Intervention du Président

Prise d’armes de la Légion étrangère

Mercredi 13 juillet 2022

Mesdames, Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs les Sénateurs, mes chers collègues,

Monsieur le Préfet de police de Paris,

Monsieur le secrétaire général du Sénat,

Madame le secrétaire général de la Questure,

Messieurs les officiers généraux,

Monseigneur (Évêque aux Armées – Antoine de Romanet)

Messieurs les officiers, sous-officiers,

Monsieur le Maire d’Aubagne (Gérard Gazay, vice-Président Aix-Marseille)

Légionnaires,

Mesdames, Messieurs,

Cette cérémonie dans le Jardin du Luxembourg me permet une nouvelle fois d’exprimer la gratitude du Sénat et de tous nos concitoyens envers la Légion.

Chaque année, nous vous rendons hommage, vous qui venez des quatre coins du monde, et qui garantissez, au péril de votre vie, le respect de notre souveraineté et de notre liberté. Et nous savons combien, au moment où le continent européen connaît à nouveau la guerre, votre rôle est essentiel.

Les drapeaux de vos régiments sont acclamés, chaque année, par les Français, le 14 juillet, car vous êtes l’honneur de la France.

Cette cérémonie est aussi l’occasion de rendre hommage à ceux qui portent dans leur chair les meurtrissures des combats. Je les salue avec émotion et reconnaissance. Et je pense tout particulièrement au Caporal‑chef Rambelomanana blessé le 21 juin 2021 pendant l’opération Barkhane.

Comment en ce jour ne pas avoir une pensée pour les trois légionnaires appartenant au 2ème régiment étranger de parachutistes de Calvi qui sont décédés dans un accident en mai dernier.

Votre engagement demande des sacrifices et la Nation le reconnaît : c’est tout le sens des décrets de naturalisation que nous venons de vous remettre tant sur le front des troupes que dans ce jardin. Ces certificats de nationalité française permettent de mesurer tout le chemin parcouru par des hommes qui ont choisi de se mettre au service de la France et qui, maintenant, souhaitent en devenir citoyens. C’est « la manifestation d’une forte capacité d’intégration à la Nation française par l’effort, avec l’application de règles exigeantes, librement admises par celui qui s’engage ».

Cher Simon Murray, vous êtes l’exemple de ce long processus.

Anglais issu d’une famille de tradition militaire, vous vous engagez en février 1960 dans la Légion étrangère et débarquez en Algérie à Sidi‑bel‑Abbès. Affecté à la 3ème compagnie du 2ème régiment étranger de parachutistes, vous participez, avec votre unité, à ces combats, d’abord dans le Constantinois puis dans l’Oranais. Nommé caporal puis caporal‑chef en 1963, vous quittez la Légion en 1965 après cinq années de service. Vous vous lancez ensuite dans le monde économique et entreprenez tant d’aventures.

« Partout dans le monde entier, quand j’ai raconté que j’avais été légionnaire, j’ai suscité la curiosité, le respect et noué des relations qui m’ont toujours été précieuses » déclarez-vous. La Légion aura été votre meilleur diplôme, ce passeport qui vous offrira une vie passionnante. La Légion vous aura donné cet amour de la France que vous savez faire partager mieux que quiconque.

Cet amour de la France qu’incarnent tous les régiments de la Légion. Et je tiens à saluer plus particulièrement ce matin, le 2ème régiment étranger de génie (2ème REG) présent lors de cette cérémonie qui est héritier du patrimoine historique et des traditions des formations du génie de la Légion étrangère ayant servi en Indochine. Dès sa création en 1999, il est engagé au Kosovo, puis en Bosnie, en Côte d’Ivoire, au Liban et en Afghanistan. Depuis 2014, le régiment a été engagé sur les opérations Serval puis Barkhane au Sahel.

Votre mission est de protéger la Nation. Mais en cette veille du 14 juillet, c’est la Nation qui se rassemble autour de vous. À cette occasion, elle réaffirme la confiance qu’elle place en tous ses légionnaires.

Je veux dire aux personnels de la Légion ma gratitude pour les actions qu’ils conduisent et pour les succès qu’ils ont remportés.

