SEANCE DU 2 MAI 2001


M. le président. Par amendement n° 7 rectifié, MM. Jean-Louis Lorrain, Machet, Nogrix, Franchis et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 39, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 441-2 du code du travail est complété, in fine, par un alinéa nouveau ainsi rédigé :
« Un salarié mis à la disposition d'une entreprise par un groupement d'employeurs, doit pouvoir bénéficier, comme les autres salariés de l'entreprise, des systèmes d'intéressement et de participation en vigueur au sein de cette entreprise, ceci au prorata du temps de sa mise à disposition. »
La parole est à M. Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. Les groupements d'employeurs rencontrent un vide juridique qui interdit le versement d'un intéressement à leurs salariés par les entreprises dans lesquelles ces derniers sont missionnés.
Une entreprise employant un salarié en contrat à durée déterminée peut le faire bénéficier du système d'intéressement dont bénéficie le reste du personnel sous contrat à durée indéterminée, et ce au prorata du temps pendant lequel le salarié en CDD est employé.
Cette même entreprise qui fidélise le même salarié, via un groupement d'employeurs, ne peut le faire bénéficier du système d'intéressement en vigueur.
Cette situation paraît anormale pour le salarié du groupement d'employeurs qui contribue régulièrement - c'est l'un des intérêts majeurs et résolument novateurs du système introduit par les groupements d'employeurs - à la performance de cette entreprise, alors qu'un autre employé faisant l'objet d'un CDD ne viendra peut-être qu'une fois, ponctuellement, travailler dans cette entreprise sans en posséder la culture, ni en maîtriser les savoir-faire.
De plus, cette situation contribue à maintenir une disparité anormale de revenus entre le salarié missionné par le groupement d'employeurs et un salarié employé en CDI classique dans l'entreprise.
D'ailleurs, devant ce vide juridique, certaines entreprises, voire certaines organisations syndicales, sont conduites à freiner le recours aux salariés des groupements d'employeurs pour éviter des disparités anormales.
Cette situation n'est ni logique ni équitable. Elle réclame du législateur et du Gouvernement qu'ils modifient la loi commune, d'autant que, bien souvent, les URSSAF, Unions de recouvrement des cotisations de sécurité et d'allocations familiales, et les directions départementales du travail dénoncent elles-mêmes cette iniquité, mais sans pouvoir y remédier compte tenu de l'état actuel de la législation sur ce point.
Il est donc souhaitable que la loi soit amendée pour qu'un salarié mis à la disposition d'une entreprise par un groupement d'employeurs puisse bénéficier, comme les autres salariés de l'entreprise, des systèmes d'intéressement et de participation en vigueur au sein de cette entreprise, et ce, bien entendu, au prorata du temps de sa mise à disposition.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Gournac, rapporteur de la commission des affaires sociales. Nous donnons un avis tout à fait favorable sur cet amendement, car nous considérons que cette excellente initaitive est de nature à favoriser les nouvelles formes de travail. Nous en discutons d'ailleurs souvent avec notre collègue M. Jourdain.
M. le président. Cette disposition élargit, bien entendu, l'intéressement auquel certains d'entre nous sont particulièrement attachés.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle. Je ne peux donner un avis favorable sur cet amendement. C'est pourtant avec un grand intérêt que je prends note de cette demande. L'intention des auteurs est bonne, tant il est vrai que les salariés des groupements d'employeurs ne devraient pas être désavantagés par rapport à ceux des entreprises dans lesquelles ils sont mis à disposition.
Il ne suffit cependant pas d'inscrire cette disposition dans la loi pour que la pratique suive. Les experts que j'ai interrogés m'ont répondu qu'un tel système peut s'appliquer dès aujourd'hui. Rien ne l'interdit.
Tout dépend donc des conventions passées entre les groupements d'employeurs, les entreprises et les salariés.
Dans ces conditions, je ne peux qu'inciter les groupements d'employeurs et leurs salariés à conclure des contrats sur cette question.
M. le président. On peut toutefois souhaiter que la loi les contraigne à aller vers la négociation...
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 39.

Division et articles additionnels après l'article 39