SEANCE DU 16 NOVEMBRE 2000


M. le président. Par amendement n° 76, M. Chérioux propose d'insérer, après l'article 37, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le I de l'article 27-5 de la loi n° 75-535 du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Ce montant total annuel est constitué en partie d'une dotation de masse salariale. Cette dotation est fixée annuellement par les ministres chargés de la sécurité sociale, de l'action sociale, de l'économie et du budget par application d'un taux d'évolution aux dépenses salariales de l'année précédente. Ce taux est fixé au plus tard dans les quinze jours qui suivent la publication de la loi de financement de la sécurité sociale. »
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Il ne me paraît pas inutile de rappeler que les établissements et services sociaux et médico-sociaux relevant de la loi du 30 juin 1975 sont financés, en partie, par l'enveloppe sociale et médico-sociale comprise dans l'objectif national des dépenses d'assurance maladie, ou ONDAM, dont nous sommes en train de discuter.
Ce qui rend la situation particulière, c'est que les conventions collectives négociées par les partenaires sociaux ne peuvent être opposables que dans la mesure où elles ont fait l'objet d'un agrément. C'est somme toute normal puisque, en définitive, les décisions prises dans ces conventions collectives ont des conséquences financières sur les budgets des collectivités locales et sur celui de la collectivité nationale.
Cela étant, se pose tout de même un problème tenant au fait que le taux directeur n'est pas connu au moment de la négociation. Les partenaires sociaux se lancent donc dans cette négociation, après quoi ils se voient refuser l'agrément parce que l'on applique, à juste titre, le taux directeur qui a servi à calculer l'enveloppe.
Si ce taux directeur était connu à l'avance, les choses en seraient simplifiées. Cela éviterait aux partenaires sociaux de se lancer sur des pistes qui, en définitive, leur seront fermées.
Voilà pourquoi je propose que le taux directeur soit fixé au plus tard dans les quinze jours qui suivent la publication de la loi de financement de la sécurité sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Charles Descours, rapporteur. Notre collègue Jean Chérioux soulève un vrai problème. La négociation est évidemment faussée puisque ceux qui négocient ne sont pas ceux qui décident in fine .
La commission craint toutefois que ce système proposé ne soit vécu comme une contrainte supplémentaire par le secteur médico-social et qu'il ne vide de toute signification les négociations salariales dans ce secteur.
Aussi, après avoir entendu avec intérêt le Gouvernement, elle s'en remettra à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Les insuffisances de la procédure d'agrément prévue par l'article 16 de la loi de 1975 sur les institutions sociales et médico-sociales sont bien connues. Ce n'est pas une découverte.
Le Gouvernement s'est engagé à discuter avec les partenaires sociaux de l'évolution de cette procédure et de son articulation avec les procédures budgétaires. Cela permettra, j'en suis convaincue, d'améliorer le projet de révision de la loi de 1975, qui est déposé sur le bureau des assemblées.
Je ne peux donc pas accepter que l'on modifie la loi sans en parler au préalable avec les partenaires sociaux, sans mener à son terme cette concertation dans laquelle nous nous sommes engagés.
Cela me conduit à demander à l'auteur de l'amendement, dont je comprends l'argumentation, de bien vouloir le retirer et de participer à la réflexion que nous menons avec les partenaires sociaux, de telle sorte que nous réglions rapidement cette question.
M. le président. L'amendement n° 76 est-il maintenu, monsieur Chérioux ?
M. Jean Chérioux. J'ai bien entendu que Mme le secrétaire d'Etat envisageait de négocier, mais je n'ai pas très bien compris quel serait l'objet de ces négociations.
En effet, s'il s'agit de remettre en cause l'opposabilité du taux directeur, je ne peux l'accepter, car, en définitive, ce sont les budgets et de l'Etat et des collectivités locales qui sont en jeu.
Mais, si Mme le secrétéaire d'Etat me donne l'assurance qu'il ne s'agit pas de cela, que l'on maintiendra l'opposabilité du taux directeur et que l'on mettra en place un système qui, en définitive, ressemblera comme un frère à celui que je propose, j'accepte de retirer l'amendement.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Monsieur Chérioux, il n'est pas du tout question de revenir sur cette opposabilité, que le Gouvernement a lui-même instituée.
En revanche, il convient de mettre en place une articulation entre l'agrément et les procédures budgétaires.
M. Jean Chérioux. Puisque cela semble aller dans le sens de ce que je souhaite, je retire l'amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 76 est retiré.

Article additionnel avant l'article 38