SEANCE DU 24 NOVEMBRE 2000


M. le président. Par amendement n° 88, MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 24 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les conditions de transmission des données par voie informatique sont définies dans le cadre d'une convention annuelle unique, conclue entre la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales et l'ensemble des centres de gestion fédérés au sein d'un groupement d'intérêt public. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 110, présenté par M. Vasselle et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 88 de M. Domeizel par la phrase suivante : « Ce dernier pourra se voir également confier les missions prévues aux articles 14, 23, troisième et quatrième alinéas, et 25, premier et deuxième alinéas, de la présente loi. »
La parole est à M. Domeizel, pour défendre l'amendement n° 88.
M. Claude Domeizel. Dans le cadre de la modernisation de la gestion des carrières, cet amendement traite des relations entre les centres de gestion et la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, la CNRACL.
L'article 24 de la loi du 26 janvier 1984 prévoit que les centres de gestion apportent leur concours à la CNRACL pour constater les durées de services accomplis par les personnels affiliés.
Depuis dix ans, la CNRACL et les centres de gestion ont passé convention : ces dossiers sont traités à l'échelon des centres de gestion et sont transmis ensuite à la CNRACL. En effet, particulièrement dans les communes adhérentes les plus petites, les dossiers de liquidation sont très rares, un tous les dix ans, voire tous les quinze ans parfois, et qui ont donc l'expérience nécessaire pour régler ce genre de problèmes toujours très complexes.
Dans un premier temps, aux termes de la convention, les dossiers étaient transmis sur support papier ; puis ils l'ont été par Minitel et, aujourd'hui, des expériences sont menées pour les transmettre par internet.
Afin d'harmoniser et de rationaliser le dispositif d'échange d'informations entre la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales et les centres de gestion, il est proposé que l'ensemble des centres de gestion se fédèrent au sein d'un groupement d'intérêt public, un GIP, qui serait chargé de conclure avec la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales une convention révisable annuellement et définissant les conditions d'échanges de données.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour présenter le sous-amendement n° 110.
M. Alain Vasselle. J'ai bien compris l'objet de l'amendement de notre collègue Claude Domeizel, mais il m'a semblé utile que le dispositif ne soit pas trop limitatif. C'est la raison pour laquelle je propose, à partir du moment où ce GIP serait constitué, de lui donner la possibilité, s'il le souhaite, d'exercer d'autres missions que les centres décideraient de gérer ensemble. Il s'agirait en quelque sorte d'appliquer le principe de subsidiarité, comme le suggère notre collègue Domeizel, mais au lieu que cela soit limité aux seules questions qui concernent la CNRACL, qu'il puisse le faire également dans d'autres domaines, dans la mesure où il en déciderait ainsi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 110 et sur l'amendement n° 88 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Par coordination avec ce que j'ai dit tout à l'heure à propos des GIP, je ne puis, au nom de la commission des lois, que donner un avis défavorable à l'un comme à l'autre.
Je comprends la préoccupation exprimée par notre collègue Claude Domeizel, mais je crois que, en l'occurrence, nous devons nous en tenir à la ligne de conduite fixée tout à l'heure.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Même avis.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 110, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 84, MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 34 de la loi n° 84-53 est complété in fine par les mots : "après épuisement des garanties de l'article 12, dernier alinéa, de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 et des possibilités offertes à l'article 41 de la présente loi". »
La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Monsieur le président, si vous en êtes d'accord, je souhaiterais présenter en même temps l'ensemble des amendements concernant les fonctionnaires momentanément privés d'emploi visés par les articles 97 et 97 bis de la loi du 26 janvier 1984.
M. le président. J'appelle donc les amendements n°s 85, 86, 87 rectifié et 83, également présentés par MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° 85 vise à insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le dernier alinéa de l'article 41 de la loi du 26 janvier 1984 précitée est complété par les mots : "ou d'un fonctionnaire pris en charge dans les conditions fixées à l'article 97". »
L'amendement n° 86 tend à insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le second alinéa de l'article 56 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984, après les mots : "mandat syndical", sont insérés les mots : "ainsi que le fonctionnaire pris en charge dans les conditions fixées à l'article 97".
