IV. LE SYSTÈME ÉDUCATIF FINLANDAIS

En mai dernier, le groupe d'amitié avait organisé un débat au Sénat sur ce thème, en présence de Mme Heljä Misukka, secrétaire d'État à l'Éducation. Elle confiait alors, non sans humour, qu'elle préfèrerait parfois que les résultats de l'enquête « PISA » de l'OCDE soient moins favorables, ce qui créerait les conditions pour une nouvelle remise en cause, source d'amélioration du système.

C'est donc tout naturellement que, dans ce prolongement, le groupe d'amitié a souhaité inscrire cette thématique au programme, sans pour autant « faire doublon » avec les travaux de la commission de la Culture qui avait rendu un rapport très approfondi sur le sujet 12 ( * ) .

PISA

Le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est une enquête menée par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) tous les trois ans, à laquelle participent les 30 pays membres et de nombreux pays partenaires. Elle évalue l'acquisition de savoirs et savoir-faire essentiels à la vie quotidienne au terme de la scolarité obligatoire. Les tests portent sur la lecture, la culture mathématique et la culture scientifique et se présentent sous la forme d'un questionnaire de fond. Officiellement lancé en 1997, les premières collectes de données du PISA ont eu lieu en 2000, les suivantes en 2003, 2006 et 2009.

Plutôt que la maîtrise d'un programme scolaire précis, PISA teste l'aptitude des élèves à appliquer les connaissances acquises à l'école aux situations de la vie réelle.

La délégation s'est rendue dans un lycée d'Helsinki, le Helsingin normaallilyseo , qui présente la particularité d'être établissement d'accueil des futurs enseignants au cours de leur formation. Elle a rencontré les membres du corps enseignant et son responsable. Puis, la visite des locaux a permis de ressentir « l'ambiance » qui y régnait. Une rapide description s'impose : les lycéens sont en petits groupes ; ils se retrouvent pour certains autour d'espaces de convivialité (tables, chaises, fauteuils, disposés dans les couloirs spacieux...). L'école est ouverte. Nos interlocuteurs nous le confirmerons au cours des entretiens, l'école est conçue comme un lieu ouvert sur l'extérieur , sans qu'ils aient pour autant à déplorer de problèmes de sécurité. Au sein de la classe d'histoire où nous avons assisté à la fin du cours, les échanges entre les élèves et le professeur sont soutenus.

La part du PIB consacrée aux dépenses d'éducation en Finlande se situe dans moyenne de l'OCDE ; le salaire des enseignants y est équivalent à celui offert en France. Dès lors, comment expliquer les très bons résultats des écoles finlandaises ?

Les éléments caractéristiques de ce système décrits ci-après tentent de répondre à cette question.

Structure du système éducatif :

Tableau extrait de l'ouvrage de M. P. Robert, La Finlande : un modèle éducatif pour la France ? , p. 27

L'entrée dans le système scolaire se fait à l'âge de 7 ans, avec la possibilité d'une année de préparation à l'école primaire optionnelle (dans les faits, une très grande majorité d'enfants la suit). Le socle de l'éducation fondamentale, correspondant à l'école primaire (classes à 1 à 6) et au collège (classes 7 à 9), est de plus en plus réuni en un seul et même établissement.

Quelques éléments-clefs

Scolarité obligatoire jusqu'à 17 ans

38 semaines de travail (36 en France)

Taux d'obtention d'un diplôme de l'enseignement supérieur pour les 25-34 ans en 2006 : 38,5 % (41,4 % en France)

Dépenses d'éducation du PIB (2004) : 6,1 % (moyenne OCDE : 6,3 %)

A. UN SYSTÈME DÉCENTRALISÉ

Le système éducatif finlandais est passé en trente ans d'une structure administrative centralisée à une organisation décentralisée . Si un socle commun et des orientations nationales garantissent des objectifs identiques sur le territoire, les moyens de les atteindre sont laissés à l'appréciation des acteurs de l'éducation . Trois niveaux administratifs sont en charge du domaine :

- Le ministère de l'Éducation s'occupe du budget national de l'éducation et le répartit auprès des municipalités qui gèrent directement les établissements scolaires. Le ministère est une administration à effectif réduit chargée des orientations nationales de la politique d'éducation. Il a notamment en charge les fondements législatifs, les qualifications des enseignants ou encore les grilles horaires. Les syndicats enseignants sont associés à la réflexion sur les différents chantiers très en amont des réformes.

- Le Conseil national finlandais de l'Éducation se charge de l'élaboration des programmes, des supports pédagogiques ou encore de la supervision du système des affectations en lycées.

- Les municipalités gèrent librement les établissements scolaires de leur territoire. Elles financent leurs structures conjointement avec l'État, mais gèrent également tous les aspects de la vie quotidienne des établissements. Elles recrutent le corps enseignant, décident des créations d'établissements et définissent les effectifs des classes. Elles peuvent décider d'ouvrir également des enseignements optionnels. Elles garantissent enfin l'autonomie des établissements qui ont une grande liberté d'action dans leurs orientations et choix pédagogiques.

Paradoxalement, cette autonomie n'est pas créatrice d'inégalités entre les municipalités , qui, si elles veulent rester attractives auprès des familles, se doivent de garantir la qualité de l'enseignement.

D'une manière générale, les établissements ne sont pas comparés les uns par rapport aux autres , par exemple par le biais de classement en fonction de leurs résultats.


* 12 Rapport d'information n° 399 du 7 avril 2010 au nom de la commission de la Culture, de l'Éducation et de la Communication à la suite d'une mission effectuée en Finlande du 7 au 9 septembre 2009, par Mme Colette MÉLOT, M. Pierre MARTIN, Mme Françoise CARTRON, M. Claude DOMEIZEL et Mme Lucienne MALOVRY.

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