SEANCE DU 20 JUIN 2001


M. le président. Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 78 rectifié, MM. Pelletier, Paul Girod, Joly, Mouly, Demilly, Vallet et Guichard proposent de rédiger ainsi le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 752-20 du code rural :
« Art. L. 752-20. - Les organismes assureurs mènent, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles, les actions susceptibles de prévenir les risques liés aux accidents du travail, de la vie privée et aux maladies professionnelles dont peuvent être victimes les personnes mentionnées à l'article L. 752-1. »
Les trois amendements suivants sont présentés par M. Seillier, au nom de la commission.
L'amendement n° 33 vise, dans la seconde phrase du premier alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 752-20 du code rural, après les mots : « des cotisations », à insérer les mots : « ou des primes ».
L'amendement n° 34 tend, dans le deuxième alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 752-20 du code rural, à remplacer les mots : « des chefs d'exploitation ou d'entreprise agricole », par les mots : « des organisations représentatives des chefs d'exploitation ou d'entreprise agricole ».
L'amendement n° 113 a pour objet, à la fin du second alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 752-20 du code rural, de remplacer les mots : « des expertises des installations », par les mots : « des expertises médicales et techniques réalisées lors de l'installation des jeunes agriculteurs ».
La parole est à M. Paul Girod, pour défendre l'amendement n° 78 rectifié.
M. Paul Girod. La modification que nous proposons a pour objet de mettre à la charge des organismes assureurs une obligation de prévention.
Dans un souci de transparence, de proximité et afin de faire participer les assurés exploitants à leur propre prévention, nous prévoyons d'associer les organisations professionnelles agricoles aux actions de prévention.
Monsieur le ministre, j'ai le sentiment que le Gouvernement met une certaine obstination à ne pas écouter la voix des agriculteurs telle qu'elle s'exprime par le biais des organisations représentatives.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre les amendements n°s 33, 34 et 113 et donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 78 rectifié.
M. Bernard Seillier, rapporteur. L'amendement n° 33 est un amendement de conséquence et les amendements n°s 34 et 113 des amendements de précision.
Quant à l'amendement n° 78 rectifié, la commisssion y est défavorable, toujours par cohérence.
Je souligne que nous innovons dans la mesure où, dans la logique qu'elle a suivie, la commission propose de créer un régime de sécurité sociale privé fonctionnant selon une organisation...
M. Guy Fischer. C'est une première !
M. Bernard Seillier, rapporteur. Non ! Nous suivons la même logique depuis le début.
Nous défendons la création, dans le cadre d'une organisation législative, d'un régime d'assurance accidents du travail qui peut s'appuyer sur la MSA ou, si les exploitants le préfèrent, sur des organismes d'assurance classiques.
Bien évidemment, monsieur le président, je demande que les amendements n°s 33, 34 et 113 soient votés par priorité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. La priorité est ordonnée.
Quel est maintenant l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 33, 34, 113 et 78 rectifié ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis défavorable à ces amendements, à l'exception de l'amendement n° 34, sur lequel j'émets un avis favorable pour montrer que je ne suis pas systématique dans mon opposition. (Sourires.)
Je voudrais dire à M. Girod qui était absent tout à l'heure, retenu sans doute par d'autres obligations, que ce débat sur les organisations professionnelles agricoles me fait sourire. En effet, qu'est-ce donc que la MSA si ce n'est une organisation professionnelle agricole, une OPA, puisque ses responsables sont élus par les agriculteurs ? Or, toutes les caisses locales de MSA approuvent ce texte et en réclament l'application.
M. Hilaire Flandre. Non !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Comment non ? Mais si, à une ou deux exceptions près ; vous avez bien lu les communiqués de la MSA ! Si vous voulez, je vous emmènerai devant des assemblées d'agriculteurs qui approuvent le texte gouvernemental, et vous verrez !
Dans un souci de compromis, disons que l'opinion est partagée.
Par conséquent, se référer à la base qui réclamerait à cor et à cri la concurrence assurancielle, dont on sait ce qu'elle a donné depuis quarante ans, est un faux argument. Bien des agriculteurs demandent l'instauration du régime de sécurité sociale. Je peux donc dire que c'est aussi une organisation professionnelle agricole qui soutient le texte du Gouvernement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 33.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'aurais préféré expliquer mon vote sur l'amendement n° 78 rectifié de M. Paul Girod, mais, comme il va, fort probablement, devenir sans objet, je m'exprime maintenant pour faire toucher du doigt une certaine incohérence dans la démarche que nous adoptons concernant les actions de prévention.
On ne peut pas, à la fois, reprocher aux assurances de ne pas avoir mené suffissamment d'actions de prévention en faveur des non-salariés agricoles et, à l'occasion d'un amendement qui tend justement à prévoir un dispositif engageant le système assurantiel à mener de telles actions, s'y opposer.
Je profite de l'occasion pour ajouter que c'est un mauvais procès qui a été fait aux systèmes d'assurance. Permettez-moi de citer encore une fois Groupama, qui a consacré plus de 30 millions de francs chaque année aux actions de prévention. Aussi, prétendre que le système d'assurance n'a jamais mené d'actions de prévention et que c'est la raison pour laquelle le Gouvernement a prévu le dispositif qui nous est présenté me semble tout à fait infondé.
En tout cas, il y aurait eu quelque cohérence à prévoir un dispositif qui permette au système d'assurance de s'impliquer dans la prévention, au minimum en liaison avec la MSA.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par le Gouvernement.
M. Paul Girod. Le groupe du RDSE s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 113, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 78 rectifié n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 752-20 du code rural.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLES L. 752-21 À L. 752-23 DU CODE RURAL