SEANCE DU 4 OCTOBRE 2000


M. le président. « Art. 2. - Dans le livre VIII du code de la santé publique, après le chapitre VII, il est inséré un chapitre VII bis ainsi rédigé :
« Chapitre VII bis.
« Agence française de sécurité sanitaire environnementale.
« Section 1.
« Missions et prérogatives.
« Art. L. 797-1 . - Il est créé un établissement public de l'Etat dénommé Agence française de sécurité sanitaire environnementale. Cet établissement est placé sous la tutelle des ministres chargés de l'environnement et de la santé.
« Dans le but d'assurer la protection de la santé humaine, l'agence a pour mission de contribuer à assurer la sécurité sanitaire dans le domaine de l'environnement et d'évaluer les risques sanitaires qui sont liés à l'environnement.
« Elle a pour vocation de fournir au Gouvernement, par tout moyen, l'expertise et l'appui scientifique et technique nécessaires à l'élaboration et à la mise en oeuvre des dispositions législatives et réglementaires, y compris les mesures d'adaptation au droit applicable dans les départements d'outre-mer, des règles communautaires et des accords internationaux relevant de son domaine de compétence, et instruit, pour son compte et sous l'autorité du directeur général, les dossiers que le Gouvernement lui confie.
« Elle procède ou fait procéder à toute expertise, analyse ou étude nécessaires, en prenant appui sur les services et établissements publics compétents, avec lesquels elle noue des relations contractuelles de partenariat durable.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités selon lesquelles les compétences, les moyens, les droits et obligations des laboratoires publics intervenant dans les domaines traités par l'agence lui sont transférés et les modalités selon lesquelles l'agence coordonne et organise les missions d'évaluation des organismes intervenant dans son champ de compétence.
« Pour l'accomplissement de ses missions, l'agence s'assure du concours d'organismes publics ou privés de recherche ou de développement, d'universités ou d'autres établissements d'enseignement supérieur, de collectivités territoriales ou de personnes physiques. De même, elle s'assure de tout concours nécessaire pour définir et financer des programmes de recherche scientifique et technique ou inciter à leur développement.
« Art. L. 797-2 . - En vue de l'accomplissement de ses missions, l'agence :
« 1° Peut être saisie par les services de l'Etat, les établissements publics ou les associations agréées, dans des conditions définies par décret. Elle peut également se saisir de toute question entrant dans son domaine de compétence ;
« 2° Organise un réseau entre les organismes disposant des capacités d'expertise scientifique dans ce domaine ;
« 3° Recueille les données scientifiques et techniques nécessaires à l'exercice de ses missions ; elle a accès aux données collectées par les services de l'Etat ou par les établissements publics placés sous leur tutelle et est destinataire de leurs rapports et expertises qui entrent dans son domaine de compétence ;
« 4° Propose, en tant que de besoin, aux autorités compétentes toute mesure de précaution ou de prévention d'un risque sanitaire lié à l'état de l'environnement ;
« 5° Est consultée sur les orientations générales des programmes de contrôle et de surveillance sanitaires liés à l'environnement mis en oeuvre par les services compétents de l'Etat et sur les méthodes de contrôle utilisées. Elle peut demander aux ministres concernés de faire procéder aux contrôles ou investigations nécessaires par les agents habilités par les lois en vigueur ;
« 6° Rend publics ses avis et recommandations, en garantissant la confidentialité des informations couvertes par le secret industriel et médical et nécessaires au rendu de ses avis et recommandations ;
« 7° Peut mener toute action d'information ou toute action de formation et de diffusion d'une documentation scientifique et technique se rapportant à ses missions ;
« 8° Etablit un rapport annuel d'activité adressé au Gouvernement et au Parlement. Ce rapport est rendu public ;
« 9° Contribue au débat public sur la sécurité sanitaire liée aux risques environnementaux.
« Section 2.
« Organisation, fonctionnement et ressources.
« Art. L. 797-3 . - L'agence est administrée par un conseil d'administration composé, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat, outre de son président, pour moitié de représentants de l'Etat et pour moitié de représentants des associations agréées, de représentants des organisations professionnelles concernées, de personnalités qualifiées choisies en raison de leurs compétences dans les domaines relevant des missions de l'agence et de représentants du personnel. Elle est dirigée par un directeur général.
