SEANCE DU 24 OCTOBRE 2000


CONVENTIONS AVEC LE PARAGUAY
D'ENTRAIDE JUDICIAIRE,
D'EXTRADITION ET DE TRANSFÈREMENT
DES PERSONNES CONDAMNÉES

Adoption de trois projets de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion :
- du projet de loi (n° 217, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay. [Rapport n° 289 (1999-2000).]
- du projet de loi (n° 219, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention d'extradition entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay. [Rapport n° 289 (1999-2000).]
- du projet de loi (n° 220, 1999-2000) autorisant l'approbation de la convention sur le transfèrement des personnes condamnées entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay. [Rapport n° 289 (1999-2000).]
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces trois projets de loi.
Dans la discussion générale commune, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les trois conventions judiciaires soumises aujourd'hui à votre approbation ont été signées en 1997 avec le Paraguay, qui les a ratifiées la même année. L'objectif poursuivi de leur entrée en vigueur simultanée est de permettre la mise en place globale de notre dispositif de coopération judiciaire renforcée avec ce pays.
L'achèvement de la longue période de dictature subie par le Paraguay entre 1954 et 1969 a incité la France à réfléchir au moyen d'établir une coopération judiciaire bilatérale, aucun accord ne liant les deux pays.
A l'issue des négociations qui eurent lieu à Paris fin 1996, les conventions d'entraide judiciaire en matière pénale, d'extradition et sur le transfèrement des personnes condamnées ont été paraphées, et elles ont été signées le 16 mars 1997, à Assomption, à l'occasion de la visite du Président de la République.
La convention franco-paraguayenne relative à l'entraide judiciaire en matière pénale, largement inspirée de la convention européenne du 20 avril 1959, est calquée sur l'accord conclu avec le Mexique en 1994 et la convention franco-uruguayenne du 5 novembre 1996 adoptée par votre assemblée le 9 février dernier.
Le texte signé reprend, en les adaptant au système judiciaire du Paraguay, les principales dispositions habituellement retenues dans ce type d'accords, en excluant de son champ d'application les exécutions des décisions d'arrestation et des condamnations, ainsi que les infractions militaires.
Les deux parties s'engagent à s'accorder mutuellement l'aide judiciaire la plus large possible dans les procédures visant des infractions pénales de la compétence de la partie requérante.
L'entraide peut toutefois être refusée lorsque les infractions sont considérées comme des infractions politiques par la partie requise, des infractions connexes à de telles infractions, ou lorsque l'Etat requis estime que l'exécution de la demande peut porter préjudice à sa souveraineté, à sa sécurité, à son ordre public ou à d'autres intérêts essentiels.
Chaque partie peut refuser le transit de ses ressortissants, et l'entraide ne s'applique pas lorque la demande a pour objet une mesure de confiscation et dans les cas où les faits ne constituent pas une infraction au regard de la législation de la partie requise. Cette double incrimination a été rendue nécessaire par la législation paraguayenne.
La convention précise également les modalités selon lequelles la partie requise procède à la remise des actes de procédures et des décisions judiciaires qui lui ont été adressés par l'autre partie. Elle prévoit les conditions de comparution devant les juridictions de la partie requérante des témoins, experts et personnes poursuivies. Elle contient enfin des dispositions relatives à l'envoi d'informations sur les casiers judiciaires, à la dénonciation aux fins de poursuite et à l'échange annuel d'avis de condamnation.
La convention d'extradition, pour sa part, s'écarte également très peu des accords bilatéraux récemment conclus en la matière par notre pays et s'inspire, pour l'essentiel, de la convention du Conseil de l'Europe du 13 décembre 1957. A travers cet instrument, les deux parties s'engagent à se livrer les personnes poursuivies pour une infraction pénale ou recherchées aux fins d'exécution d'une peine privative de liberté. L'extradition ne s'applique qu'aux infractions pénales punissables d'un maximum d'au moins deux années d'emprisonnement, alors que la convention européenne prévoit l'extradition pour des infractions punissables d'une année d'emprisonnement. Cet accord énumère de manière habituelle les cas dans lesquels l'extradition n'est pas accordée ou peut être refusée sur avis motivé et notifié à l'autre partie. Il convient de souligner que le Paraguay peut refuser l'extradition de ses propres ressortissants, contrairement à la pratique constante de la France qui la refuse systématiquement.
De plus, bien que la peine capitale soit abolie dans les deux pays, la convention contient la clause traditionnelle de sauvegarde conditionnant l'extradition à l'obtention de l'assurance que cette peine ne sera pas exécutée. De même, les peines ou les mesures de sûreté à caractère perpétuel étant contraires à la Constitution paraguayenne, il est prévu que l'extradition sera refusée en l'absence d'assurances jugées suffisantes concernant le bénéfice de mesures d'aménagement prévues par la législation.
La convention sur le transfèrement des personnes condamnées, quant à elle, est largement inspirée de la convention européenne du 21 mars 1983 et comporte les dispositions communes aux accords de ce type obligeant à la coopération la plus large possible. Ce texte, qui s'applique aux condamnations antérieures comme postérieures à son entrée en vigueur, fixe les conditions juridiques générales du transfèrement, sa mise en oeuvre, l'exécution des peines et les procédures entre les parties.
Le transfèrement peut être accordé dès lors qu'il est satisfait à un certain nombre d'obligations relatives à la nationalité du condamné et à l'accord exprès des deux Etats.
Des principes intangibles doivent également être respectés qui ressortissent à la règle non bis in idem, au caractère pénal de l'infraction, à la double incrimination, à la condamnation définitive, à la durée de la peine restant à subir et à l'absence de procédures pendantes dans l'Etat de condamnation.
