SEANCE DU 22 NOVEMBRE 2000


M. le président. « Art. 5. - Les dispositions de l'article 25-4 de l'ordonnance du 22 décembre 1958 précitée sont applicables aux personnes intégrées dans la magistrature au titre de l'article 24 de la même ordonnance antérieurement à l'entrée en vigueur de la présente loi organique. »
Par amendement n° 7, M. Fauchon, au nom de la commission, propose de compléter in fine cet article par les mots : « , ainsi qu'aux magistrats recrutés par concours exceptionnels. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Pierre Fauchon, rapporteur. Cet amendement vise à rendre plus équitable le dispositif de l'article 5, en l'étendant aux magistrats recrutés par la voie des concours exceptionnels.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Il est certainement équitable d'ouvrir aux magistrats recrutés par la voie des concours exceptionnels cette faculté de rachat de droits à pension, limitée jusqu'à présent aux seuls magistrats recrutés sur titres, par la voie de l'intégration directe.
Comme ces derniers, ils ont en effet une vie professionnelle, parfois longue, qui est antérieure à leur entrée dans la magistrature et qui doit pouvoir être prise en compte, sous certaines conditions, pour leur droit à pension de retraite de l'Etat.
Mais la question mérite d'être approfondie sur au moins deux points.
Le premier est le coût de cette extension. C'est en effet un dispositif très favorable, dérogatoire aux règles habituelles du régime de retraite des agents publics. Il faut donc en évaluer l'impact, en fonction du nombre de magistrats effectivement concernés, c'est-à-dire issus du secteur privé ou des professions libérales.
Le second est le champ de cette extension. Il faut examiner si les magistrats recrutés par la voie du troisième concours d'accès à l'ENM, ouvert aux personnes justifiant d'une expérience dans le secteur privé, ne devraient pas également être concernés.
Tous ces points sont en cours d'expertise. C'est pourquoi ces dispositions nous semblent prématurées.
M. Pierre Fauchon, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Pierre Fauchon, rapporteur. Je croyais que nous étions bien d'accord, madame le garde des sceaux ? Peut-être ai-je été un peu sommaire. Je vais donc m'expliquer, certains de nos collègues pouvant s'étonner que nous permettions à des personnes devenues magistrats par concours exceptionnel de bénéficier, pour leur retraite, des annuités d'ancienneté qu'elles ont acquises au cours de leurs activités professionnelles antérieures.
Si nous voulons effectivement que soient recrutés des magistrats par concours exceptionnel - ce dont nous avons absolument besoin - il faut évidemment qu'ils puissent conserver leur situation en matière de retraite. C'est la raison profonde de cet amendement qu'il serait tout à fait équitable d'adopter.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le garde des sceaux.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Sur le fond, nous sommes parfaitement d'accord avec M. le rapporteur.
En revanche, comprenez qu'il faut une expertise, sans laquelle nous tomberions sous le coup de l'article 40, car il s'agit d'une dépense importante. Nous ne pouvons donc pas nous engager sans connaître l'incidence d'une telle mesure.
M. Pierre Fauchon, rapporteur. Mais c'est un rachat d'annuités ! Nous ne leur faisons pas de cadeau ! Ils devront racheter leurs annuités.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Sans expertise préalable, je ne peux pas être favorable à l'amendement n° 7.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, ainsi modifié.

(L'article 5 est adopté.)

Article additionnel après l'article 5