SEANCE DU 19 DECEMBRE 2001


SÉCURITÉ DES INFRASTRUCTURES
ET SYSTÈMES DE TRANSPORT

Adoption des conclusions modifiées
d'une commission mixte paritaire

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion des conclusions du rapport (n° 83, 2001-2002) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur le projet de loi relatif à la sécurité des infrastructures et systèmes de transport et aux enquêtes techniques après événement de mer, accident ou incident de transport terrestre.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voici à nouveau saisis aujourd'hui de l'importante question de la sécurité des infrastructures de transport.
Sans entrer dans le détail du projet de loi, je rappellerai simplement que ses deux volets, sécuriser les ouvrages dangereux et organiser un retour d'expérience après les accidents, ne sont que les deux facettes d'une seule et même politique : la prévention.
S'agissant des enquêtes techniques, permettez-moi de rendre hommage une fois encore aux différents BEA, bureaux enquêtes accidents, et d'avoir une pensée particulière pour le BEA « Air »,...
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Très bien !
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. ... qui va remettre dans les jours qui viennent ses conclusions définitives sur l'accident du Concorde survenu en juillet 2000.
Je précise que le texte de l'article 24, adopté par la commission mixte paritaire, vise à faciliter l'accès à l'épave des enquêteurs étrangers ainsi que des experts chargés de les assister sur les questions les plus techniques. Je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous confirmiez cette interprétation de cet article, en vue de son application et, notamment, de l'élaboration du décret prévu.
Les deux assemblées ont travaillé sur ce texte dans un esprit constructif et ouvert. Pourant, on ne peut pas dire que le Gouvernement ait facilité notre travail !
M. Alain Gournac. Pas trop, non !
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. Tout d'abord, monsieur le ministre, en déclarant l'urgence sur le texte, vous avez réduit la navette à sa plus simple expression. Ensuite, vous avez fait déferler des vagues successives d'amendements lors de la discussion en première lecture au Sénat : amendements déposés, retirés, redéposés, quelquefois cinq minutes avant le début de la séance... Bis repetita placent, mais point trop n'en faut tout de même !
Le président de la commission des affaires économiques lui-même a eu l'occasion de vous dire combien il était difficile de travailler dans ces conditions. Il est évident que nous ne pouvons étudier de manière approfondie des amendements qui sont ainsi déposés à la va-vite. Au demeurant, nous vous l'avons déjà fait remarquer, ce n'est pas tout à fait conforme à l'esprit de l'article 45 de la Constitution.
La commission mixte paritaire est parvenue à un accord sur l'ensemble du texte. A la demande des députés, ella a finalement réintroduit - car nous nous sommes laissé convaincre - le fameux « amendement Seveso », qui transpose en droit français la directive européenne du même nom en ce qui concerne les sites de stockage de produits chimiques, d'hydrocarbures et de gaz naturel.
La procédure de la commission mixte paritaire est tout à fait particulière : elle tend à sacraliser l'accord obtenu entre ses membres, lequel ne peut porter, en toute rigueur, que sur les dispositions adoptées à un stade antérieur de la procédure par l'une ou l'autre des assemblées.
A défaut d'une telle limite, le champ de compétence de la commission mixte paritaire serait en effet infini et, a contrario, celui des parlementaires non membres de la commission mixte paritaire anormalement restreint.
Je le rappelle, à ce stade de nos débats, le texte ne peut plus être amendé sans l'accord du Gouvernement. Le Gouvernement est lui-même contraint de respecter une jurisprudence, désormais bien fixée, du Conseil constitutionnel - et confirmée encore hier sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale - qui n'autorise d'amendement au texte résultant des travaux d'une commission mixte paritaire qu'à quatre conditions : s'il y a une relation directe avec des dispositions restant en discussion ; s'il est dicté par la nécessité de respecter la Constitution ; s'il assure une coordination de textes en cours de discussion ; s'il répare une erreur matérielle.
Pourtant, lors de la lecture des conclusions de la commission mixte paritaire à l'Assemblée nationale, le Gouvernement a encore fait adopter un amendement, dont nous sommes à notre tour saisis, qui porte sur la création d'un établissement public administratif destiné à concourir à la mise en oeuvre de la politique intermodale des transports.
D'après ce que vous avez dit à l'Assemblée nationale, monsieur le ministre, il servira surtout à financer des liaisons « monomodales » TGV !
Si habile que soit l'argumentation du Gouvernement - et Dieu sait que vous ne manquez pas d'habilité, monsieur le ministre ! Permettez-moi de vous rendre cet hommage à l'occasion de Noël (Sourires) -, je ne crois pas que cet amendement remplisse vraiment les conditions de constitutionnalité que je viens d'énoncer.