En revanche, le transfèrement peut être refusé par l'Etat de condamnation en cas d'atteinte à sa souveraineté, à sa sécurité, à son ordre public ou si le condamné reste redevable de condamnations pécuniaires.
Les parties s'obligent également à l'entraide en cas de transit et à une information mutuelle. Elles s'engagent à appliquer la peine conformément à l'ordre juridique de l'Etat d'exécution.
En conclusion, les relations judiciaires entre les deux pays seront nettement améliorées par l'entrée en vigueur de ces textes.
Enfin, l'approbation de ces trois conventions créera les conditions d'une coopération judiciaire renforcée et contribuera à renforcer les fondements de la jeune démocratie paraguayenne.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales dispositions des conventions d'entraide judiciaire en matière pénale, d'extradition et sur le transfèrement des personnes condamnées entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay, signées à Assomption le 16 mars 1997, qui font l'objet des trois projets de loi aujourd'hui proposés à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Guy Penne, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous avons aujourd'hui à examiner trois projets de loi visant à autoriser l'approbation de trois conventions signées à Assomption le 16 mars 1997 entre la France et le Paraguay.
Tout d'abord, les deux premières conventions, de facture extrêmement classique, forment le cadre de la coopération judiciaire en matière pénale et d'extradition entre la France et le Paraguay.
Sur le modèle de la convention européenne de 1959, la convention d'entraide judiciaire en matière pénale facilitera la communication de renseignements et la recherche de preuves dans des procédures judiciaires. Quant à la convention d'extradition, elle permettra de fixer les règles de base des procédures d'extradition entre les deux pays pour accélérer, à l'avenir, l'aboutissement des demandes d'extradition.
La troisième, moins fréquente, est une convention sur le transfèrement des personnes condamnées, reprenant pour l'essentiel les dispositions de la convention du Conseil de l'Europe signée le 21 mars 1983.
Cette convention a pour objet de « faciliter la réinsertion sociale des condamnés en leur permettant de purger leur peine dans les pays dont ils sont ressortissants ». Il s'agit de réintroduire les condamnés dans leur milieu social d'origine. Elle est applicable à toutes les condamnations prononcées quelles que soient leurs dates, avant ou après son entrée en vigueur.
Je me permettrai ensuite de rappeler brièvement la situation politique et économique du Paraguay.
La situation politique au Paraguay est complexe. En effet, après la tentative de coup d'Etat, en 1996, du général Oviedo, puis, en 1999, l'assassinat du vice-président, M. Argaña, la stabilité politique n'est pas acquise, comme l'a prouvé la nouvelle tentative de coup d'Etat des partisans du général Oviedo en mai 2000. Toutefois, depuis 1999, des signes laissent espérer une période plus stable : M. Gonzalez Macchi, ancien président du Sénat, est devenu président de la République et, en août, un nouveau vice-président, M. Julio Cesar Franco, a été élu au suffrage universel.
L'économie du Paraguay a évidemment particulièrement souffert de cette situation politique fragile. Elle a aussi été durement touchée par les crises financières mexicaine et surtout brésilienne, en raison de son appartenance au Mercosur. A ces crises financières, il faut ajouter la sécheresse due à El Niño et, récemment, l'épidémie de fièvre aphteuse touchant le bétail qui ont frappé le Paraguay alors que l'agriculture est la principale ressource du pays. Le secteur agroalimentaire représente 60 % de l'emploi, 40 % du PIB et 95 % des exportations.
Dans ces conditions, la conjoncture est particulièrement difficile : 15 % de la population active est au chômage et le déficit public atteint 4,5 % du PIB en 1999. Face à cette situation, le gouvernement du président Macchi a entamé un programme de relance. Des réformes structurelles d'envergure seront également inévitables. Ainsi, les institutions internationales conditionnent leur aide à la prise de mesures socialement utiles pour permettre d'assurer la formation de la population, l'analphabétisme fonctionnel touchant près de 60 % de la population, et pallier les déficiences des infrastructures publiques, seul un tiers des Paraguayens ayant accès à l'eau courante.
En conclusion, les conventions soumises à notre examen permettront, il me semble, d'établir avec le Paraguay une coopération judiciaire fondée sur des bases juridiques solides, et d'étoffer la coopération bilatérale entre les deux pays.
J'ajouterai, enfin, que ces conventions signées le 21 mars 1997 ont été ratifiées par le Paraguay dès les 24 juillet et 10 septembre 1997. Leur ratification par la France est donc particulièrement attendue au Paraguay.
C'est pourquoi, sous le bénéfice de ces observations, votre rapporteur vous propose d'adopter les trois projets de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale commune ?...
La discussion générale commune est close.

PROJET DE LOI N° 217

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi n° 217.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention d'entraide judiciaire en matière pénale entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay, signée à Assomption le 16 mars 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

PROJET DE LOI N° 219

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi n° 219.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention d'extradition entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay, signée à Assomption le 16 mars 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

PROJET DE LOI N° 220

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi n° 220.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention sur le transfèrement des personnes condamnées entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Paraguay, signée à Assomption le 16 mars 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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