Introduction par Chantal Jouanno, présidente de la délégation aux droits des femmes

Monsieur le président,

Mes chers collègues,

Mesdames, Messieurs,

Je dois vous dire, mesdames, que le président du Sénat est toujours extrêmement présent aux côtés de la délégation et qu'il soutient de manière permanente nos travaux, quels qu'en soient les sujets. Celui qui nous réunit cet après-midi lui tient particulièrement à coeur. Je tiens vraiment à le remercier - parce que je n'en aurais peut-être pas l'occasion à l'avenir - pour le soutien qu'il manifeste toujours à l'égard des travaux de la délégation, pour son intérêt et les temps d'échanges qu'il nous consacre. Un grand merci, monsieur le président.

Vous avez rappelé que cette rencontre se situe dans un contexte qui, après le décès du président de la FNSEA, conduit pour la première fois, de manière intérimaire, une femme à la tête de ce grand syndicat, à quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture.

Pour être honnête, cela fait plusieurs mois que je subis des pressions extrêmement fortes de la part de mes collègues, masculins comme féminins, pour inscrire cette question des agricultrices à l'ordre du jour de notre délégation.

C'est vrai que le Sénat est l'assemblée des territoires, et qu'il est extrêmement attaché au monde rural. Cependant, il fallait trouver le bon moment pour inscrire cette question à notre agenda.

Nous aurions pu le faire le 15 octobre dernier, puisque c'est la date choisie par l'ONU pour célébrer la Journée internationale de la femme rurale.

À quelques jours du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, et à la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture, nous avons pensé qu'il y avait là une très belle opportunité d'aborder la question des agricultrices. C'était la meilleure occasion pour nous et c'est pour cela que nous nous réunissons aujourd'hui.

J'ai reçu un courriel d'une agricultrice qui, s'excusant de ne pas pouvoir venir, espérait que notre réunion ne serait pas un « énième colloque pour rien ». Elle nous rappelait combien la situation de l'agriculture est difficile, peut-être plus encore quand on est une femme.

Je voudrais tout de suite vous rassurer - d'ailleurs ma collègue Brigitte Gonthier-Maurin viendra tout à l'heure vous exposer la manière dont nous allons travailler - ce colloque n'est pas un rendez-vous unique, mais le début d'un travail de fond. Nous avons souhaité qu'il engage une dynamique d'échanges sur les nombreux sujets à traiter. D'ailleurs, le président du Sénat en a évoqué quelques-uns. Nous voulons créer cette dynamique avec tous les acteurs de l'agriculture, et les agricultrices en particulier, avec tous les témoins qui ont accepté de venir aujourd'hui pour nous parler de leur quotidien. Ces témoins vont probablement nous dire que, dans le monde de l'agriculture, il peut encore exister quelques stéréotypes - on en connaît quelques-uns en politique : j'imagine que le monde de l'agriculture aussi. Il y aura donc une suite aux débats que nous aurons cet après-midi.

Il faut reconnaître que des évolutions ont permis des progrès. Le président du Sénat vient d'en parler. Mais la question est de savoir si les choses changent assez vite.

Tout d'abord, notre législation, fort heureusement, a accompagné les évolutions du monde agricole et a créé le statut des conjoints collaborateurs, en 1999. Cette réforme a apporté une certaine reconnaissance aux femmes qui ont si longtemps travaillé dans l'ombre. On peut certainement aller plus loin pour une meilleure prise en compte de leur travail, mais cette avancée législative constitue déjà un progrès...

Ensuite, je ne veux pas empiéter sur ce que vont nous apprendre les tables rondes successives, mais on sait que les femmes représentent aujourd'hui une part non négligeable des chefs d'exploitations agricoles : cette proportion est aujourd'hui d'un peu plus d'un quart.

Cela fait un point commun entre les agricultrices cheffes d'exploitation et les sénatrices, puisque nous aussi, nous représentons un quart des membres du Sénat... Même si, vous l'avez compris, c'est nous qui portons les principaux sujets... Que mes collègues sénateurs ne m'en veuillent pas !

Autre point positif, les femmes qui s'engagent aujourd'hui dans l'agriculture ne le font plus pour accompagner leur conjoint. De plus en plus de femmes viennent à l'agriculture avec un projet professionnel personnel, indépendamment de leur conjoint. Ce sont vraiment des projets réfléchis, à l'issue d'une formation. Comme le soulignait le président, les femmes sont parfois plus diplômées dans le monde de l'agriculture que les hommes. Autre évolution positive, de plus en plus de femmes accèdent à la gouvernance de la profession et aux réseaux de femmes qui se sont mis en place.

Mais ces progrès sont-ils assez rapides ? Répondent-ils à toutes vos demandes, à toutes vos interrogations ? Que pouvons-nous faire, nous législateur ? Que pouvons-nous conseiller au Gouvernement pour améliorer encore la situation ?

Ces questions, nous allons commencer à les poser pendant ce colloque grâce à vos témoignages, aux interventions d'une universitaire et de sénatrices et sénateurs de la délégation.

Il y aura ensuite un groupe de travail qui va poursuivre jusqu'au mois de juillet les réflexions commencées aujourd'hui. Tous les groupes politiques seront représentés dans ce groupe de travail : c'est très important pour la délégation aux droits des femmes. Nous sommes très attachés au consensus qui permet que nous nous sentions toutes et tous engagés par ce qui a été décidé et voté dans le cadre de la délégation, afin de continuer à porter ces sujets dans la durée.

Une première table ronde portera donc sur les défis auxquels sont confrontées les agricultrices. Elle sera animée par Didier Mandelli, sénateur de la Vendée. Didier Mandelli est très actif au sein de la délégation, preuve que les hommes peuvent aussi porter la cause de l'égalité !

Ensuite, nous envisagerons les innovations dont les femmes sont porteuses dans l'agriculture. Cette deuxième table ronde sera animée par Françoise Laborde, élue de Haute-Garonne et vice-présidente de la délégation.

Enfin, année électorale oblige, nous allons au cours d'une dernière table ronde faire intervenir des agricultrices qui, parallèlement à leur métier, sont engagées en politique. C'est un double défi : être agricultrice et engagée en politique. Cette séquence sera animée par Annick Billon, sénatrice de la Vendée. La Vendée est décidément très active ! C'est curieux, je n'entends pas la Bretagne... (Réactions dans la salle.)

En conclusion, nous entendrons Brigitte Gonthier-Maurin, ancienne présidente de la délégation. Fortement engagée dans nos travaux, elle a été parmi les premières à proposer que la délégation investisse la thématique des agricultrices.

Avant de passer la parole à ma collègue Marie-Pierre Monier, je voudrais que l'on salue les représentantes ici présentes de l'association Le Perche Rose dont les membres, agricultrices, sont également très mobilisés contre le cancer. Je vous invite fortement à visiter leur site Internet et à faire connaissance avec l'initiative qu'elles ont prise pour mettre en valeur leur région et leur agriculture, au service de la recherche contre le cancer.

Maintenant Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme, département très impliqué dans l'agriculture biologique, va vous présenter les vidéos dont la projection rythmera notre colloque. Avant cela, elle va nous donner lecture d'un message qui nous est tout spécialement adressé par le ministre de l'agriculture, empêché de participer à notre colloque.

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