle peut aussi représenter une menace pour certains régimes . La raison est que les membres de la diaspora maîtrisent la langue et ont la culture du pays d'origine, mais qu'en même temps, ils ont été exposés aux valeurs libérales et dites occidentales. La diaspora peut donc remettre en cause le régime de l'intérieur.

Cette question de la diaspora se pose avec acuité pour la Chine contemporaine. Pierre Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer écrivent ainsi 21 ( * ) : « Alors que la diaspora chinoise est souvent décrite comme un véhicule de l'influence de Pékin (et parfois même comme une cinquième colonne), Peter Mattis a montré qu'elle peut être également vue comme une menace potentielle pour le monopole du pouvoir du Parti communiste chinois. La diaspora chinoise, grâce à sa maîtrise des codes culturels chinois, est en effet le groupe le plus susceptible de répandre des idées libérales en Chine, et par conséquent de compromettre la longévité du régime » .

Les instituts Confucius visent donc notamment la diaspora chinoise. Ils sont présentés comme une manière pour eux de se « reconnecter » avec leur culture d'origine, et ensuite de rejoindre des communautés de membres de la diaspora. Les universités comprenant un institut Confucius ont à plusieurs reprises confirmé devant la mission que des membres de la diaspora constituaient une part importante du public des instituts Confucius .

C'est le cas particulièrement à la Réunion et en Polynésie française, qui ont des communautés chinoises implantées depuis longtemps. Jean-Paul Pastorel, membre du conseil d'administration de l'université de Polynésie française et directeur de l'institut Confucius de cette université, a ainsi déclaré devant la mission que l'ouverture de cet institut avait été notamment motivée par l'existence dans la région d'une communauté d'origine chinoise ancienne et bien intégrée.

La Turquie a également concentré une partie importante de ses efforts sur sa diaspora. Le lycée privée Yunus Emre, financé par la Turquie, a ainsi ouvert en 2015 à Strasbourg, où se situe une communauté turque nombreuse en comparaison du reste du pays.

3. Troisième objectif : le contrôle des normes et l'impulsion dans la recherche

L'un des objectifs de long terme des politiques d'influence sur le monde académique est de renforcer la place des pays dans la production de normes internationales . La question des normes n'est pas limitée à une composante purement technique, mais revêt un caractère politique très affirmé.

Les normes techniques créent en effet une forme de « dépendance au sentier » ( path dependency ) : il est plus efficace pour développer de nouvelles technologies de s'appuyer sur celles qui ont servi à définir les normes utilisées. Les pays qui ont développé des normes sont donc gagnants dans l'intégration des marchés. Par conséquent, il s'agit d'un enjeu stratégique de première importance .

Or, d'après les données fournies à la mission par le chercheur Antoine Bondaz, la production de normes est particulièrement déséquilibrée à l'échelle mondiale. La Chine est en effet responsable de 1,8 % des normes techniques, alors qu'elle est au deuxième rang mondial du PIB. À l'inverse, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et le Japon sont à l'origine de 90 % des normes.

La Chine cherche donc à combler son retard en mettant en oeuvre une stratégie ambitieuse d'influence sur la production de normes . Selon l'IFRI 22 ( * ) , « La Chine s'impose rapidement comme une puissance redoutable dans l'élaboration de normes techniques, transformant le paysage international de la normalisation et réintroduisant un élément de géopolitique dans ce que l'on considère trop souvent comme de simples processus techniques . »

Les normes sont d'autant plus importantes pour la Chine que les nouvelles routes de la soie sont fondées sur l'intégration des marchés et une redéfinition de la division internationale du travail qui lui est favorable. La production de nouvelles normes s'inscrit ainsi dans le cadre du programme Made in China 2025.

Le programme « Made in China 2025 »

Made in China est d'abord un programme visant à faire passer l'industrie chinoise d'un positionnement de moyen/ bas de gamme à un positionnement de haut de gamme , et à faire à éviter à la Chine de tomber dans le « piège du revenu intermédiaire ». Le programme a été présenté en 2015 par Li Keqiang, qui est le Premier ministre de la république populaire de Chine.

Il prévoit de concentrer les investissements sur dix secteurs désignés comme prioritaires, qui sont des industries à forte valeur ajoutée. On y trouve notamment la robotique, les nouvelles technologies de l'information et de la communication, l'aviation et la santé.

La Chine ne cherche plus seulement à rattraper les pays développés, mais à être un pays à la pointe de la technologie dans ces secteurs. Sa stratégie va donc au-delà de l'espionnage scientifique et vise également à débaucher les meilleurs chercheurs travaillant sur ces thèmes.