Ainsi, vos 5 milliards de francs, si le projet de loi était déféré au Conseil constitutionnel, subiraient peut-être le même sort que les 16 milliards de francs du FOREC, qu'il a annulés hier.
Vous comprendrez, monsieur le ministre, que je proteste, au nom de la commission, contre un tel procédé.
Je signale que mon homologue rapporteur de l'Assemblée nationale, Mme Saugues, s'est quant à elle abstenue lors du vote sur cet amendement.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Elle n'a pas voté contre !
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. Non, puisque elle s'est abstenue. Mais c'était une abstention...
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Positive ! (Sourires.)
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. ... de principe et plutôt négative.
Monsieur le ministre, vous avez affirmé à l'Assemblée nationale que cet amendement « concrétisait le dialogue établi entre le Gouvernement et les parlementaires des deux assemblées ». Admettez tout de même que ce dialogue a été terriblement raccourci ! En fait de dialogue, il s'est beaucoup plus agi d'interférences répétées du Gouvernement dans les discussions entre les deux chambres.
Vous affirmez aussi, un peu rapidement, qu'aucune véritable opposition de fond à la création de cet établissement public ne s'est fait entendre. Permettez-moi de vous dire que la commission des affaires économiques, si elle avait pu s'exprimer - et tel n'a évidemment pas été le cas, compte tenu de la procédure exorbitante à laquelle vous avez eu recours -, vous aurait opposé au moins trois objections.
Je vous ferai d'abord observer que, si vous aviez écouté le Sénat et renoncé à supprimer le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables, le FITTVN, lequel était un instrument extrêmement utile - je parle là sous le contrôle de mon excellent ami M. René Garrec, président du conseil régional de Basse-Normandie - en matière routière, si donc vous ne l'aviez pas fait disparaître, vous n'auriez pas eu à « bricoler » en catastrophe la création d'un nouvel établissement public.
Nous avons, certes, accepté le principe d'un établissement public multimodal pour les Alpes, dans l'optique du financement de la liaison Lyon-Turin. Mais ce qui est proposé à l'échelon national est évidemment d'une toute autre ampleur !
Par ailleurs, la structure que vous proposez sera terriblement opaque puisqu'elle ne sera soumise à aucun contrôle parlementaire, contrairement aux comptes d'affectations spéciaux, auxquels ressortissait le FITTVN. Bien sûr, le Gouvernement se met une sorte de magot de côté : cela ne peut nuire, à l'approche des échéances de mai et juin prochains... Mais la transparence, elle, n'y trouve pas vraiment son compte puisque, même si vous prévoyez la représentation du Sénat, de l'Assemblée nationale et des collectivités locales, il n'y aura pas de réel contrôle démocratique comme celui qui peut s'exercer à travers la discussion du projet de loi de finances.
Enfin, permettez-moi de rappeler ce que je vous déclarais de cette même tribune lors de la première lecture de ce texte : vous vous êtes finalement converti aux privatisations !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. C'est vous qui le dites !
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. Eh bien, je réitère cette affirmation. Et je me félicite que vous vous soyez ainsi rendu à l'évidence. Pour autant, privatiser ASF - Autoroutes du Sud de la France - d'une façon aussi précipitée, alors que les incertitudes quant à son régime fiscal ne sont pas encore levées, est-ce vraiment raisonnable ?
M. Alain Gournac. C'est vrai, il faut le faire !
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. Vous étiez en retard en matière de privatisations ; vous êtes maintenant largement devant nous ! Bravo ! Mais n'allez pas trop vite, car nous risquons d'avoir du mal à vous suivre... (Sourires.)
Voilà les reproches que je n'aurais pas manqué de vous faire si nous avions pu réellement débattre sur cet amendement... (Nouveaux sourires.)
Les interventions du Gouvernement dans la discussion de ce projet nous placent encore une fois devant un dilemme assez difficile à trancher. En effet, en vertu de l'article 42, alinéa 12, de notre règlement, nous devons nous prononcer par un seul vote sur l'amendement du Gouvernement et sur les conclusions de la commission mixte paritaire, sans pouvoir les dissocier. Le Gouvernement aura vraiment tout fait pour nous dissuader de voter le texte !
Cependant, nous sommes conscients que l'attente de nos concitoyens en matière de renforcement de la sécurité des transports est extrêmement vive. Comment ne pas comprendre l'émotion soulevée par les catastrophes du tunnel du Mont-Blanc, du funiculaire de Kaprun ou encore du tunnel du Saint-Gothard ? C'est en considérant cette émotion que je recommanderai à mes collègues d'adopter le texte dans son entier, amendements compris. Nos concitoyens ne comprendraient évidemment pas les arguties du débat parlementaire, ils ne comprendraient pas que nous puissions rejeter un ensemble de dispositions très attendues sous prétexte que, sur tel point, nous sommes en profond désaccord, en particulier quant à la forme. J'invite donc le Sénat à voter le texte issu des travaux de la commission mixte paritaire. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le rapporteur, je dois vous reconnaître une qualité tout à fait particulière, j'allais dire exceptionnelle, celle de savoir remuer le couteau dans la plaie. (Sourires.)