« II. - Dans le même alinéa, les mots : "est réputé" sont remplacés par les mots : "sont réputés". »
L'amendement n° 87 rectifié a pour objet d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la première phrase du second alinéa du I de l'article 97 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée, après les mots : "pouvoir de domination", sont insérés les mots : "l'intéressé est soumis à tous les droits et obligations attachés à sa qualité de fonctionnaire".
« II. - Dans la deuxième phrase du second alinéa du I de l'article 97 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée, après les mots : "confier des missions", sont insérés les mots : " ; en application des dispositions de l'article 61". »
Enfin, l'amendement n° 83 vise à insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le premier alinéa de l'article 99 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984, est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« A titre dérogatoire, les fonctionnaires pris en charge au titre de l'article 53 peuvent bénéficier des dispositions du présent article lorsqu'ils remplissent l'ensemble des conditions réglementaires requises. »
Veuillez poursuivre, monsieur Domeizel.
M. Claude Domeizel. Ces amendements ont pour objet non seulement d'éviter la reconstitution du stock de fonctionnaires et d'agents en situation précaire et à l'avenir professionnel incertain, mais également et surtout de tenir compte d'un avis du Conseil d'Etat du 11 juillet 2000, qui préconise une intervention du législateur pour faire bénéficier ces personnels de toutes les garanties fondamentales attachées à leur statut. Or, actuellement, la loi ne règle que le problème de la prise en charge de leurs rémunérations.
L'amendement n° 84 vise à préciser qu'il est tenu compte du reclassement des fonctionnaires momentanément privés d'emploi comme de ceux qui sont inscrits sur les listes d'aptitude pour les délibérations concernant le recrutement d'agents non titulaires.
L'amendement n° 85 tend à compléter l'article 41 de la loi de 1984, qui prévoit que, pour le recrutement sur un emploi vacant, l'autorité territoriale peut nommer un candidat par mutation, promotion interne ou avancement de grade, mais que si, au bout de quatre mois, l'opération reste infructueuse, il faut mettre en concurrence tous les candidats. Nous proposons qu'il s'agisse de ceux qui figurent sur une liste d'aptitude mais également des fonctionnaires momentanément privés d'emploi.
L'amendement n° 86 visait simplement - j'emploie l'imparfait, car je le retire - à démontrer le caractère anormal, au regard de l'exercice du mandat syndical, de la situation des personnels visés par l'article 97 par rapport aux autres fonctionnaires.
M. Claude Domeizel. Le paragraphe I de l'amendement n° 87 rectifié vise à clarifier la situation des fonctionnaires en prévoyant expressément que « l'intéressé est soumis à tous les droits et obligations attachés à sa qualité de fonctionnaire ».
Le paragraphe II du même amendement a pour objet d'encadrer le régime des missions, aujourd'hui, temporaires, qui peuvent être confiées aux fonctionnaires privés d'emploi. Il me paraît utile de préciser que ces missions doivent être confiées en application des dispositions de l'article 61, et ce afin de faciliter le reclassement des fonctionnaires momentanément privés d'emploi.
Quant à l'amendement n° 83, il a pour objet d'ouvrir, ce qui peut être intéressant dans certains cas, le bénéfice du congé spécial aux agents qui n'ont pu le prendre parce qu'ils ont été privés d'emploi avant l'âge de cinquante-cinq ans mais qui pourraient partir en congé spécial après l'âge de cinquante-cinq ans.
M. le président. L'amendement n° 86 est retiré. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 84, 85, 87 rectifié et 83 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. S'agissant de l'amendement n° 84, le Gouvernement est sensible aux préoccupations de ses auteurs. Il lui paraît cependant que la technique juridique utilisée est inappropriée, puisque l'article 34 traite de la création des emplois par l'assemblée délibérante, qui doit être distinguée des conditions de nomination d'agents sur ces emplois par l'exécutif, lesquels doivent être, par priorité, des fonctionnaires et peut-être des non-titulaires, dans le cas prévu par l'article 3.
Pour ces raisons de technique juridique, le Gouvernement souhaite le retrait de cet amendement.
Par ailleurs, le Gouvernement est favorable aux amendements n°s 85 et 87 rectifié.
S'agissant de l'amendement n° 83, le Gouvernement ne souhaite pas qu'il soit adopté en l'état. Le problème est réel, mais la réponse proposée n'est pas tout à fait appropriée et la réflexion doit se poursuivre.
