Déjeuner des prêteurs
Mardi 13 septembre 2022
Monsieur le Président,
Monsieur le Président Directeur général de la Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais,
Mesdames, Messieurs les prêteurs,
Madame la commissaire de l’exposition,
Monsieur le Directeur du Musée du Luxembourg,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Si je ne peux malheureusement pas partager ce déjeuner avec vous, il m’importait de venir vous saluer. Avec le Président Pierre Laurent qui conduit la délégation chargée de la politique événementielle et du Musée du Luxembourg, nous sommes heureux de vous accueillir dans les salons de la Présidence du Sénat.
Ce déjeuner en l’honneur des prêteurs est une tradition à laquelle nous sommes attachés. Il donne souvent le coup d’envoi aux expositions proposées par le Musée du Luxembourg qui, d’année en année, participent au rayonnement culturel de Paris qui, je le crois, profite également à notre institution.
Après trois expositions rendant hommage à des femmes d’exception, à des époques où leur statut dans la société ne semblait laisser guère de place à l’expression ou à l’émancipation artistique, « Miroir du Monde », qui ouvrira ses portes au public dès demain, mercredi, jusqu’au 15 janvier 2023, nous plonge dans un tout autre univers. Il s’agit là, j’y reviendrai dans quelques instants, d’une odyssée dans le temps où foisonnent des trésors issus des cinq continents. Quelle richesse !
Cette exposition venue de nos amis allemands, nous la devons à Claudia Brink, Commissaire d’exposition, à Marion Ackerman, directrice générale des Collections nationales de Dresde, à Julia Weber, directrice des Collections de porcelaine de ce même musée, qui n’est pas présente parmi nous mais que je tiens à saluer, et enfin, à Marius Winzeler, directeur de la Voûte verte, appelé « Grünes Gewölbe » en allemand, ce temple de l’art qui abrite la plus importante collection de trésors en Europe.
Merci à vous quatre de nous offrir cette remarquable exposition au Musée du Luxembourg. Elle s’inscrit dans le sillage de celles qui ont débuté, en 2010, lorsque le Sénat a choisi de confier la gestion du Musée du Luxembourg à la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais. Je voudrais rappeler qu’au cours de ces presque douze années, vous nous avez offert de très belles expositions. Elles furent de grande qualité, permettant à chaque visiteur d’aller à la rencontre d’un artiste, d’une époque, d’un pays, d’un sujet.
Aujourd’hui, vous nous invitez à découvrir les chefs d’œuvre des Collections nationales d’art de Dresde. Cette exposition rassemble des œuvres et objets d’une qualité et d’une variété exceptionnelles, une centaine au total. Chaque pièce a été collectée entre les XVIe et XVIIe siècles par les Princes de Saxe, eux qui avaient l’immense pouvoir d’élire l’empereur romain germanique.
Les œuvres qui sont présentées au public reflètent les multiples relations que la Cour de Saxe entretenait avec le reste du monde, ses échanges commerciaux culturels, un monde marqué quelques dizaines d’années plus tôt par les voyages et les découvertes de Christophe Colomb et de Magellan. Plus singulier encore, certains de ces objets sont placés en miroir d’œuvres d’artistes contemporains, mettant en perspective ces collections historiques avec les enjeux de notre époque.
Ces objets, ce sont des instruments et des livres scientifiques, des matériaux naturels, de fines gravures, des porcelaines délicates ou encore des objets ethnographiques. Ils constituent la Kunstkammer, littéralement un « cabinet d’art » qui fut la première collection d’Europe à ouvrir ses portes au grand public, considérant qu’il s’agissait d’un lieu de savoir et d’éducation. Étudiants, artistes, chercheurs, artisans, commerçants et familles s’y précipitèrent…
Ces cabinets de curiosités furent ainsi les premiers musées du monde et les prémisses de cette « démocratisation culturelle » chère à André Malraux. Ils furent, à l’image des maisons de la culture, de « véritables cathédrales visant à rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité au plus grand nombre ».
Cette précision a du sens : elle me permet de rappeler qu’en 1750, un 14 octobre, s’ouvrit l’un des tout premiers musées de peinture d’Europe. Ce lieu qu’on appelait alors le Cabinet du roi n’était rien d’autre que le Musée du Luxembourg.
À l’époque, furent présentés au public, galerie Est, 110 tableaux provenant précisément du Cabinet du Roi : Léonard de Vinci, Rembrandt, Rubens, Poussin, Le Titien, Véronèse, Raphaël, Le Lorrain. Dans la galerie Ouest, le public pouvait admirer les 80 toiles de Rubens peintes à la gloire de Marie de Médicis.
Les collections de Dresde sont, certes, bien antérieures, mais l’on comprend aisément leur rôle précurseur dans l’histoire de la muséographie et de l’éducation artistique. Les visiteurs s’empareront de cette traversée culturelle à travers le temps, grâce à l’exposition « Miroir du Monde ».
Cette collection unique sera, je n’en doute pas, plébiscitée par le public.
Je vous remercie.