La Chine est ainsi de plus en plus impliquée dans les organisations internationales qui produisent des normes. Elle est devenue en 2008 le sixième membre du Conseil de l'Organisation internationale de normalisation (ISO). En 2015, l'organisation a connu son premier président chinois, Zhang Xiaogang, pour un mandat de trois ans. Enfin, elle connaît le troisième plus haut niveau de participation aux comités techniques de l'ISO 23 ( * ) .

Cependant, la participation aux organisations internationales n'est pas seule déterminante dans la production de normes : la recherche l'est également. C'est l'une des raisons pour lesquelles la recherche fondamentale ne doit pas être négligée lorsque l'on parle de l'influence dans le monde académique . En effet, la création de prototypes, même s'ils ne sont pas utilisables en pratique, participe à la mise en place de nouvelles normes.

L'enjeu est particulièrement important pour les nouvelles technologies, comme la 5G, l'intelligence artificielle ou l'internet des objets , où toutes les normes n'ont pas encore été définies à l'échelle internationale. Ce sont autant de domaines où la Chine cherche à être proactive dans la recherche, avec des entreprises pilotes comme Huawei, et avec des politiques d'influences marquées.

Au-delà des normes scientifiques, la Chine cherche également à peser dans les programmes d'évaluation internationaux. Le classement de Shanghai, qui cherche à évaluer les établissements d'enseignement supérieur sur leur mérite scientifique, est l'une des plus grandes réussites de la politique d'influence académique de la Chine .

L'Inalco a pu ainsi affirmer devant la mission d'information que le classement de Shanghai est un outil d'influence chinoise. Or ce classement n'est pas neutre, mais contribue à structurer le paysage de l'enseignement supérieur au niveau mondial. Initialement conçu comme un outil de parangonnage, il a évolué en instrument de classement des établissements .

Pour autant, il ne s'agit pas d'un classement qui vise à donner aux universités chinoises les meilleures places. Christian Lerminiaux, le président du conseil d'orientation stratégique de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) et directeur de l'école Chimie ParisTech, a remarqué au cours d'une audition que le classement était très suivi par les étudiants chinois eux-mêmes, pour savoir où sont les établissements où ils doivent faire leurs études. Le classement met ainsi en avant les domaines qui intéressent au premier plan le développement de la Chine, les sciences et les technologies de ruptures, et tend à délaisser les autres.

Il parait donc essentiel d'élaborer au niveau européen un classement des universités prenant en compte le respect des libertés académiques. Cette mission pourrait être confiée au Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (HCERS), dont les missions, définies à l'article L. 114-3-1 du code de la recherche, intègrent précisément la dimension évaluative et internationale.

Recommandation 25 : Inciter au niveau européen et international à la création d'un classement des universités fondé sur le respect des libertés académiques et de l'intégrité scientifique, afin de mettre en lumière nos valeurs, par opposition à un classement de Shanghai devenu trop prescripteur.

4. Quatrième objectif : la défense d'un modèle de société

L'influence sur le monde académique vise enfin, à long terme, à promouvoir un modèle de société conforme aux vues et aux intérêts des pays à l'origine de cette influence . Cette promotion passe d'abord par la volonté de « recentrer » le monde sur les pays émergents, et ensuite par la défense de « valeurs » distinctes des sociétés libérales.

Concernant la Chine, comme l'a souligné Kevina Mbonyinshuti devant la mission d'information, son objectif est de revenir au « centre du monde ». C'est une référence au concept de tian xia , traduit comme « tout ce qui se trouve sous le ciel », qui désignait la position de l'Empire de Chine dans la pensée chinoise ancienne : il se trouvait au centre du monde civilisé, tandis que la barbarie était renvoyée à la périphérie. La Chine, en mandarin zhong guo (le pays du milieu), doit donc retrouver cette position centrale . La Chine cherche ainsi, par sa politique d'influence, à devenir un acteur indispensable du commerce et des relations internationales, mais aussi de la culture mondiale. Pour ce faire, la Chine « part du bas », c'est-à-dire qu'elle crée des réseaux d'influences en privilégiant les relations bilatérales. La Chine mène de fait une véritable stratégie systémique de construction d'un « narratif » autour de sa place dans le monde et de son mode de développement, présenté moins comme une alternative que comme modèle « substitutif » de société.

Le néo-ottomanisme ne consiste seulement pas dans la tentative de la Turquie de constituer une aire d'influence hors de ses frontières ; il désigne également une volonté de rayonnement culturelle à l'échelle mondiale .

