Séance du 6 avril 1999






RAPPEL AU RÈGLEMENT

M. Guy Fischer. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, au nom du groupe communiste républicain et citoyen, je tiens à souligner qu'il ne m'apparaît pas concevable de commencer notre semaine de travail sans intervenir une nouvelle fois sur l'évolution dramatique, catastrophique de la situation dans les Balkans.
Les images quotidiennes nous entraînent dans une véritable plongée dans l'horreur et envahissent nos esprits. Dans un contexte de violences et de nationalismes, l'intervention de l'OTAN, déclenchée il y a près de deux semaines, menace de faire basculer la région vers l'irréparable.
Une chose est évidente : la guerre est en train de se développer en Europe.
Des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sont aujourd'hui pris au piège de ce conflit.
Victimes depuis des semaines et des mois des persécutions, les populations albanaises du Kosovo sont plongées dans le plus extrême dénuement. Un objectif, et un seul, doit nous guider : permettre leur retour le plus rapide possible chez eux. Nous sommes donc partisans d'une aide humanitaire massive aux pays limitrophes de la Yougoslavie, aide à laquelle, d'ailleurs, notre assemblée pourrait exceptionnellement s'associer.
Or, les faits le montrent chaque jour, c'est bien une solution politique fondée sur l'arrêt des bombardements et la reprise des négociations qui permettra ce rapatriement.
La continuation et l'accélération des bombardements sur la Yougoslavie éloignent tout règlement politique. Cet entêtement de l'OTAN, qui accompagne l'obstination nationaliste de Slobodan Milosevic, creuse le fossé entre les différents peuples de la région.
Pour permettre, à terme, une coexistence pacifique dans les Balkans, il faut stopper l'escalade. Il y a urgence, mes chers collègues, car chaque heure qui passe montre bien que c'est le contraire de l'objectif de l'OTAN qui se réalise : la guerre s'étend, les souffrances des peuples s'aggravent.
Nous appelons donc le Gouvernement français, le Président de la République, à prendre une initiative de grande ampleur dans les plus brefs délais pour relancer le processus diplomatique en se sortant enfin de cette logique de guerre imposée par les Etats-Unis et dont on ne connaît pas les limites.
Notre pays peut et doit permettre à l'Europe de reprendre la main pour que la logique de paix prévale enfin ! (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Hilaire Flandre. Il faut le dire à votre copain !
M. le président. Je voudrais indiquer au Sénat que, ce matin, M. le ministre des relations avec le Parlement a fait connaître que demain, mercredi 8 avril, à dix-huit heures trente, M. le Premier ministre recevra les présidents des groupes politiques de l'Assemblée nationale et du Sénat, accompagnés des présidents des commissions des affaires étrangères de chacune des assemblées.
Mes chers collègues, cette décision fait écho aux recommandations que nous avons adressées ici au Gouvernement lors de la communication de M. le Premier ministre en ce qui concerne les événements du Kosovo.
M. Jean François-Poncet. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. François-Poncet.
M. Jean François-Poncet. Je souhaite demander à Mme la ministre, qui représente le Gouvernement, quelles observations, quelles mises au point, la déclaration de notre collègue communiste appelle de sa part. Il s'agit, en effet, d'une déclaration qui met gravement en cause la politique du Gouvernement.
M. le président. Madame le ministre, souhaitez-vous intervenir ? (Mme le ministre fait un signe de dénégation.)
M. Jean-Pierre Raffarin. C'est le pluriel dans le silence. (Sourires.)

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