« Le président du conseil d'administration et le directeur général sont nommés par décret.
« Le conseil d'administration délibère sur les orientations stratégiques pluriannuelles, le bilan d'activité annuel, les programmes d'investissement, le budget et les comptes, les subventions éventuellement attribuées par l'agence, l'acceptation et le refus des dons et legs.
« Le directeur général prend les décisions qui relèvent de la compétence de l'agence.
« Un conseil scientifique, dont le président est désigné par les ministres chargés de l'environnement et de la santé, veille à la cohérence de la politique scientifique de l'agence.
« L'agence est soumise à un régime administratif, budgétaire, financier et comptable et à un contrôle de l'Etat adaptés à la nature particulière de sa mission, définis par le présent chapitre et précisés par décret en Conseil d'Etat.
« Art. L. 797-4 . - L'agence emploie du personnel selon les dispositions prévues aux articles L. 794-4 et L. 794-5 du présent code.
« Art. L. 797-5 . - Les ressources de l'agence sont constituées notamment :
« 1° Par des subventions des collectivités publiques, de leurs établissements publics, de la Communauté européenne ou des organisations internationales ;
« 2° Par des taxes prévues à son bénéfice ;
« 3° Par des redevances pour services rendus ;
« 4° Par des produits divers, dons et legs ;
« 5° Par des emprunts.
« L'agence peut attribuer des subventions dans des conditions prévues par décret. »
Par amendement n° 4, M. Huriet, au nom de la commission, propose :
A. - Avant le premier alinéa de cet article, d'ajouter un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'intitulé du titre III du livre III de la première partie du code de la santé publique est complété par les mots : "et sécurité sanitaire environnementale". »
B. - En conséquence, de faire précéder ce même article de la mention : « II. - ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. Cet amendement s'inscrit dans la démarche que j'ai exposée brièvement tout à l'heure et vise à tirer les conséquences de la codification récemment intervenue.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 5 rectifié, M. Huriet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit les deux premiers alinéas de l'article 2 :
« Dans le titre III du livre III de la première partie du code de la santé publique, après le chapitre V, il est inséré un chapitre V-1, ainsi rédigé : « Chapitre V-1. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. Il s'agit là encore de tenir compte de la mise en oeuvre du nouveau code de la santé publique.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Sagesse !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5 rectifié, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 6, M. Huriet, au nom de la commission, propose de supprimer les quatrième et cinquième alinéas de l'article 2.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. Même position, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 7, M. Huriet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le sixième alinéa de l'article 2 :
« Art. L. 1335-3-1. - L'Agence française de sécurité sanitaire environnementale est un établissement public de l'Etat placé sous la tutelle des ministres chargés de la santé et de l'environnement. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. Cet amendement a aussi pour objet de tenir compte de l'entrée en vigueur du nouveau code de la santé publique. De plus, les dispositions codifiées ont un caractère pérenne.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. La phrase ambiguë que propose la commission n'est sans doute pas compréhensible pour le commun des mortels.
Disons les choses clairement : il s'agit de remplacer, dans l'article L. 1335-3-1 du code de la santé publique, les mots : « L'Agence française de sécurité sanitaire environnementale est un établissement public de l'Etat placé sous la tutelle des ministres chargés de l'environnement et de la santé » par un membre de phrase quasiment identique, qui se lirait ainsi : « L'Agence française de sécurité environnementale est un établissement public de l'Etat placé sous la tutelle des ministres chargés de la santé et de l'environnement. »
Cela n'a pas grand-chose à voir avec la codification, cette fois-ci ! Vous comprendrez que j'émette un avis défavorable à ce qui me paraît être un mauvais coup, monsieur le rapporteur.
M. Jean Delaneau, président de la commission. C'est un peu piégeux, comme on dit au Canada !
M. le président. Monsieur le rapporteur, rassurez-nous : seriez-vous capable d'un mauvais coup à l'endroit de Mme le ministre ?
M. Claude Huriet, rapporteur. En réalité, cet amendement apporte deux modifications, à savoir, deux changements de référence législative et une modification que je considérais comme étant de nature rédactionnelle. Mais je vous donne acte que cette rédaction va plus loin que je ne l'avais souhaité personnellement.