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. La guérison n'en est que plus douce ! (Nouveaux sourires.)
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Il fut d'ailleurs un temps où sévissait en Valachie un certain Vlad l'empaleur, qui faisait varier l'instrument du supplice selon la condition du supplicié : le simple roturier avait droit, si j'ose dire, à un pal en bois,...
M. Hilaire Flandre. Sans échardes, espérons-le ! (Nouveaux sourires.)
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. ... l'homme de condition plus élevée à un pal en métal et celui qui appartenait au rang le plus haut de la société - comme les membres de cette assemblée ! - à un pal en or. (Nouveaux sourires.)
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. De toutes façon, cela se terminait mal ! (Nouveaux sourires.)
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. En effet ! Mais ici, cela se termine bien ! (Nouveaux sourires.)
Plus sérieusement, je crois, en effet, monsieur le rapporteur, que votre conclusion s'inscrit tout à fait dans l'esprit de la réalisation de l'intérêt général.
M. Roland du Luart. Je le pense aussi !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. La commission mixte paritaire, qui s'est réunie le 21 novembre dernier, est parvenue à se mettre d'accord sur un texte au contenu et aux contours plus larges que les dispositions initiales du projet de loi que le Gouvernement avait soumis à votre examen.
L'Assemblée nationale ayant entériné cet accord le 29 novembre, nous parvenons donc aujourd'hui au terme du parcours parlementaire de ce texte attendu par nos concitoyens et dont chacun, je crois, reconnaîtra l'importance. La sécurité, sous toutes ses formes, est devenue une préoccupation majeure des femmes et des hommes de ce pays, et il est du devoir des pouvoirs publics d'apporter des réponses à cette attente de notre société.
Je tiens par conséquent à remercier toutes celles et tous ceux, en particulier votre rapporteur, M. Le Grand, qui ont contribué à nourrir la réflexion commune et à trouver les meilleures solutions aux problèmes qui nous étaient posés.
Je souhaite également souligner l'excellent état d'esprit, loin des clivages partisans, qui a caractérisé nos discussions, certes parfois vives, notamment parce que le Gouvernement avait déclaré l'urgence sur ce texte qu'il souhaitait voir promulgué avant la fin de cette année.
Comme chacun peut le constater, l'accord intervenu en commission mixte paritaire porte sur un texte enrichi par des propositions issues des deux assemblées et de tous les groupes politiques. Je crois qu'il convient de se féliciter de ce dialogue constructif qui a permis d'améliorer le texte initial et d'en élargir la portée.
Les catastrophes que vous venez de rappeler, monsieur le rapporteur, survenues tant en France qu'à l'étranger, dans le tunnel du Mont-Blanc, dans le tunnel du Gothard - ce dernier accident s'est d'ailleurs produit le jour où le Sénat a examiné en première lecture ce projet de loi -, les naufrages de l' Erika et du Ievoli Sun, l'accident du Concorde, l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, les attentats de New York et de Washington, tous ces événements sont restés gravés dans nos mémoires et dans la mémoire collective. Ils ont suscité une vive émotion et une forte demande. Même si le risque zéro n'existe pas, nous nous devons de réagir et de faire ce qui est en notre pouvoir pour élargir le champ de la sécurité collective et nous donner les capacités pour l'assurer.
Ces événements ont renforcé notre détermination à aller le plus vite et le plus loin possible pour définir les mesures législatives les mieux adaptées à la diversité des situations qu'il s'agit de traiter tant il est capital de faire le maximum pour éviter que de tels drames ne se renouvellent.
Comme vous, monsieur le rapporteur, je veux saluer le travail des bureaux enquêtes accidents et de leurs personnels. On n'insistera jamais assez sur le rôle qu'ils jouent dans l'enquête et sur la particulière complexité, compte tenu des difficultés auxquelles ils ont à faire face, de leur activité. Je me suis rendu sur place et je les ai rencontrés. C'est inimaginable ! D'ailleurs, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas occuper très longtemps ce genre de poste. Leur rôle ne se limite pas à déceler les causes de tel ou tel accident. Il est aussi, au terme d'une multitude de déductions, d'éviter que de tels drames - incidents ou accidents - ne se reproduisent. La mécanique qui s'enclenche alors est tout à fait déterminante pour l'avenir.
