SEANCE DU 1ER DECEMBRE 2001


Sur ces crédits, la parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud. J'ai souhaité intervenir aujourd'hui sur les crédits d'aide à la presse, d'une part, parce qu'il est intéressant de faire le bilan de l'action du Gouvernement là aussi, mes chers collègues, et, d'autre part, pour évoquer deux ou trois questions liées à la presse quotidienne nationale, dont la situation, sans parler de crise, n'est pas florissante et dont l'avenir économique peut susciter quelques inquiétudes.
D'abord, concernant les aides à la presse, il faut avant tout saluer l'effort sans précédent accompli depuis cinq ans en matière d'aides directes, puisqu'elles ont globalement progressé de 80 %. Il faudrait remonter loin dans l'histoire pour retrouver un pareil effort en faveur du pluralisme de la presse. Cette législature a également eu le mérite de procéder à la création du fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale, de par la volonté conjointe du Parlement et du Gouvernement.
Néanmoins, la situation de la presse est contrastée. J'évoquerai quelques exemples pour illustrer mon propos.
Si, globalement, l'année dernière, les hebdomadaires ont connu une diffusion en hausse, la presse quotidienne d'information généraliste a plutôt stagné.
On peut saluer la naissance d'une dizaine de titres depuis l'été dernier, mais les annonces de fermetures se multiplient malheureusement ces dernières semaines.
La situation du marché publicitaire est plus préoccupante puisque, en valeur absolue, le nombre de pages publicitaires a baissé de 5,4 % sur les neuf premiers mois de l'année par rapport à la même période l'année dernière. Il y a fort à parier que, depuis le 11 septembre, la situation s'est aggravée, et les analystes ne sont pas optimistes sur l'évolution du marché publicitaire l'année prochaine. Cette situation entraîne des licenciements très importants, en particulier dans les quotidiens nationaux.
En 2002, les aides directes seront, en apparence, reconduites de façon globale. C'est lié au fait qu'aucun crédit budgétaire, contrairement à ce qui s'est passé durant l'exercice 2001, ne viendra alimenter l'une de ces aides, le « fonds de modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et générale ». Pourtant, celui-ci connaîtra une progression spectaculaire - 19 % - grâce à des reports de gestion et des remboursements d'avance et grâce au prélèvement de la taxe de 1 % sur le hors-média qui constitue un crédit extrabudgétaire et, à ce titre, n'est pas comptabilisé dans les crédits budgétaires et dans la progression globale des aides à la presse.
Alors, de grâce, mes chers collègues, un peu de bonne foi ! Les aides directes augmentent réellement, puisque les deux autres articles consacrés aux aides directes sont également en hausse : l'article 10, relatif aux aides à la diffusion, augmente de 7 %, et l'article 20, qui concerne les aides à la presse à faibles ressources publicitaires, marque une progression de 1,2 %.
Cette progression permettra peut-être de surmonter le ralentissement actuel et d'éviter la crise.
Mais, si vous le permettez, je souhaiterais revenir en quelques mots sur un problème qui revient depuis quelques années, celui de la distribution des quotidiens et, plus généralement, sur la distribution de la presse.
Cette année encore, cinq cents points de vente ont été supprimés.
Je reste également préoccupée, madame la ministre, par le problème des kiosquiers parisiens qui se retrouvent souvent dans des situations financières catastrophiques. On pourrait d'ailleurs s'interroger sur la convention entre la Mairie de Paris et les NMPP reconduite pour dix ans peu de temps avant l'arrivée de la nouvelle équipe municipale...
Le problème de la distribution a été traité lors des tables rondes réunies au printemps dernier. Vous pourrez peut-être nous donner des pistes de réflexion sur le sujet.
Ma seconde question concerne la création, que je salue, du nouveau fonds d'aide à la distribution de la presse quotidienne nationale d'information générale et politique, doté de 80 millions de francs cette année, création qui est planifiée sur une durée de trois ans.