L'empire ottoman a en effet eu à sa tête les derniers califes du monde musulman, et contrairement aux émirats, l'influence du califat a vocation à s'étendre à l'ensemble de la communauté des croyants (l'Oumma). Il ne s'agit cependant pas d'une autorité religieuse directe, comme celle du pape pour le catholicisme, mais d'une forme de rayonnement culturel et civilisationnel. Sur cet aspect, la Turquie est ainsi en concurrence avec l'Arabie saoudite, qui abrite les deux plus grands lieux saints de l'Islam.

Toutefois, comme l'a souligné Dorothée Schmid devant la mission, la référence la plus importante pour le régime de l'AKP est en réalité la référence nationaliste . Le néo-ottomanisme désigne également la nostalgie de l'empire en tant que puissance politique majeure, à cheval entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe. Il s'agit de rendre à la Turquie la « place qui lui est due », au regard de son histoire et de sa culture.

Au niveau académique, cette volonté de remettre les pays émergents au coeur du jeu international passe par la promotion de valeurs substitutives, qui se définissent en opposition aux valeurs des démocraties libérales .

Sur cette question, il faut toutefois bien distinguer entre des pays comme la Turquie et le régime chinois . La politique de dénigrement prônée par la Turquie, tout comme la Russie, sur les faiblesses de la société occidentale et révèle de manière sous-jacente un projet de société conservatrice . À cet égard Dorothée Schmid a mis en avant devant la mission d'information que la Turquie a un « fonctionnement institutionnel bien plus proche du nôtre » que les pays du Golfe notamment.

Le discours de la Chine sur les valeurs est en revanche plus radical . La Chine tire une partie de la légitimité de son mode de gouvernement de ce que les dirigeants chinois appellent les « valeurs asiatiques ». La Chine n'est d'ailleurs pas le seul pays à avoir employé cette expression. Depuis plusieurs décennies, Singapour met en avant ses valeurs « confucéennes », et Mahathir Mohamad, ancien Premier ministre de la Malaisie, a fait référence aux valeurs asiatiques à de nombreuses reprises.

Les valeurs asiatiques sont définies par ces régimes en opposition aux « valeurs occidentales ». L'individualisme serait prépondérant en Occident, alors qu'à l'inverse l'Orient privilégierait des valeurs collectives. La culture du respect de l'autorité serait bien plus présente en Orient qu'en Occident. La visée de la Chine est de montrer que la « démocratie libérale », telle qu'elle existe dans les pays occidentaux, n'est pas adaptée à leur système de gouvernance interne .

De très nombreux chercheurs sont critiques de cette conception des valeurs asiatiques, qu'ils considèrent comme une construction artificielle des régimes autoritaires. Anne Cheng, titulaire de la chaire « Histoire intellectuelle de la Chine » au collège de France, déclare ainsi dans un entretien au Monde paru le 5 août 2016 : « Ce régime trouverait très commode de pouvoir orienter ce renouveau du confucianisme dans le sens d'une interprétation autoritariste, en en retenant seulement l'aspect hiérarchique, le respect des aînés, la piété filiale. Ce néoconfucianisme serait dès lors susceptible d'être opposé à l'universalité des droits de l'homme et à la construction démocratique au nom d'une identité nationale puisée dans les sources autochtones de la civilisation chinoise . »

Cette idée des valeurs asiatiques , et les critiques qu'elle suscite, est l'une des explications de l'intérêt croissant de la Chine pour les politiques d'influence sur le monde universitaire. Il s'agit pour le régime chinois de faire la promotion de son modèle, en passant notamment par la recherche et ses acteurs.

L'exemple le plus frappant de ces dernières années est la gestion de la pandémie de Covid-19. Même sans se référer explicitement aux valeurs asiatiques, le régime chinois a revendiqué la supériorité de son modèle pour faire face à la pandémie, et par extension, aux crises à venir. Ce discours a été repris sur les réseaux sociaux en France, mais il a aussi une fait percée dans le monde académique : le régime chinois a joué sur l'amalgame entre la promotion d'une politique de confinement dure, qui a eu les faveurs de certains chercheurs, et le soutien au mode de gouvernance chinois.


* 20 Selon les chiffres donnés par le site officiel des Instituts Confucius : https://www.cief.org.cn/qq

* 21 Source: “Russia as a Hurricane, China as Climate Change: Different Ways of Information Warfare”, revue War on the Rocks, 21 janvier 2020.

* 22 J. Seaman, La Chine et les normes techniques : enjeux géopolitiques (notes de l'IFRI - janvier 2020) https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/seaman_chine_normes_techniques_2020.pdf

* 23 Idem

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