SEANCE DU 3 AOUT 2002


ORIENTATION ET PROGRAMMATION DE LA JUSTICE

Adoption des conclusions
d'une commission mixte paritaire

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport (n° 393, 2001-2002) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi d'orientation et de programmation pour la justice.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-Pierre Schosteck, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire. Monsieur le président, monsieur le garde des sceaux, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous voici parvenus au terme de l'examen du projet de loi d'orientation et de programmation pour la justice.
Ce texte a été examiné les 25 et 26 juillet par le Sénat, les 31 juillet, 1er et 2 août par l'Assemblée nationale. Celle-ci a adopté 83 amendements d'inégale importance. Le Sénat avait été plus modeste, n'en retenant, pour sa part, que 70.
L'Assemblée nationale a apporté quelques modifications au texte qu'avait adopté le Sénat. Elle a souhaité, comme le prévoyait le projet de loi initial, que le contrôle judiciaire des mineurs de treize à seize ans ne puisse comporter que l'obligation de résider dans un centre éducatif fermé. Notre assemblée avait souhaité assouplir quelque peu ce système, mais l'Assemblée nationale, comme le Gouvernement, a estimé que cette évolution déséquilibrait le projet de loi. Nous nous sommes rendus à cette observation.
L'Assemblée nationale a également supprimé la disposition prévoyant la disparition du prélèvement pour frais d'entretien sur les revenus des détenus. En contrepartie, elle a prévu une réflexion générale sur cette question dans le rapport annexé au projet de loi.
L'Assemblée nationale a surtout complété le projet de loi. Elle a notamment prévu les dispositions suivantes : la suspension des allocations familiales en cas de placement d'un mineur dans un centre éducatif fermé ; l'obligation de renvoyer les mineurs encourant plus de sept ans d'emprisonnement devant le tribunal pour enfants ; la possibilité pour les députés et sénateurs de visiter les établissements publics ou privés accueillant des mineurs de leur département ; la suppression de la procédure permettant à une personne ayant été gardée à vue d'interroger le procureur sur les suites données à l'enquête ; l'utilisation de la visioconférence pour les prolongations de garde à vue et de retenue judiciaire ; la comparution obligatoire du prévenu en cas de prolongation exceptionnelle de la détention ou de référé-détention ; la mise en place d'une procédure d'ordonnance pénale pour les délits prévus par le code de la route.
En définitive, le projet de loi comportait à l'origine 43 articles et un rapport annexé. A l'issue de son examen par le Sénat, il en comptait 58, le Sénat ayant inséré 15 articles additionnels. L'Assemblée nationale a adopté 33 articles conformes, en a supprimé un, modifié 28 et a inséré 11 articles additionnels.
La commission mixte paritaire s'est réunie ce matin à l'Assemblée nationale et est parvenue à l'élaboration d'un texte commun. Pour l'essentiel, elle a adopté le texte de l'Assemblée nationale - laquelle avait d'ailleurs retenu nombre de nos propositions - sous réserve de quelques améliorations formelles.
Toutefois, la commission mixte paritaire a finalement retenu l'amendement du Sénat prévoyant la disparition du prélèvement pour frais d'entretien sur les revenus des détenus. Il était en effet choquant que ce prélèvement ponctionne les détenus ayant décidé de travailler pendant la détention sans s'appliquer aux détenus refusant de travailler. La mesure adoptée présentera en outre l'avantage de libérer les personnels assurant la gestion des prélèvements pour d'autres tâches plus valorisantes.
Par ailleurs, la commission mixte paritaire a finalement conservé la possibilité pour une personne ayant été placée en garde à vue d'interroger le procureur sur les suites données à l'enquête. Elle a toutefois supprimé tout ce qui pouvait paraître excessif et lourd dans la procédure. La souplesse du nouveau dispositif devrait garantir son bon fonctionnement.
Telles sont, mes chers collègues, les conclusions auxquelles est parvenue la commission mixte paritaire.
Je crois que le texte qui nous est soumis est équilibré. Les parlementaires ont pu l'améliorer sur quelques points malgré le peu de temps qui leur était imparti. Il faut maintenant le mettre en oeuvre, étape plus importante encore que celle que nous venons de franchir. Vous pourrez, monsieur le garde des sceaux, monsieur le secrétaire d'Etat, compter sur le soutien du Sénat pour l'importante tâche qu'il vous reste à accomplir. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le garde des sceaux.
M. Dominique Perben, garde des sceaux, ministre de la justice. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je vous remercie du travail accompli sur ce texte déposé d'abord sur le bureau de votre assemblée, travail qui s'est poursuivi à l'Assemblée nationale puis, ce matin, en commission mixte paritaire. Je remercie en particulier très sincèrement le président et les rapporteurs de la commission des lois.
Certes, comme le disait M. Schosteck il y a un instant, le délai global dont le Parlement a disposé a été relativement bref ; mais le nombre d'heures passées a été élevé et l'intensité du travail grande, aussi bien au Sénat qu'à l'Assemblée nationale.
Le Gouvernement est également reconnaissant au Parlement, et plus particulièrement au Sénat, des améliorations apportées au texte, qui a largement bénéficié des travaux des commissions d'enquête sur la délinquance des mineurs et sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France.
En ce début de mois d'août, nous pouvons les uns et les autres - en particulier la majorité parlementaire et le Gouvernement - considérer que nous avons tenu nos engagements.
La campagne présidentielle comme la campagne législative avaient été l'occasion de débats approfondis avec les Françaises et les Français sur les questions de sécurité et de justice. A la suite de ces débats, des engagements précis avaient été pris tant par Jacques Chirac que par la majorité parlementaire. Ces engagements ont été tenus et, s'ils l'ont été rapidement, ce fut néanmoins à la suite d'un travail approfondi. Je tenais à le souligner.
J'ajoute que le Gouvernement partage les conclusions de la commission mixte paritaire et qu'il est favorable à l'adoption du texte que, ce matin, députés et sénateurs ont élaboré. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, en application de l'article 42, alinéa 12, du règlement, examinant après l'Assemblée nationale le texte élaboré par la commission mixte paritaire, le Sénat se prononce par un seul vote sur l'ensemble du texte.
Je donne lecture du texte élaboré par la commission mixte paritaire :