B. UN RÉTABLISSEMENT SOMMAIRE DES RÉSEAUX

Comme le premier rapport de la délégation 7 ( * ) le signalait l'an passé, la résistance des réseaux a été un déterminant crucial de la situation durant et dans l'immédiat après crise. Cela demeure valable dans les temps de sortie de l'urgence et de reprise du territoire . Comme dans les précédents travaux, les rapporteurs ont constaté le caractère prioritaire de trois réseaux : électricité, eau et télécommunication.

Dans la présentation de son bilan et de sa stratégie post-Irma, EDF, opérateur pour l'électricité à Saint-Martin, distingue six phases, du lendemain de la catastrophe jusqu'au temps long. Trois d'entre elles concernent, de manière simultanée, ce premier temps de la reprise. EDF 8 ( * ) précise ainsi qu'une première étape a consisté à réalimenter les sites prioritaires , avec notamment l'installation de groupes électrogènes. Celle-ci a été achevée dans les dix jours. Une deuxième étape relative à l'ensemble des clients a pu être atteinte dans les cinq semaines, avec une réalimentation provisoire depuis le réseau ou des groupes électrogènes. Une troisième étape, ayant pour objet de sécuriser en protégeant du risque d'électrisation les lignes aériennes, a été achevée un mois et demi après la catastrophe.

C. UNE GESTION DES DÉCHETS COMPLEXE

1. L'enlèvement urgent, un enjeu de sécurité et de salubrité

Comme l'ont rappelé tant les services de l'État que les gestionnaires d'infrastructures de stockage et traitement des déchets, l'enlèvement des débris et déchets est un enjeu fort des jours suivant une catastrophe.

D'une part, certains déchets, notamment organiques, ou encore des cadavres d'animaux peuvent être facteurs de risques sanitaires . La détérioration de ceux-ci pourrait poser des questions de salubrité, en encourageant par exemple la prolifération d'insectes dans des territoires où sont présentes des maladies vectorielles.

Surtout, les services de sécurité civile ont insisté sur le risque que représentent ces déchets et débris qui sont autant de projectiles potentiels dans le cas de cyclones successifs par exemple. Ainsi, dans le cas d'Irma, l'arrivée de l'ouragan José sur des territoires déjà lourdement fragilisés et non encore déblayés faisait craindre d'importants dégâts dus à des taules ou autres débris métalliques notamment. C'est ce danger qui avait, aussi, conduit les autorités à ordonner une mesure de confinement face à l'arrivée de l'ouragan José.

Cependant, si l'enlèvement est une tâche urgente, elle n'est pas pour autant aisée : elle requiert, d'une part, la disponibilité des véhicules nécessaires à leur transport et, d'autre part, l'accessibilité des infrastructures de stockage et traitement . La centrale de traitement des déchets de Saint-Barthélemy 9 ( * ) a ainsi présenté aux rapporteurs son plan de sécurisation des infrastructures en cas d'alerte cyclonique . Cette procédure a permis, même après le passage du cyclone d'une intensité exceptionnelle qu'a été Irma, une réouverture presque immédiate des installations et donc un traitement rapide des déchets . La collectivité a également présenté les modalités d'élimination des déchets végétaux dans les jours suivants, notamment en les brûlant sur des terrains de la collectivité.

2. Des infrastructures limitées offrant des possibilités restreintes de traitement rapide

La configuration des territoires, leur taille souvent contrainte ou leur population peu nombreuse, correspond à des infrastructures disponibles de capacités adaptées aux flux habituels mais, plus rarement, à des situations exceptionnelles.

Dans le cas d'Irma, Saint-Barthélemy comme Saint-Martin ont organisé les ouvertures et accès aux centres de gestion des déchets selon les capacités et le niveau de saturation atteint, afin de maîtriser autant que possible le flux. Les opérateurs chargés de la gestion des déchets dans les deux territoires ont pu, durant le déplacement des rapporteurs, exposer leurs plans de gestion et les possibilités de traitement post-aléa. L'enjeu est d'éviter la saturation des infrastructures, tant dans les capacités de stockage que d'élimination, réutilisation ou évacuation des déchets.


* 7 Rapport n° 688 (2017-2018), de MM. Guillaume Arnell, Mathieu Darnaud et Mme Victoire Jasmin, sur les risques naturels majeurs dans les outre-mer (volet relatif à la prévention et à la gestion de l'urgence).

* 8 Contribution d'EDF.

* 9 Déplacement de la délégation à Saint-Martin et Saint-Barthélemy du 23 au 27 avril 2019.

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