Quoi qu'il en soit, je suis tout à fait d'accord pour rétablir l'ordre que vous souhaitez, madame le ministre. En effet, je souhaite tellement que, sur des points plus importants encore, nous parvenions à nous mettre d'accord que je considère que cette fleur que je vous fais n'est pas trop cher payée, dans la mesure où nous parviendrons à un résultat positif tout à l'heure. (Sourires.)
Je me fais donc un plaisir, en l'absence de Mme Gillot, de donner satisfaction à Mme Voynet (Rires.)
M. Charles Descours. C'est bien un coup piégeux, M. Delaneau avait raison !
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 7 rectifié, présenté par M. Huriet, au nom de la commission et visant à rédiger comme suit le sixième alinéa de l'article 2 :
« Art. L. 1335-3-1. - L'Agence française de sécurité sanitaire environnementale est un établissement public de l'Etat placé sous la tutelle des ministres chargés de l'environnement et de la santé. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur cet amendement rectifié ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je mesure à sa juste valeur la concession faite par M. le rapporteur et je suis favorable à cet amendement. (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 8, M. Huriet, au nom de la commission, propose de remplacer le septième alinéa de l'article 2 par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Dans le but d'assurer la protection de la santé humaine, l'agence a pour mission de contribuer à assurer la sécurité sanitaire dans le domaine de l'environnement et d'évaluer les risques sanitaires de nature physique, chimique ou biologique, liés à l'environnement naturel, du travail et de la vie quotidienne, qui résultent notamment :
« - de la pollution de l'air, des eaux et des sols ;
« - des rayonnements ionisants ou non ionisants ;
« - des nuisances causées par le bruit. »
Par amendement n° 18 rectifié, M. Autain et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 797-1 du code de la santé publique :
« Dans le but d'assurer la protection de la santé humaine, l'agence a pour mission de contribuer à assurer la sécurité sanitaire dans le domaine de l'environnement et d'évaluer les risques sanitaires liés à l'environnement naturel, professionnel et domestique, qui résultent notamment de la pollution de l'air, des eaux et des sols par des agents de nature physique, chimique ou biologique. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 8.
M. Claude Huriet, rapporteur. Cet amendement a pour objet de donner une définition législative plus précise de la mission de l'agence, à travers la notion de risque chimique, biologique et physique et à travers la notion de milieu naturel, du travail et de la vie quotidienne.
M. le président. La parole est à M. Autain, pour présenter l'amendement n° 18 rectifié.
M. François Autain. Il m'a semblé que M. le rapporteur ne faisait pas suffisamment la distinction, dans son amendement, entre les risques et les facteurs de risque. Je propose donc une autre rédaction, qui supprime, en outre, toute référence aux rayonnements ionisants, ou non ionisants, ou encore au bruit : s'agissant de facteurs de risque de nature physique, il n'y a pas lieu, selon moi, de donner des exemples par nature limitatifs. Au demeurant, le bruit n'est-il pas là aussi un rayonnement ?
Dans ces conditions, je donne acte à M. le rapporteur de son intention de viser les rayons ionisants ou non ionisants parmi les compétences de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale, mais il ne me paraît peu utile d'y faire référence dans la loi, d'autant que ces risques sont ceux que l'on peut imaginer aujourd'hui, mais qu'ils pourraient être tout à fait différents demain.
Voilà pourquoi je propose une rédaction différente dans mon amendement n° 18 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 18 rectifié ?
M. Claude Huriet, rapporteur. La commission est si favorable à cet amendement que je propose, en son nom et sous le contrôle de son président, de retirer l'amendement n° 8.
M. le président. L'amendement n° 8 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 18 rectifié ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. J'aurais souhaité, monsieur le président, donner un avis général sur la définition précise des missions de l'agence.
Après en avoir longuement débattu, les députés ont souhaité laisser ouvert le champ d'action de la nouvelle agence, afin de pouvoir, éventuellement, couvrir à l'avenir d'autres champs, d'autres risques, d'autres problèmes que ceux que nous connaissons aujourd'hui.
Toute liste limitative pourrait avoir comme conséquence pratique de restreindre les capacités d'intervention de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale, mais, j'en conviens avec vous, la formulation proposée par M. Autain - et à laquelle vous vous êtes rallié, monsieur le rapporteur - fait sans doute moins courir ce risque que la définition initiale prévue par l'amendement n° 8.
