Présentation des animations vidéo par Marie-Pierre Monier, membre de la délégation aux droits des femmes

Bonjour à toutes et à tous.

Madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, chère Chantal Jouanno,

Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs, mes chers collègues,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames les agricultrices,

Mesdames et Messieurs,

Je suis élue de la Drôme - Chantal Jouanno vous l'a dit - département agricole s'il en est, où les agricultrices sont particulièrement actives et dynamiques.

Au cours de la deuxième table ronde, nous entendrons d'ailleurs le témoignage d'une agricultrice drômoise investie dans l'agriculture biologique, ce dont je me réjouis tout particulièrement.

Je suis vraiment heureuse que ce colloque nous offre l'occasion d'une rencontre, inédite au Sénat, avec des femmes qui font vivre nos territoires par un travail de chaque instant. Conformément à l'habitude de la délégation aux droits des femmes, ce colloque sera ponctué de vidéos qui complèteront les propos de celles qui sont venues jusqu'à Paris pour témoigner devant nous de leur quotidien.

Comme vous l'avez expliqué, madame la présidente, avant de présenter les vidéos qui vont rythmer notre colloque, je vais vous donner lecture du message que Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt a souhaité nous adresser pour être présent parmi nous malgré l'obligation qui l'empêche de participer à cette rencontre.

Je suis très honorée de prononcer ce discours. Il n'est pas si courant qu'une femme puisse prendre la parole à la place d'un homme, et a fortiori d'un ministre porte-parole du Gouvernement...

Voici son message :

« Madame la présidente, mesdames et messieurs les élus, mesdames, messieurs,

« Une obligation de dernière minute m'empêche d'être présent parmi vous cet après-midi, mais je tenais malgré tout à vous adresser ce message.

« Si j'ai tenu à m'adresser à vous, et je remercie d'ailleurs Madame Chantal Jouanno de me permettre de le faire, c'est parce que je suis fier du bilan de mes presque cinq années passées à la tête de ce beau ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt. Je suis fier d'avoir pu faire avancer les droits des femmes dans ce milieu agricole auquel on ne pense pas forcément en premier en matière d'égalité femmes-hommes.

« C'est bientôt le 8 mars, mais comme le « 8 mars, c'est toute l'année », je profite de ce 22 février pour dresser un bilan non exhaustif mais particulièrement important à mes yeux, de notre action depuis cinq ans. Ce gouvernement a fait des droits des femmes une priorité pour que ces droits soient réels, dans tous les domaines, politique, professionnel, privé.

« Au ministère de l'Agriculture, nous avons, dès le début, dans notre feuille de route, intégré cet objectif d'égalité réelle dans toutes nos politiques : agriculture, forêt, agroalimentaire, développement rural, enseignement et au sein de notre administration.

« Les femmes ont une place essentielle en agriculture : elles représentent aujourd'hui un quart des chefs d'exploitations agricoles et neuf conjoints collaborateurs sur dix. 41 % des entreprises agricoles sont aujourd'hui créées par des femmes.

« Il faut rappeler que la place des femmes en agriculture a été améliorée depuis deux décennies, et que nous avons oeuvré à faire encore et toujours progresser les choses.

« Tout d'abord, en matière de droits sociaux, je tiens à insister sur le fait que les femmes sont les principales bénéficiaires du plan de revalorisation des petites retraites agricoles souhaité par le Président de la République et concrétisé dans la loi du 20 janvier 2014 garantissant l'avenir et la justice du système de retraites.

« En particulier, la mesure étendant la retraite complémentaire obligatoire (RCO) aux conjoints et aides familiaux pour les périodes d'activité antérieures à leur affiliation obligatoire en 2011, qui a bénéficié à 477 000 personnes au total en 2014, a permis à 266 000 femmes retraitées avant 2011 d'accéder à ce régime.