Il s'agit encore d'une réforme que le gouvernement Jospin aura eu le mérite de conduire. Après le fonds d'aide au portage, dont je voudrai rappeler que, cette année, il sera doté d'un montant global de 60 millions de francs, c'est un élément essentiel pour assurer la rapidité de la distribution, ce qui est le plus important pour un quotidien, M. de Brossia y faisait allusion ce matin.
Cette aide est destinée à préserver le système de distribution coopératif, fondé sur la solidarité entre les titres depuis la loi Bichet.
Il est clair que le système des NMPP a besoin d'être modernisé. De ce point de vue, on peut saluer la décision de l'opérateur, qui a accepté de renoncer à sa redevance pendant la durée du plan.
Néanmoins, cette nouvelle aide étant réservée à la presse quotidienne nationale d'information générale et politique, ce que je peux comprendre - elle est, en effet, essentielle au fonctionnement de notre démocratie - il est permis de se demander si cela ne risque pas de fausser le principe de solidarité au sein d'une même coopérative de distribution.
En clair, car chacun aura compris qu'il ne s'agit pas de mon quotidien préféré du matin, mais plutôt de celui de mon entourage masculin, c'est-à-dire de L'Equipe (sourires), on peut se demander si exclure de l'aide ce quotidien qui tire à 370 000 exemplaires et qui contribue donc, du fait du système de péréquation au sein d'une même coopérative, à limiter les coûts de distribution des quotidiens d'information générale et politique qui appartiennent à la même coopérative, ne risque pas de fausser le système et de remettre en cause cette solidarité à laquelle la presse et nous-mêmes sommes très attachés.
Peut-être pourrez-vous, madame la ministre, nous dire quelques mots sur ce sujet.
Pour conclure, madame la ministre, je vous réaffirme notre soutien. Le groupe socialiste, dont vous connaissez l'attachement au pluralisme de la presse, votera avec enthousiasme les aides à la presse.
Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Catherine Tasca, ministre de la culture et de la communication. Je voudrais brièvement répondre aux questions qui viennent de m'être posées par Mme Pourtaud.
Tout d'abord, en ce qui concerne globalement la situation économique de la presse et du marché publicitaire, je rappelle qu'un certain pessimisme pesait sur l'avenir des ressources publicitaires dès avant le 11 septembre. Les événements ont évidemment aggravé les inquiétudes, au moins sur le moment, mais les évaluations des professionnels tendent plutôt à une stabilisation du marché publicitaire, marché dont il ne faut pas oublier qu'il avait connu, plus qu'une embellie, un emballement les deux exercices précédents.
Vous avez évoqué le sort des diffuseurs de presse. J'ai été à l'origine, en 1991, du premier plan d'amélioration pour les diffuseurs, car c'est un maillon essentiel de l'accès du lecteur aux journaux, comme le rappelait ce matin M. le rapporteur spécial, la proximité étant une règle en matière de presse écrite, surtout quotidienne.
L'ensemble des participants à la table ronde sont tombés d'accord sur la nécessité de redéfinir les conditions de la rémunération et, bien sûr, celles des kiosquiers parisiens, dont les représentants ont participé aux travaux. Un accord interprofessionnel est intervenu le 1er juillet dernier, qui définit les critères permettant à près de 15 000 diffuseurs de bénéficier d'un taux de commission revalorisé de deux points.
Enfin, vous vous préoccupez de l'avenir économique de L'Equipe. Fort heureusement, il appartient à un groupe qui paraît très bien gérer son avenir puisqu'il annonce des investissements considérables.
Je l'ai rappelé tout à l'heure, le Gouvernement a choisi de consacrer un effort particulier en faveur de la presse d'information politique et générale. Tout choix, toute priorité peut effectivement créer un traitement différent. C'est un choix que le Gouvernement assume. Pour L'Equipe, qui ne remplit pas les critères de cette aide et dont le sort vous préoccupe, nous avons reçu l'engagement du conseil de gérance de la coopérative des quotidiens de Paris qu'il soumettra au vote de son assemblée générale des mesures correctrices de barème témoignant de l'effort de solidarité entre les éditeurs.
M. le président. Le vote sur les crédits figurant au titre IV est réservé.

ÉTAT C

services du Premier ministre
I. - Services généraux

M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 44 972 000 euros.