Je suis donc favorable à l'amendement n° 18 rectifié.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 18 rectifié.
M. Charles Descours. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. Nous sommes en plein débat consensuel puisque M. le rapporteur vient de retirer l'amendement de la commission au profit de celui de M. Autain, qui est effectivement moins restrictif.
Cela étant, comme on voit bien que le débat sur les rayonnements sera capital, l'auteur de l'amendement ne pourrait-il pas le modifier une seconde fois en précisant : « les agents physiques, notamment les rayonnements ionisants et non ionisants » ?
M. le président. Monsieur Descours, même si votre demande est légitime, permettez-moi de vous rappeler que nous avons souhaité, voilà peu, d'éviter l'emploi du mot « notamment » dans les textes.
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Il est bon que, dans une loi, on traite de la protection contre les rayonnements ionisants et non ionisants, et je voterai donc l'amendement rectifié.
Cela étant, plus la proposition de loi sera précise, mieux ce sera. Il faut éviter à tout prix que d'éventuelles dérives ne puissent laisser croire que tout est décidé en vrac sans qu'un certain nombre de précisions aient été apportées.
C'est pourquoi, en tant que parlementaire membre de la commission supérieure des services publics des postes et télécommunications, je souhaite apporter quelques précisions sur certains aspects techniques.
Tout d'abord, la présentation des missions, qui rapprochent rayonnements ionisants, c'est-à-dire nucléaires, et non ionisants, c'est-à-dire les radiofréquences, peut, par contagion, faire croire que les seconds présentent des dangers aussi grands que les premiers. D'où la nécessité d'apporter des définitions précises.
Ensuite, il ne faut pas incriminer les radiofréquences GSM-mobiles, avec leurs supposés dangers ; les radiofréquences, ce sont aussi celles de la télévision, de la radio.
Enfin, il faut rappeler que le GSM est un enjeu économique majeur.
Nombre d'organismes s'occupent déjà du nucléaire. L'amendement n° 9 prévoit d'intégrer les principaux d'entre eux à l'agence. De la même manière, de nombreux groupes de travail se sont intéressés aux radiofréquences.
Il convient de veiller à ce que le décret en Conseil d'Etat qui fixera la composition de l'agence fasse explicitement appel à des experts en télécommunications. On pourrait, par exemple, faire appel à des experts en radiofréquences de l'agence nationale des fréquences et - pourquoi pas ? - à des parlementaires membres de la commission supérieure des services publics des postes et télécommunications.
Enfin, je veux rappeler ici brièvement la position qu'a prise la CSPTT sur le sujet. Rien ne permet de conclure à un danger accru par rapport à la diffusion actuelle des ondes électromagnétiques de télévision et de radio. Il existe depuis juillet 1999 une recommandation du Conseil de l'Union européenne qui fixe des normes de précaution qu'il faut faire connaître et appliquer.
Les compétences de l'agence nationale des fréquences pourraient être étendues au contrôle de l'application de ces mesures à l'occasion de la publication du décret relatif à la composition et au fonctionnement de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale.
Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je tenais à apporter ces précisions techniques pour éviter toute polémique inutile parce qu'on confondrait rayonnement ionisant et non ionisant, et ce au moment où sont en cause, en matière de nouvelles technologies, des enjeux économiques majeurs.
M. le président. Monsieur Autain, accédez-vous à la demande de M. Descours ?
M. François Autain. Je considère cette demande avec beaucoup de sympathie. Malheureusement, je ne pense pas pouvoir y accéder. L'intervention de notre collègue M. Hérisson plaide d'ailleurs, s'il en était besoin, en faveur du maintien de l'amendement en l'état.
Je crois que nous n'avons pas intérêt à nous engager dans la voie de la qualification de tel ou tel risque de nature physique ou - pourquoi pas ? - chimique. Sinon, nous pourrions aussi nommer les éthers du glycol, l'aluminium, l'amiante, etc. On n'en finirait plus !