« Ensuite, de grands progrès ont également été faits pour que les agricultrices accèdent à une maternité plus sereine : le congé maternité pouvait n'être qu'un droit de papier, compte tenu des particularités des travaux agricoles, notamment dans l'élevage. Le service de remplacement permet de rendre ce droit effectif. La Mutualité Sociale Agricole, en lien avec le Ministère, a amélioré de manière importante l'information sur ce service. Il reste du chemin à faire, encore trop peu de femmes agricultrices y ont recours, en particulier pour des raisons de coûts du service, le différentiel restant à charge variant beaucoup selon les départements, ou de manque de disponibilité de remplaçants notamment dans l'élevage. Il faudra veiller à l'avenir à ce que la voie tracée continue d'apporter des progrès.

« En matière de protection sociale de manière globale, un guide sur les droits sociaux des agricultrices a été élaboré avec le service des droits des femmes. Ce guide recense les droits personnels et professionnels des femmes exerçant une activité agricole en matière de formation, d'accès aux prestations sociales, d'information statutaire, etc.

« En matière de parité aussi, il y a beaucoup à faire. Les femmes sont trop largement minoritaires dans les fonctions de représentations et de responsabilités.

« Ainsi j'ai commencé par rendre obligatoire la présentation d'au moins un tiers de personnes du même sexe sur les listes électorales des chambres d'agriculture, ce qui a permis d'augmenter le nombre de femmes élues (27,5 %). Cette mesure a, depuis, été inscrite dans la loi du 4 août 2014 pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. Néanmoins, il reste du travail à faire sur les mentalités, les résultats dans la réalité des différentes élections aux chambres d'agriculture ne sont pas à la hauteur de ce que l'on aurait pu attendre. Mesdames, il faut apprendre à faire entendre votre voix ! Messieurs, c'est le moment d'évoluer ! Toutes les études le prouvent, la mixité permet d'avancer mieux ensemble et d'obtenir de meilleurs résultats collectifs.

« C'est également pourquoi le principe d'une composition équilibrée (30 % de femmes minimum) dans les conseils d'administration des SAFER a été acté.

« La loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt d'octobre 2014, contenait également des mesures permettant une meilleure insertion et une plus grande reconnaissance des femmes dans la vie économique et professionnelle notamment en confortant les GAEC entre époux permettant ainsi une plus grande égalité femmes/hommes au sein même des exploitations, et en instaurant un dispositif d'installation progressive, particulièrement favorable aux femmes qui s'installent généralement plus tardivement.

« Par ailleurs, la loi d'avenir et la réforme de la PAC ont permis, dans les programmes de développement rural régionaux, l'accompagnement des créations d'entreprises agricoles par des femmes grâce à des aides au démarrage des petites exploitations et des conseils à l'investissement ciblés. Fin 2015, les Programmes de Développement Rural remis par les Régions ont ainsi intégré des initiatives en faveur des femmes. On y retrouve des initiatives heureuses et très innovantes en matière de parité, parfois pour la première fois.

« Parallèlement, de nombreuses actions de communication ont été menées, par le Ministère mais également par l'ensemble des acteurs institutionnels agricoles et de développement rural ces dernières années, et nous devons nous en féliciter collectivement. Je suis également fier d'être le premier ministre titulaire d'un portefeuille économique à avoir signé la « charte pour une communication sans stéréotypes de genre ».

« Enfin, les femmes sont de plus en plus nombreuses dans l'enseignement agricole technique et supérieur, elles y représentent 50 % des effectifs, elles y voient une filière d'avenir et je m'en réjouis ! L'enseignement agricole s'est de longue date pleinement engagé dans la défense des valeurs de la République, et le respect de l'égalité femmes/hommes en fait pleinement partie, tout comme la lutte déterminée qui doit continuer d'être menée, au quotidien, notamment dans nos établissements scolaires contre les préjugés et contre les violences faites aux femmes.

« Nous ne devons en aucun cas nous arrêter là, la route est longue, mais faisons ensemble le voeu, non pieux, que la traversée soit rapide !

« Je vous remercie pour vos travaux d'aujourd'hui et resterai attentif à ce sujet de travail jusqu'au dernier jour de mon mandat.