Même si, comme vient de le dire M. le rapporteur avec beaucoup de force, de véhémence même, vous avez pu regretter, à juste titre, d'avoir eu à examiner certains amendements dans des conditions inhabituelles, l'accord conclu au cours de la commission mixte paritaire montre que la qualité du travail parlementaire accompli n'en a pas vraiment souffert.
Le Gouvernement est tout à fait satisfait de cet accord et du texte qui en résulte. Nous ne souhaitons, par conséquent, remettre en cause aucun de ses termes et nous l'approuvons dans sa globalité.
La lecture du rapport de la commission mixte paritaire, écrit conjointement par Mme Saugues et M. Le Grand, montre que de nombreuses dispositions retenues l'ont été dans la rédaction du Sénat, qui aura ainsi largement marqué ce texte de son empreinte.
La Haute Assemblée aura contribué tout particulièrement à la rédaction définitive de l'article 2 relatif à la sécurité des ouvrages du réseau routier, de l'article 2 bis qui crée un pôle multimodal destiné à financer les infrastructures nouvelles dans les Alpes, de l'article 3 relatif à la sécurité des systèmes de transport ferroviaire et de transport public guidé et à la sécurité des systèmes de transport faisant appel à des technologies nouvelles ou comportant des installations multimodales.
Il en va de même pour l'article 5 relatif à la sécurité des remontées mécaniques, les articles 6 et 7 concernant respectivement la sécurité des ouvrages maritimes portuaires et des infrastructures de navigation fluviale, l'article 8 bis traitant des travaux de construction ou d'extension des infrastructures aéroportuaires, l'article 9 bis relatif aux transports de matières dangereuses, et, enfin, l'article 23 concernant la communication des résultats des prélèvements et examens aux médecins du bureau enquêtes accidents aérien.
La commission mixte paritaire a également permis aux représentants de chacune des deux assemblées d'établir un texte équilibré, prenant en compte les diverses préoccupations qui s'étaient exprimées au cours des débats en première lecture. Ainsi, l'Assemblée nationale a accepté, avec modification, l'article 8 ter proposé par le Sénat.
La décision d'adopter l'amendement visant à transposer la directive européenne dite Seveso 2 relative au stockage souterrain illustre bien l'ouverture d'esprit et le sens des responsabilités dont chacun a su faire preuve.
Présenté en première lecture ici même par mon collègue Christian Pierret, cet amendement permet de tirer certaines leçons de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse et de créer les conditions pour améliorer la prévention de ce type de catastrophe.
Je vous concède bien volontiers, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, que les conditions de son examen auraient pu être meilleures. Mais je note avec satisfaction que cette disposition figure dans le texte de l'accord. Je tiens à remercier la délégation sénatoriale du geste qu'elle a bien voulu faire et qui va dans le sens de l'intérêt général. Pour m'être rendu à plusieurs reprises à Toulouse, sachez que je mesure toute l'utilité d'introduire ces dispositions d'origine communautaire dans notre droit interne.
La commission mixte paritaire a proposé de modifier l'article 21 relatif aux sanctions encourues en cas de non-respect de la distance de sécurité entre deux véhicules de plus de 3,5 tonnes dans les tunnels. Comme vous le savez, j'accorde une très grande importance à cette question et je peux vous assurer de la détermination du Gouvernement à faire respecter ce type de règle. Depuis le passage en première lecture au Sénat, le décret précisant le non-respect des interdistances et les sanctionnant plus durement a été signé, le 23 novembre dernier pour être précis.
Pour lever toute ambiguïté, je crois cependant utile de préciser, comme la rapporteure Mme Saugues l'a fait à l'Assemblée nationale, que les dispositions introduites par l'article 21 concernent bien, en l'occurrence, la seule récidive de ce type d'infraction dans l'année.
Le caractère vraiment dissuasif d'une sanction est, en effet, très lié à la capacité qu'ont les contrevenants d'en comprendre la raison et d'en accepter la sanction. Celle-ci doit donc être proportionnée à l'infraction commise. L'objectif est ici de responsabiliser les conducteurs de poids lourds qui encourront une peine déjà importante à la première infraction et une peine plus lourde en cas de récidive dans l'année. Cet élément participe donc de la prévention et du changement de comportement.
Enfin, sur proposition de votre rapporteur, M. Le Grand, la commission mixte paritaire a proposé d'introduire un nouvel article 24, qui porte sur la participation d'enquêteurs techniques de nationalité étrangère aux investigations menées sur le territoire national à la suite d'un accident aérien. Il est, en quelque sorte, le pendant de l'article 10 pour les événements de mer et le Gouvernement ne peut qu'y être favorable.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. Le Gouvernement est intelligent, il suit le rapporteur...
