Séance du 4 novembre 1999







M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité. Elle a trait à la situation du chômage dans notre pays.
Madame la ministre, le gouvernement de Lionel Jospin a fait de la lutte pour l'emploi sa priorité et il la mène sur tous les fronts, que ce soit à travers la lutte contre les exclusions, la revalorisation du pouvoir d'achat des ménages, la réforme des cotisations sociales afin de favoriser l'embauche dans les entreprises de main-d'oeuvre et, tout récemment, la réduction du temps de travail.
Le volontarisme des politiques que vous mettez en oeuvre porte ses fruits, n'en déplaise à la droite sénatoriale... (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants,...)
M. Alain Gournac. Quelle est la question ?
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. ... qui, depuis deux jours, remet systématiquement en cause les fondements de la loi sur le passage aux 35 heures, tout comme elle a combattu, en 1997, le lancement des emplois-jeunes.
Les dernières statistiques confirment la poursuite de la décrue du chômage : plus de 8 % en une année.
Mme Nelly Olin. Il y avait 3 millions de chômeurs !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Ce mouvement s'est nettement accéléré au cours des derniers mois.
Depuis 1997, près de 450 000 chômeurs ont trouvé un travail. Cette reprise commence à profiter, phénomène nouveau, aux femmes, aux jeunes, aux chômeurs de longue durée, dont l'insertion ou la réinsertion dans le monde du travail se révélait jusqu'ici plus difficile.
Nous y voyons le résultat encourageant des actions initiées par le Gouvernement depuis maintenant deux années.
M. Bernard Murat. C'est le résultat de la croissance !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Toutefois, un grand nombre de nos concitoyens sont encore à la recherche d'un travail.
Par ailleurs, en dépit d'une croissance qui nous permet d'envisager des perspectives en emplois durablement favorables, certains secteurs éprouvent des difficultés de recrutement. Je pense, par exemple, à celui des nouvelles technologies et des télécommunications, qui font appel à des personnels techniquement qualifiés dont les besoins en matière de formation sont permanents.
D'autres secteurs, plus traditionnels, comme l'artisanat et le bâtiment, souhaitent attirer et former des jeunes, mais ils sont parfaitement conscients...
M. Alain Gournac. Votre question !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. ... que le nombre très important d'heures et la pénibilité de certaines tâches constituent des obstacles.
Madame la ministre, quelles sont vos analyses sur cette évolution du chômage ? Quelle sera votre démarche pour accompagner ces nouvelles demandes dans des secteurs qui sont d'importants gisements d'emplois ?
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Madame la sénatrice, comme vous venez de le rappeler, la baisse du chômage atteint effectivement un chiffre record, avec 83 600 personnes en moins au chômage.
Ce qui est surtout encourageant, c'est que depuis plusieurs mois l'ensemble des catégories sont touchées, notamment les chômeurs de longue durée. Ainsi, depuis dix ou onze mois consécutifs, pour la première fois depuis la crise du pétrole, le nombre des chômeurs de longue durée est en diminution.
Depuis deux ans, nous comptons 440 000 chômeurs en moins, alors que la population active s'accroît d'environ 200 000 personnes par an. C'est l'une des baisses les plus fortes des pays industrialisés. Je crois qu'il faut le souligner.
Bien sûr, cette évolution résulte en très large partie de la croissance. (Murmures sur les travées du RPR.)
Cette croissance, nous l'avons stimulée en relançant la consommation, en faisant en sorte, contrairement à nos prédécesseurs, de ramener la confiance, par l'augmentation des minima sociaux : l'allocation logement, l'allocation de rentrée scolaire, le SMIC. Ainsi, certains peuvent consommer, eux aussi, et ils consomment.
Les emplois-jeunes ont par ailleurs permis à 220 000 jeunes de trouver un emploi, à leurs familles de retrouver l'espoir et, sans doute, de consommer au lieu d'épargner pour l'avenir par crainte pour leurs enfants.
Enfin, la réduction de la durée du travail commence à porter ses fruits, avec plus de 130 000 emplois d'ores et déjà créés et préservés.
Mais il y a aussi la réforme sur la baisse des charges, que nous sommes en train de mettre en place. Comme vous l'avez dit, madame la sénatrice, l'important aujourd'hui, c'est que toutes les catégories sont concernées : une baisse de 25 % du chômage des jeunes en deux ans, cela n'était jamais arrivé.
Certains secteurs connaissent toutefois des difficultés de recrutement : le commerce, l'artisanat et le bâtiment, par exemple.
Depuis un an, nous travaillons avec les entreprises de ces secteurs, notamment dans le cadre de l'union professionnelle artisanale. Nous avons lancé en début d'année, conjointement avec Mme Lebranchu, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat, une grande campagne de sensibilisation et de formation.
Ces professionnels ont bien compris que si, aujourd'hui, leurs secteurs sont moins attractifs que les autres, c'est parce que les conditions de travail qu'ils offrent, notamment quant à la durée du travail, sont moins bonnes. Dès lors, nous travaillons avec eux pour les aider.
Je suis convaincue que, dans les tout prochains mois, cette réduction continue du chômage sera appelée à se poursuivre. C'est d'ailleurs la première fois, depuis quinze ans, que les Français y croient. Je pense que nous y sommes pour beaucoup, même si cela heurte ceux qui ont voté contre ces lois.
Cela étant, nous avons encore beaucoup à faire, compte tenu de tous ceux qui restent encore sur le bord de la route. (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

LEVÉE DE L'EMBARGO
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