SÉANCE

du mardi 18 juillet 2017

8e séance de la session extraordinaire 2016-2017

présidence de M. Gérard Larcher

Secrétaires : M. Claude Haut, Mme Colette Mélot.

La séance est ouverte à 14 h 20.

Le procès-verbal de la précédente séance est adopté.

Hommage à Patrick Masclet

M. Gérard Larcher, président du Sénat .  - (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent ainsi que M. le ministre de l'action et des comptes publics.) C'est avec une grande tristesse que j'accomplis une nouvelle fois devant vous un devoir d'amitié et de fidélité en saluant solennellement dans notre hémicycle la mémoire d'un collègue disparu.

Patrick Masclet nous a quittés le 4 juin dernier. Il s'est éteint à l'hôpital Percy de Clamart où il luttait avec un courage exceptionnel contre la maladie. Et pourtant, nous avions tous, avec lui, repris espoir.

C'est au nom du Sénat que je l'ai accompagné le 9 juin en l'église Saint-Nicolas d'Arleux, sa commune, où nous étions autour de sa famille et de ses amis. Nous lui avons rendu hommage en présence de plusieurs d'entre vous, notamment M. Darmanin, le président Bruno Retailleau, de nombreux collègues des départements du Nord et du Pas-de-Calais, dont Jean-René Lecerf.

Cette belle cérémonie, dans cette église qu'il avait contribué à restaurer, cet adieu émouvant au milieu des siens, dans cette commune d'Arleux à laquelle il était si profondément attaché, trouvent aujourd'hui leur écho dans cet hémicycle.

Sa maladie, sa lutte, Patrick Masclet en parlait avec sincérité et lucidité malgré une pudeur naturelle. Son combat ne l'a jamais empêché de continuer à suivre, jusqu'à ses derniers jours, la vie de son département et les travaux du Sénat.

Je souhaite exprimer une nouvelle fois à Mme Masclet, à leurs enfants Stéphanie et Pierre-Antoine, à leur famille et à tous leurs proches nos pensées au nom du Sénat.

Avec Patrick Masclet, c'est une figure majeure de l'Arleusis et l'un des élus les plus respectés du département du Nord qui s'en est allé...

Il était un maire, un président de l'association des maires du Nord, un parlementaire, un humaniste à la fois pondéré et chaleureux, un serviteur de la République, constamment dévoué à l'intérêt général, et un défenseur inlassable des communes rurales de son département.

Patrick Masclet aimait les gens. Il était attentif, en étant toujours à l'écoute de chacun.

Calme, il était aussi volontaire et énergique dans l'action. Homme de terrain comme de dossiers, il ne laissait place ni à la résignation ni au scepticisme.

Serviteur de la République, il a toujours été porteur des valeurs du gaullisme. Lui qui aimait profondément l'Irlande, peut-être a-t-il arpenté dans la baie de Cashel dans le Connemara cette même plage qui vit le Général de Gaulle un temps s'en aller ?

« C'est dans le combat que se révèlent les hommes que notre peuple jugera dignes et capables de diriger ses actions », écrivait Charles de Gaulle.

Au fond, Patrick Masclet, dans sa simplicité, était de ces hommes-là.

Né dans le Nord, à Waziers, Patrick Masclet aimait à raconter qu'enfant, il accompagnait son père à la pêche dans les marais d'Arleux - la pêche une passion qui ne l'a jamais quitté - une commune dont il deviendra le premier magistrat durant près de vingt-deux ans.

Patrick Masclet a aussi accompli une longue carrière d'enseignant. Après un diplôme universitaire de technologie de génie électrique, un diplôme d'études approfondies d'automatique, l'École normale de Lille et l'École normale nationale d'apprentissage en électronique, il était agrégé de génie électrique.

Sa carrière de professeur agrégé le conduisit successivement à Valenciennes, à Cambrai et à Douai, avant d'être chargé de la formation des professeurs de génie électrique à l'Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Villeneuve-d'Ascq et d'être professeur en BTS au lycée Pasteur à Hénin-Beaumont.

Patrick Masclet s'investit très tôt dans le milieu associatif. Soucieux de se mettre au service de ses concitoyens et animé par le désir de justice, cet engagement associatif le conduisit bientôt à s'engager dans les responsabilités locales.

Il le fit d'abord comme maire d'Arleux, à la croisée du canal du Nord et du canal de la Sensée, élu en 1995, réélu sans cesse, et en 2014 avec plus de 78 % des voix...

Il le fit aussi comme conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais durant plus de dix-sept ans et comme président attentif de l'Association des maires du Nord.

Il le fit enfin comme membre du bureau en charge de la cohésion sociale, à l'Association des maires de France (AMF).