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Le Gouvernement, je le répète, accepte le texte issu de la commission mixte paritaire dans son intégralité. Comme vous le savez, j'ai cependant demandé à l'Assemblée nationale, le 29 novembre dernier, d'adopter un amendement du Gouvernement tendant à compléter l'article 2 bis et à créer un autre établissement public dont l'objet est de concourir à la mise en oeuvre de la politique intermodale des transports sur le territoire national.
Vous dites que nous n'avons pas suffisamment discuté de cet amendement. Ayons bien en mémoire qu'il est le fruit des réflexions menées en première lecture à l'Assemblée nationale et au Sénat, puis au cours de la commission mixte paritaire.
Votre collègue M. Delfau avait en effet déposé un amendement qui visait à créer un établissement public similaire à celui des Alpes prévu à l'article 2 bis et destiné à financer la réalisation d'infrastructures transpyrénéennes. Même si cet amendement a été retiré par son auteur à ma demande, il a suscité un vrai débat dans cet hémicycle.
A ce moment-là, j'ai pris devant vous l'engagement de lancer une réflexion interministérielle sur le sujet. Il est, en effet, nécessaire de favoriser le développement des infrastructures de transports dans les Alpes où les enjeux sont importants. Mais il est tout aussi indispensable de dégager les financements pour d'autres infrastructures tout aussi utiles à l'essor économique et social de notre pays et de favoriser cette politique d'intermodalité.
C'est d'ailleurs ce que votre collègue Gérard Le Cam a fait remarquer très justement au cours de la commission mixte paritaire en souhaitant ajouter au pôle multimodal alpin un établissement public destiné à concourir à la mise en oeuvre de la politique intermodale nationale. Comme vous l'avez souligné, monsieur le rapporteur, sa proposition n'a, sur le fond, fait l'objet d'aucune opposition.
L'amendement que le Gouvernement vous proposera tout à l'heure à l'article 2 bis et que l'Assemblée nationale a voté le 26 novembre dernier est donc, en quelque sorte, la concrétisation de nos débats, de vos débats, sur l'important sujet du financement de l'intermodalité.
Ce sujet est d'autant plus important qu'il est contenu dans le Livre blanc que la Commission européenne vient d'adopter. Nous l'avons tellement attendu, ce Livre blanc, qu'il serait dommage que nous finissions par être en retard après avoir été en avance sur la politique européenne !
La création d'un second établissement public permettra, si vous l'acceptez, de recueillir une partie des fonds issus de l'ouverture minoritaire du capital de la Société des Autoroutes du Sud de la France, ASF.
A cet égard, vous êtes quand même un peu injuste envers moi, monsieur le rapporteur. Je me suis battu, et je continue à me battre pour la défense du service public. Je n'ai pas cédé un pouce à ce propos parce que j'y crois.
Les événements de ces derniers mois ou de ces dernières années nous l'ont confirmé, ceux qui pensent que la privatisation est un remède à tous les maux se trompent quelque peu. Ainsi, quand on voit aux Etats-Unis combien l'administration intervient aujourd'hui de façon massive pour défendre les intérêts du transport aérien, on mesure l'importance du rôle des Etats et de la place que doit tenir le service public.
C'est évident, mais comme je ne suis pas rigide, je trouve que, dans certaines conditions, il vaut mieux proposer l'ouverture du capital plutôt que de s'en tenir à des visions schématiques. J'ai donc proposé l'ouverture du capital pour Air France et je l'ai acceptée pour ASF parce que je pense qu'elle peut contribuer à conforter leur position. Mon analyse s'est vérifiée pour Air France, qui est l'une des compagnies aériennes qui résiste aujourd'hui le mieux au monde dans un contexte difficile.
M. François Trucy. C'est vrai !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Tout n'est pas réglé, mais ça marche.
A ceux qui m'incitent à aller au-delà en privatisant, je réponds : « Non, faisons marcher ce qui marche, appuyons-nous sur cette réalité, même si l'objectif immédiat n'est pas la rentabilité immédiate puisque, à terme, tous les actionnaires y gagnent ! »
Je me suis véritablement engagé pour qu'une partie de l'ouverture du capital d'ASF serve à l'intermodalité.
Vous me dites dès lors : il ne fallait pas supprimer le FITTVN, le Fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables. Cela ne fait que conforter mon argumentation : lorsque la question de la suppression du fonds s'était posée, j'avais en effet prévenu que je ne laisserais pas les choses en l'état et que je me battrais pour que des moyens significatifs, éventuellement par la création de lignes budgétaires, soient dégagés en faveur de l'intermodalité. C'est ce que nous faisons aujourd'hui. Je n'allais pas laisser passer l'occasion de l'ouverture du capital d'ASF sans proposer la mise en place d'un fonds de ce type.
