Colloque Sénat-UbiFrance sur l'Ukraine



Les voies de la réussite

Jacques MOUNIER
Président de la section Ukraine des CCEF et
Directeur général de Caylon Banque Ukraine

Mon intervention sera moins optimiste que les précédentes. Lors des précédents colloques, on me demandait de parler de « la réussite des entreprises en Ukraine ». Aujourd'hui, on me demande d'évoquer les « voies de la réussite ».

Tout d'abord, la « Révolution orange » a levé nos derniers doutes quant au caractère européen de l'Ukraine et quant à sa volonté d'entrer dans l'Union Européenne. Il s'agit d'un fait radicalement nouveau : l'Ukraine va converger vers l'Europe. Les entreprises, en outre, font montre d'un intérêt manifeste vis-à-vis de ce pays.

Les entreprises étrangères cherchent à produire en Ukraine. Toutefois, elles aspirent également à distribuer et à vendre. En effet, l'Ukraine présente de grands avantages dans tous ces domaines, tout particulièrement en termes de production. Je vous invite à y réfléchir.

Plus généralement, je vous invite à comprendre l'Ukraine. Comprendre l'Ukraine, c'est comprendre qu'il s'agit encore largement d'un pays de « paysans paisibles ». Comprendre l'Ukraine, c'est comprendre également que ce pays a vécu sous un régime de terreur pendant longtemps. Il faut bien avoir à l'esprit que l'Ukraine est le pays des « doubles standards ». Ainsi, avant de changer drastiquement ce pays, plusieurs générations seront nécessaires. En outre, comprendre l'Ukraine, c'est comprendre que la « Révolution orange » a clairement changé la donne, de manière irrémédiable. Comprendre l'Ukraine, enfin, c'est comprendre que ce pays éprouve des difficultés en matière de planification et de gestion. Nous avons souvent une impression de désordre, voire d'incompétence. Toutefois, les mesures visant à réduire le nombre de fonctionnaires devraient y remédier.

L'Ukraine, évidemment, bénéficie de nombreux atouts.

- Sa position géographique est enviable

- Les coûts salariaux y sont bas.

- La population est européenne, éduquée, motivée et obéissante.

- Son marché est riche de 47 millions d'habitants.

- L'ouverture à l'Europe est une réalité.

Toutefois, l'Ukraine pâtit de quelques points faibles.

- Les infrastructures sont de qualité variable, de même que la main d'oeuvre.

- La bureaucratie « historique » reste présente.

- Le système éducatif s'étiole.

- Les administrations sont lourdes et opaques.

- Les lois et les règlements sont difficiles à comprendre et parfois contradictoires.

- Les doubles standards sont légion.

- La corruption reste de mise.

Dans ces conditions, comment est-il possible de réussir en Ukraine ? Je crois qu'il faut y venir, y revenir et faire preuve d'humilité. Il ne faut pas hésiter à demander des conseils. Il faut également faire preuve d'organisation et ne pas hésiter à recourir à des partenaires. De plus, il convient d'être connu et respecté et de ne pas céder à la corruption. En outre, il ne faut pas hésiter à former des jeunes, tout en s'adjoignant les services d'expatriés expérimentés.

Je profite de la présence de Monsieur Teriokhine pour rappeler qu'il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Tous les projets de l'Ukraine (entrée dans l'OMC ou entrée dans l'Union Européenne) prendront du temps. Avant cela en effet, l'Ukraine doit tout faire pour créer les conditions de la compétitivité.