Pourquoi donner la préférence à tel facteur de risque plutôt qu'à tel autre à partir du moment où ils ont été englobés dans un concept plus générique qui, me semble-t-il, peut nous prémunir contre le risque d'agents nouveaux ? Si l'agent de risque n'est ni physique, ni chimique, ni biologique, j'avoue ne pas très bien voir de quelle nature il pourrait être. Disant cela, je pense répondre aux inquiétudes de Mme la ministre.
J'ajoute qu'il y a déjà un « notamment » dans mon texte, et M. le président a eu raison de rappeler que, dans les textes que nous votons, moins il y a de « notamment », mieux c'est. Il y en a déjà un, et je le regrette ; en mettre un deuxième ne serait pas bon.
Cela dit, je comprends votre souci, monsieur Descours. Vous préparez la discussion de l'amendement suivant, qui tend à l'intégration de l'INERIS et de l'OPRI dans l'agence. Vous craignez que l'absence de référence au rayonnement dans la définition ne facilite la suppression de cet amendement par l'Assemblée nationale.
Vos inquiétudes ne me paraissent pas fondées. Quel que soit le libellé ou la définition des compétences de l'agence, l'Assemblée nationale, en deuxième lecture, se déterminera en fonction de ce qu'elle pensera être le mieux au regard de la protection des populations. M. Claude Huriet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. M. Descours a eu raison, au cours de la discussion, de bien souligner la volonté du Sénat de voir les risques physiques pris dans leur acception d'ensemble, qu'il s'agisse des radiations ionisantes ou non ionisantes. Cela a été dit et redit, et je ne doute pas que les rédacteurs des textes d'application feront obligatoirement référence à la volonté du Sénat.
Quant à la crainte de notre collègue de voir assimilés, rapprochés, voire traités de la même façon, les risques liés aux radiations ionisantes et ceux qui sont liés aux radiations non ionisantes, elle mérite, certes, d'être exprimée.
Mais quand on crée une agence et qu'on lui donne des attributions, il appartient à celle-ci de s'organiser, de se structurer avec ses moyens propres ou les moyens contractualisés pour apporter des réponses qui, actuellement, ne sont pas indiscutables.
S'agissant des radiations non ionisantes, et en particulier des ondes électromagnétiques, ce que j'ai appris, depuis moins longtemps que notre collègue, c'est qu'il y avait de fortes interrogations non pas sur la nocivité des ondes - encore qu'il n'y ait pas de certitude - mais sur les conséquences des réactions émotionnelles de l'opinion, du consommateur quant à la nocivité ou l'absence de nocivité de ces ondes.
Raison de plus pour que l'agence soit rapidement mise en place et dotée de moyens suffisants. En effet, en ce qui concerne les relations éventuelles entre la santé des hommes et les ondes électromagnétiques, à ma connaissance, le seul interlocuteur consulté - et je crois savoir, sans lui faire de procès d'intention, qu'il n'a pas les moyens d'expertise suffisants - c'est la direction générale de la santé.
C'est regrettable, car dès qu'est exprimé un sentiment d'inquiétude, on risque d'apporter, au nom du principe de précaution, une réponse qui n'aura pas été suffisamment expertisée.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 18 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 9, M. Huriet, au nom de la commission, propose de remplacer le dixième alinéa de l'article 2 par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités selon lesquelles les compétences, moyens, droits et obligations de l'Office de protection contre les rayonnements ionisants et de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques sont transférés à l'agence.
« Il précise également les modalités selon lesquelles les compétences, moyens, droits et obligations des laboratoires publics dépendant des établissements publics précités sont, en tant que de besoin, transférés à l'agence.
« Il garantit le maintien des droits statutaires des personnels des établissements publics transférés.
« Il fixe les modalités selon lesquelles l'agence coordonne et organise les missions d'évaluation conduites par les organismes intervenant dans son champ de compétence. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. Cet amendement tend à donner une assise plus solide, un « noyau dur », pour reprendre l'expression que plusieurs d'entre nous ont utilisée, à la nouvelle agence, noyau dur qui est constitué par l'OPRI et l'INERIS.
Les laboratoires publics peuvent être transférés en tant que de besoin, ce qui permet de donner davantage de souplesse à la réorganisation administrative à venir.
Les personnels employés par les deux établissements ont des statuts très divers. Une disposition garantit le maintien des droits pour éviter toute inquiétude de leur part.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. L'avis du Gouvernement est évidemment défavorable.