Cet amendement devrait mettre une dernière touche au travail parlementaire entrepris sur ce texte depuis le début de la session. Il compléterait avantageusement les modifications et ajouts apportés au texte initial en première lecture par les deux assemblées et par la commission mixte paritaire.
S'il est adopté, ce texte pourra être promulgué et entrer en vigueur dès les premiers jours du mois de janvier. C'est un point important puisque, comme vous l'avez souligné également, monsieur le rapporteur, nous avons tout intérêt à ce que cette loi soit appliquée le plus rapidement possible. Compte tenu des enjeux en matière de sécurité, je prends bien sûr devant vous l'engagement de faire en sorte que les mesures réglementaires d'application soient prises dans les meilleurs délais.
Monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, je souhaite vivement que ce travail que nous achevons soit utile à notre pays et à notre société ! (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul.
M. Daniel Raoul. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voici parvenus au terme de l'examen du projet de loi relatif à la sécurité des infrastructures et des systèmes de transports.
En première lecture, nous nous étions ralliés au texte proposé par le Sénat et par son rapporteur, M. Le Grand, même s'il ne nous donnait pas entièrement satisfaction.
Nous aurions en effet souhaité que cette approche globale et systématique de la sécurité proposée par le projet de loi soit renforcée au stade de la mise en exploitation. Par ailleurs, le projet de loi ne prévoit pas de contre-expertise pour juger de l'adéquation des conditions d'exploitation aux exigences de sécurité.
Je persiste à croire qu'il aurait été intéressant aussi de renforcer l'information des élus sur les conditions d'exploitation de l'ouvrage avant la délivrance de l'autorisation de mise en service. En première lecture, j'ai retiré un amendement qui allait dans ce sens après les explications que nous avait données M. le ministre et l'assurance que les élus locaux seraient tenus informés des conditions très strictes d'exploitation.
Nous avions également considéré que les arguments de forme avancés par la majorité sénatoriale pour s'opposer à l'amendement du Gouvernement permettant de transposer dans notre droit le volet législatif de la directive Seveso 2 n'étaient pas recevables.
Il s'agissait certes d'un « cavalier », et je n'y reviens pas ; M. le rapporteur s'est suffisamment exprimé sur la question, ainsi que M. le président de la commission des affaires économiques. Mais le texte contient beaucoup d'autres dispositions. Dès lors qu'elles apportent un « plus », il faut les accepter. Elles visent en effet à répondre à des attentes et à résoudre des problèmes de sécurité.
J'apprécie qu'en commission mixte paritaire la majorité sénatoriale se soit ralliée à cet amendement, présenté à nouveau sur l'initiative de Mme Odile Saugues, rapporteure à l'Assemblée nationale.
Les installations de stockage souterrain de gaz et d'hydrocarbures sont des installations très dangereuses. A l'heure où, après l'explosion de l'usine AZF, nous envisageons de durcir la législation sur les installations classées, notamment les règles d'urbanisation autour de ces sites, il était inconcevable que le Sénat s'oppose à un amendement permettant, d'une part, d'instaurer des servitudes d'utilité publique sur des sites nouveaux de stockage et, d'autre part, de les pérenniser dans les actes de vente de biens fonciers et immobiliers.
Globalement, le texte résultant des travaux de la commission mixte paritaire nous satisfait. Il s'inscrit tout à fait dans la démarche suivie par les auteurs du projet de loi initial.
Ce texte, d'une part, visait en effet à assurer un contrôle qualité en matière de sécurité des ouvrages aux différentes étapes de leur vie, de la conception à la mise en service, et tout au long de l'exploitation, et ce, quel que soit le gestionnaire des ouvrages, Etat ou collectivités territoriales. Ce texte avait d'autre part pour objet de faciliter et de généraliser l'analyse des causes des accidents de transport terrestre ou en mer, sur le modèle de ce qui se pratique dans l'aviation civile, afin d'éviter de nouveaux accidents grâce aux enseignements tirés de l'expérience.
Les enrichissements apportés lors des lectures dans chacune des chambres ont été maintenus, soit dans leur rédaction initiale, soit dans leur esprit.
Je pense par exemple à l'extension de la procédure de contrôle aux travaux de construction ou d'extension d'aéroport ainsi qu'aux systèmes de transports guidés destinés au transport de personnels. La démarche qualité est ainsi généralisée, quel que soit l'ouvrage ou le moyen de transport.
Je pense aussi aux précisions apportées sur le contenu du dossier de sécurité établi en amont de la réalisation des travaux. Ce dossier devra désormais préciser les conditions d'exploitation au regard des risques technologiques ou naturels.
