À l’initiative de Jacky Deromedi (LR - Français établis hors de France), la délégation sénatoriale aux entreprises a organisé une table ronde consacrée à la situation des entreprises françaises implantées à l’étranger, "grandes oubliées du plan de relance". Pour la sénatrice, "aucune aide spécifique n’a été accordée à ces PME et TPE alors que leur contribution au développement de notre commerce extérieur et au rayonnement de la France est indéniable".

La crise frappe pourtant durement les EFE, comme le rappelle Alain Bentejac, président du comité national des conseillers du commerce extérieur (CCE) de la France, mentionnant une enquête réalisée l’été dernier auprès de 600 entreprises : 70 % d’entre elles prévoyaient déjà une forte diminution de leur chiffre d’affaires. Or 87 % ne bénéficient d’aucune aide dans leur pays de résidence et 69 % d’entre elles ont des partenaires ou des fournisseurs français. "La fragilité des EFE dans le contexte actuel pèse donc fortement sur le commerce extérieur de notre pays". La menace est d’autant plus forte que les réseaux qui les accompagnent sont également touchés. Pour Renaud Bentegeat, président de CCI France International, "la crise remet en cause le modèle économique du réseau international des CCI qui permet d’héberger des entreprises françaises à l’étranger".

Parmi les solutions avancées et relayées par les intervenants précités et par Alain Pierre Mignon, président de la Caisse des Français de l’étranger (CFE) ainsi que Marc Villard, président de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) :

  • Encourager les entreprises exportatrices françaises à vendre plus facilement des produits, services ou technologies aux EFE, par le biais de "crédits relais" du type crédit fournisseur de plus longue durée qu’actuellement, accessibles pour des petits montants ;
  • Étendre le dispositif ARIZ qui deviendrait une sorte de "PGE pour EFE". Cette garantie en perte finale, proposée aujourd’hui par l’AFD aux institutions financières, est insuffisante (50 à 75 % d’un prêt) et se limite à quelques pays africains. Son extension à tous les pays, associée à une meilleure garantie via Bpifrance, aiderait considérablement les EFE ;
  • Constituer des comités nationaux d’instruction des demandes d’aide, regroupant CCI, les conseillers du commerce extérieur, Business France et élus représentant les Français de l’étranger. Ces experts permettraient d’identifier les EFE qui contribuent le plus au développement du commerce extérieur à partir de critères objectifs ;
  • Mettre en place un fonds de solidarité pour les EFE ou des prêts participatifs de l’État ;
  • Soutenir le projet de structure commune aux CCI et CCE pour encourager le recrutement de volontaires internationaux en entreprise (VIE) et renforcer l’accessibilité à cette ressource humaine aux PME et TPE.

Pour Serge Babary (LR – Indre-et-Loire), président de la délégation aux entreprises du Sénat, "Il faut agir vite, avec des objectifs clairs, des critères simples et des mesures faciles d’accès. Nous n’avons pas le temps de nous lancer dans des solutions dont la mise en œuvre prendrait trop de temps, c’est le soutien de notre économie qui est en jeu".

La prochaine table ronde, le 26 novembre, réunira sur le même thème les acteurs de la politique publique d’aide aux EFE. Jacky Deromedi, rapporteur, présentera les conclusions de sa mission à la délégation le 10 décembre prochain, date à laquelle cette dernière prévoit également d’auditionner Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.

L'activité du Sénat se déroule dans le strict respect des conditions sanitaires dictées
par la nécessité d'enrayer la pandémie de COVID-19.

Philippe PÉJO
presse@senat.fr