« Stéphane Le Foll »

J'en viens aux vidéos qui ont été projetées avant le début de ce colloque et que nous allons regarder dans les heures qui viennent. Ces vidéos n'ont pas la prétention de présenter un panorama complet de la situation des agricultrices en France aujourd'hui. L'idée, à partir d'interviews d'agricultrices de Lorraine, de Bourgogne et du Nord, est de montrer comment les femmes parviennent à faire leur place dans un monde qui demeure très masculin et comment, à force de passion et de travail, elles contribuent à faire avancer leur métier par-delà leur statut juridique, leur spécialisation ou leur implantation géographique.

Ces vidéos font intervenir des agricultrices de générations diverses. L'une des agricultrices interviewées est responsable d'une exploitation laitière dans les Vosges, une autre gère une ferme auberge en Moselle, une autre encore est maraîchère dans le Nord et plaide pour la biodiversité.

Ces vidéos ont été réalisées dans la perspective de prix destinés à mettre en valeur le travail des agricultrices : les Trophées de l'installation , organisés chaque année par Jeunes Agriculteurs et le prix régional Des femmes en agriculture , organisé en Lorraine en 2014-2015. Des prix comparables existent aussi en Lozère, en Bretagne et dans le département des Ardennes. Il faut encourager ces initiatives, destinées à mettre à l'honneur des agricultrices et à susciter - il faut l'espérer - des vocations chez les plus jeunes.

Je retiendrai des agricultrices qui interviennent dans ces vidéos les mots clé suivants, qu'elles utilisent pour caractériser leur métier : « passion », « courage », « polyvalence », « défi », « effort », « engagement », « audace ».

Je vous livre des phrases qui, dans ces vidéos, m'ont tout particulièrement frappée. Je pense que ces phrases pourront nous accompagner tout au long de cet après-midi.

Certaines rappellent d'abord que la présence des femmes dans l'agriculture n'est pas un fait nouveau : « Il ne faut pas oublier que ce sont les femmes qui, pendant les guerres, ont fait tourner les usines et les exploitations agricoles ! ».

D'autres propos illustrent à la fois la dureté de ce travail et combien leurs efforts peuvent être une source de satisfaction : « Quand je suis à bout de force, je rentre chez moi et je me dis que je suis fière de moi ! ».

Des phrases mettent en valeur l'apport des femmes à l'agriculture : « Les femmes sont vraiment la valeur ajoutée des exploitations agricoles », « Les femmes sont incontournables pour faire avancer le métier, et plus encore ! ».

Des interventions soulignent également ce que les agricultrices apportent, non seulement à leur métier, mais aussi et plus généralement à la vie rurale dans son ensemble. L'une d'entre elles dit : « Une femme qui est sur une exploitation agricole, c'est une femme (...) qui fait vivre le tissu du monde rural ».

Une autre femme interviewée note avec satisfaction la combativité de la jeune génération des agricultrices : « La nouvelle génération est encore plus arcboutée sur (ses) droits, et ça c'est génial ! Elles se laisseront moins faire que nous. Elles oseront, parce que dans le monde agricole, il faut oser, oser passer outre les hommes parce que c'est un monde macho ! ».

On note enfin un certain optimisme sur le fait que l'agriculture soit un métier d'avenir : « Il y a de l'avenir dans l'agriculture pour les agricultrices comme pour les agriculteurs ».

Je vais laisser la conclusion à Christine Mougin, cheffe d'une exploitation laitière et céréalière dans les Vosges, qui témoigne de sa passion pour son métier malgré toutes les difficultés qui le caractérisent. Elle nous dit : « J'adore ce que je fais, il n'y a pas de plus beau métier. » (Applaudissements.)

Chantal Jouanno, présidente de la délégation aux droits des femmes . - Nous allons donc lancer tout de suite la première table ronde, qui porte sur les défis auxquels sont confrontées les agricultrices. J'invite Didier Mandelli et les participantes de cette première séquence à nous remplacer à la tribune.

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