Par ailleurs, s'agissant des ouvrages aéroportuaires, il devra traiter de la compatibilité des constructions existantes ou en projet avec la sécurité des populations riveraines. A l'heure où nous nous apprêtons à construire un troisième aéroport, cette disposition est la bienvenue.
Je pense enfin à la possibilité d'imposer la présence de moyens de lutte contre l'incendie ainsi que des moyens de secours à proximité d'ouvrages routiers particulièrement à risques.
De nombreux « cavaliers » législatifs, outre l'amendement relatif à la directive Seveso, sont venus utilement compléter le projet de loi.
Ainsi en est-il de l'article 9 bis , qui renforce la répression des infractions en matière de transport de matières dangereuses.
Ainsi en est-il aussi de l'article 2 bis, qui donne corps au pôle multimodal alpin chargé de financer les liaisons ferroviaires transalpines, et dont la création avait été annoncée par le Premier ministre à Chambéry, le 19 janvier dernier.
Ainsi en est-il enfin de l'amendement n° 1, déposé à l'article 2 bis , adopté après la réunion de la commission mixte paritaire sur l'initiative du Gouvernement, et qui vise à créer un établissement public destiné à concourir à la mise en oeuvre de la politique multimodale des transports sur l'ensemble du territoire. Cet établissement sera doté de 5 milliards de francs grâce à l'ouverture du capital d'ASF.
La méthode - le dépôt d'un amendement après une commission mixte paritaire réussie - peut être discutée. En revanche, on ne peut qu'adhérer au fond. Le développement du transport multimodal est un gage de sécurité. Avec le pôle alpin et ce nouveau fonds, nous disposons de deux bons outils au service de transports plus sûrs et plus respectueux de notre environnement.
Je note, par ailleurs, que nous sommes parvenus à un accord sur les deux points sur lesquels les divergences entre les deux chambres étaient les plus fortes, grâce à la bonne volonté des deux rapporteurs. De surcroît, je tiens à souligner le travail positif qui a été réalisé en commission mixte paritaire.
Il s'agit tout d'abord, de la maîtrise de l'urbanisation aux abords des aéroports. Cet accord préserve en effet les possibilités de procéder à des opérations de démolition-reconstruction, tout en écartant toute augmentation de population dans les zones concernées. C'est, je crois, une bonne rédaction.
Il s'agit aussi de la question des sanctions en cas de non-respect des distances dans les tunnels. La rédaction votée par le Sénat, sur proposition du Gouvernement, était plus douce que celle qui a été retenue en commission mixte paritaire. La discussion à l'Assemblée nationale a permis de clarifier le texte retenu par la commission mixte paritaire : la première infraction est sanctionnée par une contravention ; seule la récidive peut être passible d'une peine d'emprisonnement. Le principe de la proportionnalité de la peine est ainsi préservé.
Nous allons aujourd'hui définitivement adopter ce projet de loi. Mais, si je puis dire, monsieur le ministre, la route est longue avant que cette loi puisse véritablement entrer en vigueur. De nombreux décrets sont attendus. Gageons que le Gouvernement travaillera vite et bien, respectant au mieux la volonté du législateur et répondant aux attentes de nos concitoyens.
Pour éviter de reprendre la parole pour expliquer mon vote, et donc pour faire gagner du temps au Sénat, j'indique d'emblée que le groupe socialiste votera ce projet de loi.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur. C'est une heureuse surprise ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les premières lectures de ce projet de loi, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, ont montré que chacun s'accordait à reconnaître l'urgente nécessité de renforcer les normes de sécurité relatives à l'ensemble des infrastructures et systèmes de transport, comme celle de généraliser au domaine des transports terrestres et maritimes les procédures d'enquête dont l'application était jusqu'à présent réservée aux accidents de l'avitation civile.
Après les accidents tragiques qui se sont produits dans le tunnel du Mont-Blanc et dans celui du Saint-Gothard, la démonstration n'est plus à faire de la nécessité de disposer d'instruments de « retour d'expérience » devant contribuer à améliorer de la prévention afin d'éviter qu'à l'avenir de tels drames ne se reproduisent.
En ce qui concerne la pollution maritime, rappelons qu'en 1999 l' Erika souillait d'une marée noire d'une quarantaine de milliers de tonnes de fioul le littoral Atlantique et qu'en 2000 le Ievoli Sun, aux cuves pleines de produits chimiques toxiques, dont 4 000 tonnes de styrène, menaçait les bordures maritimes du Cotentin.
Ces catastrophes aux conséquences désastreuses sur les plans écologique, économique et humain témoignent, s'il le fallait encore, qu'une politique plus soucieuse de l'environnement et des hommes doit s'efforcer de renforcer les normes de sécurité, fortement affaiblies par la vague de déréglementation de ces vingt dernières années.
