SEANCE DU 5 OCTOBRE 2000


M. le président. « Art. 2 bis. - Une convention conclue entre la personne projetant d'exécuter des travaux et l'établissement public définit les délais de réalisation des diagnostics et des opérations de fouille, les conditions d'accès aux terrains et les conditions de fourniture de matériels, d'équipements et des moyens nécessaires à leur mise en oeuvre. Cette convention détermine également les conséquences pour les parties du dépassement des délais fixés. Les délais fixés par la convention courent à compter de la mise à disposition des terrains dans des conditions permettant d'effectuer les opérations archéologiques. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 8, M. Legendre, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
Par amendement n° 25, le Gouvernement propose de compléter cet article par une phrase ainsi rédigée :
« Faute d'un accord entre les parties sur les délais de réalisation des diagnostics et des opérations de fouilles, ceux-ci sont fixés par l'Etat qui peut consulter les organismes scientifiques mentionnés à l'article 1er bis de la loi n° du relative à l'archéologie préventive. »
Par amendement n° 30, MM. Richert, Grignon, les membres du groupe de l'Union centriste et M. Eckenspieller proposent de compléter in fine cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« A défaut d'accord dans un délai de deux mois à compter de la prescription de l'Etat, le préfet fixe le délai maximum de réalisation des opérations de diagnostic et de fouille, qui commence à courir à compter de la mise à disposition des terrains. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 8.
M. Jacques Legendre, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement n° 2, adopté à l'article 1er bis .
Cet article, introduit par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, était destiné à répondre à la préoccupation du Sénat d'encadrer les conditions de réalisation des opérations de terrain, notamment en fixant, dès l'édiction des prescriptions, les délais de réalisation des sondages et des fouilles.
Il précise que la durée des opérations archéologiques est fixée non par l'Etat, comme l'avait prévu le Sénat, mais dans le cadre d'une convention entre l'établissement public et l'aménageur.
Ce mécanisme contractuel n'est pas satisfaisant dans la mesure où la négociation sera, par définition, très inégale. En effet, il y a fort à craindre que l'établissement public ne soit tenté d'imposer ses conditions, l'aménageur ne disposant d'aucun moyen pour faire prévaloir ses contraintes, privé de l'arme qui était jusqu'ici la sienne dans les négociations avec l'AFAN, à savoir celle du paiement des prestations. On voit donc mal, dans ce cadre, quel pourra être le contenu des stipulations contractuelles relatives au non-respect des délais. Enfin, en l'absence d'accord entre les parties, aucun délai ne sera prévu.
J'observe que le texte du Sénat n'interdisait en aucun cas que l'établissement et les aménageurs passent des conventions relatives aux autres modalités de réalisation des prestations.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour défendre l'amendement n° 25.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement, souhaitant répondre aux objections de la commission - voilà encore, vous en conviendrez, une position très positive de la part du Gouvernement ! - a déposé l'amendement n° 25 en vue de traiter les difficultés qui pourraient survenir entre l'aménageur et l'établissement public en cas de désaccord sur les délais de réalisation des opérations d'archéologie préventive. Voilà qui répond, nous semble-t-il, aux préoccupations du Sénat.
J'observe néanmoins que cet amendement n° 25 est en discussion commune avec l'amendement n° 8 auquel le Gouvernement s'oppose dans la mesure où ce dernier est défavorable à la suppression de l'article 2 bis , pour des raisons déjà évoquées.
M. le président. La parole est à M. Maman, pour défendre l'amendement n° 30.
M. André Maman. Si la loi peut créer une obligation de négocier, elle ne peut, en revanche, créer une obligation de conclure.
Dès lors, il est nécessaire de tirer les conséquences d'un défaut d'accord entre les parties et de confier au représentant de l'Etat dans le département le soin de fixer les délais de réalisation des opérations archéologiques.
Tel est l'objet de cet amendement, qui devrait permettre d'éviter des délais à rallonge encore trop souvent constatés actuellement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 25 et 30 ?
M. Jacques Legendre, rapporteur. L'amendement n° 25 - et cela n'a pas échappé à M. le secrétaire d'Etat - est incompatible avec l'amendement n° 8, qui vise à supprimer l'article 2 bis.
Dans le dispositif que nous avons retenu à l'article 1er bis, c'est l'Etat qui, dès l'édiction des prescriptions archéologiques, fixe la durée des opérations de terrain. Telle est la raison pour laquelle la commission ne peut évidemment pas émettre un avis favorable sur cet amendement.
De même, et elle le regrette, la commission ne peut suivre M. Maman dans la mesure où son amendement, qui est pratiquement un amendement de repli par rapport à l'amendement du Gouvernement, est déposé sur un texte dont elle propose par ailleurs la suppression. Mais cela fera, je pense, l'objet d'autres débats le moment venu.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 8 et 30 ?
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est, bien sûr, défavorable à l'amendement n° 8.
En revanche, en ce qui concerne l'amendement n° 30, même si le Gouvernement préfère sa rédaction à la vôtre, monsieur le sénateur, il est très intéressé par votre démarche, qu'il apprécie positivement. Si l'article 2 bis n'était pas supprimé, nous aurions là une bonne base de discussion.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 8.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Comparant les amendements n°s 25 et 30, j'observe que, si le Gouvernement retirait son amendement n° 25 au profit de l'amendement n° 30, nous pourrions alors adopter ce dernier.
L'amendement n° 30 - cela n'a pas échappé au Gouvernement et cela n'a sûrement pas échappé non plus à ses auteurs - étant incompatible avec l'amendement n° 8, nous voterons alors contre ce dernier.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat. La suggestion de M. Dreyfus-Schmidt est très pertinente, et le Gouvernement retire donc son amendement.
M. le président. L'amendement n° 25 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 2 bis est supprimé et l'amendement n° 30 n'a plus d'objet.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. M. Maman aurait gagné du temps en retirant son amendement !
M. le président. Il nourrissait un secret espoir ! (Sourires.)

Article additionnel après l'article 2 bis