Si cet amendement n° 83 pouvait également être retiré, cela faciliterait nos débats.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En ce qui concerne l'amendement n° 84, la commission émet un avis défavorable en raison, en particulier, des arguments qui ont été avancés tout à l'heure par M. le ministre.
Pour les amendements n°s 85 et 87 rectifié, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Quant à l'amendement n° 83, son auteur a été appelé par M. le ministre à le retirer.
M. le président. Monsieur Domeizel, les amendements n°s 84 et 83 sont-ils maintenus ?
M. Claude Domeizel. J'accepte de les retirer, après les explications qui m'ont été données. La clarification était, en effet, nécessaire.
M. le président. Les amendements n°s 84 et 83 sont retirés.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 85.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'ai vraiment le sentiment, à travers ces amendements, que nous faisons du rapiéçage.
Chacun le reconnaît, le dispositif des articles 97 et 97 bis de la loi de 1984 ne fonctionne pas de manière satisfaisante et pose des problèmes face au centre national de la fonction publique territoriale, le CNPTF, et également face aux centres de gestion.
Nous avions, par des dispositions de la loi Hoeffel, fait des avancées qui, sans répondre complètement à l'attente des élus de la totalité des communes affiliées et non affiliées, étaient cependant significatives.
En ce qui concerne ces agents déchargés de fonctions et privés d'emploi, il faut absolument que nous trouvions un dispositif équilibré qui tienne compte à la fois des collectivités responsables de ce type de décision et des agents eux-mêmes.
Notre collègue Claude Domeizel plaide, certes, en faveur d'une amélioration de la situation de ces agents. Mais attention ! En prenant des mesures de cette nature, on conforte l'évolution non seulement de leur carrière, mais également de leur rémunération, alors qu'ils n'exercent pas une activité effective, sauf exceptions. Le caractère dissuasif du dispositif législatif qui a été mis en oeuvre ne jouera plus comme précédemment. Nous allons donc, en fait, aggraver la situation déjà déplorable dans laquelle se trouvent à la fois les agents concernés, les centres de gestion et le centre national de la fonction publique territoriale.
Je n'ai pas le sentiment que nous rendions service aux agents et aux centres de gestion en prenant des mesures de cette nature. Il eût été plus judicieux, au contraire, que M. Domeizel retire ses amendements, comme j'ai retiré les miens auparavant à la demande de M. le rapporteur, et que nous profitions de la discussion qui va s'engager entre le Gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat, pour élaborer un dispositif un peu plus équilibré qui prenne en compte tous les aspects du problème, du point de vue tant des collectivités que des agents.
C'est la raison pour laquelle je ne voterai aucun de ces différents amendements.
Nous n'avancerons sur ce dossier qu'à partir du moment où toutes les parties concernées accepteront de s'asseoir autour d'une table, pour examiner les conséquences de l'application de ces articles et les difficultés vécues par ces déchargés de fonctions et ces agents privés d'emploi.
Il eût été préférable que M. le ministre décide de créer un groupe de travail - on l'a fait dans bien d'autres domaines - réunissant les représentants des agents, les représentants du CNFPT, les représentants des centres de gestion et les parlementaires, afin d'essayer de travailler sur ce dossier d'une manière saisfaisante. Mais, aujourd'hui, j'ai vraiment le sentiment, mes chers collègues, que nous faisons du rapiéçage et que nous ne réglons pas le problème au fond.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 85, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 87 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 29, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 41 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est complété par les dispositions suivantes :
« Doivent être transmises pour publicité au Journal officiel de la République française les décisions de nomination dans les grades des cadres d'emplois suivants :
« administrateur territorial,
« conservateur territorial du patrimoine,
« conservateur territorial de bibliothèques,
« directeur d'établissement d'enseignement artistique,
« médecin territorial,
« biologiste, vétérinaire, pharmacien territorial,
« ainsi que les nominations en qualité d'ingénieur en chef de 1re catégorie de 2e classe, de 1re classe et hors classe. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 108, déposé par M. Vasselle, et tendant à compléter le texte présenté par l'amendement n° 29 de M. Hyest par un alinéa ainsi rédigé :
« Les centres de gestion sont chargés de la transmission de ces décisions qui leur sont communiquées, en application des articles 14 et 23 de la présente loi, par les autorités ayant prononcé les nominations. »
L'amendement n° 29 est-il soutenu ?...

TITRE III

DISPOSITIONS RELATIVES
AU TEMPS DE TRAVAIL

Article 15