Nous ne pouvons donc que nous féliciter de l'initiative que vous avez prise, monsieur le ministre, d'inscrire à l'ordre du jour un tel projet de loi déclaré d'urgence. Nous nous réjouissons également que la commission mixte paritaire ait pu aboutir à un accord sur les points de divergence apparus au cours des débats. Je pense notamment à l'intégration dans ce texte de loi des dispositions de la directive Seveso 2 relatives au stockage souterrain de gaz naturel, d'hydrocarbures et de produits chimiques. Cette transposition partielle de la directive « gaz » répond à l'impérieuse nécessité de prévenir les risques industriels mis en évidence par la déflagration meurtrière de l'usine AZF.
Les débats qui ont fait suite à cette explosion ont aussi souligné que nous avions encore beaucoup à faire si l'on souhaite véritablement réduire la probabilité de tels accidents.
Cette volonté suppose une politique plus attentive aux conditions de travail, une politique qui mette un frein au processus de libéralisation des économies, au développement de la sous-traitance et du travail précarisé, qui sont autant de facteurs de déstabilisation des collectifs de travail qui remettent en cause la sécurité. Plusieurs orateurs de notre groupe ont eu l'occasion d'en faire la démonstration à maintes reprises, encore avant-hier, lors de la discussion de l'article 38 du collectif budgétaire concernant les réseaux de transport de gaz naturel.
Comment un Breton pourrait-il taire que l'abandon de l'organisation du transport maritime aux règles du marché mondial participe de la logique libérale qui concourt inexorablement à accroître la possibilité des accidents dont on connaît, par expérience, hélas ! la gravité ?
Dans un espace maritime fortement déréglementé, les pratiques de dumping social, de réduction drastique des coûts, de contournement des règles internationales sont courantes, pour ne pas dire habituelles.
Monsieur le ministre, nous savons que vous avez oeuvré en faveur d'une réglementation internationale nouvelle en initiant et en soutenant activement son avancée au cours de la présidence française. Il s'agissait du paquet « Erika 1 » que l'Union européenne a définitivement adopté le 5 décembre dernier.
Ce « paquet », qui regroupe trois directives, contribue incontestablement au renforcement des règles de sécurité.
La première vise à responsabiliser les sociétés de classification qui effectuent les contrôles techniques.
La deuxième renforce les contrôles des navires « à haut risques » et qui sont relatifs à l'état des infrastructures portuaires.
La troisième vise l'élimination, entre 2003 et 2015, des pétroliers à simple coque.
Ce dispositif sera bientôt complété par le paquet « Erika 2 », qui a déjà fait l'objet d'un examen devant le Parlement européen. Une position commune sera vraisemblablement obtenue sous la présidence espagnole.
Ce nouveau dispositif constituera une avancée certaine, notamment en matière d'indemnisation des victimes des pollutions maritimes puisque l'une des dispositions vise à créer un fonds complémentaire au Fonds international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures, le FIPOL, dont chacun s'accorde aujourd'hui à reconnaître les insuffisances notoires.
Une agence européenne maritime de sécurité est créée et les moyens techniques en matière de contrôle du suivi du trafic maritime sont accrus.
Pour autant, monsieur le ministre, et vous l'avez souligné en ouvrant ici, le 24 octobre dernier, le débat sur ce projet de loi, les questions de sécurité ne peuvent se limiter aux analyses techniques, héritées de conceptions pour le moins « étriquées », auxquelles certains voudraient les ramener.
La réintroduction d'obstacles à une concurrence acharnée tirant vers le bas les normes sociales, autre manière de reconnaître les interactions entre les dimensions technico-économiques et les conditions de travail, au premier rang desquelles figurent les exigences en matière de formation et de qualification, sont autant de facteurs qui réduisent la fréquence des accidents.
En ce domaine aussi, et ce sera ma conclusion, les efforts entrepris en faveur d'une harmonisation européenne par le haut doivent être poursuivis. C'est peu dire que nous comptons sur vous...
Enfin, nous voterons l'amendement du Gouvernement qui tend à favoriser la politique intermodale des transports, politique qui nécessite une volonté - vous l'avez, monsieur le ministre - et des investissements conséquents à court et à moyen termes.
Nous voterons donc ce projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, en application de l'article 42, alinéa 12, du règlement, lorsqu'il examine après l'Assemblée nationale le texte élaboré par la commission mixte paritaire, le Sénat se prononce par un seul vote sur l'ensemble du texte en ne retenant que les amendements ayant reçu l'accord du Gouvernement.
Je donne lecture du texte de la commission mixte paritaire :