Récemment, il disait encore : « J'ai été un maire heureux et comblé. Je n'ai été que locataire, mais j'ai essayé de garder la maison dans le meilleur état que je pouvais, j'ai même essayé de l'embellir (...) Nos services publics ont été améliorés et diversifiés, et les services marchands ont été étoffés. La ligne politique de tous nos mandats, déclarait-il à son conseil municipal, c'était : bien vivre et vieillir au village. ».

Le 1er mars dernier, il cessa d'être maire, sans gaîté de coeur : « C'est un déchirement et un crève-coeur. La fonction de maire est une mission exaltante et passionnante qui, humainement, m'a beaucoup apporté. ».

Il fit bien sûr ce choix de prendre du recul, pour se mettre en conformité avec la loi, mais il le fit surtout par raison : « J'ai encore l'envie, mais il faut être raisonnable. Molière meurt en scène, et après ? »

Figurant en troisième position sur la liste conduite aux élections sénatoriales de septembre 2011 par Valérie Létard, Patrick Masclet nous avait en effet rejoints le 22 avril 2015 sur les bancs du Palais du Luxembourg pour y représenter le département du Nord.

Devenu président du conseil départemental du Nord, Jean-René Lecerf ne voulait pas, je le cite, « être un sénateur TGV ». Patrick Masclet se tenait, de même, très attentif aux souffrances et aux espérances de son département.

Patrick Masclet fut, je le crois, un sénateur heureux, au sein du groupe Les Républicains et un membre actif et estimé de la commission des lois, dont les travaux le passionnaient et dont il considérait non sans raison qu'elle est « un peu le coeur du réacteur du Sénat ».

Durant les vingt-cinq mois qu'il passa parmi nous, Patrick Masclet fut un défenseur inlassable des collectivités locales, notamment des communes rurales.

Il rapporta ainsi, en avril 2016 devant le Sénat, au nom de la commission des lois, avec conviction et avec succès, la proposition de loi de Jacques Mézard, devenu ministre depuis, modifiant la loi NOTRe (« Nouvelle organisation territoriale de la République ») souhaitant par pragmatisme et bon sens rallonger d'un an le délai d'entrée en vigueur des nouvelles intercommunalités.

Malgré les contraintes du traitement qu'il subissait, Patrick Masclet suivit jusqu'à ses tout derniers jours, avec une attention constante, les travaux du Sénat. Comment ne pas mentionner le café que nous avions partagé dans mon bureau quelques jours avant sa mort ?

J'ai relu avec émotion l'une des dernières interventions qu'il fit dans cet hémicycle, le 15 mars dernier, lors de l'examen du rapport d'information de la mission de contrôle et de suivi de la mise en oeuvre des dernières lois de réforme, et qui commençait par ces mots : « C'est pour moi un plaisir de vous retrouver après quelques mois d'absence... Je veux vous apporter mon témoignage d'élu du Nord... ».

Patrick Masclet, c'est plus d'un quart de siècle d'engagement politique.

Nous n'oublierons pas son sourire, son calme, sa simplicité ; je le revois assis en haut de l'hémicycle. C'était toujours un bonheur d'échanger avec lui.

À nos collègues du groupe Les Républicains, à ceux de la commission des lois, qui ont perdu l'un des leurs, et à Alain Poyart auquel il revient la charge de lui succéder dans notre hémicycle, j'exprime notre sympathie attristée.

Je souhaite redire à Mme Masclet, à ses enfants, à toute leur famille et à leurs proches, les condoléances sincères de chacun des membres du Sénat, ainsi que la part personnelle que je prends à leur peine.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics .  - C'est une lourde charge qui me revient, celle de prononcer à présent quelques mots au nom du président de la République et du Gouvernement.

Patrick Masclet était un homme que personne ne pouvait détester. Les citoyens, les élus et une foule innombrable lui ont rendu un hommage mérité lors de son enterrement. Comme me l'a rappelé Jean-René Lecerf dans son oraison, Patrick Masclet ne « disait jamais de mal de personne ».

Je regrette tant l'absence de ce militant du Nord, de sa région, de sa ville, du gaullisme... C'est lui qui m'avait accueilli lorsque je siégeais pour la première fois au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais.

Je présente mes condoléances à Bruno Retailleau, président de son groupe et à Valérie Létard, sa co-listière.

Patrick Masclet était un militant attaché à la cohésion sociale et à la protection des plus faibles.

Il allait souvent en Irlande pêcher avec sa famille pour qui il nourrissait une immense tendresse, je le sais.

Il sera toujours au coeur de la République. Assidu, notamment à la commission des lois, attentif, il était exigeant. Je citerai pour finir le Général de Gaulle : « Soyons fermes et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé ».

M. le président. - Je vous invite à partager un moment de recueillement.

(Mmes et MM. les sénateurs ainsi que M. le ministre observent une minute de silence.)

La séance est suspendue à 14 h 40.

présidence de M. Thierry Foucaud, vice-président

La séance reprend à 15 heures.