SEANCE DU 25 JANVIER 2001


M. le président. La parole est à M. Poniatowski. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants.)
M. Ladislas Poniatowski. Ma question s'adresse à M. Vaillant, ministre de l'intérieur, qui est absent de l'hémicycle parce qu'il assistait ce matin aux obsèques du jeune policier de vingt-quatre ans écrasé par un chauffard, voilà quelques jours, à Béziers. Sa présence à cette cérémonie était d'autant plus nécessaire que les policiers et les gendarmes n'ont, il faut le savoir, plus du tout « le moral » et perdent confiance dans leurs dirigeants face à l'incessante croissance de l'insécurité.
J'ai ici une liste d'actes de violence qui tous ont eu lieu au cours de la semaine où est mort ce jeune policier. On y trouve, pêle-mêle, un palais de justice qui explose, un convoyeur de fonds qui est tué, un professeur poignardé par trois élèves dans son collège, ...
Mme Nelly Olin. A Garges !
M. Ladislas Poniatowski. ... un employé de la caisse d'épargne tué d'une balle dans la tête au cours d'un hold-up.
On y trouve aussi comme toutes les semaines, jour après jour, hélas ! une augmentation de la délinquance qui se traduit par des voitures qui brûlent dans nos banlieues, par des agressions physiques, par une violence quotidienne dont les journaux ne se font même plus l'écho tant elle est devenue banale en même temps qu'habituelle.
Si je me permets d'en parler aujourd'hui, c'est parce que les statistiques du ministère de l'intérieur seront être publiées la semaine prochaine. On en connaît déjà la tendance : le nombre des agressions physiques augmente, les délinquants sont de plus en plus jeunes et de plus en plus violents, la criminalité sort du cadre des grandes villes pour pénétrer dans les villes moyennes et même les petites villes.
Dans son discours de politique générale de 1997, le Premier ministre, parlant du droit à la sécurité, avait dit que la lutte contre l'insécurité serait l'une de ses priorités.
M. Alain Gournac. Il a beaucoup de priorités !
M. Ladislas Poniatowski. Aujourd'hui, j'ai le sentiment que les Français attendent autre chose que des déclarations générales ou que des déclarations comme celle que j'ai entendu il n'y a pas même trois jours : « S'il y a une augmentation de l'insécurité, ce n'est pas notre faute, a dit le Premier ministre, mais celle de ceux qui étaient au pouvoir entre 1995 et 1997. » (Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. René-Pierre Signé. Il avait raison !
M. Ladislas Poniatowski. De telles paroles ne sont pas responsables, et les Français en jugeront. Ma question, monsieur le ministre, ne porte ni sur les statistiques ni sur l'ensemble du problème de l'insécurité, car ce n'est pas en deux minutes et demie que l'on peut aborder ce problème : elle est directement liée au voyage effectué ce matin par le ministre de l'intérieur. Que compte-t-il faire pour restaurer la confiance chez ces policiers et ces gendarmes qui ont le sentiment d'être des cibles, et de n'être pas soutenus ? (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est a M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur, M. Daniel Vaillant assistait, en effet, ce matin, à Béziers, à l'enterrement du jeune adjoint de sécurité Olivier Recasens, qui a été mortellement agressé dans sa mission d'assistance aux personnes.
La présence du ministre de l'intérieur témoigne de notre volonté d'être aux côtés des policiers, des gendarmes, de toutes les forces de sécurité qui se dévouent et qui peuvent être victimes du devoir. C'est pourquoi j'estime que votre dernière question n'est pas à sa place dans la bouche d'un élu de la nation : on ne peut pas soutenir que les policiers ne bénéficient pas du respect et du soutien du Gouvernement, comme de celui de l'ensemble des groupes politiques représentés dans cet hémicycle.
Par ailleurs, monsieur le sénateur, les chiffres relatifs à la délinquance - ils seront annoncés le 2 février prochain par le directeur général de la police nationale - sont certes des indicateurs en matière de sécurité, mais ils ne peuvent résumer à eux seuls notre politique globale de sécurité.
Il s'agit d'une politique difficile à conduire, car nous devons en effet faire face à des phénomènes sociaux de montée de la violence. Cependant, conformément à ce que le Premier ministre avait annoncé dans son discours de politique générale en juin 1997, nous avons développé la police de proximité. C'est une évolution essentielle de la police nationale, qui était surtout une police d'ordre.
M. Gérard Larcher. On attend toujours les effectifs !
M. Alain Gournac. En effet !
M. René-Pierre Signé. Ce sont eux qui les ont diminués !
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. J'en viens justement aux effectifs. Avant 1997, 1 500 policiers partaient chaque année à la retraite. Compte tenu de la démographie et des recrutements intervenus au début des années soixante, ils sont maintenant 4 000. Or, rien n'était prévu pour augmenter les contingents dans les écoles des gardiens de la paix. Lorsque j'ai remplacé M. Chevènement pendant quelques mois, j'ai pu m'apercevoir, en me rendant dans les écoles de formation des policiers, que, si nous n'avions pas procédé à des recrutements et à des promotions exceptionnels, nous assisterions aujourd'hui à une décrue des effectifs sur le terrain.
M. René-Pierre Signé. Voilà ! C'est de leur faute !
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. C'est incontestable, monsieur Poniatowski : rien n'avait été prévu.
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. J'en termine, monsieur le président, en soulignant que la sécurité est l'affaire de tous. C'est pourquoi nous avons créé les contrats locaux de sécurité, qui sont maintenant au nombre de 500 environ : ils visent à associer aux actions menées par les pouvoirs publics les élus et toutes les forces qui peuvent exister dans la cité pour faire reculer l'insécurité. (Applaudissements sur les travées socialistes.)

FINANCEMENT DES RETRAITES
ET ATTITUDE DU MEDEF