M. Charles Descours. C'est bien ce que je craignais !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 9.
M. Guy Fischer. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Cet amendement est au coeur de nos préoccupations. Comme lors de la création de la précédente agence, en 1998 - je rappelle que - nous nous étions abstenus nous souhaitons vivement que l'on mette fin à la pratique du fait accompli.
Nous ne nions pas qu'il doit y avoir une évolution des structures, une réflexion globale.
Mais, s'agissant de la définition des objectifs scientifiques, des objectifs qui visent à donner un véritable statut à l'agence, le débat doit avoir lieu le plus en amont possible, au-delà parfois des oppositions qui peuvent être cernées au coeur des ministères.
En ce qui concerne les personnels, il convient de clarifier les conditions dans lesquelles certains rapprochements pourront être effectués. Au cours du débat en commission, une réflexion s'était engagée sur l'Institut de protection et de sûreté nucléaire. Pour le moment, la commission s'est limitée à ces deux propositions et il y a un amendement du groupe socialiste.
Je souhaite que le débat ait lieu, qu'il se prolonge, que dans les conventions on puisse préciser tout cela. Mais, en l'instant, non pas pour marquer notre désaccord sur le fond, car je rappelle que le groupe communiste a approuvé ce texte à l'unanimité à l'Assemblée nationale, sur ce point-là, nous voterons contre.
M. Charles Descours. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. Pour ma part, bien évidemment, je voterai cet amendement, comme je l'ai dit lors de mon intervention à la tribune.
En fait, je souhaite poser une question à la fois à Mme le ministre et à M. Fischer.
Si jamais - ce que je ne souhaite évidemment pas - le texte que nous votons n'est pas retenu in fine, si le Gouvernement va dans le sens du rapport de M. Jean-Yves Le Déaut, c'est-à-dire associe l'ISN à l'OPRI, entre autres, y aura-t-il un débat préalable au Parlement ? Et que fera alors le groupe communiste ?
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer. M. Guy Fischer. Je réponds à M. Descours que, s'il devait y avoir un rapprochement entre l'IPSN et l'OPRI, nous souhaiterions qu'il y ait au préalable un véritable débat et que cela ne se fasse pas en catimini, « la tête sous l'oreiller »...
MM. Pierre Hésisson et Charles Descours. Oh !
M. Guy Fischer. L'expression est peut-être audacieuse dans notre enceinte,...
M. Pierre Hérisson. Pour le moins !
M. Guy Fischer... mais nous sommes relativement peu nombreux ce soir. (Sourires.)
Nous sommes au coeur d'un débat de fond et nous ne voulons pas l'esquiver ; nous y tenons fortement. Aujourd'hui, sur ce principe fondamental, je crois que nous devons avoir une exigence de débat et refuser la politique du fait accompli. Nous avons souvent entendu notre collègue Claude Hurriet affirmer qu'il fallait donner un corps à nos agences. Mais nous pensons que ces dispositions doivent faire l'objet d'une information et d'un débat le plus en amont possible.
M. Claude Huriet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Claude Huriet, rapporteur. Je suis assez surpris de la réaction de notre collègue Guy Fischer. En effet, comment peut-on dire que l'on vote des dispositions en catimini, alors que, dans un régime démocratique, il y a une assemblée parlementaire ? En France, nous avons même la chance d'en avoir deux, et toutes les questions liées aux évolutions voulues par le législateur sont posées à l'occasion des débats publics. Je ne pense donc pas que l'on puisse dire que ces dispositions sont adoptées en catimini.
Par ailleurs, mon cher collègue, il faudrait savoir ce qui, pour vous-même et votre groupe, est l'objet principal des dispositions dont nous débattons. Est-ce d'assurer le confort des statuts des agents...
M. Guy Fischer. Absolument pas !
M. Claude Huriet, rapporteur... auxquels nous nous engageons à ne pas porter atteinte ? Ou bien est-ce de mener une réflexion visant à élaborer les dispositions les plus efficaces possibles en matière de renforcement de la sécurité sanitaire de nos concitoyens ? Pour nous, en tout cas, il n'y a pas d'hésitation : tel est l'objectif premier, le reste n'est pas sans importance, mais vient en second. M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)

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