Second atelier :
Tourisme et réserves foncières

Maître Hanna KEYSERLINGK, avocat Cabinet HK-Fidafrica, Antananarivo

Vincent DESOBRY, Directeur général, Océane Aventures, Antananarivo

Michel LECALOT, Directeur régional Air France

Vincent DESOBRY

En 2002, Madagascar a accueilli 170 000 étrangers, à comparer aux 190 000 arrivées enregistrées dans les aéroports malgaches. Sans tenir compte des voyages que je qualifierais d'institutionnels (cf. ONG, expatriés...), les touristes représentent environ 100 000 personnes.

Aujourd'hui, Madagascar compte 745 hôtels - soit 8 400 chambres - dont une centaine affichent une à trois étoiles et une trentaine sont de classe internationale. Le secteur touristique générait 17 000 emplois avant la crise de 2002, les agences de voyages et autres tour-opérateurs représentant 345 entreprises. La recette touristique de Madagascar s'élevait à 90 millions d'euros en 2001, avec un coefficient de remplissage des hôtels entre 63 % et 64 %.

Je vous rappelle par ailleurs que le potentiel touristique de Madagascar est grand avec ses 587 000 kilomètres carrés de superficie, ses 5 000 kilomètres de côtes, ses 18 ethnies, sa variété climatique et culturelle. Pour moi, la demande n'est pas un problème, Madagascar peut y faire face en offrant un tourisme équitable et un tourisme vert avec ses 16 parcs nationaux et ses 20 aires protégées et réserves sous-marines.

Aujourd'hui, l'industrie mondiale du tourisme se pose moult questions suite aux attentats du 11 septembre 2001. Madagascar étant située en dehors des zones à risques, son potentiel touristique n'en est que plus fort. Il nous faudra toutefois résoudre certains problèmes, au nombre desquels l'insuffisance des vols long courrier et l'insuffisance en termes de capacité hôtelière - ce qui passe par la nécessaire résolution du problème de sécurisation foncière.

D'ores et déjà, les autorités malgaches nous envoient des signes positifs. J'en veux pour preuve le fait que le Gouvernement a fait appel à un cabinet de consultants (Lufthansa Consulting) pour définir une politique touristique pertinente.

Pour conclure, j'insisterai sur l'extraordinaire potentiel de la Grande Ile : ses côtes, ses paysages, sa culture, le sens d'hospitalité de ses habitants. Nous avons aujourd'hui, à mon sens, trop négligé ces aspects. C'est pourquoi, afin d'apprendre à aimer ce pays, je ne saurais trop vous conseiller d'investir dans des vacances à Madagascar.

De la salle

Je fais partie d'une structure réunionnaise qui depuis de nombreuses années a initié une politique de coopération décentralisée avec Madagascar. Cette coopération entre collectivités locales s'avère pour le moins fructueuse. On doit déplorer, à cet égard, que les établissements bancaires ne soient que très peu au service des communes. Il est, selon moi, grand temps de créer à Madagascar une banque qui réponde à leurs besoins spécifiques car n'oublions pas que le développement durable passe immanquablement par un développement local. Cela vaut particulièrement pour le secteur touristique : rien ne sert de multiplier les vols si, sur place, les infrastructures hôtelières ne sont pas en mesure d'accueillir l'ensemble des touristes visitant l'Ile.

De la salle

Quel type de tourisme entendez-vous privilégier ?

Vincent DESOBRY

Le Cabinet de consultants de Lufthansa n'a pas encore rendu son rapport. Toutefois, ainsi que Hafez Ghanem le signalait ce matin, la Banque Mondiale plaide davantage en faveur du développement de l'éco-tourisme, le pays disposant de parcs naturels vastes et merveilleux. S'agissant du tourisme de masse, la plupart des opérateurs sont réticents à la construction de grands ensembles hôteliers, compte tenu des problèmes d'infrastructures ou d'approvisionnement en énergie, pour ne citer que ces exemples.

L'éco-tourisme que nous appelons de nos voeux sera davantage orienté vers une clientèle américaine dont le pouvoir d'achat est plus élevé que celui des Français, qui constituent, à ce jour, 66 % de la population touristique.

Je me dois également de vous indiquer que le gouvernement prévoit de créer des réserves foncières, fonctionnant sur le modèle des zones franches. Pour autant que je sache, un office de tourisme malgache devrait également voir le jour en France. Ce sont là deux avancées considérables. Sachez également que l'Ile sera représentée lors des prochains salons du tourisme à Paris et à Lyon notamment.

Maître Hanna KEYSERLINGK

Le développement du tourisme à Madagascar suppose que l'on résolve les problèmes fonciers que connaît actuellement le pays. Il faut espérer que les réserves foncières touristiques - mises en oeuvre à l'initiative de l'ancien Gouvernement - porteront leurs fruits.

Michel LECALOT

La Compagnie Air France est présente à Madagascar depuis de nombreuses années. Tout ce que j'ai eu l'occasion d'entendre au cours de cette journée d'échanges me conforte dans l'idée que Madagascar sera d'ici peu une destination très prisée en Europe.

Espérons également que nous compterons un certain nombre d'investisseurs car la rentabilité d'une ligne aérienne résulte d'un bon mix entre transport de touristes et acheminement d'investisseurs. Sachez également qu'Air France compte augmenter ses vols cargo à destination de la Grande Ile.

Un représentant du Club Méditerranée

Quelles sont les perspectives de développement aéroportuaire dans le sud de l'Ile ?

Jean-François PINOT, Directeur de Nouvelles Frontières

Je tenais simplement aujourd'hui à vous faire part d'une excellente nouvelle : la campagne que nous avons lancée au mois de septembre 2002, pour relancer le tourisme vers Madagascar après la crise, porte déjà ses fruits et nous devons nous en féliciter.

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