Vous êtes, avec les autres militaires, les garants de notre liberté et de notre souveraineté. Et nous savons ce que cela signifie alors que des combats se déroulent aux portes de l’Union européenne. J’étais à Kiev, il y a trois jours, accompagné notamment du Vice‑Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées et du Président de la Commission des affaires européennes où j’ai eu l’occasion de m’exprimer devant le Parlement ukrainien, nous avons vu ce qu’était l’esprit de résilience de tout un Peuple qui se bat pour sa terre !

Je sais combien cette guerre touche de près la Légion puisque 702 légionnaires sont nés en Ukraine. 70 familles de légionnaires d’origine ukrainienne ont été accueillies dans les garnisons des régiments Légion, dont 30 au Centre d’hébergement et d’accueil de la Légion étrangère de La Ciotat.

J’ai aussi une pensée pour les légionnaires d’origine russe, la Légion n’est qu’une seule famille.

Cette guerre constitue une véritable rupture. Le risque de conflit de haute intensité était anticipé depuis déjà quelques années, mais certainement pas à un horizon aussi proche. La remontée en puissance de nos armées doit, dès lors, s’accélérer. Et nous voyons notamment combien les stocks de munitions sont un enjeu de première importance.

Il est aussi essentiel de fixer des perspectives. Le Sénat s’est toujours considéré comme le gardien du respect de la trajectoire financière de la Loi de Programmation Militaire, et celui qui l’incarne est le Président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il faut, non seulement, suivre la trajectoire financière prévue qui permet d’aboutir à un budget de 50 milliards d’euros en 2025, mais aller plus loin. Le Président de la République a souhaité une réévaluation de cette Loi de Programmation militaire et le Sénat soutiendra cet effort indispensable.

Nous devons également veiller à nos capacités industrielles. Il faut qu’elles puissent monter en puissance lorsque cela est nécessaire en particulier en cas de crise.

Notre réarmement doit être tout autant moral. L’Ukraine nous montre combien le patriotisme est essentiel en matière de défense.

Ce patriotisme passe par l’éducation, mais aussi par la création d’une véritable réserve opérationnelle en lien avec le Service National Universel, entraînée à la défense de nos villes et de lieux stratégiques, aux côtés d’une armée de terre dont les capacités auront été renforcées.

Le patriotisme n’est pas seulement le ressort de l’esprit de sacrifice qu’on attend des soldats. Il est l’ultime garantie que la France saura surmonter demain les épreuves qui sont sur sa route, comme il permit hier à une petite élite exemplaire d’incarner la France Libre et de maintenir la République française au rang des vainqueurs de la Seconde guerre mondiale.

Depuis toujours, entre la France et la Légion, un lien étroit s’est tissé. Il est fait d’une grande confiance et d’un profond attachement. Vous jouissez d’une popularité immense non seulement dans notre pays mais dans le monde entier !

La Légion, c’est évidemment tous les hommes qui l’ont commandée et cette cérémonie a été l’occasion de rendre hommage au Général Mistral et je salue son successeur le Général Lardet.

La Légion, ce sont tous ces hommes et ces femmes qui ont fait notre Histoire.

J’ai une pensée pour Geneviève de Galard, Légionnaire de 1ère classe honoraire, héroïne de Diên-Biên-Phu avec laquelle j’étais il y a quelques semaines, pour l’inauguration d’une rue portant son nom dans une commune des Yvelines (Noisy-le-Roi). Rencontrer cette femme, c’est se replonger dans l’épopée de la Légion en Indochine à Diên-Biên-Phu avec 4 000 légionnaires et parachutistes face à 40 000 soldats du Vietminh.

Alors que la bataille fait rage, le 30 avril 1954, pendant la célébration de la bataille de Camerone, elle est nommée légionnaire de 1ère classe honoraire.

« J’ai maintenant la certitude, d’être considérée par les combattants comme l’une des leurs » déclara-t-elle alors.

À 97 ans, elle a gardé cette certitude.

Cette admiration que ressentait Geneviève de Galard pour la Légion, nous la partageons tous aujourd’hui. De tout cœur, nous vous redisons notre reconnaissance et notre gratitude !

Vive la République !

Vive la France !